Achille et Polixène

COMPOSITEUR Jean-Baptiste LULLY / Pascal COLASSE
LIBRETTISTE Jean Galbert de Campistron

 

Tragédie en musique commencée par Jean-Baptiste Lully (Ouverture et acte I), terminée par Pascal Colasse, Lully étant mort le 22 mars 1687.

Le livret est de Jean Galbert de Campistron, dramaturge, académicien en 1701 (1656- 1723), d’après l’Énéide de Virgile.

Jean-Galbert de Campistron

L’oeuvre fut créée à l’Académie royale le 23 (ou le 7) (*) novembre 1687, dans des décors de Bérain, avec un prologue faisant intervenir Jupiter, Mercure, Melpomène, Terpsicore et Thalie. Distribution : Dumesny (Achille), Dun (Agamemnon), Beaumavielle (Priam), Mlle Moreau (Andromaque), Mlle le Rochois (Polixène), Mlle Desmatins (Briséis).

(*) Le 7 novembre est souvent cité. Pourtant, le « Journal » de Dangeau est sans ambiguïté :

Dimanche 23, à Versailles. « Le roi alla tirer dans son parc ; Monseigneur et madame la Dauphine allèrent à Paris voir l’opéra de la Mort d’Achille, qu’on représenta pour la première fois. Madame vint dans leur loge; ils avoient mené avec eux mesdames les Princesses. » Monseigneur fit donner 500 pistoles à Francine, qui a soin de l’Opéra depuis la mort de Lulli, son beaupère. Campistron a fait les paroles et Colasse les airs. Le premier acte avoit été fait par Lulli.

Les ballets étaient réglés par Lestang (actes I et IV) et Pécourt (Prologue, actes II et III).

Achile et Polixène - décors de l'acte V - scène 6

Ce fut la première œuvre représentée à l’Académie royale après l’attribution à Jean-Nicolas de Francine (*) de la conduite, direction et gouvernement de celle-ci, par brevet royal du 27 juin 1687, en association avec les héritiers de Lully.

(*) Jean-Nicolas de Francine (1662 – 1735), issu d’une famille de fontainiers florentins (les Francini), venus en France sous le règne de Henri IV, naturalisée en 1600, détentrice de la charge d’intendant général des Eaux et Fontaines jusqu’en 1784. Maître d’hôtel du roi en juin 1667, épousa Catherine-Madeleine Lully le 18 avril 1664, en présence du roi.

Armes de Jean-Nicolas de Francine : d'azur à la main gantée d'argent, mouvant de senestre, tenant une pomme de pin d'or, surmontée d'une étoile du meme, accompagnée de 3 fleurs-de-lys d'or

L’œuvre suscita des épigrammes dont un dans lequel on qualifiait la musique de plate et misérable, et les vers affreux.

La partition fut imprimée par Christophe Ballard l’année de la création.

L’ouvrage fut donné à Hambourg en 1692.

L’oeuvre ne fut reprise qu’une fois, le 11 octobre 1712, avec un nouveau prologue (La Félicité et Encelade). Distribution : Mlle Poussin (La Félicité,Vénus), La Rozière (Encelade), Cochereau (Achille), Le Myre (Patrocle), La Rozière (Diomède), Hardouin (Agamemnon), Thévenard (Priam), Mlle Heusé (Andromaque), Mlle Journet (Polixène), Mme Pestel (Briséis), Mlle Antier (Junon).

Ballets : Les Graces (Mlles Prévost, Guyot et Isec) à l’acte I,

 

Personnages : Achille, roi de Thessalie ; Patrocle ami d’Achille ; Diomède, l’un des chefs de l’armée des Grecs ; Arcas, confident d’Achille ; Agamemnon, roi de Mycène et d’Argos, chef de tous les Grecs ; Priam, roi de Troie ; Andromaque, veuve d’Hector, fils de Priam ; Polixène, fille de Priam ; Briséis, princesse prisonnière d’Achille ; Vénus, Les Grâces, les Amours et les Plaisirs qui suivent Vénus, Junon, La Haine, la Discorde, la Fureur, L’Envie

  

Synopsis

Prologue

Mercure descend dans un lieu de théâtre ruiné dans lequel Melpomène, Terpsicore et Thalie se lamentent : le Roi ne pense qu’aux conquêtes et néglige les fêtes. Mercure les rassure : Jupiter s’intéresse à leur sort. Le théâtre reprend sa magnificence. Les Muses se réjouissent. Jupiter descend dans son char et leur demande de célébrer l’invincible Achille, qui n’est autre que le Roi.

 Acte I

 Dans l’île de Tenesdon où Achille s’est retiré depuis sa querelle avec Agamemnon

Achille explique à Patrocle qu’il en veut à Agamemnon – qui lui a ravi la belle Briseis – et aux Grecs, et qu’il refuse de les aider contre Troie. Patrocle lui demande alors de lui prêter les armes forgées spécialement par Vulcain. Achille accepte puis est gagné par la crainte que son ami périsse. Diomède vient à son tour demander à Achille de sortir de son isolement, alors que les Grecs piétinent devant Troie. Achille ne cède pas, d’autant qu’il reçoit la visite de Vénus. Celle-ci paraît en l’air avec l’Amour, accompagnée des Grâces et des Plaisirs. Vénus leur demande de distraire le héros. Arcas arrive porteur d’une mauvaise nouvelle : la mort de Patrocle. Achille décide d’aller le venger.

