COMPOSITEUR | Henry PURCELL |
LIBRETTISTE | John Dryden |
DVD
ENREGISTREMENT | ÉDITION | DIRECTION | ÉDITEUR | FICHE DÉTAILLÉE |
2004 | 2005 | Nicholas Harnoncourt | Euro Arts | ![]() |
2009 | 2009 | Hervé Niquet | Glossa | ![]() |
Dramatick opera, dit semi-opéra (Z 628) sur un livret de John Dryden (*)
La première représentation eut lieu au Dorset Garden’s Theatre, en mai / juin 1691. La distribution comprenait, pour les rôles chantés, Charlotte Butler (Philidel, Cupidon), John Bowman (Grimbald, Prêtre).
Reprise à Drury Lane, le 2 mars 1706. King Arthur n’avait alors pas été exécutée depuis cinq ans. Distribution : Leveridge, Hughs, Ramondon, Mlle Lindsey. Danses par le couple du Ruel, Cherrier, Mlle Evans.
(*) John Dryden (1631-1700), historiographe du roi Charles II (1630-1685), passe pour le chef de file de la littérature de la Restauration monarchique anglaise (1660-1689). Il est l’un des premiers poètes à célébrer le retour de Charles II après la mort du chambellan Oliver Cromwell et la démission de son fils Richard. Sa brillante carrière d’auteur de théâtre associée à celle de poète de cour, lui vaut, en 1670, d’être nommé Historiographe du Roi et Poète-lauréat. Il entreprend, dès 1684, la composition de sa vaste épopée du King Arthur. Sans doute s’appuie-t-il sur un ancien récit prophétique pour plaire au monarque. On attribue à Merlin une parole à laquelle tout le Moyen Age a prêté foi : «Un fils naîtra et la brillance du soleil s’effacera devant la pâleur de Mercure, et cela sera redoutable pour tous ceux qui le verront». Or le 29 mai 1630, jour de la naissance de Charles II, une étoile a été vue dans le ciel de Londres en plein midi… Voilà qui va donner toute sa dimension louangeuse à la pièce dont les intermèdes musicaux, c’est entendu, seront donnés à Louis Grabu (ou Grabut), compositeur français fixé à la Cour. S’appuyant sur des éléments issus de la légende arthurienne, Dryden mêle des inventions et d’autres sources légendaires à quelques éléments du mythe originel. Ainsi Oswald, roi des Saxons, dont l’existence est presque fabriquée de toutes pièces, et surtout Osmond, son mage, véritable esprit du mal. Ce nécromancien s’oppose de toute sa puissance aux Chrétiens et à Merlin. Magie noire et magie blanche qui, pour les Anglais du XVIIe siécle, est bien proche de ressembler aux querelles du pouvoir entre l’intolérance puritaine de Cromwell et la tolérance affichée par Charles II ! Et puis, il y a Emmeline. Jeune fille très belle et très pure, elle est la fille de Conon, vassal d’Arthur. Elle est aveugle, comme l’amour des mythologies antiques, et déchaîne les passions ; elle révèle tout le «sensible» des cœurs guerriers. Autrefois courtisée par Oswald le Saxon, elle est maintenant aimée d’Arthur. Mais le perfide Oswald l’enlève et tente de la ramener à lui avec l’aide de son magicien. C’est compter sans la puissance de l’Amour qui inspire Arthur… qui finit d’ailleurs par la reconquérir et, avec l’aide de Merlin, lui rend la vue… Mais en juillet 1685, cette grande œuvre à peine née suit dans le tombeau Charles II… Dryden continue à servir le nouveau monarque, Jacques II jusqu’à son abdication, en 1688, qui entraîne le couronnement de Guillaume III, son gendre. Ce nouveau monarque, protestant avant tout, se méfie des faveurs qui avaient été largement faites aux Catholiques sous le règne de Jacques II et dont les tentatives de réforme jusque dans les arts déplaisent. Dryden, qui avait été ouvertement favorable à une refonte des styles suivant le modèle français est remercié. Il perd son titre de Poète-lauréat et la pension qui y est attachée. Déchu, l’ancien favori se voit contraint de composer des pièces mineures, ou de circonstance. Si les tempêtes politiques se calment, les tempêtes intimes de Dryden ne font que commencer. Toutefois, au milieu de ces tourmentes, il entre en contact avec Henry Purcell dont le génie musical relève le défi d’un style anglais toujours pris en défaut. Il écrit Le Festin d’Alexandre et une Ode pour la Sainte-Cécile qu’Henry Purcell met en musique. C’est alors que l’idée de faire ressusciter King Arthur prend forme. Durant le passage sur le trône de Jacques II, Henry Purcell a lui aussi une période de défaveur : il était relégué au rôle subalterne de claveciniste et voyait la carrière de ses rivaux «catholiques» (dont tenants des goûts français et italiens) connaître un essor sans précédent. L’avènement de Guillaume III (1650- 1702) lui a rendu son prestige. Il compose la musique du couronnement, et chaque année écrit des odes pour l’anniversaire de la Reine Mary. Mais il nourrit de plus grandes ambitions et souhaite se tourner vers le théâtre comme il l’avait fait avec Didon et Énée en 1689. C’est donc sans doute avec intérêt que Purcell a vu Dryden se rapprocher de lui. Ne représentent-ils pas tout deux, quoiqu’une génération les sépare, le renouveau des arts anglais ? Dryden sans doute décrit à Purcell sa pièce comme un Dramatick Opera, c’est à dire «un drame mêlé de chants». On aura beau gloser sur le fait que ce genre vient peut-être des anciennes manières de la Cour française de Louis XIII il est peu probable qu’une influence aussi lointaine se soit fait sentir, alors que sur le continent même elle était balayée par le souffle novateur de la tragédie lyrique suivant le modèle de «Monsieur de Lully»… Tout au plus pourrait-on trouver une filiation avec la comédie-ballet (telle Le Bourgeois Gentilhomme). Mais tout cela doit s’effacer devant un souci nouveau : faire oublier le souvenir des ambiguïtés artistiques des règnes précédents et poser les bases d’un genre neuf et spécifiquement anglais. Alors «pour faire du neuf», il faut sans doute remonter aux souvenirs des anciens masks des Stuart, perçus dans la mémoire collective anglaise comme le parangon du divertissement aristocratique et national. Dryden alors se multiplie. Il écrit à Halifax, ancien favori du roi Jacques II qui assure-t-on est encore «bien en cour»… A la fin du printemps de 1691 King Arthur est montré au Théâtre de Dorset Garden. L’œuvre prend un ton nettement politique, particulièrement dans les derniers tableaux où l’histoire d’Arthur prend les couleurs d’une requête pour une (Grande) Bretagne unifiée. Faisant fi des sortilèges maléfiques, de la tentation du radicalisme puritain, d’une succession chaotique de plusieurs monarques aux conceptions opposées qui menaçaient de dissoudre l’identité britannique dans des modèles continentaux importés sans ménagement, face même à un roi d’origine hollandaise à la légitimité contestée, la glorieuse Albion chante la joie de son identité recouvrée. Comme Dryden plus de vingt ans auparavant, Purcell devient le musicien de la Restauration, l’Orphée grand breton dont la gloire éclipse tous ses contemporains. Il affirme une identité musicale neuve entre les influences italiennes et françaises, sans même tourner le dos aux anciens tunes (chansons) traditionnels, dont on retrouve des échos dans King Arthur même.
(livret Glossa)
Synopsis
Arthur, roi des Bretons, et Oswald, roi saxon du Kent, veulent tous deux obtenir la main d’Emmeline, fille du duc de Cornouailles. Après avoir perdu une bataille décisive contre les Bretons, Oswald enlève Emmeline et tente, en vain, de s’en faire aimer. Entre-temps, Arthur parvient à résister aux charmes de deux sirènes et se libère des enchantements qui l’entravent. Le jour de la Saint-Georges se déroule le combat décisif entre les deux rivaux. Le magicien Osmond et un esprit de la terre soutiennent Oswald, tandis que Merlin l’enchanteur et un esprit de l’air aident Arthur et les Bretons.
Le dernier acte retrace le choc entre les deux armées. Arthur affronte Oswald en combat singulier et, après l’avoir désarmé, lui laisse la vie sauve. Emmeline épouse le vainqueur, proclamé premier d’entre les héros chrétiens. Merlin fait alors surgir de la mer les îles britanniques. Louanges à saint Georges et danse générale (Opéra International – février 1995)
Les principaux rôles – le roi Arthur, le roi Oswald, l’enchanteur Merlin, le magicien Osmond, Aurélius, Albanact, Guillamar, Emmeline, Mathilde – ne sont pas chantés. Les rôles de Philidel, esprit de l’Air, et Grimbald, esprit de la terre, sont parlés et chantés. Les rôles chantés sont ceux des Prêtres et chanteurs saxons, des Soldats bretons et saxons, des Bergers et bergères, des Esprits de l’air, de Cupidon, du Génie et du Peuple du Froid, de deux Sirènes, des Nymphes et Sylvains, d’Eole et des quatre Vents, de Britannia, accompagnée de Pêcheurs, de Pan et d’une Néréide, de Comus, accompagné de trois Paysans, d’Elle et de Lui, et de l’Honneur, acompagné de Héros.
Synopsis détaillé
Prologue
Un assez long prologue, originellement dit par Betterton, l’un des créateurs de la pièce de Dryden, ironise sur le côté novateur du spectacle qui va être présenté et la manière dont il risque d’être accepté… ou refusé : « Sure there’s a Dearth of Wit in this dull Town, When silly Plays so savourly go down… »
Acte I
Le sceptre de la Grande-Bretagne doit enfin être remis entre les mains d’Arthur et ce dernier, aidé par le magicien Merlin, a repoussé vaillamment les Saxons jusqu’au Kent. Mais aujourd’hui, en ce jour de la fête de Saint-Georges les compagnons d’Arthur, tous vaillants Bretons, doivent encore livrer un combat final et décisif. Il prend alors congé de la douce Emmeline sa fiancée aveugle. Au même instant Oswald, le roi des Saxons, prépare aussi le combat. Il est aidé par le magicien Osmond et son serviteur damné Grimbald. Encore, assisté de l’elfe Philidel, ils président, dans le temple des dieux païens Wotan, Thor et Freya, à des sacrifices pour attirer les faveurs de ces divinités guerrières : « Woden, first to thee… » Mais les certitudes de la victoire saxonne sont de courte durée. Bientôt un cri de joie des Bretons annonce que les troupes d’Arthur sont victorieuses : « Come if you dare… »
Acte II
Oswald est alors obligé de fuir. Dans le camp des Saxons, c’est la débandade. Même l’elfe Philidel vient chercher refuge et salut auprès de Merlin. Ce dernier lui demande alors de protéger les Bretons contre les forces obscures déchaînées par Osmond. Grimbald, resté fidèle aux Saxons se déguise en berger et tente d’égarer les Bretons à la poursuite des fuyards mais Philidel les protège. Cette rivalité donne lieu à des joutes musicales : « Hither this way… » Grimbald dont la voix est éraillée par le long commerce avec les vapeurs infernales est vite reconnu à son timbre incertain… il disparaît soudain, laissant Philidel, fidèle à Merlin, guider les Bretons dans la nuit… Pendant ce temps, la douce Emmeline attend Arthur. Pour tromper son ennui elle est divertie par des bergers et des bergères qui lui chantent les charmes naïfs de l’amour : « How blest are shepherds… » C’est alors qu’Oswald, roi des Saxons, qui s’est égaré, découvre le camp des Bretons… Aussitôt, il décide d’enlever Emmeline et fait connaître cette victoire à Arthur. Blessé dans son amour le roi des Bretons lui propose de partager son royaume, pourvu que sa bien aimée lui soit rendue. Mais Oswald refuse : lui aussi a succombé aux charmes d’Emmeline… Hors de lui Arthur en appelle aux armes.
