Deidamia (Déidamie)

Deidamia et Achille

COMPOSITEUR Georg Friedrich HAENDEL
LIBRETTISTE Paolo Antonio Rolli
DATE DIRECTION EDITEUR NOMBRE LANGUE FICHE DETAILLEE
2001 Rudolph Palmer Albany records 3 italien
2002 Alan Curtis Accademia Musicale Chigiana, Siena 3 italien
2003 Alan Curtis Virgin Classics 3 italien

DVD

ENREGISTREMENT ÉDITION DIRECTION ÉDITEUR FICHE DÉTAILLÉE
2012 2013 Ivor Bolton Opus Arte


Dernier opéra (HWV 42) composé par Haendel, sur un livret en trois actes de Paolo Antonio Rolli, d’après Achille in Sciro, de Bentivoglio, utilisé par Legrenzi en 1663, puis de Pietro Metastasio, utilisé le premier par Antonio Caldara à Vienne en 1736.

Paolo Rolli

Commencé le 27 octobre, terminé le 20 novembre 1740, il fut créé à Londres, au Lincoln’s Inn Fields le 10 janvier 1741, avec une distribution réunissant Elisabeth Duparc, dite La Francesina, soprano (Deidamia), Maria Monza, soprano (Nerea), Miss Edwards, soprano âgée de moins de vingt ans (Achille), Giovanni Battista Andreoni, alto castrato (Ulisse), William Savage (Fenice), Henry Theodore Reinhold, basse (Licomede). Il ne fut joué que deux fois après la création : une semaine après celle-ci, et le 10 février.
Théâtre de Lincoln's Inn Fields

Personnages : Deidamia (soprano), Nerea (soprano), Achille (soprano), Ulisse (soprano), Fenice (basse), Licomede (basse).
Haendel en 1741

Synopsis


L’oracle a prédit qu’Achille mourrait s’il prenait part à la Guerre de Troie. Pour contrer le destin, son père Pélée lui a fait endosser des vêtements de fille et l’a envoyé vivre dans le palais de son ami Lycomède, sur l’île de Scyros : c’est là que, élevé parmi les filles du roi, il a grandi puis est devenu l’amant de l’aînée d’entre elles, Déidamie. Alors que les Grecs se préparent à lancer leur offensive contre Troie, le prêtre Calchas révèle que la cité ne pourra être prise sans l’aide d’Achille. Des ambassadeurs sont envoyés à Scyros afin de l’y retrouver.

Acte I
Le portique d’un palais, prèsd e la mer, avec un trône de marbre sur lequel est assis Lycomède.
(1) Ulysse (qui se fait passer pour Antiloque), Phoenix et Nestor (rôle muet), ambassadeurs d’Agamemnon, arrivent à Scyros. Ulysse demande à Lycomède d’apporter sa contribution à l’expédition — il y consent aussitôt ; il lui demande ensuite de leur confier Achille, indispensable à la victoire des Grecs et qui passe pour être caché sur l’île. Loyal envers son ami Pélée, Lycomède nie abriter Achille, mais il autorise ses hôtes à le chercher.
Une galerie avec une vue sur la campagne
(2) A l’intérieur du palais, Déidamie se languit de “son” bien-aimé “Pyrrha“ qui doit rentrer de la chasse. (3) “Pyrrha“— nom féminin d’Achille à Scyros — revient enthousiasmé par l’effort accompli et s’emporte contre les femmes qui restent assises dans leurs appartements à perdre leur temps. Les femmes laissent ensemble Déidamie et Achille. Déidamie le gronde gentiment, lui qui semble aimer la chasse plus qu’il ne l’aime elle-même. Achille reconnaît l’aimer, mais il n’est pas disposé à sacrifier sa liberté.
Une chambre du palais
(4) La confidente de Déidamie, la princesse Nerea, vient annoncer l’arrivée d’étrangers venus de Grèce continentale et qui sont à la recherche d’Achille. Déidamie aussitôt s’inquiète — quelles en seront les conséquences pour Achille ? —, une brève conversation avec Ulysse (5) suffisant à la convaincre qu’il leur faut être sur leurs gardes.

