L’oeuvre – Le compositeur
EURIDICE |
COMPOSITEUR |
Giulio CACCINI |
LIBRETTISTE |
Ottavio Rinuccini |
ORCHESTRE | Scherzi Musicali |
CHOEUR | |
DIRECTION | Nicolas Achten – direction et théorbe |
Orfeo | Nicolas Achten |
baryton |
Euridice | Céline Vieslet |
soprano |
Ninfa, Venere | Marie de Roy |
soprano |
Ninfa, Proserpina |
Laurence Renson |
mezzo-soprano |
Tragedia, Dafne | Magid El-Bushra |
contre-ténor |
Arcetro, Caronte | Reinoud van Meichelen |
ténor |
Pastore Tirsi et Aminta, Plutone |
Olivier Berten |
baryton |
DATE D’ENREGISTREMENT | 23 au 25 janvier 2008 |
LIEU d’ENREGISTREMENT | Église Saint-Jean l’Évangéliste – Beaufays |
ENREGISTREMENT EN CONCERT | non |
EDITEUR | Ricercar |
COLLECTION | Harmonia Mundi |
DATE DE PRODUCTION | 25 septembre 2008 |
NOMBRE DE DISQUES | 1 |
CATEGORIE | DDD |
Critique de cet enregistrement dans :
Présentation Scherzi musicali
http://www.nicolasachten.be/upload//euridice.pdf
« En maître des contrastes, le librettiste Ottavio Rinuccini « glace » le sens du texte, d’accents amers et tristes, comme pour mieux évacuer toute afféterie. Monologue d’Euridice, d’Orphée, choeurs pastoraux, récit des bergers et des nymphes: tous cisèlent un art majeur de la déclamation à la fois suave, fluide, d’un relief détaillé. La musicalité des voix associées, en particulier dans le choeur récurrent « Al canto, al ballo »… (Coro final, scène I, acte I) met en lumière la richesse et la subtilité de l’approche: l’affliction sous l’apparent bonheur. Chaque soliste s’entend à merveille à exprimer cette joie de façade, plus enclin en vérité, à traduire les gouffres d’une nostalgique et insurmontable amertume.
Au sommet de ce panthéon de nouvelles voix (parmi lesquelles on notera la noblesse et l’élégance du ténor Reinoud van Mechelen, et de l’exquise soprano Marie de Roy) se hisse sans forcer, l’Orfeo de Nicolas Achten: sculpture du mot, justesse sans maniérisme d’aucune sorte (là où un Bostridge paraît a contrario trop outré), projection exemplaire de chaque voyelle, son Orphée reste constamment exalté, dans un état de transe verbale, à couper le souffle. La tendresse et la noblesse de son timbre virile, admirable de naturel dans tous les registres (aigus agiles et superbement couverts), laissent envisager dans peu de temps, un Orfeo montéverdien de première importance. D’autant plus si le chanteur cultive cette humilité du chant, ce sens supérieur de la mesure et de la finesse. D’ailleurs, comme Giulio Caccini, lui-même ténor et joueur de chitarrone, le baryton bruxellois dirige aussi son ensemble Scherzi Musicali, tout en chantant et jouant … du théorbe. Voilà qui le dispose davantage à incarner sur scène, le mythe du chanteur à la lyre.
Le soin dans la distribution de chaque personnage offre aussi une superbe galerie d’individualités vocales. Sur les traces du Concerto Caccini, composé de Giulio et de ses filles (invités d’Henri IV en France), tous rompus à l’art du chant monodique, les interprètes du présent enregistrement, relèvent le défi, réussissant avec tempérament et musicalité, chaque tableau du mythe. Chacun impose sans exception une personnalisation des rôles qui montre outre le génie de Caccini, ce que lui doit aussi le non moins génial Monteverdi, de la génération suivante. D’ailleurs, comme le précise la notice, il est probable que les effectifs de l’Euridice soient très proches de l’Orfeo montéverdien. L’interprétation est totale, défendue sous le feu d’une diction impeccable, par une vision d’ensemble, indiscutable. Ajoutons l’activité permanente du continuo instrumental, transparent et fortement caractérisé là encore, où règne surtout la vibration de la corde grattée et pincée (guitare, théorbe, luth, clavecin, harpe…) : difficile d’obtenir meilleure alliance entre voix et instruments.
En plus de dévoiler la valeur poétique d’une partition majeure, l’album révèle aussi la nouvelle génération baroqueuse à l’oeuvre, triomphatrice d’une partition qui malgré son amorce tragique, s’achève par le triomphe de l’amour sur la mort. Album événement. »
Le Monde de la Musique – janvier 2009 – appréciation 4 / 5
« Deux versions de cet opéra, jamais éditées en disque compact et plutôt ratées, ont déjà été enregistrées dans les années 1980. Autant dire rien pour un des plus grands événements de l’histoire de la musique: un opéra qui précède de sept ans l’Orfeo de Monteverdi (1607), inspiré de la même fable r mythologique et qui compte une trentaine de versions. Le livret et la musique de ce dernier ont certes une plus grande envergure dramatique et philosophique, mais l’oeuvre de Caccini mérite-telle cette indifférence?
Scherzi Musicali ne le pense manifestement pas puisqu’il choisit de lui consacrer son premier disque. Un beau défi pour un tout jeune ensemble fondé et dirigé par Nicolas Achten, Bruxellois de vingt-quatre ans, chanteur capable de s’accompagner au théorbe, à la harpe ou au clavecin.
Naturellement, cet opéra encore expérimental obsédé par le tout nouveau recitar cantando, cette façon de parler en musique, parle plus qu’il ne chante à nos oreilles « modernes ». Mais il varie ses couleurs en incluant des choeurs polyphoniques ou d’inspiration populaire et sait admirablement suivre le rythme de la parole. Bien que non italiens, les chanteurs soignent particulièrement cette juxtaposition entre les lignes du livret et de la partition au point de les confondre. Nicolas Achten incarne un Orphée noble (« Non piango e non sospiro ») et émouvant (« Funeste piagge » évoque le « Possente spirto » de Monteverdi) et Cécile Vieslet une Eurydice rayonnante.
Malgré un effectif limité à cinq, l’ensemble instrumental, exclusivement constitué de cordes pincées (harpe, basse de viole, luth, clavecin), construit un foisonnant décor et un solide soutien harmonique brillamment valorisés par la prise de son de Jérôme Lejeune. »