Jean-Joseph Cassanéa de MONDONVILLE
25 décembre 1715 (Narbonne) – 8 octobre 1772 (Belleville)
voir Érigone | |
pastorale – livret de l’abbé Claude-Henri de Fusée de Voisenon – représentée au Palais Royal en juillet 1770 | |
ballet – livret de l’abbé de Voisenon – dansé à l’Opéra du Château de Versailles le 29 mai 1771, à l’occasion du mariage du comte de Provence, futur Louis XVIII, avec Marie-Josèphe de Savoie, fille du roi de Sardaigne Victor Amédée III. | |
Violoniste, compositeur et chef d’orchestre originaire du Languedoc. Comme Campra avant lui, Mondonville mena avec succès une carrière de musicien profane et sacré aussi bien à Paris qu’à Versailles. A partir de 1734, il fut très demandé comme violoniste au Concert-Spirituel, où il se produisit seul et avec Michel Blavet, Jean-Pierre Guignon et Marie Fel : en 1739, il enthousiasma l’auditoire avec des sonates bien nommées (Les Sons harmoniques, 1738). Il fit partie du cercle de La Pouplinière, où il rencontra sa femme, la talentueuse claveciniste Anne-Jeanne Boucon (ancienne élève de Rameau). A la cour, il passa rapidement de ses postes de violoniste de la Chapelle et de la Chambre à ceux de sous-maître (1740) et d’intendant (1744). Parallèlement, Mondonville se fit un nom comme compositeur et comme chef d’orchestre : il dirigea le Concert Spirituel de 1755 à 1762. Il publia des recueils pour clavecin accompagné – les sonates avec violon (1734) et les Pièces de clavecin avec voix ou violon (1748) -qui restent aujourd’hui sa musique la plus connue.
De la fin de 1734 à 1737, il dirigea l’orchestre de l’Opéra du Concert de Lille. Il composa des grands motets pour le Concert-Spirituel ainsi que des opéras pour l’Académie à Paris et pour le Théâtre des Petits-Cabinets de Mme de Pompadour à Versailles. De ses grands motets, le Jubilate Deo (1734), le Venite exultemus et le Nisi Dominus (tous deux de 1743) furent exécutés chaque année pendant des décennies. Des ouvrages que Mondonville destina à l’Opéra, les plus populaires furent son ballet héroïque Le Carnaval du Parnasse (1749) et l’opéra Titon et l’Aurore (1753). Le livret de son opéra Daphnis et Alcimadure (1754) est écrit en grande partie en langue provençale. (Guide de la Musique Baroque – Fayard)
MONDONVILLE (Jean-Joseph CASSANEA DE), compositeur, naquit à Narbonne, le 24 décembre 1715 (l), ou 1711, selon les renseignements de Beffara (2), d’une famille noble mais pauvre, originaire de Toulouse et qui avait possédé la belle terre de Mondonville, dont il prit le nom quoiqu’elle ne lui appartint plus.
(1) La dite du 25 décembre qu’on a donnée dans quelques biographies est une erreur ; c’est celle du baptême de Mondonville.
(2) Les travaux de Beffara concernant tout ce qui a rapport à l’Opéra de Paris l’emportent en général pour l’exactitude sur tout ce qu’on a fait sur ce sujet. J’ai eu de lui cette date de 1711 ; mais le temps m’a manqué dans mes voyages à Paris pour aller vérifier dans ses manuscrits, à la bibliothèque de la ville, sur quelles données il avait adopté cette date.