Acte II
Dans le jardin du palais
(1) Achille voit Déidamie en conversation avec Ulysse qui, d’emblée, l’impressionne par sa cuirasse et son maintien viril. (2) Il écoute ce qu’ils se disent, Ulysse faisant la cour à Déidamie de manière à gagner sa confiance — poliment mais fermement, Déidamie repousse toute avance. En proie à la jalousie, Achille avec irritation va jusqu’à encourager Déidamie à favoriser les attentions d’Ulysse.
(3) Nerea vient annoncer que Lycomède a organisé une chasse pour divertir ses invités. Déidamie s’alarme : l’enthousiasme et l’adresse d’Achille à la chasse ne pourront que trahir son identité. Nerea ayant elle-même été courtisée par Phoenix, elle suggère à Déidamie de distraire les Grecs en semblant l’une et l’autre répondre à leurs avances. Déidamie accepte tout en se demandant si la scène de colère qu’Achille lui a infligée ne cacherait pas une résolution bien réelle de l’abandonner.
(4) Lycomède vante devant Ulysse les chasses données sur ses domaines ; lui-même, cependant, est désormais trop âgé pour un tel sport. (5) Chœur des chasseurs.
Une forêt
(6) La chasse commence. Nerea s’attache aux pas de Phoenix tout en lui reprochant avec vivacité de s’intéresser davantage à la chasse qu’à elle-même. (7) Après avoir observé “Pyrrha”, Ulysse rejoint Phoenix : la force et l’adresse à la chasse de cette étrange fille l’ont convaincu qu’”elle“ ne peut être qu’Achille déguisé. (8) Trouvant une occasion de parler en aparté avec “Pyrrha”, Ulysse se lance dans une feinte déclaration d’amour ; Achille est d’autant plus flatté et amusé qu’il s’aperçoit que Déidamie entend. (9) À peine Ulvsse est-il parti qu’avec fureur elle s’en prend au comportement irréfléchi d’Achille : c’est lui-même qu’il met en danger ainsi que leur bonheur.
(10) Achille dédaigne sa colère et s’apprête à rejoindre la chasse lorsque tout à coup Phoenix le retient et, de la même manière engage la conversation. Le manque d’intérêt envers l’amour dont Achille témoigne convainc Phoenix de la perspicacité d’Ulysse : “Pyrrha” est bien un homme.

Acte III
Une terrasse
(1) Phoenix tente de persuader Nerea du sérieux de ses sentiments : en tant que femme grecque, elle devrait elle-même être fière, non pas jalouse, de le savoir sur le point de partir pour la Guerre de Troie. Nerea réalise que c’est là une occasion à ne pas laisser échapper.
Une galerie
(2) Ulysse et Phoenix mettent en oeuvre un plan afin de démasquer Achille. Ils offrent aux femmes de la cour un coffre empli de rubans, d’étoffes et autres colifichets. Tandis que Déidamie enjoint avec frénésie Achille de leur manifester un intérêt tout féminin, il tend instinctivement la main vers un casque, un bouclier et une épée astucieusement placés parmi les bibelots. À peine un appel aux armes a-t-il retenti qu’aussitôt il brandit l’épée, prêt à l’action. Lui-même s’étant trahi, Ulysse s’adresse au héros sous son véritable nom, l’invitant à rejoindre sans délai les forces grecques assemblées devant Troie. Achille accepte avec enthousiasme. Anéantie par l’idée de le perdre, Déidamie maudit Achille qui détruit son bonheur.
Un appartement du palais
(3) Déidamie se rend auprès de son père et confesse son amour pour Achille. Bien qu’accordant sa bénédiction à cet amour, il lui dit que le départ d’Achille en sera la limite — et de révéler la prédiction : Achille mourra devant Troie. (4) Enfin vêtu en homme, Achille retrouve Déidamie et propose qu’ils se marient sur le champ. Cependant la colère et la détresse de la jeune fille devant son départ imminent les conduisent à se quereller. (5) Ulysse les apaise en révélant sa propre identité : lui aussi a dû laisser, chacun le sait, son épouse Pénélope pour partir à la guerre, et ce pour leur plus grande gloire ; il prédit qu’Achille et Déidamie connaîtront semblable renommée. Rien, cependant, ne peut réconforter Déidamie.
La salle royale
Nerea accuse Phoenix d’avoir feint l’amour dans le seul but de découvrir Achille et de l’enlever. Il lui affirme que son amour est sincère ; il lui offre sa main, qu’elle accepte. (7) Les autres les rejoignent, Lycomède se montrant heureux désormais de restituer Achille à la cause grecque. Ulysse unit les mains de Déidamie et d’Achille, tandis que le choeur final les engage, et nous aussi, à prendre notre plaisir, fluctuant, tant qu’il en est temps.

