COMPOSITEUR | Jean-Joseph Cassanéa de MONDONVILLE (*) |
LIBRETTISTE | Le Clerc de la Bruère |
Acte de ballet, dénommé Érigone, sur un livret de Le Clerc de la Bruère (*), représenté au Théâtre des Petits Cabinets de Madame de Pompadour, à Versailles, le 13 mars 1747.
(*) Charles-Antoine le Clerc de la Bruère, Secrétaire de l’Ambassade de France à Rome, auteur dramatique et historien (1716 – 1754)
Le Roi, la Reine, le Dauphin et Mesdames étaient présents, les premiers assis sur des chaises à dos, leurs enfants sur de simples pliants. La Dauphine, indisposée, était absente. En dehors de la famille royale, on comptait le maréchal de Noailles et son fils, le maréchal de Saxe, M. de Grimberghen, le duc et la duchesse de Luynes, M. et Mme de Baschi, M. de la Mothe, la maréchale de Duras et le duc d’Aumont.
La marquise de Pompadour jouait Érigone, le duc d’Ayen était Bacchus, la duchesse de Brancas Antonoé, le marquis de la Salle un Suivant de Bacchus. Le marquis de Courtenvaux et le marquis de Langeron dansèrent en Sylvains. On loua la grâce et le goût de Mme de Pompadour, aussi bien comme chanteuse que comme danseuse. Elle n’avais pas un grand volume de voix, mais était excellente musicienne et pleine de goût. Le duc d’Ayen avait une voix de basse-taille flexible et étendue, et chantait avec goût et en musicien. Le duchesse de Brancas, douée d’un bel organe, mais ne s’en servant pas trop bien, n’obtint qu’un succès de politesse.
Dans ses Mémoires, le duc de Luynes rapporte : Après la comédie (*) on joua le petit opéra de Mondonville. Il n’y a, comme je l’ai dit, que trois acteurs. Mme de Pompadour chanta tout au mieux; elle n’a pas un grand corps de voix, mais un son fort agréable, de l’étendue même dans la voix; elle sait bien la musique, et chanta avec beaucoup de goût; elle fait Érigone. Mme de Brancas, qui fait Antonoë, joue assez bien; elle a une grande voix, mais elle ne chante pas avec la même grâce que Mme de Pompadour, et en tout sa voix n’est pas flexible. M. d’Ayen faisoit Bacchus; sa voix est son ouvrage : il s’est formé une basse-taille assez étendue, mais déparée, parce qu’il parle gras et que ses cadences ne sont pas agréables; outre cela quelquefois sa voix baisse un peu en chantant; d’ailleurs il chante avec goût et en musicien. Les danses, qui sont faites par Deshayes, de la Comédie Italienne, sont fort jolies; il n’y a de femme qui danse que Mme de Pompadour. Les hommes sont M. le duc de Chartres, M. le duc de Villeroy, M. de Luxembourg, M. de Coigny le fils, M. de Guerchy, Champcenetz le fils, M. de Clermont-d’Amboise, le père, et M. de Courtenvaux; ces deux derniers pour les danses hautes et les entrées. M. de Courtenvaux, qui est grand musicien, danse avec une légèreté, une justesse et une précision admirables. Mme la Dauphine, qui étoit enrhumée, ne put pas venir à ce petit spectacle; ainsi il n’y avoit que le Roi, la Reine, M. le Dauphin et Mesdames, mais sans aucune représentation; le Roi et la Reine sur des chaises à dos; M. le Dauphin et Mesdames sur des pliants. Il n’y avoit ni officiers des gardes ni capitaine des gardes derrière. M. le maréchal de Noailles y étoit comme amateur, M. le comte de Noailles, M. le maréchal de Saxe, M. de Grimberghen et moi, M. et Mme de Bachi; d’ailleurs Mme de Luynes,M. de la Mothe, Mrae la maréchale de Duras, M. d’Aumont.
(*) Le Préjugé à la mode de La Chaussée, avec Mme de Pompadour dans le rôle de Constance, qu’elle joua parfaitement bien.
Après la représentation d’Érigone, il y eut un divertissement dansé par la marquise, M. de Courtenvaux, excellent danseur, le duc de Chartres, le duc de Villeroi, M. de Luxembourg, M. de Coigny le fils, M. de Guerchy, Champcenetz le fils, M. de Clermont d’Amboise le père.
Le Roi demanda une nouvelle exécution qui eut lieu le 21 mars 1748, sans la marquise de Pompadour qui, étant enrouée, dut laisser sa place au jeune Lecamus, ancien page de la musique du roi (*), puis le 28 mars, avec la marquise dans le rôle-titre.
(*) Lecamus joua le texte à la main, et, malgré sa jolie voix de dessus, fit, dit-on, assez triste figure
Une nouvelle reprise eut lieu le 4 (3 ?) février 1751, Mme Trusson remplaçant la duchesse de Brancas (*) en Antonoé, et le chevalier de Clermont remplaçant le marquis de la Salle en Suivant de Bacchus, puis le 18 février.
(*) Selon Émile Campardon, la duchesse de Brancas avait décidé de ne plus chanter après avoir entendu de vives critiques de la troupe de chanteurs du théâtre de la marquise de Pompadour de la part de la fille d’un officier du gebelet, qui avait assisté à des répétitions
L’acte de ballet fut intégré sous le nom de Bacchus et Érigone dans les Fêtes de Paphos, dont il constitue la deuxième entrée, représenté à l’Académie royale de musique, le 9 mai 1758, avce la distribution suivante : Mlle Fel (Érigone), Larrivée (Bacchus), Pillot (Mercure), Person (Comus).
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(*) dans « Spectacles des petits cabinets de Louis XV », Pierre Laujon attribue la musique de « Bacchus et Érigone » à Colin de Blamont.