Acte III
Les Bretons accourent immédiatement. Mais la retraite d’Oswald, entourée de bois épais, est protégée par les puissants sortilèges du magicien Osmond. Ils ne peuvent y pénétrer. Seuls Arthur et Merlin peuvent entrer dans la forêt. Pendant ce temps Philidel, à force de ruses, finit par capturer Grimbald. Merlin alors remet à son loyal serviteur le philtre qui doit rendre la Français vue à Emmeline. Le premier objet qui se présente à sa vue est le magicien Osmond. Glacée d’effroi Emmeline assure préférer la cécité à cette vision. Osmond insiste. Le pouvoir de l’amour n’est-il pas immense ? Afin de persuader la jeune fille, ce dernier use de ses pouvoirs pour lui montrer combien l’amour peut réveiller les cœurs les plus glacés. Le décors de la scène change soudain pour montrer une lande gelée où règne le génie du froid. Cupidon frivole va tenter de le réchauffer : « What ho ! What ho ! Thou Genius of this isle… » Ce masque «du froid» est sans doute le plus célèbre et le plus populaire de tous les ayres écrits par Purcell. Mais cette belle démonstration tourne à l’échec. L’amour n’est pas fait pour souffrir des morsures du froid infligées par le Génie… L’acte s’achève sur un hornpipe qui nous rappelle à d’autres réalités. Grimbald prisonnier d’un sort lancé par Philidel hurle son désespoir et son impuissance. Osmond va à son secours…
Acte IV
Merlin qui a retrouvé Arthur dans la forêt enchantée le prévient contre les sortilèges et les illusions d’Osmond… Au même instant surgissent deux sirènes enjôleuses qui tentent de dérouter le vaillant roi des Bretons : « Two daughters of this aged stream are we… » Plus loin des Nymphes et des Sylphes chantent et dansent. Arthur résiste toujours. Mais il est en grand danger lorsqu’il croit reconnaître Emmeline. Heureusement Philidel, qui avait un œil rivé sur lui, montre le piège : c’est Grimbald qui le trompe. Alors Arthur frappe de son épée le plus grand des arbres de la forêt, celui qui semble régner sur les lieux et être la source de tous les sortilèges. Au premier coup d’épée, les enchantements cessent.
Acte V
La troupe des Bretons réussit alors à trouver le chemin du château d’Oswald. Osmond, dont les pouvoirs sont mis en déroute tente de fuir. L’ultime combat des souverains peut alors s’engager loyalement. C’est bien sûr Arthur qui triomphe. Osmond est précipité dans un sombre cachot tandis qu’Arthur goûte la joie des retrouvailles avec sa bien aimée. Magnanime, il propose à Oswald de se joindre à lui pour contempler un ultime masque qui célèbre «la richesse, les amours et la victoire de l’île» et propose aux Saxons et Bretons de ne former qu’un seul peuple fier et heureux. C’est une tempête annonciatrice d’événements fabuleux, qui prélude à la dernière partie. Puis les cieux s’ouvrent. Eole, dieu des vents, vient dissiper les nuages des discordes. Puis viennent les divinités heureuses Britannia, Vénus et l’Honneur… Comme Comus, le dieu des libations et des banquets, ne veut pas être de reste, il offre aux paysans de fabuleuses ripailles en l’honneur de riches moissons dont les bienfaits ne manqueront jamais à l’Angleterre… Enfin, l’Honneur, entouré des Héros de tous les temps, promet aux plus valeureux de les récompenser.
(Livret Glossa)
« Le Roi Arthur n’est pas, pour les puristes, un opéra mais plutôt un « opéra dramatique ». En fait, il s’agit de théâtre parlé avec de nombreuses interventions musicales assez typique de l’époque élisabéthaine anglaise. Arthur le Breton et Oswald le Saxon s’y disputent la Bretagne à l’aide de leurs enchanteurs respectifs Merlin et Osmond. Pour cette vieille légende mise en vers par John Dryden, Henry Purcell a composé la plus élégante des musiques de scène où alternent drame et humour » (Fnac)
Livret en français disponible sur livretsbaroques.fr
Livret (en anglais)
Représentations :
Opéra de Massy – 7, 8 décembre 2013 – dir. Hervé Niquet – mise en scène Corinne Benizio, Gilles Benizio
Dresde – Semperoper – 13, 22, 29 septembre, 14, 17, 30 octobre, 1er, 7 novembre, 3 décembre 2013, 25 février, 20 mars, 16 avril, 18, 29 mai, 7 juin 2014 – en allemand et en anglais – dir. Felice Venanzoni – mise en scène Tilmann Köhler – décors Karoly Risz – costumes Valeska Stern, Felicitas Zürcher – avec Matthias Reichwald (King Arthur), Albrecht Goette (Merlin), Holger Hübner (Conon), André Kaczmarczyk (Aurelius), Matthias Rexroth (Altus/Albanact), Christian Erdmann (Oswald), Benjamin Pauquet (Osmond), Yohanna Schwertfeger (Emmeline), Nadja Mchantaf (Sopran 3/Matilda), Sonja Beißwenger (Philidel), Peter Lobert (Frostgeist/Grimbald ), Romy Petrick (1. Soprano), Norma Nahoun (2. Soprano), Simeon Esper (ténor), Ilhun Jung (basse) – nouvelle production
extraits vidéo
Fribourg – Theater Freiburg – 9, 14, 16, 21 février, 1er, 6, 10, 17, 30 mars, 5, 14 avril, 2, 4, 24 mai, 12, 21 juin 2013 – dir. Clemens Flick – mise en scène Robert Schuster – décors, costumes Jens Kilian – chef de choeur Bernhard Moncado – dramaturgie Heike Müller-Merten, Heiko Voss – avec Aleksandra Zamojska, Lini Gong, Benjamin Lyko, Christoph Waltle, Taiyu Uchiyama – nouvelle production
Linz, Landestheater Linz, Großes Haus – 19, 24, 27 janvier, 5, 18, 26 février, 4, 13, 19, 21, 23, 26 mars 2013 – en allemand et anglais – dir. Takeshi Moriuchi – mise en scène Olivier Tambosi – décors Andreas Wilkens – costumes Carla Caminati – chorégraphie Ralf Rossa – chef de choeur Georg Leopold – avec Thomas Bammer (Artus), Christiane Boesiger (Ginevra), Christian Manuel Oliveira (Sir Lanzelot), Markus Subramaniam (Der Schwarze Ritter), Georg Bonn (Sir Kay), Björn Büchner (Der Braune Ritter), Vasilij Sotke (Walter der Mittellose), Bastian Dulisch (Der Gehängte), Klaus Köhler (Mordred), Manuel Klein (Varley), Martha Hirschmann (Eine Freundin Ginevras), Seho Chang (Ein vielseitiger Ritter), Matthäus Schmidlechner (Ein namenloser Ritter) – nouvelle production
Versailles, Opéra Royal – 19, 20, 22, 24 janvier 2013 – Le Concert Spirituel – dir. Hervé Niquet – mise en scène Corinne Benizio, Gilles Benizio – avec Chantal Santon, Ana Maria Labin, Mathias Vidal, Marc Mauillon, João Fernandes
Forum Opéra – Trop de gags tuent le gag (et la musique)
« Oui, ce Roi Arthur mis en scène par Shirley et Dino est drôle, très drôle, et il faudrait vraiment avoir avalé son parapluie pour ne pas s’y amuser. D’ailleurs, même à l’Opéra royal de Versailles, le public est bon enfant, et quand Gilles Benizio demande au parterre de hurler à la lune comme les loups, à la corbeille de croasser comme des corbeaux et au balcon de coasser comme des grenouilles, tandis que l’orchestre fait la meute de chiens, tout le monde se prête de bonne grâce à l’exercice. Oui, Hervé Niquet mène son orchestre avec une énergie irrésistible ; oui, le chœur, très présent, est lui aussi plein de verve, vocale autant que scénique. Pourtant, l’euphorie d’ensemble ne doit pas faire oublier quelques notes discordantes.
Certains gags vont parfaitement dans le sens de la musique, et l’on admire autant qu’on rit quand les chevaliers d’Arthur, sommés de nettoyer par ce chef de plateau hilarant que campe Dino en personne, se cachent la tête dans leur seau pour mieux produire l’effet d’écho voulu par la partition dans « Come if you dare ». En revanche, il est dommage que pour le double chœur « Hither, this way », les effectifs ne soient pas plus nettement divisés en suivants de Philidel et suivants de Grimbald : la spatialisation voulue par Purcell en est comme gommée. Enfin, et c’est là qu’on ne peut plus adhérer, les deux derniers morceaux avant le chœur final, où l’inspiration du compositeur atteint des sommets, sont sacrifiés à la recherche du gag systématique. Si jusque-là, Purcell enfile les numéros guerriers, bucoliques, pittoresques ou séducteurs, il s’élève à un tout autre niveau avec « You say ’tis love » et surtout « Fairest Isle », et il est très difficile d’accepter qu’une musique sublime soit gâchée par un comique soudain indésirable. Pendant l’air de Vénus, les chevaliers ivres roulent sous la table et une dame de la Cour se cure les dents avec une fourchette, tandis que le duos soprano/basse se transforme en trio avec rivale indésirable qui ridiculise la chanteuse principale. C’est là que trop de gags tuent le gag, et que la musique aurait dû être mieux respectée. Quant aux interventions d’un Hervé Niquet en meneur de jeu, elles sont fort cocasses tant qu’elles se limitent à la voix parlée ; lorsqu’il s’improvise chanteur pour deux entractes, peut-être aurait-on pu en faire l’économie. Si les musiciens ont besoin de quelques instants pour refaire l’accord, on préfère nettement l’interprétation muette de « Mexico » de Francis Lopez par Gilles Benizio.
Quant à l’équipe vocale réunie, c’est celle-là même qui a créé le spectacle à Montpellier en juillet 2008, avant de le reprendre à Versailles déjà, en février 2011 ; seul Marc Mauillon a dû céder la place pour deux des quatre représentations à un Christophe Gay à la voix sans doute moins percutante, mais qui semble s’être tout à fait intégré à la troupe. Les deux sopranos ont un timbre plus généreux que ce n’est souvent le cas dans cette succession de petits rôles, mais l’on regrette que « Fairest Isle » ait été confié à Ana Maria Labin plutôt qu’à Chantal Santon-Jeffery, dont le soprano plus sombre aurait paré de riches couleurs ce sommet de la partition. Mathias Vidal est un ténor idéalement adaptée à ce répertoire et l’on apprécie son numéro de moine déjanté, digne de celui de Louis de Funès dans le film des Branquignols Ah les belles bacchantes. Roi Arthur hilarant, tantôt pusillanime, tantôt bourreau des cœurs, João Fernandes est une authentique basse mais sa voix semble ici moins bien se projeter que dans le répertoire français qu’il sert à merveille. De manière générale, on ne donnera pas pour modèle la diction anglaise des uns et des autres, et il a heureusement été prouvé jadis que l’on peut enchanter un public moderne en jouant dans son intégralité la pièce de Dryden pour laquelle ont été écrits les intermèdes de Purcell. »
Edimbourg, Usher Hall – 27 août 2012 – The Sixteen – dir. Harry Christophers – avec Sophie Bevan, Robert Murray, Jonathan Lemalu
Aix la Chapelle – Aachen, Theater – 1, 7, 13, 27 avril, 1er, 13, 23, 28, 30 mai, 3, 19, 28 juin, 5, 11 juillet 2012 – dir. Volker Hiemeyer – mise en scène Albrecht Hirche – décors Albrecht Hirche – costumes Franziska Grau – chef de choeur Andreas Klippert – dramaturgie Inge Zeppenfeld, Michael Dühn – avec Karsten Meyer (King Arthur), Thomas Hamm (Oswald), Pawel Lawreszuk (King Arthur/Conon), Julia Brettschneider (Emmeline), Katharina Hagopian (Emmeline/Priesterin), Astrid Pyttlik (Philidel/Schäferin/Sirene), Robert Seiler / Jorge Escobar (Grimbald), Patricio Arroyo (Aurelius/Sachsenpriester/Britenkrieger), Joey Zimmermann (Merlin), Elke Borkenstein (Osmond), Katrin Stösel (Matilda/Schäferin/Sirene), Lynn Borok-Melton (Bote) – nouvelle production
Erfurt, Theater Erfurt – 28 février, 8 mars, 21 avril, 5, 12 mai 2012 – en allemand – dir. Michael Zehetner – mise en scène Christian Georg Fuchs – décors, costumes Hank Irwin Kittel – nouvelle coproduction avec Theater Waidspeicher
Hanovre – Ballhof Eins – 29 octobre, 2, 10, 19, 29 novembre, 3, 16 décembre 2011, 8, 13, 22 janvier, 19 février, 21 mars, 20 avril, 6 mai 2012
Saint Astier – 31 juillet 2011 – Festival Itinéraire baroque
Théâtre d’Augsbourg – 7, 12, 19, 22 mai, 3, 8 juin 2011 – 18, 24 février, 4, 17 mars, 10, 29 avril 2012 – Ballett des Theaters Augsburg – dir. Carolin Nordmeyer – mise en scène Sigrid Herzog – décors Bernhard Kleber – costumes Katharina Weißenborn – chorégraphie Eric Gauthier – chef de choeur Karl Andreas Mehling – dramaturgie Oliver Binder – avec Sophia Christine Brommer (Philidel II/Frau/Sirene/Schäferin/Venus), Cathrin Lange (Luftgeist/Frau/Cupido), Stephanie Hampl (Sachsenpriester/Luftgeist/Frau/Sirene/Schäferin), Christopher Busietta (Sachsenpriester/Britenhauptmann/Erdgeist/Mann/Schäfer), Jan Friedrich Eggers (Sachsenpriester/Erdgeist/Mann/Aeolus), Felix Rathgeber (Geist der Kälte) – nouvelle production
Théâtre d’Erfurt – 28 avril, 6, 8, 15 mai, 5, 17, 26, 29 juin 2011 – dir. Michael Zehetner – mise en scène Christian Fuchs – décors, costumes Kathrin Sellin, Udo Schneeweiß – dramaturgie Arne Langer – avec Christa Maria Dalby, Daniela Gerstenmeyer, Sebastian Pilgrim, Benno Schachtner, Marwan Shamiyeh – nouvelle coproduction avec Theater Waidspeicher
Versailles – Opéra Royal – 2, 3, 5, 6 mars 2011 – Théâtre de Besançon – 10 mars 2011 – Orchestre et choeur du Concert Spirituel – adaptation et dir. Hervé Niquet – adaptation, conception et mise en scène Corinne et Gilles Benizio – lumières Jacques Rouveyrollis et Jessica Duclos – costumes Catherine Rigault – avec Chantal Santon-Jeffery et Ana Maria Labin (sopranos), Mathias Vidal (haute-contre), Marc Mauillon (baryton), João Fernandes (basse)
ConcertoNet
« On oublie trop souvent que, outre qu’elle ne cessait de se jauger pour savoir qui serait le mieux en vue du Souverain et qui aurait par exemple le privilège de tenir le bougeoir au coucher de Sa Majesté, la Cour savait s’amuser à Versailles, que la comédie allait bon train et que le roi lui-même (en tout cas pour Louis XIV) ne répugnait pas à s’autoriser quelques facéties. Le spectacle donné ce soir dans le cadre solennel de l’Opéra royal du château de Versailles nous l’a rappelé, et de quelle manière !
