Tommaso Michele Francesco Saverio TRAETTA
30 mars 1727 (Bitonto, près Bari) – 6 avril 1779 (Venise)

Reggio Emilia – printemps 1762 | |
dramma per musica – livret en trois actes de Marco Coltellini – représenté à Saint Petersbourg, au Théâtre de l’Ermitage du Palais d’Hiver, le 29 septembre 1773 | |
Le piège de l’amour – dramma giocoso per musica – livret de Pietro Chiari – représenté à Venise – teatro San Moise – 1768 | |
Astrée apaisée – livret de Pietro Metastasio – Saint-Petersbourg – 1770 | |
La bonne fille mariée – livret de Carlo Goldoni – Parme – 1764 – reprise en 1765 | |
représenté à Vérone en 1758 | |
représenté au teatro San Moise de Venise, à l’automne 1757 – reprise le 20 janvier 1764 au Teatro San Carlo de Naples, avec Caterina Gabrielli, De Mezzo, Caffarelli – peu après la représentation Caterina Gabrielli, entra dans les ordres, et Caffarelli chanta à cette occasion | |
Venise – Teatro San Benedetto – février 1778 | |
Naples – Teatro Nuovo – 1756 – en collaboration avec Nicola Bonifacio Logroscino | |
livret de Jacopo Antonio Sanvitale (1699 – 1780), d’après le livret écrit par Bernard le Bouvier de Fontenelle pour Colasse – représenté à Parme au printemps 1761 | |
Énée dans le Latium – livret de Vittorio Amedeo Cigna-Santi, librettiste attitré du Nuovo Regio (vers 1730 – ap. 1795) – représenté au Teatro Nuovo Regio de Turin, le 19 janvier 1760 | |
Venise – Teatro San Samuele – 1779 | |
livret de Pietro Metastasio – représenté au Teatro delle Dame de Rome en 1757 – reprise au Teatro Nuovo de Padoue, le 5 juillet 1765 | |
Naples – Teatro Nuovo – automne 1756 | |
livret de A. M. Lucchini – représenté au Teatro San Carlo de Naples, le 4 novembre 1751 – avec Domenica Casarini, Parigi, Caffarelli, Babbi, Vassetti – premier opéra de Traetta, alors âgé de 24 ans | |
opéra-ballet d’après Les Fêtes de l’Hymen et de l’Amour de Louis de Cahusac et Jean-Philippe Rameau – représenté au Nuovo Teatro Regio Ducale de Parme, le 3 septembre 1760 | |
Vienne – Hoftheater – 1768 | |
représenté à Parme en 1762 – reprise à Venise en 1764 | |
reprise au Teatro San Carlo de Naples, le 18 décembre 1753, avec des airs de Traetta, de l’opéra de Niccolo Jommelli, créé à Rome en 1751 | |
Naples – Teatro dei Fiorentini – automne 1755 | |
représenté au Teatro Comunale de Bologne, les 24 et 26 avril 1768 | |
Naples – Teatro San Carlo – 26 décembre 1763 | |
Saint Petersbourg – théâtre Zimnevo Dvortsa – 28 novembre 1774 | |
Milan – Regio Teatro Ducale – 25, 27 janvier 1776 | |
livret de Pietro Metastasio – représenté au Teatro Pubblico di Cittadella de Reggio Emilia, le 29 avril 1757 | |
Les Noces contrariées – opera comica – Naples – 1753 – reprise à Rome – Teatro delle Dame – 1755 | |
représenté à Vérone, en 1758 – reprise à Florence, à l’automne 1767, au teatro della Pergola avec Anton Raaf (Clistène), Anna Lucia De Amicis (Aristea), Luigia Fabbris (Argene), Angelo Monanni (dit Manzuolino) (Licida), Giovanni Manzuoli (Megacle) et Vincenzo Massetani (Aminta) – reprise à Crémone en 1768 – reprise à Londres en 1769 | |
Les Bergers heureux – Naples – 1753 | |
Naples – Teatro Nuovo – 1755 – en collaboration avec Nicola Bonifacio Logroscino | |
Venise – Teatro San Cassiano – 26 décembre 1764 | |
Munich – Hoftheater – 1767 | |
Parme en 1759 | |
représenté à Parme en 1760 | |
Londres – King’s Theatre in the Haymarket – 15 mars 1777 | |
d’après Castor et Pollux de Gentil-Bernard et Jean-Philippe Rameau – livret traduit par Jacopo Antonio Sanvitale – représenté à Parme en avril 1760 | |
Mantoue – 1768 | |
Parme – 1757 | |
Lucques – automne 1761 | |
Paris – 17 mai 1765 |
Né à Bitonto, près de Bari, en 1727, Tommaso Traetta part très jeune pour Naples, où il étudie au Conservatorio di Santa Maria Loreto, sous la férule de Nicola Porpora et de Francesco Durante. Il fait ses débuts dans l’opéra à l’âge de 24 ans, avec Farnace, créé avec succès au Teatro San Carlo. En 1757, il donne Ezio au Teatro delle Dame à Rome, puis La Nitteti à Reggio Emilia, Didone abbandonata à Venise, Demofoonte à Milan et Olimpiade à Vérone.
