Johann MATTHESON

Johann MATTHESON
28 septembre 1681 (Hambourg) – 17 avril 1764 (Hambourg)

 

BORIS GOUDENOW
CLEOPATRA
DER EDELMÜTIGE PORSENNA
DIE STAATS-LIEBE
voir Cleopatra
DIE GEHEIMEN BEGEBENHEITEN HENRICO IV
représenté au Theater am Gänsemarkt de Hambourg le 9 février 1711
DIE PLEJADES
représenté au Theater am Gänsemarkt de Hambourg en 1699 (Mattheson était alors âgé de dix-huit ans) – seule une aria a été conservée
DER TOD DES GROSSEN PANS
livret de Heinrich Hinsch – représenté au Theater am Gänsemarkt de Hambourg en 1702 – en collaboration avec Georg Bronner
DIE UNGLÜCKSELIGE CLEOPATRA
voir Cleopatra

 

Compositeur et important écrivain de Hambourg qui rendit compte de la transition du baroque allemand aux styles pré-classiques dans ses livres, son périodique Critica musica – le premier journal musical allemand – et ses traités théoriques. Fils d’un percepteur d’impôts, Mattheson profita de la fortune et des ambitions familiales : enfant, on lui apprit tout autant les langues étrangères, l’escrime, à monter à cheval, à danser et à dessiner que les instruments de musique (orgue, viole, violon, flûte, hautbois et luth). Il étudia plus tard le droit et la pédagogie au Johanneum.Dans les années 1690, il servit quelque temps comme page à la cour du comte Von Güldenlöw et commença à chanter dans le choeur et à assumer des rôles modestes dans les productions de l’Opéra de Hambourg. Il débuta avec cette troupe en 1696 comme soprano soliste, mais en un an sa voix avait mué : de 1697 à 1705, il chanta donc des rôles de ténor.

En tout, il participa aux représentations d’environ 65 nouveaux opéras, non sans aussi diriger – sous l’autorité de G. Conradi, de qui il apprit le style italien, et de Reinhard Keiser – et composer les siens propres (le premier fut Die Plejades, 1699).Il se lia d’amitié avec le jeune Haendel (de quatre ans son cadet) à l’arrivée de ce dernier à Hambourg en 1703, le guida dans ses premiers essais de musique dramatique et lui assura une place de second violon et de claveciniste adjoint dans l’orchestre de l’opéra. À la fin de l’été, ils se rendirent ensemble dans la ville voisine de Lûbeck pour y rencontrer Buxtehude (et sa fille), qui se retirait de son poste à la Marienkirche. Mais leur amitié fut sérieusement mise à l’épreuve par un incident survenu lors d’une représentation de Cleopatra de Mattheson en 1704 : le compositeur, qui dirigeait l’orchestre, chantait également le rôle d’Antome. Haendel, qui avait pris sa place au clavecin pendant que Mattheson était sur scène, refusa de la lui laisser reprendre quand le suicide d’Antoine à l’acte III lui permit de réintégrer l’orchestre. Mattheson le provoqua en duel. Un bouton de manteau bien placé sauva, dit-on, la vie de Haendel. Néanmoins Mattheson assuma le rôle principal dans Almira de Haendel en 1705, ce qui montre que, leurs passions une fois calmées, ils renouèrent sans peine leurs relations d’amitié.Bien qu’organiste accompli (et même, dit-on, virtuose), Mattheson n’occupa jamais le moindre poste disponible ou près de se libérer, par exemple celui de Lübeck ou celui qui lui aurait permis de succéder à Reincken à la Catharinen-kirche. Il devint au contraire précepteur du fils de Sir John Wich, ambassadeur d’Angletene, puis secrétaire de Wich lui-même, en 1706 et pour longtemps. Grâce à l’éducation qu’il avait reçue, Mattheson s’acquitta au mieux de cette dernière tâche. Il se vit confier comme représentant officiel de l’ambassadeur des missions diplomatiques à l’étranger, apprit un excellent anglais et devint expert en politique, en économie et en droit anglais.