Prenez un chef d’orchestre rompu au répertoire baroque qui sait à l’occasion payer de sa personne que ce soit en kilt écossais ou en typique tenue autrichienne, un ensemble de musiciens dont les qualités ne sont plus à démontrer depuis plus de vingt ans, des chanteurs qui savent s’amuser en interprétant leurs rôles avec beaucoup de justesse, ajoutez-y un couple de comédiens-scénaristes dont le public connaît les exploits pour les avoir maintes fois vus à la télévision, saupoudrez le tout de la musique de Henry Purcell (1659-1695) et vous obtiendrez un spectacle loufoque au possible. On y croisera ainsi un régisseur de théâtre qui multiplie les gaffes (Dino, époustouflant), deux pingouins et un ours polaire, un chef d’orchestre (Hervé Niquet, tout simplement génial) qui essaie de dompter tant bien que mal son orchestre entre une interprétation de l’air «On a l’béguin pour Célestin» (tiré de l’opérette L’Auberge du Cheval Blanc de Ralph Benatzky) et une chanson de son cru moitié italienne, moitié tyrolienne, «On aime les si bémol quand on est musicien, on aime les bagnoles quand on est italien» (sans oublier une parfaite imitation du brame du cerf au fond des bois), deux skieurs scandinaves qui traversent la scène sans s’apercevoir qu’ils déboulent au beau milieu d’un spectacle… Bref, on pourrait ajouter le fameux «et un raton-laveur» à ce véritable bric-à-brac qui, au premier abord, pouvait nous inciter à la méfiance, Shirley et Dino ne s’étant pas toujours caractérisés par la plus évidente subtilité – avouons à ce propos que certains gags sont un peu trop appuyés mais ce n’est là qu’un infime reproche.
Et pourtant, en vérité, la musique et le chant de Purcell sont parfaitement intégrés à cette histoire désopilante où le comique (on pense aux Marx Brothers mais aussi à Blake Edwards ou aux Monty Python) côtoie la poésie la plus grande. Comme l’a très bien expliqué Hervé Niquet dans son allocution liminaire à l’attention du public, celui-ci a donc écrit une histoire qui utilise l’ensemble de la musique du semi-opéra en cinq actes King Arthur (1691) sans pour autant imposer au public les récitatifs de John Dryden, le librettiste. Certes, les puristes ou amateurs d’authenticité pleine et entière pourront être déçus (le spectacle étant considérablement raccourci par rapport à l’œuvre originelle puisqu’il dure à peine une heure quarante-cinq sans entracte) mais qu’importe tant le résultat fut enthousiasmant.
A tout seigneur tout honneur, João Fernandes incarne un Roi Arthur des plus parfaits, usant d’une voix chaude et d’un sens du théâtre à toute épreuve (notamment lorsqu’il interprète, au troisième acte, le célèbre «Air du froid», «What power art thou» ou lorsqu’il danse avec agilité sur les tables lors du banquet concluant l’opéra). Chacune des interventions de Mathias Vidal et Marc Mauillon, moines en robe de bure plus vrais que nature, doit également être saluée avec, au premier acte, le bel air «I call you all to Woden’s Hall» et surtout leur duo «Com if you dare», accompagnés de superbes trompettes et de chœurs non moins impliqués. Julie Fuchs et Chantal Santon-Jeffery jouent à merveille les péronnelles, que ce soit en costume d’infirmières ou de princesses tout droit venues de l’Orient lointain, Mélodie Ruvio étant également une musicienne à la hauteur de ses talents de comédienne. La mise en scène alterne pour sa part une grande poésie avec une verve comique incroyable: qu’on regarde, par exemple, Arthur chevaucher son cheval dans les airs («Hither this way» au deuxième acte II) ou les soldats du roi faire le pas du patineur pour entrer sur scène (où trône notamment un réfrigérateur) au début de l’acte III.
Les musiciens et les chœurs du Concert Spirituel sont excellents, participant à cette grande farce de la plus belle manière, qu’il s’agisse pour eux tous de revêtir bonnets et écharpes avant d’aborder le troisième acte (qui se passe dans les confins gelés des cieux), ou d’accompagner Hervé Niquet dans ses chansonnettes. Car, il faut le dire, c’est bien lui la vraie vedette de la soirée! Chansonnier, conférencier à l’attention du public tel que pourrait l’être le fils de Tryphon Tournesol et d’Achille Talon, comédien mais aussi chef attentif à ses musiciens, il étonne, fait rire (ses récurrents «Y a-t-il des questions?» à l’attention du public sont impayables), séduit et prouve l’immensité de ses talents. Quant à Corinne et Gilles Benizio, ils illustrent également ce que peut être l’art du cabaret dans ce qu’il a aujourd’hui de meilleur, leur prestation en skieurs scandinaves étant à marquer d’une pierre blanche.
Indéniablement, une réussite totale que ce King Arthur (disponible en DVD, chez Glossa, enregistré lors des représentations de mars 2009 à l’Opéra national de Montpellier Languedoc-Roussillon) que l’on devrait recommander à tous ceux qui voient dans l’opéra, qui plus est baroque, un divertissement réservé à une élite et à tous ceux qui ont le cafard: cela permettrait de faire tomber quelques idées reçues et de réduire le trou de la sécurité sociale. »
Joué lès Tours – Espace Malraux – 28 janvier 2010 – Paris – Salle Gaveau – 29 janvier 2010 – Bourges – Auditorium – 30 janvier 2010 – Poitiers – Auditorium – 31 janvier 2010 – Théâtre d’Orléans – 2 février 2010 – Ensemble Jacques Moderne – dir. Joël Suhubiette – avec Isabelle Poulenard, Anne Magouët, Edwige Parat (sopranos), Jean-Michel Fumas (alto), Cyril Auvity (ténor), Thomas Bauer, Jean-Claude Sarragosse (basses)
Opéra Magazine – mars 2010 – 29 janvier 2010
« …Joël Suhubiette conduisit King Arthur comme un des oratorios baroques auxquels il est acccoutumé. Avec l’ensemble Jacques Moderne, il a réalisé un travail attentif et généreux où, à la théâtralité, a été préféré un esprit chambriste et intime. L’équipe de solistes vocaux s’intégra opportunément à ce choix artistique, où l’on remarqua Isabelle Poulenard, au chant toujours précis et émouvant, et Thomas Bauer, savoureux baryton-basse. »
Toulouse – Halle aux Grains – 5, 6 janvier 2010 – Salle Pleyel – 23 janvier 2010 – Les Talens Lyriques – dir. Christophe Rousset – avec Céline Scheen, Judith van Wanroij (sopranos), Pascal Bertin (alto), Emiliano Gonzalez-Toro (haute-contre), Magnus Staveland, David Lefort (ténors), Christophe Gay (basse-taille), Douglas Williams basse)
Res Musica – 5 janvier 2010 – Un semi-opéra nationaliste
« C’est toujours une gageure de monter scéniquement King Arthur de Purcell, s’agissant d’un semi-opéra où la musique n’a pas grand-chose à voir avec l’histoire racontée. En effet, Purcell a composé des intermèdes musicaux destinés à accompagner une pièce de théâtre de John Dryden, à la façon des fameux masques élisabéthains ou des comédies-ballet alors en vogue en France. Pour autant, la musique de Purcell est sublime et s’il serait complexe de restituer le spectacle dans son intégralité, d’autant plus que nous avons perdu la pièce originale, la version de concert trouve sa cohérence en renversant l’ordre des choses, puisqu’un récitant résume l’action entre les pièces musicales. Certains metteurs en scène osent toutefois s’attaquer à ce dilemme, donnant libre cours à une fantaisie parfois débridée. Le choix de Christophe Rousset à la tête de ses Talens lyriques convient parfaitement à l’actuelle saison toulousaine « hors les murs » pendant la fermeture pour travaux du théâtre du Capitole. C’est donc la Halle aux grains qui accueillait cet ouvrage, début janvier pour deux soirées mémorables.
Le public a pu être déconcerté dans un premier temps par l’aspect décousu de l’intrigue, mais il a vite été séduit par le charme entraînant des airs purcelliens et plus encore par l’excellence de l’interprétation de Christophe Rousset et de ses troupes, accompagnant huit solistes de haut vol, parfaitement à l’aise dans ce répertoire. En marge de l’action du cycle Athuréen et de la lutte entre Bretons et Saxons, les intermèdes musicaux et chantés ne sont pas essentiels à la compréhension de l’action dramatique, mais ils participent à la scénographie de l’ensemble. Les personnages principaux que sont Arthur, son rival le roi saxon Oswald ou la belle Emmeline, enjeu de leur combat, n’apparaissent pas, laissant la place aux personnages fantastiques, allégoriques et divins. Il faut plus d’imagination à notre esprit cartésien pour goûter les apparitions d’esprits, d’elfes ou de Cupidon en personne, qui appartiennent à une sphère toute shakespearienne, mais quelle musique !
L’action héroïque narre des batailles opposant des peuples, mais aussi des forces magiques bénéfiques et maléfiques, tandis que le commentaire musical parle d’amour en intégrant une légèreté comique, voire truculente. À travers les arcanes poétiques de l’époque, l’ouvrage prend un ton clairement nationaliste et patriotique, le prologue faisant référence à la situation politique et sociale de l’époque, ainsi qu’aux paris sur les pièces de théâtre. Après tout, de l’autre côté du Channel, les longs prologues des tragédies lyriques chantaient bien la gloire du roi Louis… Bretons et Saxons finissent par s’unir pour former une nouvelle nation, la Grande-Bretagne. Or à la fin du XVIIe siècle, la Restauration anglaise devait réunir la nation autour de son souverain après la révolution de Crommwell et le roi Guillaume III d’Orange Nassau venait des Pays-Bas.
