L’Isola d’Alcina (L’Île d’Alcine)

COMPOSITEUR Riccardo BROSCHI
LIBRETTISTE Antonio Fanzaglia

 

Dramma per musica, sur un livret d’Antonio Fanzaglia (qui inspira le livret d’Alcina de Haendel), représenté au teatro Capranica de Rome en 1728.

Le livret publié à Florence en 1727 par Michele Nestenus, le présente comme : Drama da Rappresentarsi in Roma Nella Sala De’ Signori Capranica il Carnovale Dell’anno 1728. Dedicato All’altezza Reale di Violante Beatrice di Baviera (*). Un exemplaire est conservé à Bologne, au Civico Museo Bibliografico Musicale.

(*) Violante-Béatrice de Bavière (née le 23 janvier 1673 à Munich et morte le 29 mai 1731 à Florence) était la plus jeune fille de l’électeur Ferdinand Marie de Bavière et d’Henriette de Savoie. Elle avait épousé par procuration, le 25 novembre 1688 Ferdinand de Médicis, prince de Florence, grand-duc héritier de Toscane et fut, de 1717 jusqu’à sa mort en 1731, gouverneur de Sienne.

Distribution : Domenico Ricci, castrat soprano, né à Fano, dit Menicuccio (Alcina) ; Carlo Broschi, dit Farinelli, frère du compositeur, dans le rôle de Ruggiero ; Stefano Pasi (Bradamante) ; Biagio Ermini (Morgana) ; Annibale Imperatori (Oronte) ; Domenico Antonio Angelini (Melissa).

La chorégraphie était signée de Tomaso Marconi , les costumes de Domenico Ruggieri, les décors de Giovanni Battista Oliviero.

Une reprise eut lieu l’année suivante au Nuovo Teatro de Parme, sous le titre Bradamante nell’isola d’Alcina, Drama da Rappresentarsi in Parma Nel Novo Teatro di S.a.s. il Carnovale Dell’anno 1729, Dedicato All’altezza Serenissima di Enrichetta D’este Farnese, Duchessa di Parma, Piacenza (*).

(*) Enrichetta d’Este, née à Modène le 27 mai 1702 et morte à Borgo San Donnino le 30 janvier 1777. Fille du duc de Modène et de Reggio Emilia Rinaldo d’Este et de la princesse Charlotte de Brunswick-Lunebourg, elle fut duchesse de Parme après son mariage avec Antoine Farnèse et membre du conseil de régence après la mort de celui-ci et jusqu’en septembre 1731.

Le livret fut édité par les héritiers de Paolo Monti à Parme en 1729. Un exemplaire est conservé à Bologne, au Civico Museo Bibliografico Musicale.

Distribution : Caterina Cesari (Barsina) ; Lucia Lancetti (Bradamante) ; Teresa Zanardi (Alcina) ; Giuseppe Ristorini (Ruggiero) ; Rosa Mancini (Moragna) ; Francesco Braganti (Oronte) ; Marianna Marini (Melissa).

La chorégraphie était signée de Francesco Massimiliano Pagnini, les décors de Pietro Righini.

Musique perdue.

 

Personnages : Alcine (Alcina), enchanteresse ; Roger (Ruggiero), retenu dans l’île par ses enchantements ; Bradamante (Bradamante), fiancée à Roger, venue dans l’île sous le nom de Richard, son jumeau ; Morgane (Morgana), sœur d’Alcine ; Oronte (Oronte), amant de Morgane ; Mélisse (Melissa), en habit d’homme, amenée par Bradamante pour libérer Roger.

 

Argument (*)

La présente fable est tirée d’un épisode bien connu de l’Arioste, aux chants 6, 7 et 8 de son poème, où l’auteur imagine que le magicien Atlant, après avoir élevé Roger, l’a conduit dans l’île d’Alcine, enchanteresse des plus puissantes, afin que, s’étant épris d’elle, il y reste sans plus jamais retourner au métier des armes, dans lequel le nécromant avait prévu, grâce son art, qu’il laisserait la vie. Bradamante, sœur jumelle du paladin Richardet, auquel elle ressemble de visage, aime démesurément Roger ; en le cherchant, elle a rencontré la magicienne Mélisse qui l’a informée de sa captivité et lui a offert de le libérer, en lui confiant un anneau, auparavant détenu par Angélique, lequel défait tous les enchantements et rend invisible quiconque l’a dans la bouche.

Mélisse, arrivée sur l’île, se montre au jeune homme sous les traits d’Atlant, son mentor, et, sous cet aspect, lui reprochant la vie efféminée qu’il mène, elle le fait revenir, par la vertu de l’anneau, à la générosité de ses anciens sentiments ; après qu’elle a trouvé un moyen pour qu’il récupère ses armes, il s’enfuit, utilisant l’éclat de son bouclier enchanté pour repousser les monstres qui veulent empêcher son départ.

Enfin, Mélisse, mettant à profit le moment où Alcine s’est éloignée pour suivre les traces de Roger en fuite, défait tous les enchantements de l’île, qui redevient déserte comme elle l’était initialement ; les nombreux chevaliers qu’Alcine, lassée de leur amour, avait changés en diverses formes monstrueuses et inanimées dans les forêts, retrouvent leur première apparence.

L’auteur a utilisé ce récit en maint endroit, et l’a adapté, avec d’autres événements vraisemblables, aux usages actuels du théâtre et de la scène.

 

Avertissement aux spectateurs et protestation (*)

Les excellents poètes ont souvent donné au public de très utiles enseignements moraux sous le voile des allégories et des fables qui, séduisant par l’invention et par les couleurs de l’éloquence, sont en même temps utiles et formatrices. Notre Arioste a merveilleusement usé de cet artifice lorsque, dans la scélératesse de son Alcine, dans son Roger efféminé, dans sa sage Mélisse, dans les enchantements de l’île, dans l’anneau qui les défait, il a voulu dessiner les différentes passions qui combattent l’homme avec la force de la concupiscence, et la droite raison qui, aidée de la lumière divine, les surmonte et triomphe d’elles. Averti de cela, le spectateur saura faire de cette fable l’usage avisé qui convient, n regardant les vains prestiges et les enchantements avec le mépris et la moquerie qu’ont pour eux les sages.

L’auteur proteste que tout ce qui s’écarte de la seule vérité catholique sert uniquement aux exigences de la poésie et du théâtre, etc.

(*) traduction Alain Duc

 

Livret en français disponible sur livretsbaroques.fr