COMPOSITEUR | Antonio VIVALDI |
LIBRETTISTE | Grazio Braccioli |
DATE | DIRECTION | EDITEUR | NOMBRE | LANGUE | FICHE DETAILLEE |
2004 | Alessandro De Marchi | Opus 111 | 3 | italien |
Premier opéra de Vivaldi pour Venise, sur un livret de Grazio Braccioli, créé au Teatro San Angelo, à l’automne (dédicace du livret : 10 novembre) 1714. Il bénéficia d’une mise en scène spectaculaire, dans des décors de Bernardo Canal, père de Canaletto, et d’une distribution composée de Anton Francesco Carli dans le rôle-titre (il avait créé le rôle de Claudio dans l’Agrippina de Haendel en 1709), la soprano Margherita Gualandi, dite la Campioli (Ersilla), le jeune castrat Andrea Pacini (Argillano), Francescso Natali (Grifone), Elisabetta Denzio (Tigrane), Anna Maria Fabbri (origille).
A l’automne 1713, le San Angelo avait représenté Orlando Furioso, opéra de Giovanni Alberto Ristori sur un livret du « Dottore » Grazio Braccioli, juriste à Ferrare, connu à Venise comme dramaturge et librettiste, inspiré de de l’Orlando furioso innamorato de Boiardo, lui-même inspiré de L’Arioste. Le succès obtenu par cet opéra conduisit le San Angelo à commander un autre livret sur le même thème à Braccioli. L’opéra de Vivaldi ne connut toutefois pas le même succès, et dut être modifié, puis – selon certaines sources – remplacé en catastrophe par une reprise de l’opéra de Ristori.
Personnages : Argillano, chevalier d’Ersilla ; Brandimarte, ami et mentor d’Orlando ; Ersilla, Magicienne ; Grifone, cocmpagnon d’orlando, déguisé en femme sous le nom de Leodilla ; Origille, ennemie d’ersilla, déguisée en homme sous le nom d’ordauro ; Orlando, paladé chargé d’éliminer la magicienne Ersilla ; Tigrinda, Prêtresse des Potions.
Synopsis
L’action se déroule au coeur du royaume d’Organa, dans le château et le jardin enchantés de la Magicienne Ersilla. Elle débute au moment où le paladin Orlando, chargé par Angelica de détruire le règne d’Ersilla, arrive sur les terres de son ennemie, où se trouvent déjà son mentor Brandimarte, son compagnon Grifone et l’ancienne maîtresse de ce dernier, Origille. Celle-ci brûle toujours pour Grifone qui, pour sa part, convoite Tigrinda, la Prêtresse des Potions d’Ersilla. Tingrinda, de son côté, est éprise d’Argillano, Capitaine des gardes d’Ersilla.
Acte I
Temple de Démogorgon et de Pluton éclairé de nuit. Au milieu, un autel, d’autres sur les côtés, consacrés l’un à Hécate, l’autre à Phlégéton, sur lesquels brûle une flamme ardente
Brandimarte, Grifone et Origille s’introduisent à la tombée de la nuit dans le domaine d’Ersilla, au moment où la magicienne, accompagnée d’Argillano et de Tigrinda et entourée des Ministres du Temple de Pluton et des Prêtresses d’Hécate, pénètre dans le Temple de Demogorgon et de Pluton. Ersilla enchante l’épée magique destinée à détruire les pouvoirs d’Orlando et la confie à Argillano, dont elle fait son chevalier. La cérémonie achevée, les intrigues et les quiproquos amoureux se mettent en place. A cette occasion, une ruse de la jalouse Origille fait passer Grifone pour sa soeur Leodilla.
L’aube se lève sur le château alpestre d’Ersilla, gardé par une porte taillée dans le roc et protégée par un arbre aux rameaux d’or. Orlando, qu’Argillano a vainement combattu, détruit l’arbre enchanté et la scène se transforme aussitôt en un magnifique jardin vallonné, orné de cabanons de verdure. Descendant des collines boisées, un choeur de nymphes et de faunes chante au son d’instruments rustiques. Ersilla survient et, ignorant qu’elle fait face à Orlando, se débarrasse de l’importun en le faisant sombrer dans un sommeil magique. Brandimarte, qui a observé la scène, se présente à Ersilla. La magicienne, aussitôt séduite, se laisse convaincre de libérer son prisonnier inconnu afin de s’en faire un allié. Demeurée seule, elle savoure son nouvel amour et son espoir retrouvé.