Dans ces méandres mythiques, héroïques et poétiques, on a particulièrement apprécié le timbre et la musicalité des deux sopranos, Céline Scheen et Judith van Wanroij, d’une belle clarté à côté de l’alto Pascal Bertin très discret dans cette œuvre. Les deux ténors Emiliano Gonzalez Toro et Magnus Staveland ne sont pas en reste, sans oublier les basses Christophe Gay et Douglas William. Le célèbre « air du froid », inspiré du « chœur des trembleurs » de Lully revient à ce jeune baryton-basse d’une grande musicalité associée à une belle sensibilité. Tous vivent cette œuvre complexe avec un bonheur partagé et les dessous retrouvent un jeu théâtral réjouissant pour le fameux « chœur des buveurs » qui perturbe quelque peu l’hymne solennel à l’île de Bretagne.
Sous la direction précise et enjouée de Christophe Rousset, les instrumentistes des Talens Lyriques sont à leur affaire avec de superbes sonorités. Les violons mènent le bal avec vigueur, tandis que les hautbois da caccia et les flûtes à bec donnent la couleur et que les trompettes naturelles sonnent juste. Tous ont largement mérité le triomphe que leur a fait le public toulousain, donnant en rappel un large extrait du 4e acte, célébrant les plaisirs de l’amour. »
Classique.news – 6 janvier 2010 – Frustrations du semi-opéra
« Ce n’est pas la musique de Purcell qui est en cause, elle est superbe. Ce n’est pas l’interprétation de ce soir, inspirée et musicalement impeccable. Pourtant une pointe de frustration s’insinuerait presque durant ce concert. Le problème vient du fait que les situations dramatiques les plus intéressantes et les personnages les plus forts ne sont pas mis en musique. Alors qu’en France à la même époque, la tragédie est entièrement mise en musique, et surtout qu’en Italie, l’opéra se répand à travers toute la péninsule, on ne peut que se plaindre des limites du genre semi-opéra anglais dont King Arthur est pourtant un des plus beaux fleurons.
King Arthur, semi-opéra genre frustrant ! Le concert proposé par Christophe Rousset offre l’intégralité de la musique écrite par Purcell pour le Semi-Opéra King Arthur crée en 1691 sur un poème de John Dryeden. La musique est intercalée dans la pièce et ne concerne que les péripéties mineures, les ballets, les divertissements et les fêtes.
L’action est riche en péripéties et en personnages plein de couleurs. Comme cela ferait un bel opéra avec des airs variés et des récitatifs dramatiques ! La programmation de ce type d’œuvres hybrides au sein d’une saison d’opéra laisse un peu l’amateur de splendeurs vocales et de drames lyriques, sur sa faim. L’action est riche en rebondissements, deux rois puissants se disputent la même femme, Emmeline. L’allégorie politique est évidente car la fiancée d’Arthur est convoitée en même temps que son Île britannique par le saxon Oswald. Chaque souverain bénéficie de l’aide d’un puissant magicien, Merlin pour Arthur et Osmond pour Oswald. La trame religieuse est aussi présente car le camp d’Arthur est chrétien alors que les saxons sont païens. Au final la grande Bretagne retrouve sa liberté, son Roi; et sa beauté, Emmeline épouse son héros après avoir recouvré la vue.
Le concert de ce soir est dramatisé par la présence d’Olivier Simonnet qui résume astucieusement l’action. Las, cet agréable diseur a un cheveu sur la langue ou un poil de barbe (sacré Merlin !) qui rend ses interventions parfois trop distanciées par un petit effet comique. Laissons les regrets de cet opéra diminué de la moitié (au moins) et écoutons une partition riche, variée en des effets majestueux, langoureux et parfois pleins d’humour. Les moments musicaux ô combien savoureux, rappellent les chœurs de Didon et Énée ou annoncent pendant quelques mesures la tristesse si profonde des Funérailles de la Reine Marie.
Une ouverture à la française pleine de grandeur ouvre une large perspective au spectacle. Ce n’est pas le seul hommage à la cour de Louis XIV car une vaste Chaconne louant les vertus de l’amour termine l’acte quatre. Les ballets sont gracieux et l’humour du duo des sirènes est assez coquin, de même que le trio alto, ténor, basse, des buveurs patriotes. Purcell s’acquitte avec art de la musique de divertissement qui lui est demandée. Il la réalise avec brillant et diversité. Deux grands airs devenus célèbres peuvent être détachés. L’air du génie du froid avec ses trémolos et Fairest Isle.
Dès l’ouverture Christophe Rousset, nous propose une lecture contrastée avec un orchestre capable d’infimes nuances et de belles couleurs. Sa direction est marquée par une grande souplesse et une parfaite élégance. Les Talens Lyriques forment un orchestre plein de vie. Les trompettes ont l’éclat royal attendu, les vents, tant les hautbois que les flûtes, apportent une fraîcheur bucolique et les cordes ont un beau moelleux. Le continuo est très musical bénéficiant de l’attention amicale d’Isabelle Saint-Yves à la viole de gambe, l’élégance de Laura Monica Pustilnik au théorbe et la souplesse de Stéphane Fuget à l’orgue et au clavecin. Tous les chanteurs sont agréables, chantant leur texte de manière facilement compréhensible. Les voix sont jeunes et bien projetées. Les dames, Céline Scheen et Judith van Wanroij, dominent par une plus grande aisance vocale et des timbres très assortis en leur fruité acidulé. Les hommes obtiennent la palme de la théâtralité dans leur inénarrable scène de buveurs déboutonnés. Les spectateurs conquis par la beauté de cette partition ont fait un triomphe aux interprètes et ont obtenu en bis la si charmante et irrésistible Chaconne de l’acte quatre. »
Opéra Magazine – mars 2010 – 23 janvier 2010
« Dans tout « semi opera » donné en son intégralité, la musique tient une part secondaire. Et lorsqu’on en donne les seules pages musicales, deux solutions s’imposent : lier la musique par un résumé parlé de l’action théâtrale ; ou jouer la seule musique. Christophe Rousset a choisi la première… Pour Christophe Rousset, même sans mise en scène (mais avec un narrateur, Olivier Simonnet), King Arthur est un opéra joué et dansé. Aussi l’interprète-t-il commme s’il était dans la fosse : puissante densité sonore pourtant, vingt instmmentistes seulement pour remplir la vaste Salle Pleyel !, urgente pulsation dramaturgique, phrasés élancés et, par-dessus tout, absolue régularité métronomique dans les danses. Ajoutons-y une beauté sonore de chaque instant et une grande élégance, y compris dans la scène du poète ivre.
Le résultat fut enthousiasmant : le purcellien chevronné qui tient cette plume n’a jamais entendu King Arthur sonner aussi pleinement. Décidément, avec ses Talens Lyriques, Christophe Rousset a façonné un des plus somptueux orchestres baroques actuellement en exercice. Les huit solistes vocaux (ils assuraient également les chœurs) se tinrent à cette altitude. On y distinguera Judith van Wanroij (un «Fairest Isle» en apesanteur) et Céline Scheen, Magnus Staveland (un ténor à suivre) et Douglas Williams, puissant et ironique dans le célèbre air du Génie du Froid. »
Graz – Remise Mariatrost – 28, 30 juin 2009 – Das Kleine Konzert – Rheinische Kantorei – dir. Hermann Max – avec Gerlinde Sämann, soprano, Veronika Winter, soprano, Maria Jonas, mezzo-soprano
Strasbourg – PCM Erasme – 71e Festival de Musique de Strasbourg – 9 juin 2009 – Barokopera Amsterdam – dir. Frédérique Chauvet – mise en scène Sybrand van der Werf – décors et lumières Rob Van Putten – costumes René van der Leest et Sigrid Van Kleef
Londres – Barbican Hall – 6 mai 2009 – Théâtre des Champs Élysées – 11 mai 2009 – version de concert – Le Concert Spirituel – dir. Hervé Niquet – avec Susan Gritton (Philidel, Nereid, She), Deborah York (Cupid, Venus), Anders J. Dahlin, James Gilchrist (Comus), Andrew Foster-Williams (Grimbald, Genius, Aeolus, Pan, He)
Montpellier – Opéra-Comédie – 28, 29, 31 mars, 1er avril 2009 – Le Concert Spirituel – dir. Hervé Niquet – mise en scène Corinne et Gilles Benizio – avec Chatal Santon-Jeffery, Ana Maria Labin, Mathias Vidal, Marc Mauillon, Joao Fernandes
Webthea
« Ce fut le moment le plus joyeusement déjanté du dernier festival de Radio France et Montpellier, la mise en scène par les duettistes Shirley et Dino (à la ville Corinne et Gilles Benizio) du célèbre King Arthur « semi-opéra » de Henry Purcell, joyau du patrimoine musical made in UK. Une pyramide de loufoqueries de pur style baroque/barjot avec ours polaire, pingouins, père Noël en goguette, skieurs de fond, ratons laveurs et jeux de mot à faire peur, assaisonne Purcell de poil à gratter et déclenche l’hilarité. Le chef d’orchestre Hervé Niquet joue à fond le jeu des dérapages, se déguise, fait le guignol tout en respectant, mais oui, une partition magnifique et en emportant ses musiciens et solistes dans les tempos ad hoc. Une reprise avec la quasi-totalité des interprètes d’origine, un moment de détente à savourer en folie et belle, bonne musique. »
Blois – La Halle aux Grains – 18 septembre 2008 – Tours – Grand Théâtre – 19 septembre 2008 – Festival de Musiques anciennes de la Ville de Tours – version de concert – Ensemble Jacques Moderne – dir. Jacques Suhubiette – avec Isabelle Poulenard, Robert Getchell, Thomas Bauer, Jean-Claude Saragosse
Montpellier – Opéra Comédie – 15, 17 juillet 2008 – Festival de Radio-France et Montpellier – Le Concert Spirituel – Choeur du Concert Spirituel – dir. Hervé Niquet – mise en scène Corinne et Gilles Benizio, dits Shirley et Dino – costumes Catherine Rigault – lumières Jacques Rouveyrollis – avec Chantal Santon-Jeffery (soprano), Ana Maria Labin (soprano), Mélodie Ruvio (mezzo-soprano), Mathias Vidal (haute-contre), Marc Mauillon (ténor), João Fernandes (basse)
Webthea
« L’intrusion dans le monde policé de l’opéra des fantaisistes Corinne et Gille Denizio, alias Shirley et Dino, grands champions de grimaces poids lourds, pouvait faire craindre le pire. Il eut lieu mais en sens inverse dans un immense éclat de rire qui éclaboussa de bout en bout la musique de Purcell et les spectateurs de l’Opéra Comédie. Lesquels, hilares, réservèrent une ovation debout aux interprètes et à leurs drôles de mentors.
Ce King Arthur/Roi Arthur, il est vrai, est un bien étrange monarque ! Figure centrale d’une pièce de théâtre aux rebondissements épiques d’un certain John Dryden, contemporain, il y a trois siècles de Henry Purcell qui lui broda une suite de commentaires musicaux pour orchestre solistes et chœurs. Au total moins de deux heures de musique pour habiller cinq heures d’actions tragi comiques de ce qu’on appelait alors des semi-opéras. Dès lors si on peut de nos jours l’entendre en concert ou en disque – Hervé Niquet l’enregistra en 2004 chez Glossa -, il est quasi impossible d’en voir les effets scéniques. L’impossible n’étant pas du goût de Niquet, chef d’orchestre du Concert Spirituel, ensemble labellisé baroque en résidence à l’Opéra de Montpellier, il fit appel au couple le plus déjanté du music hall pour lequel l’impossible est une denrée carrément inconnue. Le résultat, moyennant quelques coupures et un agencement inédit des péripéties médiévales du héros, se déroule en 1h45 de délire à cheval sur les Monty Python et Helzapoppin.