Ses premières études de musique eurent le violon pour objet, et il fit de rapides progrès sur cet instrument. Il était à peine âgé de dix-neuf ans lorsqu’il se mit à voyager. Arrivé à Lille, dans la Flandre française, où il avait été appelé pour y remplir l’emploi de premier violon, il y écrivit trois grands motets qui furent goûtés, et qu’il alla faire entendre au Concert spirituel de Paris, en 1737; ils y furent applaudis. Ce succès et ceux qu’il obtint comme violoniste dans les mêmes concerts, furent le commencement de sa fortune, car ils lui procurèrent une place dans la musique de la chambre du roi, et plus tard ( ??: )sa nomination de surintendant de la chapelle de Versailles, après la mort de Gervais. Ces motets, qui depuis lors ont été imprimés avec luxe, étaient un Magnus Dominus, un Jubilate et un Dominus regnavit. Mondonville fit aussi paraître des sonates et des trios pour le violon, des pièces de clavecin avec accompagnement de violon, et des concertos d’orgue auxquels Balbastre procura une grande renommée par sa manière brillante de les exécuter au Concert spirituel. Il s’essaya aussi à l’Opéra ; mais sa pastorale historique Isbé, jouée en 1742, n’y réussit point. Plus heureux dans son Carnaval du Parnasse, jouée en 1749, il vit cet ouvrage arriver à la trente-cinquième représentation : on le reprit en 1759 et en 1767. Complaisant et souple avec les grands, Mondonville s’était lié à la cour de puissants protecteurs qui exagérèrent son mérite et lui procurèrent des succès de peu de durée. En 1752 une troupe de chanteurs italiens était arrivée en France et avait donné lieu à ces discussions connues sous le nom de guerre des bouffons. On sait que la cour s’était prononcée en faveur de la musique française contre l’italienne : Mme de Pompadour, particulièrement, s’était faite la protectrice des compositeurs français. L’abbé de la Mare avait laissé en manuscrit le poème de l’opéra intitulé : Titon et l’Aurore ; Mondonville y fit mettre la dernière main par l’abbé de Voisenon, le mit en musique et le fit jouer en 1753. La première représentation fut considérée comme décisive dans la guerre des bouffons, et de part et d’autre on se prépara à soutenir les intérêts de la musique italienne et de la française. Le jour de la première représentation, le parterre de l’Opéra fut occupé par les gendarmes de la maison du roi, les mousquetaires et les chevau-légers : les partisans des bouffons, appelés le coin de la reine, ne purent trouver de place que dans les corridors. Grâce à ces précautions, la pièce réussit complètement, et le parti vainqueur fit partir le même soir un courrier pour porter au roi, qui était à Choisy, la nouvelle de la victoire. Celle-ci était complète, car le lendemain le renvoi des bouffons fut décidé, et l’Opéra français reprit ses anciennes habitudes et les avantages de son monopole.
L’année suivante, Mondonville, parvenu par son succès à la plus haute faveur,à la ville comme à la cour, fil représenter sa pastorale de Daphnis et Alcimadure en patois languedocien, dont la douceur a beaucoup d’analogie avec la langue italienne pour la musique. Jéliotte, Latour et Mlle Fel, qui chantaient les principaux rôles, étaient nés dans les provinces méridionales de la France et parlaient ce langage avec facilité. Ils rendirent l’illusion complète et procurèrent à l’ouvrage un succès d’enthousiasme. On en contesta cependant la propriété à Mondonville , et l’on prétendit qu’il était connu dans le Midi sous le nom de l’Opéra de Frontignan, et que le fond en était pris dans les airs populaires du Languedoc. En 1768, Mondonville remit au théâtre cette pastorale traduite par lui-même en français ; mais elle ne fut plus aussi favorablement accueillie, soit que la naïveté primitive fut, comme on l’a dit, devenue niaise dans la traduction, soit que Legros et Mme Larrivée, qui avaient succédé à Jéliotte et à Mlle Fel, eussent moins de grâce et d’abandon. On reprit cependant encore la pièce en 1773. Les autres opéras de Mondonville sont : « Les Fêtes de Paphos, composé de deux actes, Vénus et Adonis, Bacchus et Érigone, écrits autrefois pour le théâtre de Mme de Pompadour, à Versailles, et joués à Paris en 1758 ; Psyché, en 1762, devant la cour à Fontainebleau, et en 1769 à Paris ; Thésée, sur le poème de Quinault et avec les récitatifs de Lully , qui tomba à la cour en 1765, et à Paris en 1767 ; enfin, Les Projets de l’Amour, ballet héroïque en trois actes, représenté en 1771.