Acte II
Galerie qui mène à divers appartements
Les intrigues amoureuses se développent sur fond de travestisme, Origille passant désormais pour un homme sous le nom d’Ordauro. De leur côté, Orlando et Brandimarte évoquent leurs projets et conviennent de cacher à Ersilla la véritable identité d’Orlando jusqu’au coucher du soleil, moment prévu pour l’assaut final. Orlando commet cependant une terrible maladresse en révélant son nom et celui d’Origille devant Argillano. Brandimarte tente de sauver la situation en prétendant qu’Orlando est un chevalier frappé de folie, qui se prend pour le célèbre paladin. Orlando comprenant la ruse de son mentor, laisse alors libre cours à sa folie feinte dans un récit incohérent. Mais Argillano devine la manoeuvre et part prévenir Ersilla, à qui il révèle également la véritable identité de Grifone. Ce dernier, jeté en prison, refuse néanmoins de trahir Orlando. Ersilla, furieuse de cette résistance, se promet de trouver une autre voie pour vaincre le paladin.
Acte III
Un lieu reculé avec une ancienne tour servant de prison et, en perspective, une galerie de loggias sur des colonnades présentant diverses vues ; celle du milieu est une grande porte en fer fermée qui conduit à l’endroit où Ersilla manigance ses enchantementd. Origille avec une pioche venant de briser le mur de la tour ; on voit Grifone en sortir
Origille/Ordauro brise le mur de la prison de Grifone et libère ce dernier, entraînant une nouvelle série de péripéties dans les intrigues amoureuses. Ersilla, entourée des Ministres du Temple de Pluton et des Prêtresses d’Hécate, invoque les divinités infernales de l’assister dans sa recherche d’Orlando. Elle parvient à attirer le paladin dans une grotte en créant un sosie d’Angelica. Orlando pénètre dans la grotte, accompagné de Brandimarte. Mais ce dernier aperçoit aussitôt Ersilla et, comprenant la ruse, décide de se faire passer pour Orlando en déclarant son amour à la fausse Angelica. Ersilla, réalisant avec effroi que celui dont elle s’est éprise n’est autre qu’Orlando, se dévoile, laissant éclater sa fureur et sa jalousie.
Orlando et Brandimarte sont conduits devant Ersilla. Mais à cet instant, le soleil disparaît. L’heure de la chute de la magicienne a sonné. Orlando brise ses chaînes, désarme Argillano, libère Brandimarte et détruit la colonne magique, anéantissant aussitôt les pouvoirs d’Ersilla.
La colonne détruite, la scène se transforme en un jardin de pavillons illuminés de feux et de flambeaux, qui laissent apparaître les chevaliers prisonniers des sortilèges d’Ersilla, parmi lesquels Tigrinda et Grifone qui se secouent de la torpeur dans laquelle les avait plongés le breuvage hypnotique
Ersilla s’enfuit après avoir juré vengeance. Orlando pardonne à Argillano qu’il unit à Tigrinda avant d’unir à leur tour Grifone et Origille. Tous célèbrent la joie retrouvée.
(TCE – Jeanine Roze Production)
Représentations :
Théâtre de Poissy – 16 décembre 2003 – Théâtre des Champs Elysées – 17 décembre 2003 – version de concert – Turin – Teatro Regio – 19 décembre 2003 – Academia Montis Regalis – Chœur du Teatro Regio de Turin – dir. Alessandro de Marchi – avec Antonio Abete (Orlando), Gemma Bertagnolli (Ersilla), Marina Comparato (Tigrinda), Sonia Prina (Origille), Martin Oro (Grifone), Marianna Pizzolato (Brandimarte), Manuela Custer (Argillano)
Opéra International – février 2004 « Moins connu que l’Orlando furioso de 1727, l’Orlando finto pazzo de 1714 – deuxième opéra du maître vénitien – ne nous aura pas vraiment été révélé durant ce concert de l’Accademia Montis Regalis. Le livret est probablement un peu trop redondant, mais la partition n’en comporte pas moins quelques passages d’une grande force dramatique et ne manque pas d’invention. Mais qu’il est diffici-e de juger de son intérêt quand on aura dit la relative médiocrité de cette soirée. Malgré quelques jolis moments, la distribution n’est ici qu’honorable. Le style est souvent malmené, la justess aussi, l’orchestre est hélas approximatif sous la battue d’Alessandro De Marchi et quelques erreurs ont comme un parfum de déchiffrage, alors que l’opéra a été enregistré la semaine précédente… »
Operabase – L’Atelier du chanteur