Une pyramide de loufoqueries – On pourrait en faire un inventaire à la Prévert, avec un ours polaire, deux pingouins, un cerf qui brame, un père Noël en goguette, des skieurs de fond sur une banquise, des bergers hippies sur une plage, un barbecue royal, des croisés qui s’entrecroisent, un roi de cœur, deux reines d’Ecosse ou de pique, l’auberge du cheval blanc, un aspirateur ronfleur, des étoiles filantes, et, en lieu et place de raton laveur, des jeux de mots à faire peur… Gille/Dino qui intervient entre chaque tableau en use et en abuse pour ne pas « se faire appeler Arthur » (sic), il interrompt, régente, nettoie, philosophe façon café du commerce… Au sommet de sa pyramide de loufoqueries, le chef d’orchestre en personne devenu aussi branque que guignol, qui se déguise à la vitesse du son, du kilt à la culotte de cuir tyrolienne, qui danse et pousse la chansonnette – « On a l’béguin pour Célestin » -. L’irrésistible métamorphose d’Hervé Niquet en histrion de Caf’Conc’ vaut à elle seule le déplacement.
Un jeu délicieusement dégingandé – Et la musique dans tu ce charivari ? Ma foi, elle ne s’en tire pas mal du tout malgré quelques cafouillis de démarrage parmi les instrumentistes et les choristes. Bien sûr, ni les uns ni les autres n’ont l’habitude de ce type de traitement mais prouvent en fin de compte que pour eux non plus l’impossible n’est pas musique et que même une soit disant panne d’électricité ne les empêche pas de continuer à jouer – juste – dans le noir… Les voix sont solides, Joao Fernandes, jeune basse portugaise né au Zaïre s’est déjà frotté à ce type de répertoire sous la direction de spécialistes comme René Jacobs, Christophe Rousset ou William et confirme ses dons, graves qui plongent et projection claire, et, en roitelet de foire, il y ajoute un jeu délicieusement dégingandé. Les sopranos (dessus), Mélodie Ruvio, Chantal Santon-Jeffery et l’exquise Ana Maria Labin rivalisent autant de vocalises que de jeux de séduction à rebrousse poils. La palme des comiques musicaux et théâtraux revenant au couple de moinillons Marc Mauillon et Mathias Vidal, respectivement baryton et haute contre magnifiquement en voix, et, dans leurs intermèdes dansés, absolument foutraques et totalement désopilants.
De là à conclure que l’avenir de l’opéra se limitera à sa dérision, serait pousser trop loin le bouchon de la farce. Mais devant tant de bonne humeur, tant de trouvailles se succédant au rythme d’un tir de mitraillette, impossible de bouder son plaisir. »
Les Échos – 17 juillet 2008 – Baroque loufoque
« Célèbre pour son air chanté par le Génie du Froid, au troisième acte, « King Arthur », d’Henry Purcell n’est pas, au sens strict, un opéra, plutôt une musique d’accompagnement pour un texte dramatique (très long) de John Dryden, l’un des multiples épisodes de la légende arthurienne dans lequel le roi breton et très chrétien, chef des chevaliers de la Table ronde, s’oppose à Oswald, saxon et païen, et conquiert le coeur de la belle Emmeline. Partition magnifique, trop courte hélas, digne de celui que l’on surnommait l’« Orpheus Britannicus ». Hervé Niquet, fondateur et chef du Concert Spirituel, n’a jamais caché son affection pour cet ouvrage insolite, tout en reconnaissant qu’il serait impossible, aujourd’hui, de le monter sous sa forme originelle.
Alors, tant pis pour l’intrigue, dont il ne garde pas grand-chose – de toute façon, on n’y comprend goutte et tout le monde s’en moque. S’il a demandé à Corinne et Gilles Benizio de régler la mise en scène du spectacle, ce n’est pas par hasard : dès la fondation de leur compagnie Achille Tonic, ils ont conquis un public qui s’est accru grâce à la télévision et à leur duo hilarant, Shirley et Dino. Fidèles à la tradition du music-hall, ils ont le goût du travail bien fait, le sens du rythme, de l’imagination (leurs décors sont l’occasion de jolies images)… et le triomphe modeste. Sans doute les spectateurs venaient davantage pour eux que pour Purcell. Mais, s’ils donnent l’impression de tirer à la ligne dans le dernier acte – un banquet qui s’éternise -, ils ont réussi auparavant à faire s’esclaffer l’auditoire, un rire bon enfant, sans vulgarité, qui tient parfois de la blague de potache mais qui dilate la rate sans arrière-pensée. Le tableau du Froid, avec son réfrigérateur dont sortent pingouins, ours… et infirmières, est à se tordre, comme le sont les deux moines déjantés (Mathias Vidal et Marc Mauillon) sortis des Branquignols.
Les autres chanteurs (Chantal Santon-Jeffery, Ana Maria Labin, Mélodie Ruvio, Joao Fernandes) sont à l’unisson, mais pour la plupart, leur accent anglais est plus proche de celui de Maurice Chevalier ou de Mireille Mathieu que d’Oxford. Au pupitre, Niquet s’en donne à coeur joie, menant ses troupes avec dynamisme. Mieux, il joue les meneurs de revue, sollicitant la salle qui ne demande que ça, chantant (plutôt bien) un extrait de l’« L’Auberge du Cheval blanc », et donnant la réplique à Dino qui fait un numéro désopilant de régisseur. Ce n’est pourtant pas « Arthur, fox à poil dur » qu’on entend ici, c’est bien Purcell, ses couleurs, son invention perpétuelle, son génie. Une question reste posée, angoissante, taraudante, à laquelle seul l’intéressé peut apporter une réponse : que porte Niquet sous son kilt au premier acte ? »
Res Musica – 15 juillet 2008 – Un peu trop de gags
« On l’attendait avec hâte cette première mise en scène de Shirley et Dino, au point que même le 13h de France2 et le « 6 Minutes » de M6 en ont parlé. Une production d’opéra citée au JT, ça doit bien arriver une fois par an – non, deux fois, l’autre étant l’esclandre annuel de notre Roberto national. Corinne et Gilles Bénizio abordent l’opéra en parfaits candides. Mais King Arthur est-il un opéra ? Pas vraiment, partition composite, simple musique de scène – de 90 minutes – d’une pièce de théâtre aujourd’hui oubliée – d’une durée de cinq heures -, ce sont divers morceaux musicaux mis à la suite les uns des autres sans grand rapport une fois le texte de John Dryden supprimé. Il a fallu donc homogénéiser tout ça, créer un fil conducteur, remodeler le synopsis. En vrais gens de théâtre, la réussite du couple Bénizio est totale. Venus du monde du cabaret grâce auquel ils se sont faits connaître, King Arthur devient une sorte de revue en cinq tableaux, entrecoupés d’intermèdes comiques ou on voit Gilles Bénizio en machiniste interpeller les musiciens, haranguer le public et surtout faire divers numéros avec la complicité plus qu’active d’Hervé Niquet, qui dévoile au public un talent insoupçonné de chansonnier.
Certaines idées sont franchement hilarantes. Bien sur les Monthy Python sont appelés à la rescousse, comment faire autrement que de parodier l’histoire du Roi Arthur sans penser à Sacré Graal ? L’emblème royal, une grenouille griffue (à moins que ce ne soit un ours ?) accroupie tenant un sabre et un sceptre, donne le ton. L’« acte du froid » – avec son célèbre air – voit Arthur frigorifié, pris en charge par deux infirmières sorties d’un réfrigérateur, tandis que deux pingouins, un ours polaire et deux skieurs nordiques (Corinne et Gilles Bénizio bien sûr) parcourent la scène. Que les sorcières zozotent et que le chœur lors du festin final se fasse la bouche pleine entre dans la logique du spectacle. Mais…
Mais Purcell, en bon musicien de son époque, avait prévu divers numéros instrumentaux qui à l’origine correspondaient à des ballets. Point de danseurs ici, mais était-ce utile de faire parler, crier ou hurler les acteurs à ces moments ? La Chaconne finale méritait-elle d’être traitée en générique de fin, couverte par les applaudissements du public ? Certes, Purcell n’en sort pas défiguré, mais dans le genre lyrique la musique ne peut en aucun cas être un simple support. Après, Corinne et Gilles Bénizio ont fait du Shirley et Dino, on ne saurait le leur reprocher, si ce n’est que certains gags étaient trop prévisibles, surtout l’évocation constante de René Koering, patron des lieux.
Point de vue musical, le spectateur a été servi. La distribution est homogène et se déplace sur scène avec aisance. Mention spéciale pour João Fernandez, devenu le rôle principal de ce King Arthur revisité. Hervé Niquet reste toujours un fin coloriste, même si sa battue est parfois un peu raide – on aurait aimé une Passacaille à l’acte IV un peu plus souple et un peu plus dansante. Les instrumentistes du Concert Spirituel se plient volontiers aux fantaisies de metteurs en scène, devenant ainsi de véritables acteurs d’un spectacle presque total. Quelques ajustements nécessaires, une meilleure coordination scène-fosse et surtout un peu de sobriété seront les bienvenus pour cette production, reprise dans la saison 2008/09 de l’Opéra National de Montpellier. «
Le Monde
« On s’est dit : « Shirley et Dino metteurs en scène du King Arthur de Purcell, ça passe ou ça casse. » Eh bien ça passe. Parce que la présence de Dino en Gilbert, le régisseur de scène, ne fait pas un spectacle à la « Shirley et Dino » mais un mélange de citations et références édulcorées et abâtardies qui vont des Monty Python de Sacré Graal ! aux Contes de Canterbury, de Chaucer, en passant par le théâtre élisabéthain, le music-hall et « Kaamelott », la série télévisée à succès diffusée sur M6. Le chef d’orchestre baroque, Hervé Niquet, est fan depuis des années des deux comiques. Il a proposé King Arthur à Dino à l’issue de leur spectacle, Les Caméléons d’Achille, en 2007, arguant du fait qu’il ne s’agit pas d’un opéra mais d’un « spectacle de divertissement, ce mélange de comédie, de danse, de chant, tout plein de paillettes et de surprises pour le plus grand plaisir du public ».
King Arthur, issu des divertissements scéniques et musicaux dans la tradition des masques anglais mêlant texte et musique, fait partie de ce qu’on a appelé un semi-opéra. La partie musicale de Purcell (1659-1695) ne couvre qu’un tiers des cinq heures de la pièce créée au Dorset Garden Theater de Londres en 1691 par le poète et dramaturge John Dryden (1631-1700). Remonter Le Roi Arthur, de Purcell (de Guérande, comme stipulé sur le programme du Festival de Radio France et Montpellier) en version scénique exige donc d’inventer un synopsis qui recolle les fragments musicaux disparates, liens entre les scènes relatant la rivalité du roi chrétien, Arthur le Breton, et d’Oswald le païen, roi des Saxons, pour la main de la belle Emmeline, fille du duc de Cornouailles. En bref, assembler le monde des dieux celtes, celui de la mythologie grecque, les guerres et l’amour, elfes et nymphes, pastorales et scènes fantastiques comme celle du froid, choeurs à boire et chaconnes mélancoliques, dans le plus strict esprit baroque.
Alors oui, on s’amuse. Des moines virevoltant, de la soldatesque chorale s’enfonçant un seau sur la tête pour entonner un écho, du Roi Arthur aux allures de Rocky Horror Picture Show (clone du comédien Alexandre Astier dans Kaamelott), du couple de skieurs suédois qui passe à l’Acte du froid (seule apparition de Shirley dans un sabir de bande-son à la Bergman). Mais on grimace aussi. De ce raté qu’est la fameuse Cold Song du Génie de l’hiver, dont le chanteur allemand à la voix de haute-contre, Klaus Nomi, fit un tube au début des années 1980. Comme si un drôle de froid justement pénétrait la scène, rompant avec la trépidation des gags et les numéros de music hall entre les levers de rideaux – On a l’béguin pour Célestin, de Robert Allard, chanté par un Niquet chansonnier, Mexico muet mimé par un Dino en costume et sombrero à la Luis Mariano. Les deux derniers actes sembleront un rien fastidieux, qui voient la glorification de l’Amour, puis celle de la Grande-Bretagne.