(livret Virgin)


« Le récit, tiré de la guerre de Troie, nous transporte loin des combats, à la cour du roi Lycomède. Achille y a été envoyé par ses parents pour échapper à la prophétie qui a annoncé sa mort aux pieds des remparts de Troie. Ulysse est mandaté par les Grecs pour le retrouver. Déguisé en femme, Achille finira par se trahir et par choisir la gloire plutôt que l’amour, sous les traits de Déjanire, la fille de Lycomède. » (Opéra International – avril 2002)

« La première représentation de Deidamia, en janvier l741, à Londres, fut un échec. Une seule suivit. Lassé par des années de combats et des pertes d’argent considérables, alors que le genre de 1’oratorio lui attirait un immense public, Haendel jeta le gant : Deidamia sera son dernier opéra. Après 1’échec d’Imeneo, quelques semaines plus tôt, il le termina dans la hâte et le désabusement. Les airs s’y succèdent comme de magnifiques mécaniques mais l’âme des personnages s’est envolée. Et puis – marque révélatrice de ses dernières compositions lyriques – Haendel a voulu faire évoluer le genre en y introduisant une dimension comique dont Serse est resté l’archétype. » (Le Monde de la Musique – septembre 2003)

« L’argument appartient à un épisode tragi-comique de la jeunesse d’Achille : pour que la prophétie annonçant la mort de celui-ci à Troie ne se réalise pas, la mère du héros l’a déguisé en femme ; U[ysse, venu le chercher parce que de sa participation dépend l’issue du combat, le reconnaît, et le retire à sa maîtresse éplorée Deidamia. L’opéra possède une composante presque comique lors de l’épisode scabreux pendant lequel Ulysse, pour démasquer Achille, feint de tomber amoureux du jeune homme (rôle dès la création chanté par une femme, cependant qu’Ulysse était chanté par un castrat). » (Répertoire – septembre 2003)

« Deidamia est le dernier opéra italien de Haendel, composé dans la période où celui-ci commence à se tourner vers les œuvres chorales sur des textes anglais. Le compositeur est loin d’y atteindre à son propre niveau, au plan dramaturgique en tous cas, car évidemment au plan musical son invention mélodique et son sens de la caractérisation des personnages font toujours mouche. Il est vrai que le livret renouvelé de Métastase par Paolo Antonio Rolli contant un épisode peu connu de la légende d’Achille, n’offre guère de ressources pour développer un drame musical consistant. Quand commence l’histoire, les ambassadeurs grecs (Phenix et Ulysse incognito) sont venus réclamer à Lycomède, souverain de l’île de Scyros, le fils de Pélée que celui-ci lui a confié pour le protéger du sort fatal que lui a promis l’oracle s’il tournait son ardeur belliqueuse contre Troie. Deidamia, fille du roi, qui file avec lui un amour déjà menacé par les goûts «sportifs» du jeune homme, tente de s’interposer mais l’ingénieux Ulysse aura vite découvert, sous le déguisement féminin de Pyrrha, le naïf héros qui ne se fera pas trop prier pour partir à la guerre. À l’arrivée, et malgré le traitement sérieux du personnage de Deidamia en «donna abbandonata», le compositeur dessine une œuvre mifigue mi-raisin qui ne sait trop si elle doit ou non se prendre au premier degré et surtout quel est l’enjeu dramatique de ses trois heures de musique. Au deuxième acte, les situations oscillent souvent entre marivaudage et comédie mais elles s’arrêtent un peu trop tôt pour atteindre cette ironie savoureuse à laquelle elles pourraient donner lieu. Que n’aurait-on su tirer, à l’époque de Cavalli par exemple, de la scène où Ulysse fait la cour à Achille travesti en nymphe chasseresse? Ici l’ambiguïté et le comique sont à peine suggérés. » (L’Avant-Scène Opéra – novembre/décembre 2003)