En 1758, il est invité par le régent du duché de Parme, Philippe de Bourbon, et devient maestro di cappella. La même année, il donne Solimano. Sous l’influence du premier ministre français Guillaume du Tillot, despote éclairé qui veut réformer le melodramma seria, Traetta reprend le livret utilisé par Jean-Philippe Rameau pour Hippolyte et Aricie en 1733, qui est remanié par Innocenzo Frugoni. Le succès d’Ippolito ed Aricia est tel que le compositeur et le librettiste composent un nouvel opéra, I Tindarii, inspiré de Castor et Pollux, qui est représenté à Parme en 1760.
En 1759, Traetta, vient à Vienne pour la création de Ifigenia in Tauride, sur un livret de Mario Coltellini, puis en 1761 pour celle d’Armida, sur un livret du comte Giacomo Durazzo. Après 1765, Traetta dirige le Conservatorio dell’Ospedaletto, puis entre au service de Catherine II, à Saint-Pétersbourg, de 1769 à 1775. Après être allé à Londres, il revient à Venise où il meurt le 6 avril 1779, à 57 ans. (d’après Opéra International – juillet/août 1999)
Tommaso Traetta (1727-1779) est l’un de ces compositeurs auxquels la musicologie reconnaît volontiers avoir joué un rôle déterminant dans l’évolution de l’opéra italien du xviiie siècle, mais que la renommée a laissé de côté. Compositeur prolifique (il ne compose pas moins de 40 opéras) originaire des Pouilles, il eut le destin caractéristique des musiciens issus de ces formidables pépinières à talents que furent les conservatoires napolitains. Elève de Porpora et de Durante, il sera le maître de chapelle de Philippe de Bourbon à Parme puis remplacera plus tard Galuppi auprès de la grande Catherine de Russie, avant de finir ses jours à Venise en 1779. Sa période pétersbourgeoise fournit les ouvrages dramatiques les plus accomplis, et Gino Negri note que cette Antigona créée en 1772 marque l’apogée de son expressivité dramatique et de la solidité de ses structures en une synthèse créative des formes novatrices et des suggestions réformistes annonciatrice du second Gluck.
C’est que Traetta -et c’est très sensible dans sa musique- est comme le chaînon manquant entre la tragédie lyrique française et l’opéra mozartien. Alors qu’on décèle aisément dans le traitement des couleurs orchestrales le parti qu’il sut tirer de l’étude approfondie des œuvres de Rameau lors de son séjour à Parme et que par ailleurs la thématique et les tournures vocales nous rappellent opportunément combien Mozart fut redevable au maître transalpin, le plus étonnant reste le rôle dévolu au chœur. Conçu comme un véritable soliste, la place qui lui est attribué est de premier plan. Poignant dans les débuts du deuxième acte, il est présent tout au long de l’œuvre, soit en dialogue avec les solistes, soit en ponctuation, rompant tout au long la monotonie de la succession air-récit, propre à l’opera seria. Ici encore Traetta se montre novateur puisqu’il introduit, outre les chœurs, de nombreux ensembles (voir le duo d’Hémon et Ismène du premier acte) retenant en cela les leçons d’Algarotti sur la réforme du genre. La performance de l’ensemble de Laurence Equilbey est sûrement la plus grande réussite de cet enregistrement.
Mais alors qu’Accentus trouve des sonorités chaleureuses, l’orchestre des Talents lyriques, s’il sait trouver des couleurs tout à fait séduisantes, rendant justice à la richesse de l’orchestration, l’ensemble marque le pas et manque de tonus à la longue. Quant aux solistes, si les rôles secondaires sont assez satisfaisants, Maria Bayo campe une Antigone très en deçà de la profondeur psychologique décrite par Giovanna Ferrara dans les notes du livret, semblant oublier qu’il y a un texte et que le récitatif n’est pas qu’un mauvais moment à passer : le poème de Coltellini eut suffisamment d’importance pour qu’un Frédéric II de Prusse, fin connaisseur, le félicitât en lui proposant un poste à sa cour. Il semble que les interprètes modernes soient plus attachés à la forme, prononciation, articulation, qu’au fond, le sens même, et les registres expressifs se limitent à une alternance du fort et du faible devenant par cela monochromes et comme pédagogiques, ce qui nous éloigne d’une interprétation artistique. Mais tempérons en jouissant de la beauté de cette musique et souvenons-nous que ce n’est pas un vain mérite que de nous le faire savoir.
Chronique par Chronic’art
Pour en savoir plus :
Un site consacré à Tomaso Traetta – http://www.traetta.com/
Télérama – 15 février 2001 – Tommaso Traetta remis au goût du jour – Ce compositeur italien méconnu sut concilier les deux traditions