Et la musique ? Niquet, qui a gravé en 2004 avec son ensemble baroque, Le Concert spirituel, une version de référence du chef-d’oeuvre purcellien chez Glossa, n’a rien perdu de sa vigueur de coloriste. Son plateau lyrique composé d’interprètes aussi bons chanteurs qu’acteurs est de belle facture. Qu’est-ce qui fait alors qu’on a en sortant, avec le sourire, comme une peine au coeur ? »
Opéra Magazine – 15 juillet 2008
« Sous le prétexte, pas tout à fait faux, qu’il y a dans Le Rai Arthur beaucoup de texte et peu de musique, Hervé Niquet et ses deux complices, Corinne et Cilles Benizio (alias Shirley & Dino), chamboulent allégrement l’intrigue de ce vénérable «opéra», créé en 1691 au Dorset Garden de Londres. Les défenseurs sourcilleux de Purcell (qu’un livret irrévérencieux surnomme « de Guérande !» !) ont quelque peine à retrouver leurs repères dans ce spectacle loufoque, mais le public rit de bon coeur aux facéties du chef d’orchestre et de ses interprètes.
Dans un impayable numéro de Fregoli, qui le fait apparaître en kilt, en pantalon écossais ou en culotte de cuir, l’animateur du Concert Spirituel n’hésite pas à payer de sa personne, allant même jusqu’à chanter —pas si mal que ça d’ailleurs —, pendant un changement de décor, un air de L’Auberge du Cheval-Blanc, « On a l’beguin pour Célestin ». Impayable ! Les esprits grincheux n’ont plus alors qu’à ronger leur frein. Remarquons tout de même, à côté de ces pitreries, la qualité de l’orchestre, avec ses sonorités volontairement âpres qui donnent à la geste du roi Arthur un beau mélange de rudesse primitive et de lyrisme troubadour. Nervosité des cordes, étrangeté des harmonies ce n’est pas un Purcell en habits de cour qui nous est ici proposé. Shirley & Dino, pour leurs débuts dans la mise en scène lyrique, restent fidèles à ce qui a fait leur succès médiatique. A condition de ne rien en attendre de sérieux, leur spectacle ne manque pas de charme. Au deuxième ou au troisième degré, on s’intéresse à ce chapelet bien peu orthodoxe de gags, qui nous renvoient aux Branquiguols ou aux Monty Python. Dino passe l’aspirateur sur scène afin de réparer les dégâts occasionnés par les choristes ou vient chanter devant le rideau, sans qu’on entende le moindre son, une rengaine de Francis Lopez, « Mexico ».Iil n’en faut pas plus pour que les spectateurs se tordent de rire ! À côté de cela, il y a de fort belles images, en particulier lors de la « scène du froid » qui, à tous égards (pertinence des gags visuels, création d’une ambiance forte à partir d’éléments savamment dosés), constitue le sommet d’une production qui, par la suite, a un peu trop tendance à tourner en rond.
Il faut dire que la distribution est loin d’égaler celle réunie par Hervé Niquet, il y a quatre ans, pour son enregistrement chez Glossa. Habiles comédiens, les solistes se plient, de bon coeur semble-t-il, aux délires de Shirley & Dino. Mais, sur un plan strictement vocal, ils ne dépassent pas une honorable moyenne, a l’exception de Joào Fernandes. Les choeurs du Concert Spirituel, de leur côté, se sortent sans trop d’égratignures et même avec un certain panache de cette épopée historien-burlesque. »
New York City Opera – 5, 7, 8, 9, 12, 13, 15, 15 mars 2008 – dir. Jane Glover – mise en scène, chorégraphie Mark Morris – décors Adrianne Lobel – costumes Isaac Mizrahi – lumières James F. Ingalls – avec Mhairí Lawson, Sarah Jane McMahon, Heidi Stober (sopranos), Iestyn Davies (contre-ténor), Steven Sanders (ténor), Daniel Mobbs, Alexander Tall (barytons) – coproduction avec ENO/Mark Morris Dance Group
Buxton Festival Opera – 9, 17 juillet 2007 – Armonico Touring Opera – dir. Christopher Monks – mise en scène Thomas Guthrie – décors, costumes Roger Butlin – lumières Simon Opie – avec Susan Gilmour-Bailey, Lorna James, Timothy Travers-Brown, Mark Wilde, Thomas Guthrie
Halle – Goethe-Theater Bad Lauchstädt – 2, 3 juin 2007 – Hanovre – Herrenhausen – 6, 7 juillet 2007 – Potsdam – Schlosstheater – 9, 10, 11 juin 2007 – Bayreuth – Opéra des Margraves – 14, 15 septembre 2007 – Bury St Edmunds – Theatre Royal – 5, 6, 7 octobre 2007 – Bad Kissingen – 26 décembre 2007 – Lautten Compagney Berlin – Vokalsolisten der Capella Angelica – dir. Wolfgang Katschner – mise en scène Colin Blumenau – décors, costumes Kit Surrey – avec Niccki Kennenddy (Philidel, Cupid), Stéphanie Wuest (Venus, She), Constanze Backes, Alexandra Lachmann, Alexander Schneider, Andreas Taubert, Sean Clayton (Aurelius, Comus), Matthias Wieweg (Cold Genius), Thomas Mullet Kopp (He), Tye Maurci Thomas (Oswald), , co-production Händel-Festspiele Halle, Goethe -Theaters Bad Lauchstädt, Festwochen Herrenhausen, Festivals Bayreuther Barock, Festivals Kissinger Winterzauber, Musikfestspiele Potsdam Sanssouci, Theatre Royal Bury St. Edmunds
Brighton Festival – 18, 19 mai 2007 – Bath Festival – 31 mai 2007 – Armonico Consort – dir. Christopher Monks
Amsterdam – Zomeropera Alden Biesen – 25 février 2007 – dir. Frédérique Chauvet – mise en scène David Prins
Londres – London Coliseum – 26, 27, 28, 30 juin, 1er, 3, 4, 5, 7, 8 juillet 2006 – dir. Jane Glover – mise en scène et chorégraphie Mark Morris – avec Rosemary Joshua, Andrew Foster-Williams, Elizabeth Watts – nouvelle production de Mark Morris Dance Group
Coblence – Theater der Stadt – 10, 22 septembre, 2, 3, 12, 14, 19, 20 octobre, 1er, 13, 19, 20, 26 novembre, 8, 26 décembre 2005, 27 janvier 2006 – Cappella Confluentes – dir. Jörn Hinnerk Andresen – mise en scène Annegret Ritzel – décors Siegfried E. Mayer – costumes Gera Graf
Zwolle – Stadsgehoorzaal – 15, 16 avril 2005 – Barokopera Amsterdam – dir. Frédérique Chauvet – mise en scène David Prins – décors Rob van Putten – avec Johan Ooms, Penni Clarke, Dorian Astor, Mattijs Hoogendijk, Pieter Hendriks
Festival de Salzbourg – Felsenreitschule – 24, 26, 28 juillet, 1er, 3, 5, 7, 22, 23, 25 août 2004 – Konzertvereinigung Wiener Staatsopernchor, Concentus Musicus Wien – dir. Nikolaus Harnoncourt – mise en scène Jürgen Flimm – décors Klaus Kretschme – costumes Birgit Hutter – chorégraphie Catharina Lühr – chef de choeur Rupert Huber – dramaturgie Susanne Stähr – avec Barbara Bonney et Isabel Rey (sopranos), Birgit Remmert (alto), Michael Schade (ténor), Oliver Widmer (basse), et (comédiens) Michael Maertens (King Arthur), Dietmar König, Peter Maertens, Christoph Bantzer, Roland Renner (Osmond), Sylvie Rohrer (Emmeline), Alexandra Henkel, Werner Wölbern – nouvelle production
Altamusica – 25 août 2004
« Premier opéra de Purcell à entrer au répertoire du festival de Salzbourg, King Arthur est annoncé comme un spectacle haut en couleurs. De ce côté-là, on est servi, même s’il semble y avoir eu erreur sur l’ennemi : point de Saxons contre les Bretons, mais les Germains d’acteurs contre les Britons de chanteurs. La pièce de Dryden donnée en allemand – avec de fugaces sous-titres didactiques – à l’exception des parties chantées, débute sur un générique à l’américaine et l’ouverture en ré mineur. Oswald et Arthur y sont en très bons termes, car Jürgen Flimm a découvert qu’il y avait de l’ironie dans l’opéra, et les deux tribus ne semblent divisées que pour les besoins du spectacle. Du coup, on se perd, car tous les enjeux de l’œuvre deviennent prétexte à des sketches plus ou moins heureux. Les comédiens sont formidables, le rythme soutenu, la musique bien jouée ; la conception d’ensemble, façon comédie musicale, pourrait même passer. Seulement voilà, il manque un élément de poids : le merveilleux. Qu’il y ait de l’ironie dans le livret, dans la musique, soit, mais King Arthur fait aussi appel au rêve. Que le spectateur ressorte en ayant seulement ri, et la partie est perdue. C’est à notre sens ce qui arrive avec cette production, qui pas une seconde ne dépasse un humour certes efficace mais prosaïque en diable, ou une émotion au deuxième degré.
La mise en scène se moque du livret, et désamorce tous les beaux moments – et ils sont nombreux – de la partition. Seul le personnage de Philidel apporte un peu de magie baroque, et même des passages aussi sublimes que Fairest Isle ou How blest are shepherds sont tournés en dérision, sinon avec trivialité. S’y ajoute une scénographie inégale, de toute laideur au deuxième acte, avec les costumes minables du chœur où kilts en mohair flirtent avec culottes de peau et autres T-shirts Bambi.
Le chœur, par ailleurs très efficace musicalement et scéniquement, danse autant que les danseurs, sur une chorégraphie inexistante qui n’a retenu de la Belle danse que le bal folk, et a oublié d’écouter la musique – rappellera-t-on assez ce rapport fondamental, et dont Harnoncourt devrait se réclamer, de la musique baroque et de la danse ? Du reste, les deux seuls vrais passages dansés par le ballet sont asynchrones et de peu d’intérêt ; voilà au moins un art qui ne sert pas la Gesamtkunstwerk que Flimm nous sert dans le programme. La Chaconne – trop lente, indansable – termine la première partie sans grand brio et d’une manière assez brouillonne sur le plateau.
La deuxième partie est plus réussie. L’Air du froid, assez bien vu avec ses pingouins, est un massacre en ce qui concerne le chant, comme chaque fois qu’Oliver Widmer ouvre la bouche ; Barbara Bonney n’est que l’ombre d’elle-même, avec quelques beaux restes dans Fairest Isle – mais que d’attaques par en dessous et d’aigus avalés – ; Isabel Rey chante joliment quand elle ne pousse pas, Birgit Remmert est exsangue, et seul Michael Schade s’en tire avec élégance et panache. Harnoncourt est toujours passionnant et imaginatif, mais parfois trop raide, parfois trop mou à la tête d’un Concentus de belle tenue. Le tout se termine, après un long monologue de Merlin à la Frosch, un combat de boxe entre les rois et un mariage glamour, sur la Passacaille valsée autour de l’orchestre, sans grand intérêt, affublée d’inégalités plus viennoises que grand siècle, et d’un atroce ralenti final teutonique.
Reste que le spectacle fonctionne, c’est parfois drôle, enlevé, et l’on passe un bon moment. Il y a beaucoup à voir sur scène, et certains gags valent le coup d’œil – Schade en crooner, Arthur embrassant à pleine bouche Grimbald déguisé en Emmeline. On regrettera simplement que le côté gala viennois relègue Purcell et l’esprit baroque derrière les arcades du Manège des Rochers. »Opéra International – septembre 2004
« KingArthur n’est pas un ouvrage de réalisation facile, puisque la représentation de la partie musicale de ce « semi-opéra » requiert le respect d’une pièce parlée de valeur inégale, aux dialogues vite envahissants. Avec son importante activité théâtrale, quasiment aussi conséquente que sa programmation lyrique, le Festival de Salzbourg pouvait évidemment constituer un lieu privilégié pour cet ouvrage hybride… Idée respectable mais qui a débouché sur un spectacle trop long et qui n’a satisfait personne (quatre-vingt-dix minutes de dialogues en allemand entrelardées de quatre-vingt-dix minutes de musique en anglais). Le texte de John Dryden, fidèlement traduit et pas trop coupé, se réduit à une succession de scènes d’affrontement entre magiciens d’un niveau assez puéril, à moins qu’il ne s’agisse-là d’un défaut souligné par la mise en scène de Jürgen Flimm, dont les ficelles comiques paraîtraient grosses même dans un théâtre d’opérette. De surcroît, l’acoustique de la salle de la Felsenreitschule oblige la plupart des acteurs à forcer, jusqu’à émettre des sons pénibles et pas forcément plus compréhensibles pour autant. Un surtitrage permanent aurait été appréciable pendant ces longues scènes, défendues par une troupe de comédiens pourtant chevronnée, parmi lesquels le King Arthur distingué, très british, de Michael Maertens, l’attachante et sensible Emmeline de Sylvie Rohrer, et l’impressionnant Osmond de Roland Renner, semblant échappé du Seigneur des anneaux.