Livret en français disponible sur livretsbaroques.fr
Livret en italien

http://www.dicoseunpo.it/dicoseunpo/H_files/Deidamia.pdf
http://www.haendel.it/composizioni/libretti/pdf/deidamia.pdf

Représentations :

Amsterdam – Het Muziektheater – Der Nederlandse Opera – 15, 19, 21, 23, 25, 27, 29 mars, 1er avril 2012 – Concerto Köln – dir. Ivor Bolton – mise en scène David Alden – décors Paul Steinberg – costumes Constance Hoffman – lumières Adam Silverman – avec Sally Matthews (Deidamia), Veronica Cangemi (Nerea), Olga Pasichnyk (Achille), Silvia Tro Santafe (Ulisse), Andrew Foster-Williams (Fenice), Umberto Chiummo (Licomede) – nouvelle production


Opéra Magazine – mai 2012

« Hormis dans les terres haendéliennes de Halle ou Gottingen, on cherche en vain, dans les dix dernières années, trace de représentations scéniques de Deidamia (Londres, 1741). Et, en ré coutant l’un des seuls enregistreements disponibles (celui dirigé par Alan Curtis, chez Virgin Classics), on comprend cette rareté. On en vient même à se dire que le compositeur a été bien inspiré, après cette ultime tentative vite disparue des affiches, de renoncer à l’opéra italien pour se consacrer à l’oratorio anglais !
L’Opéra d’Amsterdam n’aurait sans doute jamais programmé ce «melodramma» en trois actes s’il n’avait eu une évidente proximité thématique avec unc saison qui, des deux Iphigénie de Gluck à l’Orest de Trojahn, en passant par Idomeneo et Elektra, s’est construite autour des Atrides. C’est que Deidamia ne raconte pas seulement l’histoire de la séduisante princesse grecque ; il y a aussi, à travers elle, le desstin de son bien-aimé, Achille. Caché dans l’ile de Skyros pour échapper à la prophétie qui a annoncé sa mort à Troie, le guerrier impétueux a été déguisé en jeune fille pour échapper aux envoyés d’Athènes qui le cherchent, parce qu’une autre prophétie a fait de lui celui sans lequel aucune victoire sur les Troyens ne serait possible.
Mission impossible, donc, que de redonner sa chance à Deidamia ? Divine surprise que la lecture de David Alden ! Sollicitant quelque peu la partition et le livret de Rolli, le metteur en scène américain inscrit l’ouvrage dans la tradition de l’opéra vénitien et, pour mieux faire ressortir le contraste avec la dimension seria, en accroît la vis comica en exploitant au maximum l’ambiiguïté sexuelle intrinsèque de l’intrigue : un jeune homme, chanté par une femme, se déguise en jeune fille pour échapper à des guerriers dont l’un, Ulisse, tente au passage de «la» séduire.
Traçant un parallèle audacieux avec les situations délicates de Tony Curtis dans Certains l’aiment chaud (Some Like It Hot de Billy Wilder), David Alden déplace l’action dans un décor balnéaire aux couleurs et à l’architecture des années 1950, qu’il mâtine d’éléments de Grèce antique. Les décors de Paul Steinberg et les éclairages d’Adam Silverman créent un cadre magique, tout à la fois poétique dans sa nostalgie et hilarant dans son sens du déétail, la présence de danseurs, acrobates et autres figurants achevant de faire basculer la soirée dans une douce folie, pleine de gags gentiment absurdes. On aime l’élégance d’une Deidamia pin-up à la plastique impeccable et d’une Nerea aux allures d’Audrey Hepburn, avec son fume-cigarette ; mais c’est peut-être le personnage d’Achille, sorte d’omniprésident hyperactif (dont les tics en évoquent un autre … ), alors qu’il cache sous sa robe rose sa passion pour la chasse, dansant le hip-hop et incapable de maîtriser son impétuosité, qui est le plus drôle. La soirée est un succès complet, même si le troisième acte – qui voit d’ailleurs le retour à un décor plus traditionnel – trahit, comme souvent dans ce genre de lectures foisonnantes, une certaine panne d’insspiration.
À la tête d’un Concerto Küln aux sonorités amples et soyeuses, Ivor Bolton livre une interprétation raffinée et lyrique, énergique mais riche de nuances. Optant pour une absence totale de contre-ténors, le plateau va du timbre plein et chaud de Sallv Matthews, séduisante Deidamia, à la virtuosité confondante de Silvia Tro Santafé, en passant par l’élégance de Veronica Cangemi. Olga Pasichnyk confère à Achille tout l’éclat voulu, les trois voix masculines, plus discrètes mais non moins fiables, complétant une galerie impeccable. Sans doute rebuté par le caractère peu connu du titre, le public néerlandais est venu moins nommbreux que de coutume les absents, plus que jamais, ont eu tort. »

