Arsilda, regina di Ponto (1715)

COMPOSITEUR Antonio VIVALDI
LIBRETTISTE Domenico Lalli
DATE DIRECTION EDITEUR NOMBRE LANGUE FICHE DETAILLEE
2004 Federico Maria Sardelli CPO 3 italien

Opéra (RV 700) en trois actes, dédié au comte Giacomo Brivio, créé avec succès au Teatro San Angelo de Venise, le 27 octobre 1716.

A l’automne 1715, Vivaldi avait semblé exclu de la direction du teatro San Angelo, au profit de l’impresario Pietro Denzio. La création d’Arsilda au San Angelo apparaît comme une reprise en main de fait, même si Denzio avait été remplacé comme impresario par l’ancien chanteur Pietero Ramponi.

Le livret avait été soumis à la censure dès 1715, mais l’avis défavorable conduisit à une nouvelle version qui fut avalisée le 18 octobre 1716. Vivaldi remanbia lui-même le livret et il en résulta une rivalité durable avec le librettiste Domenico Lalli.

 

Distribution lors de la création : Anna Vincenza Dotti, mezzo d’origine bolonaise (Arsilda), Anna Maria Bombaciari, épouse de Fabri, mezzo (Lisea), Annibale Pio Fabri, ténor d’origine bolonaise (Tamese), Maria Teresa Cotte (Mirinda), Carlo Cristini, castrat soprano d’origine turinoise – qui remplaça le castrat soprano turinois Carlo Vacata – (Barzane), Angelo Zannoni, basse d’origine vénitienne, de retour de Londres (Cisardo), Antonia Pellizzari, dite la Tonina, soprano (Mirinda)

Des reprises eurent sans doute lieu à la fin de 1716 au Théâtre de la Cour de Kassel et à Dresde.

 

Personnages : Arsilda, reine du Pont, éprise de Tamese ; Lisea, présumée morte, déguisée en Tamese, son frère jumeau présumé disparu en mer, éprise de Barzane ; Tamese, roi de Cilicie, déguisé en jardinier, épris d’Arsilda ; Barzane, roi de Lydie, épris de Lisea puis d’Arsilda ; Mirinda, princesse royale, confidente de Lisea ; Nicandro, prince de Bythinie, confident et allié de Tamese ; Cisardo, oncle paternel de Tamese et Lisea, régent

 

Argument

Depuis la mort de son époux, Antipatra, reine de Cilicie, partage le pouvoir avec Cisardo, l’oncle de ses jumeaux Tamese et Lisea, jusqu’à la majorité de ces derniers. Suite à une révolte, Tamese gagne les frontières de l’empire avec Barzane, le jeune roi de Lydie, qui est promis en secret à sa soeur. Hôtes du roi du Pont, ils s’éprennent tous les deux de sa fille Arsilda. Leur amitié se brise. Arsilda chosit Tamese qui lui promet de l’épouser, et Barzane jure de se venger. Au retour, Tamese est victime d’un naufrage. Comme le trône en Cilicie est exclusivement réservé à un héritier mâle, Altipatra fait annoncer officiellement la mort de Lisea et oblige cette dernière à se faire passer désormais pour son frère jumeau. A la mort de sa mère, Lisea monte sur le trône. Entre-temps, Arsilda a appris que le prétendu Tamese est de retour, et elle se rend en Cilicie pour les noces promises.

Acte I

Au palais du souverain à Ama, capitale de la Cilicie

Le jour du serment annuel de fidélité à la maison du roi, Lisea, travestie en Tamese, annonce au peuple en liesse ses noces prochaines avec la reine du Pont. Sur ces entrefaites, Cisardo, l’oncle de Lisea, appelle à une vigilance accrue, car un ennemi inconnu s’est introduit dans la ville pour enlever l’épouse royale et s’emparer du trône.

Dans ses appartements privés, Arsilda presse une fois de plus son « fiancé » de tenir bientôt sa promesse de mariage. Même Nicandro, prince de Bythinie, confident et allié de Tamese, jure en toute innocence fidélité dans le combat qui l’oppose à l’ennemi.

Seule, Lisea fait paart de son désespoir à Mirinda, sa confidente, qui est seule au courant de la substitution : à la compassion pour Arsilda et à la peur d’être démasquée s’ajoute la douleur de la perte de son frère et de la trahison de son fiancé, Barzane, qu’elle aime toujours. Mirinda de son côté décide de renoncer totalement à l’amour.