Acte II

Le camp des Grecs devant Troie

Diomède persuade Agamemnon de rendre Briseis à Achille. Agamemmnon se retire comme arrive Achille vainqueur de Troie, accompagné des soldats grecs qui l’acclament. Arcas persuade le roi Priam, qui reste avec sa fille Polixène, et sa belle-fille Andromaque, veuve d’Hector, de faire confiance à Achille. Priam se présente devant Achille. Avec Andromaque il demande à pouvoir rendre les honneurs à la dépouille d’Hector. Attendri, Achille accepte.

Acte III

Dans le quartier d’Achille

Achille avoue à Arcas qu’il est tombé amoureux de Polixène, et lui demande d’aller obtenir l’accord de Priam. Survient Agamemnon qui vient « faire la paix » et qui décide de lui rendre Briseis. Celle-ci est surprise de l’accueil que lui réserve Achille. Elle comprend que ce dernier est épris d’une autre, et ne souhaite plus que la mort. Achille est torturé. Briseis fait appel à Junon, hostile aux Troyens pour détourner Achille de Polixène. Junon répond à son appel et descend sur son char pour l’assurer de son appui, avec l’aide de la Haine, la Fureur, la Discorde et l’Envie qu’elle envoie chez les Troyens. Briseis reprend espoir. Des Bergers et Bergères chantent la paix revenue.

Acte IV

Dans le magnifique Palais de Priam

Polixène est partagée à l’égard d’Achille entre la haine pour les malheurs de Troie et l’amour qu’elle ressent pour lui. Andromaque vient lui reprocher de ne pas s’opposer au projet d’Achille de l’épouser, et se lamente d’être seule à défendre l’honneur de Troie. Elle laisse Polixène torturée entre l’amour et le devoir. Priam vient lui annoncer qu’il se réjouit du projet d’hymen. Polixène dit se soumettre à la volonté de son père. Priam demande que l’on organise des réjouissances.

Acte V

L’avenue et le temple d’Apollon

 Achille attend avec impatience la venue de Polixène. Celle-ci arrive, menée par son père. Achille et Priam demandent que les serments soient échangés devant l’autel d’Apollon. Briseis pense que Junon l’a abandonnée, et se précipite pour empêcher la cérémonie, au péril de sa vie. Quand elle arrive, les Grecs sortent en désordre du temple, annonçant la mort d’Achille tué par Pâris. Briseis en appelle à la vengeance des Grecs. Polixène est folle de douleur, elle voit Achille qui l’appelle des enfers, elle se tue et expire.

 

21ème Opéra donné par l’Acad. R. de Musi. le 7 Novembre 1687. C’est le premier Opéra représenté depuis la mort de Lully, arrivée au mois de Mars de cette même année. Le poëme est de Campistron, la mus. de l’ouverture, & du premier Ac. étoit encore de Lully, le reste fut achevé par Colasse, son éleve. Cet Opé. est imprimé partition in-fol. Voici une Epigramme que l’on fit à son sujet :

Entre Campistron & Colasse

Gand débat s’émut au Parnasse,

Sur ce que l’Opéra n’a pas un sort heureux.

De son mauvais succès nul ne se croit coupable

L’un dit que la Musique est plate & misérable,

L’autre que la conduite & les vers sont affreux,

Et le grand Apollon, toujours Juge équitable,

Trouve qu’ils ont raison tous deux.

Le Prologue est formé par Jupiter, Mercure, Melpomene, Terpsicore & Thalie. Dans une seule reprise qu’on a faite de cette Tragédie, 11 Octobre 1712, On y mit un autre Prolo. qui se passe entre la Félicité & Encelade. (de Léris – Dictionnaire des Théâtres)

 

Livret disponible sur livretsbaroques.fr  Extraits audio : Ouverture, Gavotte

http://www.youtube.com/watch?v=rZ_wKbw9580

 

Représentations :

Hambourg – Bucerius Kunst Forum – 20, 21 septembre 2007 – Octogonales 2007 – en version de concert – Vokalensemble St. Jacobi – Cythara-Ensemble auf historischen Instrumenten – dir. Rudolf Kelber – avec Tanya Aspelmeier (Polixène, Vénus), Nathalie de Montmollin (Briseis, Thalie), Julia Barthe (Andromaque, Terpsichore), Betty Klein (Junon, Melpomène), Michel Connaire (Achille), Henning Kaiser (Arcas), Roland Hartmann (Priam), Jörg Gottschick (Agamemnon, Patrocle), Sebastian Naglatzki (Diomede), Joachim Kruse (Chef des Grecs)