Techniquement, ce spectacle très perfectionné ne peut pourtant que fasciner et met bien en valeur le Manège des rochers de Salzbourg, grâce à l’occupation simultanée de toutes les loges du mur de scène par des projections vidéo. A mesure que la musique de Purcell conquiert davantage d’espace, l’oeil se trouve lui aussi de plus en plus sollicité par une débauche de couleurs et d’effets, dont certains très réussis, Imagerie décalée des scènes de bataille, réjouissante scène du Froid, où toute la largeur de la scène se peuple de pingouins grelottants, puis superbe changement à vue tropical (tenues de bain et colliers de fleurs)… Tout un travail décoratif d’une inventivité débridée de Klaus Kretschme et Birgit Hutter, à la fois spectaculaire et non-conformiste – et qui tente de justifier le prix élevé des billets d’entrée !
Logé dans un grand trou au milieu du plateau, le Concentus Musicus reste envers et contre tout l’une des meilleures formations baroques du monde, avec néanmoins des bois qui restent curieusement verts, comme s’il s’agissait de préserver une vieille marque de fabrique. Nikolaus Harnoncourt se laisse gentiment associer aux petits délires de la mise en scène (on lui enfonce même un bonnet sur le crâne pendant la scène du Froid !), quitte à en rajouter dans la brutalité des effets musicaux. Et les cinq chanteurs (Isabel Rey, Barbara Bonney, Birgit Remmert, Michael Schade et Oliver Widmer), affublés de looks parfois peu ordinaires, payent de leur personne jusqu’à en oublier de soigner leur émission vocale. Riche soirée, qui ne laisse cependant pas grand souvenir, mis à part quelques éblouissements trop passagers. »Le Monde – 4 août 2004 – « Purcell et son « King Arthur » tiennent cour à Salzbourg – Le compositeur anglais fait enfin son entrée dans le fief mozartien, desservi par une mise en scène outrée.
Voilà que le King Arthur de Purcell fait enfin son entrée au Festival de Salzbourg, 313 ans après sa création londonienne au théâtre de Dorset Garden en 1691, rachetant à la fois une injustice et une absence inexplicables, celle du compositeur anglais dans le panthéon du Festspielhaus aux côtés de Monteverdi et de Haendel. Inexplicable d’autant qu’à Salzbourg on aime le théâtre aussi bien que la musique, et que ce « dramatick opera » écrit à la gloire de Charles II par le poète librettiste, John Dryden, est en fait une pièce de théâtre mêlée de chants, avec divertissements musicaux, danses et machineries, un peu à la manière des futurs singspiels allemands et de l’opéra-comique français. King Arthur procède cependant d’un genre typiquement anglais, celui du « masque », ce divertissement aristocratique thuriféraire du pouvoir, au confluent de la scène et de la fosse, qui s’apparente au ballet de cour français sous Louis XIII et pratique un mélange des genres cher à Purcell : « Comme la poésie est l’harmonie des mots, la musique est celle des notes. Toutes deux excellent en leurs domaines, mais elles n’approchent jamais davantage la perfection que lorsqu’elles sont unies. »
Point ne faudra chercher dans King Arthur les romans populaires et autres légendes de Camelot, pas plus que de reine Guenièvre, Lancelot du Lac, de Saint-Graal ou Chevaliers de la Table ronde. Seul rescapé de la geste arthurienne, Merlin l’Enchanteur devenu magicien pour la cause du roi et des forces du Bien. Occupé à chanter les mérites d’un monde en voie de disparition (l’âge d’or de l’Angleterre élisabéthaine) aussi bien que la reconstruction d’une identité nationale, King Arthur ou The British Worthy de Dryden narre l’histoire d’Arthur le preux à la conquête d’une Bretagne unifiée, ennemi d’Oswald le Saxon païen, roi du Kent. Le duel s’organise autour du pouvoir mais aussi de la belle Emmeline, « aveugle comme l’Amour ». De part et d’autre, magiciens et esprits vont s’affronter, Merlin contre Osmond, Philidel contre Grimbald, Amour contre Génie du froid, breuvage magique contre forêt enchantée. Las, ceux qui ont droit à l’action n’ont pas droit à la musique, fors les elfes qui peuvent naturellement articuler la langue « surnaturelle » de la musique. Chantent donc les guerriers et les prêtres, les bergers et les dieux, nymphes, sirènes et allégories.
Arguant du fait qu’on ne connaît aucune version originale de l’œuvre, une soixantaine de documents incomplets et parfois contradictoires ayant servi à constituer une partition mère, le metteur en scène Jürgen Flimm et le chef d’orchestre Nikolaus Harnoncourt ont patouillé leur propre Roi Arthur pour en faire, selon leurs propres termes, une « comédie musicale ». D’où cet aspect théâtre de foire, des scènes parlées en allemand, gags et gaudrioles, quand les parties chantées le sont en anglais. Foisonnant, débridé, résolument théâtral, le spectacle relègue donc la musique au second plan, ou plutôt au fond du trou central où l’on a placé l’orchestre comme dans l’œil d’un cyclone.
Passé le décryptage des personnages (Merlin le prestidigitateur ringard ; Arthur, militaire anglais de la seconde guerre mondiale ; Grimbald le méchant de contes de fées ; Oswald le Saxon primitif, etc.), on passe le temps à compter les points d’un œcuménisme esthétique généralisé. Chorégraphique – du folklore à la danse de salon, en passant par la comédie musicale et la valse viennoise -, mais aussi vestimentaire (variations saxonnes sur culottes de peau et dirndl britanniques sur fond d’écossais, costumes marins et imprimés liberty) et scénographique (vidéos et envolées baroques dans les airs, plages hawaïennes et calotte glaciaire arctique).
De la musique sublime de Purcell, qui mêle finement styles français, italien et chanson anglaise, de la harangue merveilleuse de Dryden qui procède par tableaux allégoriques, ne reste qu’une succession de numéros plus ou moins comiques. Le plateau vocal est cependant de toute beauté, les chœurs et l’orchestre somptueux, mais la direction d’Harnoncourt pousse le raffinement jusqu’au maniérisme (notamment les tempos) renforçant un sentiment de déperdition et de morcellement qui consomme le divorce du théâtre et de la musique. Le second degré, lui, descend parfois en dessous de zéro, comme dans le fameux Masque du froid (« The Frost Scene ») de l’acte III, avec la célébrissime « Cold Song ». Passe que le Génie du froid inopinément réveillé par l’Amour jaillisse de la banquise en pingouin, que tout le monde revête bonnets, gants et écharpes, passe que la musique se glace, au point de n’être plus qu’un frisson qui grelotte de la glotte et de l’archet, mais pas au point de dérober les si belles et douloureuses harmonies du » What power art thou », que Klaus Nomi, au début des années 1980, avait popularisé via le film de Maurice Pialat, « A nos amours », en 1983.
Clown gothique en noir et blanc, il avait bouleversé le monde entier avec cette voix de falsettiste qui semblait flirter avec la mort. En quelques minutes d’éternité, l’icône allemande a plus fait pour Purcell que ne le feront jamais les trois heures d’ores et déjà datées du spectacle de Jürgen Flimm et Nikolaus Harnoncourt. »
Nuremberg – Markgrafentheater Erlangen – 18, 19 février 2004 – dir. d’orchestre Philipp Pointner – mise en scène Andrea Raabe – décors Tobias Dinslage – costumes Susanne Hubrich
Metz – Arsenal – 22 octobre 2003 – Rouen – Théâtre des Arts – 8, 9 novembre 2003 – Concert Spirituel – dir. Hervé Niquet – avec Véronique Gens, Hanna Bayodi (sopranos), Cyril Auvity (haute-contre), Joseph Cornwell (ténor), Peter Harvey (baryton)
« Hervé Niquet offre aujourd’hui une nouvelle version du King Arthur. Nouvelle en partie car il a essayé d’inventer une histoire qui raconterait les aventures du Roi à la recherche de l’Amour, tout en conservant l’ordre et le sens de la musique du compositeur. Pour tenter de rendre la version concertante moins “austère”, les chanteurs et instrumentistes truffent le concert de quelques gags, simples mais efficaces. Pendant l’air du froid, deux musiciens s’entourent de gros manteaux, chapeaux et frissonnent. Le choeur est également très actif en chantant n’importe comment et en démarrant en décalage mais tout est fait avec goût et une complicité évidente s’établit entre les différents exécutants. Le plateau vocal est de grand luxe et d’anciens spécialistes du baroque sont rejoints par une nouvelle génération plus que prometteuse. Véronique Gens retrouve, avec grand bonheur, son répertoire de prédilection et Purcell chez qui elle avait déjà trouvé un magnifique rôle en Didon. Après avoir chanté Vénus au Châtelet dans les années 90 sous la direction de William Christie, elle aborde cette fois la partie de soprano plus grave et se sert de son medium nourri et puissant pour soutenir l’ensemble des solistes et lui permettre ainsi d’atteindre un autre niveau et une musicalité qui sans être absente, n’est pas forcément présente à chaque instant. Ses interventions, confirmées par un art consommé, illuminent et dynamisent quelque peu le concert. La jeune soprano Hanna Bayodi, découverte dans Ester de Ligarti la semaine précédente, remplace Jaël Azzaretti. La voix est encore mince et assez peu puissante mais la chanteuse a surtout travaillé le legato qui est très beau et encourageant pour l’avenir. En revanche son instrument manque quelque peu de rondeur et cela se ressent surtout dans les vocalises. Le fameux “Fairest Isle” est assez bien mené mais quelques difficultés sont occultées, difficultés dues à une diction parfois approximative sur les notes élevées sur “all Isles” Le timbre de sa voix, et l’agilité qui la caractérise, destine sans aucun doute cette jeune artiste au répertoire baroque. Les voix des deux sopranos se mêlent admirablement dans le duo des deux sirènes de l’acte IV, chacune complétant l’autre.
Après un début assez incertain, Cyril Auvity se reprend et confirme les espoirs placés en sa jeune carrière. Ce haute-contre possède un timbre bien particulier et qui commence à être reconnaissable dans la mesure où il arrive maintenant à se dégager de ses illustres modèles. Ses interventions ne manquent pas d’élégance et ses vocalises sont menées avec grande netteté notamment dans le passage “I call you all” de l’acte I. Il se montre drôle lorsque, pour un jeu de scène, il tente d’empêcher l’autre ténor, Joseph Cornwell, de chanter et qu’en écho il reprend la fin de ses phrases. Joseph Cornwell ne manque pas d’abattage autant scénique que vocal. L’air “your hay” est emmené avec grande énergie et autant les musiciens que le chanteur s’en donnent à coeur joie et font de ce passage une scène d’anthologie. Les choristes, les solistes et les chanteurs sablent alors le champagne et trinquent tous gaiement. Le reste de la prestation du ténor est d’une grande qualité malgré une diction qui n’est pas toujours excellente. Peter Harvey, bien connu dans le monde baroque, est parfait que ce soit vocalement ou musicalement. Le fameux passage sur le froid et la mort “What power art thou” est très impressionnant et les violons soutiennent parfaitement en jouant très haché et pianissimo le début instrumental: immédiatement une atmosphère inquiétante, solennelle, presque effrayante se crée. Plus l’air avance, plus le chanteur éclaircie son timbre comme si une sorte d’espoir se dessinait.