Eisenach – Landestheater – 5 mai 2007 – Landeskapelle Eisenach – dir. Wolfgang Katschner – mise en scène Elmar Fulda – décors, costumes Florian Parbs


Göttingen – Deutsches Theater – 27, 29, 31 mai, 2, 3 juin 2003 – La Stagione – Opernkammerchor Hannover – dir. Michael Schneider – mise en scène Peer Boysen – décors, costumes Peer Boysen – avec Heidrun Kordes (Deidamia), Claron McFadden (Nerea), Robert Crowe (Achille), Michael Maniaci (Ulisse), Nils Cooper (Fenice), Harry van der Kamp (Licomede)

Opéra International – octobre 2003

« En ce qui concerne Deidamia, le Festival a abandonné son approche « authenticisante » pour nous présenter ce qui est peut-être la plus mauvaise production d’un opéra de Haendel à laquelle il nous ait été donné d’assister. Le metteur en scène nous montre une Grèce contemporaine de pacotille, où serveurs et marins vaquent à leurs (in)occupations et où un pêcheur se grime d’une fausse chevelure et d’une fausse barbe grise pour incarner le vieux roi Licomède. Achille, alors adolescent se cachant parmi les filles de la cour pour échapper à la guerre de Troie, devrait être déguisé en demoiselle. Il est toujours habillé en homme. Le décor est unique et la direction d’acteurs se réduit à la mise en place de gags hors sujet. Du creux, de l’inintéressant, mais ce n’est pas terminé. Tout d’abord, les surtitres (en allemand) ne sont pas la traduction du livret, mais une sorte de commentaire philosophique (de bazar) se réduisant parfois à quelques onomatopées. Le public s’esclaffe et applaudit à tout moment, y compris au milieu des airs, sans pouvoir mesurer l’étendue de la supercherie… Ensuite, le personnage muet de Nestore, qui ne s’est « exprimé », deux actes durant, que par moult points de suspension, d’exclamation et d’interrogation dans les surtitres, se voit attribuer un monologue au troisième acte. Action scénique et musique s’interrompent pour le laisser déclamer du Homère dans le texte, en anglais et avec un très fort accent allemand le rendant presque incompréhensible. Sorte de croisement entre Groucho et Harpo Marx qui aurait mal vieilli, Nestore détient peut-être la clé des références du metteur en scène
La musique ne pouvant être épargnée, les récits sont allongés par de longs silences lourds de non-sens, la réalisation du continuo donne lieu à quelques étrangetés (doubles cordes au violoncelle, cordes de la contrebasse et du violoncelle violemment frappées pour que les bois s’entrechoquent, etc.), les airs sont dotés de cadences interminables qui ne semblent être que le prolongement des inepties affichées dans les surtitres… Et puisqu’il faut boire le calice jusqu’à la lie, le chant est d’une étonnante médiocrité, particulièrement dans les rôles principaux (Deidamia, Achilie et Uiisse). Seuls Harry van der Kamp et, surtout, Claron Mc-Fadden tirent vraiment leur épingle du jeu….Livret, partition, drama-turgie, définition des caractères, emotions tout est ici gâché. Consternant. »