Après la mort de Royer, Mondonville obtint, au mois de janvier 1755, la direction du Concert spirituel, où il fit exécuter ses motets avec beaucoup de succès. Il fut le premier qui fit entendre dans ce concert des oratorios imités de ceux des maîtres italiens. Parmi ceux qu’il a composés, on cite : Les Israélites au mont Oreb, les Fureurs de Saul et les Titans. Après avoir administré ce concert avec beaucoup de zèle pendant sept ans, il fut remplacé par Dauvergne en 1762. N’ayant pu s’entendre sur les émoluments qui devaient être payés à Mondonville pour la possession de ses motets et de ses oratoires, Dauvergne se vit enlever cette musique par son auteur ; mais les habitués du Concert spirituel la demandèrent avec tant d’instances qu’il fallut traiter avec Mondonville moyennant une somme de 27,000 fr. pour en avoir la possession, à la condition qu’il en dirigerait lui-même l’exécution.
Mondonville avait beaucoup de vanité, et affichait la prétention de passer pour homme lettres en même temps que compositeur; et la plupart des poèmes de ses opéras étaient publiés sous son nom , quoique l’abbé de Voisenon eu fut le véritable auteur. En 1768, il obtint une pension de 1,000 francs sur l’Opéra. Contre l’ordinaire des musiciens de son temps, il était avare et avait acquis une fortune assez considérable. Sa répugnance à faire la moindre dépense fut cause qu’il mourut sans aucun secours de la médecine, dans sa maison de campagne de Belleville, le 8 octobre 1773. Mondonville avait épousé Mlle de Boucan, fille d’un gentilhomme fort riche, en 1747, et en avait eu un fils, qui fut violoniste, puis hautboïste, et mourut à Paris en 1808.
(Biographie universelle des musiciens – F.J. Fétis – 1867)
Biographie
Le jeune Mondonville étudie d’abord dans sa ville natale avec son père musicien puis vient habiter Paris en 1731.
1733 – 1738 – Il publie ses deux premiers recueils de sonates : sonates pour violon et basse continue op 1, sonates en trio op 2 et des pièces de clavecin en sonate op 3.
Lors d’un bref séjour à Lille où il est engagé comme premier violon au Concert de Lille, Mondonville compose ses premiers motets.
Dès 1734, le compositeur joue en soliste au Concert Spirituel à Paris.
1739 Il fait exécuter pour la première fois au Concert Spirituel ses premiers motets, Dominus regnavit, Jubilate Deo, Lauda Jerusalem, Venite exultemus qui le font connaître. La même année, Mondonville entre à la Chapelle du roi.
1740 Il est nommé sous-maître de la Chapelle royale.
1742 Mondonville débute à l’opéra avec sa pastorale Isbé.
1744 Le compositeur continue à se produire comme violoniste au Concert Spirituel ; il joue aussi avec le flûtiste Blavet, le violoniste Guignon et la soprano Marie Fel.
1747 Mondonville épouse la fille d’un grand mécène Anne-Jeanne Boucon.
1748 La renommée du compositeur ne cesse de croître au Concert Spirituel. Le Mercure de France publie sur lui des articles élogieux.
1752 Lors de la Querelle des bouffons, Mondonville prend parti pour la musique française et représente » le coin du roi « .
1753 Avec son œuvre Titon et l’Aurore, le compositeur remporte un succès considérable face aux » bouffons « .
1755-1762 Mondonville est nommé directeur musical et chef d’orchestre du Concert Spirituel.
1765 Son opéra Thésée essuie un échec, on lui reproche d’avoir utilisé le livret de Quinault déjà mis en musique par Lully.
1772 Peu de mois avant sa mort, le Concert Spirituel lui rachète très cher le droit d’exécuter ses motets.
Dans le domaine instrumental, notamment dans le jeu du violon , Mondonville a introduit des sons harmoniques naturels; il a réalisé d’intéressantes expériences tendant à élaborer un traitement instrumental de la voix.
Par ailleurs, le compositeur s’est révélé dans ses opéras et ballets. Avec Titon et l’Aurore, il affirma, auc côtés de Rameau, les traditions de la tragédie lyrique.
Mondonville est passé à la postérité grâce à ses motets qui, composés dans la tradition versaillaise de Delalande, sont encore joués.
Biographie réalisée par les services de documentation interne de Radio-France
Pour en savoir plus :
Références en musicologie, le site de Jean-Marc Warszawski : biographie, liens, discographie – http://www.musicologie.org/Biographies/mondonville.html