A noter l’excellence du choeur du Concert Spirituel. Les choristes jouent avec les mots et, par exemple, mettent en valeur les “r” dans “trust” dans la première scène de l’acte II. Les sorcières de Didon ne sont pas loin… Hervé Niquet se révèle être un interprète idéal de ce répertoire et il est à regretter que des maisons d’opéra ne lui propose pas de monter scéniquement ces oeuvres car elles seraient exécutées avec grand soin et grande musicalité. Il s’appuie sur un pupitre de violons qui sait enlever une partition et la porter à un très haut niveau notamment à travers les élans énergiques qu’ils insufflent, comme par exemple dans l’ouverture. Un bien beau concert ! » (ConcertoNet)
Dinard – Opéras d’Eté – 19, 23, 24, 25 juillet 2003 – Abbaye du Relec – Festival de l’Abbaye du Relec – 27 juillet 2003 – Tréguier – Théâtre de l’Arche – Festival en Trégor – 28 juillet 2003 – Lorient Nouveau Théâtre – Festival Interceltique de Lorient – 1er août 2003 – Ensemble baroque Il Teatro Musicale – dir. Frédérique Chauvet – mise en espace David Prins – décors, costumes et lumières Rob Van Putten – Michel Jayat conteur – avec Penni Clarke, Marijje Van Stralen, Dorian Astor, Mattijs Hoogendijk, Pieter Hendriks
Besançon – Cathédrale St Jean – 15 mars 2003 – version de concert – Orchestre et Chœurs Arcanes – dir. Jean-Michel Montornès – avec Cyrille Gerstenhaber (soprano), Christoph Einhorn (ténor), Jean Teitgen (baryton)
Bloomington Early Music Festival – mai 2002 –
Nuits Musicales en Armagnac (3 août 2001 – Condom) – Festival du Haut-Quercy (5 août 2001 – Souillac – 7 août 2001 – Collonges) – Orchestre Baroque de Montauban – dir. Jean-Marc Andrieu – mise en scène Jean-François Gardeil – avec Ethel Gueret (soprano), Joane Bellavance (soprano), Hervé Lamy (ténor), Fernand Bernardi (basse)
16e Théâtre Musical en Touraine – Loches – 22, 23, 24 juillet – Chinon – 28, 29, 30 juillet 1999 – dir. Cochereau – mise en scène Krieger
La Chaise Dieu – 33e Festival de Musique – 21 août 1999 – version de concert – dir. Paul McCreesh
Théâtre de Saint-Quentin-en-Yvelines – 1er et 2 avril 1999 – Orchestre et choeur du Florilegium de Londres – version de concert
Musikfest de Brême – 25 septembre 1997 – Cité de la Musique – 4 octobre 1997 – Les Arts Florissants – dir. William Christie – version de concert
Florence – Palazzo Pitti – 20 juillet 1996 – avec Silvia Martinelli (Cupid)
Innsbruck – Festival de Musique Ancienne – 15 août 1995
Londres – Guildhall School – 1995 – dir. Ton Koopman – mise en scène Francisco Negrin
Opéra de Vichy – 7 juillet 1995 – version de concert – dir. Paul McCreesh – avec Hemington Jones, Lawson, Horn, Mackenzie-Wicks, Clarkson, Purves
Halle – Händel Festspiele – 10 juin 1995 – version de concert – dir. Trevor Pinnock
Arma – Académie d’opéra baroque – 1995 – mise en scène Jean-Louis Cabané
Boston – Emerson Majestic Theatre – 13, 14, 16, 17, 18 juin 1995 – dir. Peter Holman et Paul O’Dette – mise en scène Jack Edwards – décors et costumes James Middleton – chorégraphie Ken Pierce – avec Christine Brandes, Julia Gooding, Ellen Hargis, Suzie LeBlanc, Daniel Taylor, Brian Link, Alan Bennett, William Hite, Jeffrey Johnson, Nathaniel Watson, Curtis Streetman
Opéra de Rennes – 19 mai 1995 – dir. Hervé Niquet – mise en scène Tavernier – avec Holton, Vinson, delétér, Oxley, Nasrawi
Orléans – Carré Saint-Vincent – 16 et 17 mai 1995 – version de concert – dir. Hervé Niquet – avec Harvey, Véronique Gens, Sandrine Piau, Jean-Paul Fouchécourt, Brian Nasrawi, Hassler
Montpellier – Opéra Corum Berlioz – 23 février 1995 – Strasbourg – Opéra du Rhin – 27 février 1995 – Montreux – 14 mars 1995 – Nice – Opéra – 15 mars 1995 – New York – Brooklyn Academy Music – 31 mars et 1er avril 1995 – version de concert – Les Arts Florissants – dir. William Christie – avec Sophie Daneman, Sandrine Piau, Susannah Waters, Jonathan Best, Mark Padmore, Iain Paton, Petteri Salomaa
Théâtre du Châtelet – 9, 10, 13 14, 16, 18 et 19 février 1995 (version scénique) – Montpellier – Opéra Corum Berlioz – 23 février 1995 (version de concert) – Strasbourg – Opéra du Rhin – 27 février 1995 (version de concert) – Théâtre de Caen – 10 et 11 mars 1995 (version scénique) – Montreux – Auditorium Stravinsky – 14 mars 1995 (version de concert) – Opéra de Nice – 15 mars 1995 (version de concert) – New York – Brooklyn Academy of Music – 31 mars, 1er avril 1995 – (version de concert) – Londres – Royal Opera House – 3, 4 et 5 mai 1995 (version scénique) – Les Arts Florissants – dir. William Christie – mise en scène : Graham Vick – décors et costumes Paul Brown – chorégraphie Ron Howell – lumières : Wolfgang Göbbel – avec Véronique Gens (version scénique) / Sophie Daneman (version de concert) (Vénus), Claron McFadden (Philidel, l’Honneur), Sandrine Piau (Elle), Jonathan Best (Lui), Susannah Waters (Cupidon), Petteri Salomaa (Eole, Comus) – coproduction Théâtre du Châtelet – Royal Opera House – Théâtre de Caen
« L’oeuvre entière nous ici est proposée : la pièce, efficace même si pas toujours subtile, du grand poète John Dryden, et la musique de Purcell. Au théâtre reviennent le discours, l’action et l’avancée du temps dramatique, à la musique sont dévolues des plages temporelles plus statiques. Ainsi présenté intégralement, ce King Arthur trouve une impeccable et paradoxale unité dans une mosaïque de registres (politique et bucolique, guerrier et amoureux, allégorique et magique) qui créent une merveille infinie de perspectives. Cet ouvrage devient alors l’un des ces fameux labyrinthes baroques dont le but ultime est d’égarer ses spectateurs et les faire chavirer de plaisir.
Pour cette mosaïque dramaturgique, Graham Vick a inventé une scénographie « en machines » fantastique et virtuose…Tout cela est réalisé de main de maître : la déclamation, très soutenue, des acteurs est saisissante l’opulence et la diversité stylistique des costumes sont en totale cohérence avec chaque intention scénique enfin, les multiples machineries mises en oeuvre émerveillent à chaque instant…Le grand triomphateur de la soirée est William Christie. Son travail dans King Arthur est tout simplement admirable. S’intégrant parfaitement à la pièce de Dryden et à la réalisation généreuse de Graham Vick, il a sa large part dans l’impeccable continuité musicale d’un spectacle long de trois heures trente. Chaque tempo est évident, même celui, extrêmement distendu, du « song » final « Fairest Isle », peu justifiable au disque mais indiscutable ici. Pourtant assez peu fourni, l’orchestre sonne solidement, le continuo est imaginatif. Christie est un parfait coordonnateur : s’il dirige les ensembles dans nombre de moments chambristes, il laisse chanteurs et instrumentistes cheminer ensemble. Le groupe de chanteurs est remarquable. S’en distinguent les sopranos Véronique Gens, Claron McFadden et Sandrine Piau, et les basses Petteri Salomaa et Jonathan Best. » (Opéra International – avril 1995)
Théâtre de Poissy – 16 novembre 1994 – English Baroque Soloists – dir. John Eliot Gardiner – avec Lynne Dawson, Nancy Argenta, Jennifer Smith, Ashley Stafford, Stephen Varcoe, Paul Agnew
« …une interprétation quasi idéale de l’opéra de Purcell, en tout cas supérieure car plus animée, plus émouvante et plus homogène à son enregistrement. Attentif au moindre détail, (Gardiner aurait peut-être pu lâcher la bride ici ou là (l’air de Comus et des deux paysans donné en bis était, à tous les sens du terme, plus déboutonné), mais on ne voit pas qui, à l’heure actuelle, pourrait surclasser un tel travail. D’autant que chanteurs et instrumentistes étaient absolument parfaits. Le Monteverdi Choir reste unique au monde pour sa netteté d’articulation, son homogénéité et ses couleurs, et les English Baroque Soloists répondent prestement aux injonctions du chef. Nancy Argenta incarne une Cupidon piquante, Stephen Varcoe un Génie du froid émouvant et digne et un ÉoIe au souffle puissant. Il forme avec Jennifer Srnith un bouleversant duo à l’acte V ( » You say’tis love « ). Lynne Dawson chante comme personne le fameux « Fairest Isle » et Paul Agnew, héroïque (« Come if you dare ») ou tendre (« How blest are sheperds »), confirme qu’il est un ténor à suivre de très près. » (Le Monde de la Musique – janvier 1995)
Beaune – Festival International de Musique Baroque – 31 juillet 1994 – Cour des Hospices – dir. Paul McCreesh – avec Deborah York, Julia Gooding, Bonner, Peter Harvey, Mark Padmore, Horn, Purves
Festival de Beaune – 1992 – Gabrieli Consort and Players – dir. Paul McCreesh – avec Christopher Purvess, Constanze Backes (Cupidon), Deborah York (Philidel), Julia Gooding, Peter Harvey
« La direction survoltée, contrastée et cursive de McCreesh, la virtuosité et la prestesse de son orchestre firent totalement oublier l’absence de mise en scène. »
Opéra Comique – 11 octobre 1991 – Le Concert Spirituel – dir. Hervé Niquet – avec Véronique Gens, Peter Harvey, Miriam Ruggeri, Anne Gotkovsli, Bruno Boteri, Hervé Lamy
Tourcoing – Atelier lyrique – 2 et 4 mars 1990 – Metz – L’Arsenal – 17 octobre 1991 – dir. Hervé Niquet – mise en espace Vincent Tavernier – avec Véronique Gens, Dubois, Peter Harvey, Jean-Paul Fouchécourt, Brian Nasrawi
Opéra de Saint-Louis – 1989 – Opéra de Washington – 1991 – dir. Stephen Lord – mise en scène et scénographie Colin Graham – chorégraphie Kimberly Mackin
Théâtre Musical de Paris – Châtelet – 8 mai 1987 – English Baroque Soloists – dir. John Eliot Gardiner
Festival de Buxton – 1986 – Manchester Camerata – dir. Anthony Hose – mise en scène Malcolm Fraser – décors et costumes Fay Conway – avec Claire Daniels (Philidel), Barry Banks (Grimbald), Eileen Hulse (Cupidon), Steven Page (Génie du Froid), Dinah Harris (Britannia)
Salzbourg – Landestheater – 1984 – dir. Wolfgang Rot – mise en scène Federik Mirdita
Opéra de Lyon – 4 février 1983 – version de concert – dir. John Elliot Gardiner – avec Gillian Fisher (Sirène), Elisabeth Priday (Cupidon), Jennifer Smith (Sirène, She), Ashley Stafford, Stephen Varcoe (Génie du Froid, Eole, He)
Imperial College Concert Hall, Kensington – 1981 – version de concert – Opera Integra – dir. Brian Galloway
Norwich Triennal Festival – 1970 – English Opera Group – dir. Philip Ledger – mise en scène Colin Graham – décors Tim Goodchild – chorégraphie Virginia Mason – avec Benjamin Luxon (Arthur), Robert Tear (Oswald), Norma Burrowes (Philidel), Michael Rippon (Grimbald), Elizabeth Gale (Cupidon)
Opéra d’Atlanta – 1968 – dir. Jonathan Sternberg – mise en scène Michael Howard – scénographie Richard Gullicksen – chorégraphie Joyce Trisler
Londres – Royal Albert Hall – 1964 – Orchestre de la BBC – dir. David Willcks – avec Heather Harper, John Whitworth, Richard Lewis, Thomas Hensley, Elizabeth Simons
Université de New York – 1935
Université de Cambridge – 1928 – 1949
Théâtre de Falmouth – 1924