Opéra de Halle – 23 février, 11 juin 2003 – dir. Alessandro De Marchi – mise en scène Nicholas Broadhurst – décors, costumes Jon Morrell – avec Ann Monoyios (Deidamia), Anke Herrmann (Nerea), Akie Amou (Achille), Lucia Sciannimanico (Ulisse), Martin Kronthaler (Fenice), Wolf Matthias Friedrich (Licomede)

Anaclase

« Deidamia qui bénéficie de la plus belle fosse. Les pupitres sont très équilibrés, et l’hystérie inquiète des cordes rencontre avantageusement l’élégie des bois. On retrouvait Katrin Wittrich au clavecin, entendue dimanche soir ici même, secondée par Massimiliano Toni, et l’on saluera les interventions délicieuses de Francesco Romano au théorbe. L’Orchestre du Festival Händel est ici dirigé par le vif Alessandro De Marchi dans une lecture enlevée, élégante, tonique. Cette fois, aucun souci de hauteur de son : les musiciens se sont montrés fiables et fidèles.
Sur scène s’avère gênant l’emploi systématique de femmes dans des rôles d’hommes. C’était alors monnaie courante, la mode napolitaine n’ayant pas vu scrupules à faire chanter les nourrices par des barytons. Achille incarné par une femme plutôt que par un contre-ténor n’est pas incongru, étant donnée la situation de travestissement qui à elle seule fait le sujet de l’œuvre. La partition semble d’ailleurs manifestement écrite pour une femme. Mais Ulysse ? Le choix vient ajouter à la confusion. Il est vrai que Lucia Sciannimanico donne le change avec beaucoup de crédibilité par un jeu étudié jusqu’en ses moindres détails. Le metteur en scène joue avec cette question en habillant le roi Lykomedes en vieille coquette du XVIIIe siècle au début du premier acte.
Anke Amou (Achille) charme par un joli timbre et quelques vocalises légères. Wolf Matthias Friedrich (Lykomedes) déploie des graves somptueux ; si l’on déplore le manque de phrasé et un chant mené en escalier, son si divertissant personnage est tenu d’un bout à l’autre du spectacle. La Deidamia d’Ann Monoyios est excessivement confidentielle, à tel point qu’elle ne parvient pas à dominer le duo de clavecins d’In vano… (récitatif de la Scène 5 de l’Acte I). Quant à son aria de clôture d’acte, Nasconde l’usignol’in alti rami il nido, s’y perçoivent des vocalises et variations délicates et intéressantes (sans perdre à l’esprit qu’elles sont libres, à ce moment, de tout accompagnement instrumental). Si le timbre attachant et sonore de Martin Kronthaler sert un Phénix honorable, ce sont surtout Ulysse et Nerea qui bénéficient des voix les plus marquantes. Après un temps de chauffe assez long qui rend ses premières apparitions guère convaincantes, Lucia Sciannimanico ravit dès le deuxième acte par un timbre chaleureux, un legato envoûtant et une vraie présence scénique. Enfin Anke Herrmann gratifie l’écoute de vocalises inégalées, notamment dans Di lusinghe, di dolcezza non fatica non asprezza parfaitement exécuté, en assumant des ornements splendides sur le Da Capo. De même la félicitera-t-on pour son Quanto ingannato (Acte II).
Quant à la mise en scène… Merci aux belugas de l’acte médian et à leur famille (les zoologues comprendront le fond de ma pensée). »

Caramoor International Music Festival – Etats Unis – Venetian Theater 20 juillet 2002 – Orchestra of St. Luke’s – dir. Will Crutchfield – mise en scène Melanie Helton – avec Georgia Jarman, Kate Aldrich, Maria Zifchack , Daniel Mobbs, Jonathan Hays

 

Sienne – 18 juillet 2002 – Il Complesso Barocco – dir. Alan Curtis – avec Simone Kermes (Deidamia), Dominique Labelle (Nerea), Anna Maria Panzarella (Achilles), Anna Bonitatibus (Ulisse), Furio Zanasi (Fenice), Antonio Abete (Lycomedes)

 