En 1709, il épousa une Anglaise. Loin de renoncer à sa carrière musicale, Mattheson se chargea de responsabilités supplémentaires comme directeur de la musique à la cathédrale (1715-1728) et Kapellmeister du duc de Holstein, sans abandonner pour autant le service de Sir John.Durant le quart de siècle qui suivit, Mattheson mena une activité prolifique à la fois comme compositeur et écrivain, s’attelant à de nombreuses traductions de livres, pamphlets et articles anglais. Comme musicien, il livra des cantates, des sérénades, un Magnificat et un oratorio, Das Lied des Lammes (Le Chant de l’Agneau). Une surdité croissante l’obligea à se retirer de la cathédrale dès 1728, mais il continua à composer jusqu’en 1760, date à laquelle il produisit son propre oratorio funèbre, Das fröhliche Sterbelied, que Telemann dirigea quatre ans plus tard.Son premier livre sur la musique (de loin le plus important) fut Das neu-eröffnete Orchestre (1713). Il tenta d’y réfuter la théorie (validité de la solmisation et des modes ecclésiastiques pour la musique contemporaine) et l’esthétique musicales traditionnelles et de promouvoir leur réexamen et leur reformulation. Pour son oreille, l’intervalle de quarte pouvait être selon le contexte aussi bien consonant que dissonant, et les échelles majeure et mineure différer nettement dans leur connotation affective. Il demanda aussi aux compositeurs allemands de s’affirmer davantage en tant que tels au lieu de singer les Italiens en résidence. Une réponse des milieux conservateurs était inévitable : Mattheson la ridiculisa dans une satire bien placée. Cette réponse vint du théoricien J. H. Buttstett (Ut mi, sol, re,fa, la, tota musica et harmonia aeterna, 1717). Mattheson répliqua dans Das beschützte Orchestre (1717). et Buttstett dans Der wider das Beschützte Orchestre ergangenen öffentlichen Erklärung (2/1718). Das Neu-erffnete Orchestre devint un point de ralliement pour les esprits musi-caux éclairés et l’objet de certains des premiers cours sur la musique professés depuis plus d’un siècle dans une université allemande (ceux de C. G. Schröter à l’université d’Iéna en 1724).

En 1722, il lança son journal  » progressiste  » Critica musica, qui se main-int jusqu’en 1725 avec un total de 24 numéros. Tenantà présenter des points de vue aussi différents que possible, il publia dans le premier numéro ses propres traductions du controversé Parallèle des Italiens et des Français de Raguenet (1702) ainsi que d’un essai anonyme profrançais paru dans le Mercure en novembre 1713 et longtemps attribué à Le Cerf de La Viéville Comparaison de la musique italienne et de la musique française (1704-1706). Il y rendit compte d’événements musicaux et de livres récents. Dans les numéros suivants parurent des extraits de sa correspon-dance avec Haendel, J. J. Fux, Telemann, Johann Kuhnau, J.D. Heinichen, J.P. Krieger et Johann Theile. Dans Der nusikalische Patriot (1728), Mattheson entreprit de justifier le style théâtral dans la musique d’église luthérienne. Sans craindre les digressions, il évoqua ses expériences à l’opéra de Hambourg. dressant l’inventaire des oeuvres qui y avaient été représentées et faisant porter au manque de goût du public la responsabilité de la ruine de l’établissement. Devenu dévot luthérien, il consacra presque toute sa fortune à la reconstruction du grand orgue (détruit par un incendie) de la Michaeliskirche.Suivirent deux traités sur le jeu du clavier, la Grosse General-Bass Schule (1731), indiquant notamment au soliste comment improviser sur une basse, et la Kleine General-Bass Schule (1735), destinée à l’accompagnateur souhaitant réaliser une basse chiffrée. S’appuyant sur ses expériences de directeur musical de cour et de cathédrale, il publia en 1739 Der vollkommene Capellmeister (Le Parfait Maître de chapelle), où il fournit aux maîtres de chapelle en herbe tout ce dont ils avaient besoin pour leur formation et dans leur vie professionnelle – qu’ils soient au service d’une église, d’une ville ou d’une cour. Son importance réside dans une présentation systématique de la rhétorique musicale, de la « doctrine des sentiments (Affekt), qui selon lui dépendaient de la mélodie.

Son dernier ouvrage (le plus précieux) fut Grundlage einer Ehren-Pforte (Fondement d’un arc de triomphe, 1740), dictionnaire s’appuyant sur les souvenirs, les extraits de correspondance et les autobiographies fournis par 149 musiciens allemands. Manque dans cette liste J. S. Bach, qui refusa de communiquer à Mattheson les détails de sa vie. » (Guide de la musique baroque – Fayard)