« Il ne manque qu’une mise en scène à cet Orlando finto pazzo, comme à l’Orlando furioso donné plus tôt dans la saison, dans le cadre de l’excellent cycle Vivaldi produit par Jeanine Roze. Si le deuxième acte semble moins riche, les premier et troisième actes offrent de nombreux moments dramatiques très contrastés, pimentés de multiples travestissements ! Peut-être moins excitant que Jean-Christophe Spinosi dans les mouvements vifs, Alessandro de Marchi tire de son orchestre d’impalpables pianissimi qui étendent d’autant la dynamique de son interprétation. La grippe a malheureusement frappé deux chanteuses, dont les remplaçantes ont été puisées dans le même vivier italien. Si Marianna Pizzolato est à l’aise et très expressive dans le rôle de Brandimarte, bien servi par son timbre charnu, sa capacité à vocaliser et l’égalité de ses registres, Veronica Cangemi aurait sans doute donné une autre dimension au rôle passionnant d’Ersilla, à qui Vivaldi réserve de superbes airs. On rêve aussi de ce que Marie-Nicole Lemieux aurait fait du rôle d’Argillano. Malgré ces regrets, la distribution est de bonne tenue et relativement homogène. Antonio Abete a une étrange émission grincée du coin de la bouche, mâchoire souvent serrée. Le résultat est certes efficace mais le timbre en est parfois enlaidi. Ses grimaces rendent visuellement difficiles de le percevoir en tant que personnage plus noble que bouffe ou méchant, même si Orlando passe la moitié de son rôle à jouer la folie. Sonia Prina explose dans son air « Volerò » du troisième acte, d’une implacable virtuosité – à retenir comme bis ou air d’audition court et efficace! Jusque là, elle décevait parfois, quand son étrange habitude de chanter tête tournée vers la droite et penchée vers la gauche semblait contribuer à grossir sa voix en une émission appuyée sur le larynx. Gemma Bertagnolli rend bien justice à son air du « rossignol » au troisième acte, qui convient bien à sa voix légère. Auparavant, son émission tirée, peu connectée et tendant à blanchir ne lui offre hélas pas une palette assez riche pour traduire la complexité de son rôle. Vivaldi a en effet gâté Ersilla et lui réserve aussi l’air le plus étonnant de la partition, un air « infernal » à l’accompagnement superbement contrasté et dissonnant.
Manuela Custer chante note à note comme si elle déchiffrait sa partie. Son émission est inconsistante et inégale. Dans son premier air, des « a » trop ouverts blanchissent. La voix est généralement trop en bouche, sans pour autant être suffisamment canalisée par les lèvres. Il lui manque à la fois par au-dessus des harmoniques et par en-dessous une ouverture plus large vers la poitrine et sans doute une connexion musculaire plus affirmée jusqu’au bassin. Présentée comme alto par sa notice biographique, elle semble chanter en-dessous de sa tessiture la plus efficace. Chantant le plus souvent nuque cassée vers sa partition, elle enlise l’orchestre dans des marécages d’ennui en ralentissant les tempi et en détruisant tout phrasé.
Marina Comparato est très expressive et chante avec un beau legato. Les airs de Tigrinda lui permettent de démontrer sa versatilité, notamment par l’alternance rapide entre voix de tête et voix de poitrine dès son premier air, ou plus loin dans la scène du deuxième acte où elle s’adresse alternativement à Argillano qu’elle aime et Origille qu’elle invective. Le deuxième acte lui offre également un bel air classique, « Quando agitato », fondé lui aussi sur l’opposition entre la tempête et le calme.
Martin Oro est un bon Grifone, même si ses phrases quittent parfois la justesse la plus stricte, comme s’il s’assourdissait lui-même par sa propre résonance et noyait ainsi son oreille comme l’auditeur dans un spectre sonore séduisant mais approximatif. Quelques finales semblent aussi quitter la ligne de souffle et en perdre leurs harmoniques, ce qui les fait baisser. »
Théâtre de Mnichovo Hradiste – 8, 9, 10, 11 septembre 2000 – première recréation mondiale – version scénique – Venise – Scuola Grande di San Rocco – Feste Musicali per San Rocco – 19 et 21 septembre 2000 – version semi-scénique – Théâtre du Château de Èeský Krumlov – 21 octobre 2000 – version scénique – Czech Handel Society – Academica Praha – dir. Ondøej Macek