Halle – Opernhaus Halle – Händel Festspiele – 8, 14, 16 juin 2002 – dir. Alessandro de Marchi – mise en scène Nicholas Broadhurst – décors et costumes Jon Morrell – avec Ann Monoyios (Deidamia), Anke Herrmann (Nerea), Akie Amou (Achille), Lucia Sciannimanico (Ulisse), Martin Kronthaler (Fenice), Wolf Matthias Friedrich (Licomede)

Ann Monoyios

« Le récit est ici transposé dans un cadre contemporain…Ici on rejette presque toute notion de convergence entre la musique et la mise en scène, et on assiste à l’utilisation d’un opéra comme prétexte à une accumulation de gags et éléments intellectuello-provocateurs, vides de sens ou inaccessibles…Deidamia est sauvée par Ann Monoyios particulièrement émouvante, excellente tant dans la colorature que dans le cantabile. Le reste de la distribution s’impose aussi par la qualité du chant, la maîtrise du style et l’aisance scénique. » (Opéra International – octobre 2002)

Göttingen – 16, 18, 20, 21 mai 2002 – Opernkammerchor Hannover – La Stagione, Frankfurt – dir. Michael Schneider – mise en scène, décors et costumes Peer Boysen – lumières Hans Peter Boden – avec Heidrun Kordes (Deidamia), Claron McFaddon (Nerea), Robert Crowe (Achille), Harry van der Kamp (Lycomedes), Michael Maniaci (Ulisse), Nils Cooper (Fenice), Barbara de Koy (Nestore)



Karlsruhe – Festival Haendel – 23 juin au 8 juillet 1979 – dir. Frithjof Haas – mise en scène Hans Hartleb – décors Heinz Balthes – costumes Maria-Luise Walek – choeurs Albert Limbach


Halle – Festival Haendel – 1976 – Handelfestspielorchester Landestheater Halle – dir. Thomas Sanderling – mise en scène Wolfgang Kersten – décors et costumes Reinhard Zimmermann

Halle – Festival Haendel – 1973 – Handelfestspielorchester Landestheater Halle – dir. Thomas Sanderling – mise en scène Wolfgang Kersten – décors et costumes Reinhard Zimmermann

Halle – Festival Haendel – 1972 – Handelfestspielorchester Landestheater Halle – dir. Thomas Sanderling – mise en scène Wolfgang Kersten – décors et costumes Reinhard Zimmermann

Halle – Festival Haendel – 1971 – Goethe Theater – Handelfestspielorchester Landestheater Halle – dir. Thomas Sanderling – mise en scène Wolfgang Kersten – décors et costumes Reinhard Zimmermann

Halle – Festival Haendel – 1970 – Handelfestspielorchester Landestheater Halle – dir. Thomas Sanderling – mise en scène Wolfgang Kersten – décors et costumes Reinhard Zimmermann

Halle – Festival Haendel – 1969 – Handelfestspielorchester Landestheater Halle – dir. Thomas Sanderling – mise en scène Wolfgang Kersten – décors et costumes Harry Kleinhempel

Halle – Festival Haendel – 6 juin 1968 – Goethe Theater Bad Laüchstadt- Handelfestspielorchester du Landestheater Halle – dir. Thomas Sanderling – adaptation Waldtraut Lewin, Wolfgang Kersten – mise en scène Wolfgang Kersten – décors Reinhard Zimmermann – costumes Werner Schulz – avec Eva Haßbecker, Elisabeth Hinze


Münich – 1959 – mise en scène Arnold Heinz

 

Connecticut – Talcott Auditorium – Elmwood – 25, 27, 28 février 1959 – première exécution aux États Unis, en anglais – Opera Department of the Hartt College of Music/University of Hartford

 

Londres – St Pancras Town Hall – Handel Opera Society – 1955 – dir. Charles Farncombe

 

Halle – Festival Haendel 1954 – Orchestre du Landestheater Halle – dir. Horst Tanu Margraf – mise en scène Heinz Rückert – décors et costumes Rudolf Heinrich

Halle – Festival Haendel – 1953 – Orchestre du Landestheater Halle – dir. Horst Tanu Margraf – mise en scène Heinz Rückert – décors et costumes Rudolf Heinrich