Michel Pignolet de MONTÉCLAIR
1667 (Andelot) – 22 septembre 1737 (Paris)
Michel Pignolet, le plus jeune d’une famille de sept enfants, est né à Andelot, en Haute Marne, en 1667. Il entre le 27 janvier 1676 dans le Chœur de la cathédrale de Langres sous la direction Jean-Baptiste Moreau. Il ajoute à son nom celui de Montéclair, qui est le nom d’une forteresse célèbre à Andelot dès son arrivée à Paris en 1687.
Dans la page de titre de sa Nouvelle méthode pour apprendre la musique en 1709, il se décrit comme Maître de la Musique du Prince de Vaudrémont qu’il a suivi en Italie. On ne connaît rien de plus sur ce voyage, mais c’est peut-être lors de ce dernier qu’il apprend à jouer de la contrebasse.
A partir de 1699, il tient la partie de basse de violon à L’Académie Royale de Musique, où il est même nommé « symphoniste du petit chœur ». On apprend, grâce à la préface de la Méthode de Contrebasse de Michel Corrette en 1781, qu’il fut sans doute l’un des premiers à jouer de cet instrument, peut-être même dans Scylla de Gatti en 1701.
Excellent professeur, entre autre celui des sœurs de Couperin, il est réputé pour sa pédagogie novatrice, qui conduit les élèves de manière amusante et non de façon protocolaire.
Il fonde en 1721, avec son neveu François Boivin, un magasin de musique, rue St Honoré, sur le parvis de St Eustache. Mais lui revend ses parts en 1728.
Il abandonne l’enseignement au profit de l’orchestre en 1735. A partir du 1er juillet 1737, il reçoit une pension du Roi.
Jamais marié, il habita jusqu’à sa mort, le 22 septembre 1737, avec un neveu et une nièce au 16 rue des Marmousets (actuellement la rue Chanoinesse) sur l’Ile de la Cité.
Compositeur non prolifique, Montéclair est considéré avec Campra comme un des musiciens qui influença le plus Rameau. On remarquera son sens tout a fait particulier des fonctions dramatiques des couleurs orchestrales. Il contribue également, à une place d’honneur, au développement de la cantate française.
Muse baroque : Un réveillon avec Montéclair
Un compositeur bien mystérieux
Qui se souvient encore de Michel Pignolet de Montéclair, dont le nom semble juste exister afin de réveiller des convives endormis autour d’un gigot de réveillon. » Pignolet kirsch ? Montéclair au chocolat ? » s’esclaffent bruyamment vos [ex-] amis, alors que vous mentionnez religieusement le nom du compositeur qui influença tant Rameau et son Hyppolite & Aricie. Qu’importe ! Qu’ils rient et continuent de s’empiffrer en se précipitant sur le dessert, alors que retentit de façon presque incongrue la trompette naturelle annonçant l’arrivée de l’arche sainte, lors du premier acte de Jephté…
Qui est donc Montéclair ? Aucun portrait n’a été recensé ou identifié à ce jour et il nous faut donc imaginer l’apparence de cet homme, né à Andelot dans le Nord-Ouest de la France, fils de tisserand. Imaginez un svelte garçon mélancolique ou au contraire un petit gros joufflu. A neuf ans , Michel Pignolet, n’ayant pas encore accolé le nom de la forteresse de sa ville natale à son patronyme, entre dans la maîtrise de la Cathédrale de Langres. Jean-Baptiste Moreau (1656-1733) sera son maître.
En 1687, nous le retrouvons à Paris, comme joueur de basse de violon dans l’orchestre de l’Académie Royale de musique. Quelques années plus tard (manière détournée d’avouer mon ignorance sur la date et ce qui s’est passé entre-temps), il accompagne le Prince de Vaudémont en Italie, en qualité de maître de musique.
C’est sous ces cieux ensoleillés que le Montéclair succombe à la tentation. Il y découvre une maîtresse aux courbes voluptueuses, dont la voix grave et profonde le séduit. Il ne peut se résoudre à s’en séparer et la ramène à Paris, en 1700. Elle sera la première contrebasse à apparaître dans les rangs de l’Académie.
Maître de musique apprécié, Montéclair a l’honneur de l’éducation musicale des filles de François Couperin Le Grand (1668-1733), organiste de la Chapelle Royale. Il publie des ouvrages sur l’art d’apprendre la musique (1709), ouvre une boutique en 1731, se retire de l’enseignement en 1735 et s’éteint deux années plus tard.
Il laisse derrière lui des contrebasses éplorées, des pièces en trio et des Concerts pour flûte et basse continue. Du côté de la musique vocale, des motets, des cantates françaises telles La Mort de Didon et surtout deux opéras les Fêtes de l’Été et Jephté (1732) témoignent de son association audacieuse du coloris des timbres et de l’utilisation de modes rares. Jephté, seconde tragédie biblique de la musique baroque française (après David & Jonathas de Charpentier), marqua profondément Rameau et Le Mercure François en fera des éloges dithyrambiques. Pourtant, la partition de ce chef-d’œuvre sera remaniée trois fois, devant les foudres de l’archevêché de Paris.
Vos invités s’endorment ou regardent tristement leurs assiettes vides. Certains jouent avec les miettes du délicieux gâteau au chocolat, que vous n’avez d’ailleurs pas goûté, emporté dans votre élan monteclairien. Visiblement, il faut réagir, et vite, avant que la soirée se transforme en camomille-scrabble-tragédie lyrique. A regret, il est donc temps d’abandonner Jephté à ses tristes serments et de trouver une programmation musicale plus dansante et plus électrique.
Mais, entre nous, à quand l’enregistrement des Fêtes de l’Été où des cors doivent jouer derrière la scène pour simuler une chasse qui s’avance ?
V.L.N. Muse Baroque
Pour en savoir plus :
Wikipédia – http://fr.wikipedia.org/wiki/Michel_Pignolet_de_Mont%C3%A9clair