L’intrus hostile n’est autre que Barzane. Lui aussi a entendu parler du retour de « Tamese », et il veut assouvir sa vengeance. En fait le vrai Tamese n’est pas mort : déguisé en jardinier des parcs royaux, il a su garder l’incognito, mais il est profondément amer, car il est persuadé que sa soeur a voulu lui prendre son trône en son absence. Lorsque Barzane surgit pour enlever Arsilda, Tamese vole à son secours, mais sans se faire reconnaître. Barzane est maîtrisé. Tandis qu’Arsilda éprouve de l’attirance pour son sauveur inconnu, Lisea apprend par son oncle, lors d’une cérémonie de consécration des armes dans le temple de Vulcain, que Barzane a été fait prisonnier. Elle souhaite le revoir.

Acte II

Lisea, toujours déguisé en Tamese, va rendre visite à Barzane dans sosn cachot. Elle l’accuse d’avoir trahi celle qui lui était promise. Cette réaction du prétendu rival et ancien ami déconcerte Barzane.

Arsilda présente son sauveur à Lisea. Questionné sur ses origines, Tamese répond de façon évasive. Lisea, irritée, croit voir en lui son frère que l’on dit mort, de même qu’Arsilda croit reconnaître dans cet étranger l’amoureux du Pont. Lisea fait une nouvelle réponse dilatoire à Arsilda qui se comme écartelée entre ce « fiancé » qui, bizzarement, la repousse, et ce « jardinier » inconnu.

Une grande chasse est donnée en l’honneur de la déesse Diane, protectrice de la fidélité conjugale. Lisea s’empêtre de plus en plus dans ses contradictions vis-à-vis d’Arsilda. C’est « Lisea-tamese » qui révèle à Barzane lors d’une nouvelle rencontre que se fiancée Lisea vit, qu’elle a beaucoup souffert, et qu’elle doit demeurer cachée. Elle lui donne une clef pour qu’il puisse parvenir jusqu’à elle. En proie au remords, Barzane décide de demander pardon à celle qu’il a trahie. Pendant ce temps, Tamese oblige enfin Arsilda à voir la réalité en face : « Ton époux est ma soeur ». Arsilda est stupéfaite. Et Cisardo lui-même qui a surpris leur conversation, est horrifié de découvrir la tromperie de sa nièce.

Acte III

Dans les souterrains du palais, Lisea attend anxieusement l’arrivée de Barzane. Celui-ci lui demande pardon, et promet de demander sa main à « Tamese ». malgré sa joie, Lisea ne sait pas comment sortir de cette situation embrouillée.

Mirinda confesse pudiquement son inclination au « jardinier » Tamese, tandis que Nicandro s’emploie à convaincre le « sauveur de la Cilicie » de s’emparer du trône avec son aide. Tamese est de plus en plus las d’attendre et Cisardo l’exhorte à la patience. Mise au pied du mur, Lisea à son oncle l’échange de rôles dicté par la raison d’état, et elle apprend que son frère est vivant. Son oncle est résolu à mener tout cela à bonne fin.

Un peu plus tard, Barzane demande la main de « Tamese » qui est en fait Lisea toujours travestie, et il conclut la paix avec la Cilicie. Arsilda apprend par Lisea l’imminence de son mariage. En termes concis et diplomatiques, Cisardo explique enfin à tout le monde ce jeu de quiproquos. Lisea rend le rôle de Cilicie à son frère Tamese et à son épouse Arsilda, elle-même devant régner en Lydie avec Barzane. Le double mariage inopiné est célébré par le peuple dans l’allégresse générale, tandis que les couples soudain retrouvés déclarent hâtivement leur amour.

 (Livret CPO – Texte allemand de Sabine Radermacher – Traduction française de Jean Cassignol)

 

« Arsilda constitue en 1716 le troisième coup d’entrée triomphal de Vivaldi sur la scène lyrique, après Ottone in Villa à Vicence, et Orlando finto pazzo, sur cette même scène du Sant’Angelo. La même année, il donne également un autre chef-d’oeuvre : Juditha triumphans. Impresario désormais officiel, Vivaidi s’est attaché le même librettiste que pour Ottone in villa : Domenico Lalli. Mais ce sera aussi leur dernière collaboration, car Lalli rejette en bloc l’adaptation du livret à laquelle s’est livré Vivaldi après un premier rejet par la censure. Fait notable, il n’hésite panà inscrire ce différend dans la dédicace même de l’édition du livret. La censure s’acharnera d’ailleurs particulièrement sur l’ouvrage, et dans son édition, l’équipe de cet enregistrement a préféré confronter la version édulcorée à l’étape initiale, pour une partition dont la restitution est parmi les plus compliquées du corpus vivaldien. L’intrigue est d’une complexité inouïe multipliant les faux-semblants et les quiproquos. Mais qu’importe : l’essentiel est un canevas qui permet de mêler astucieusement les solistes et les choeurs, de multiplier les figuralismes, et la variété des arias dévolus à un nombre important de personnages aux tessitures équilibrées. Deux rôles se détachent particulièrement : celui de Lisea, dont l’importance aurait mérité de donner son titre à l’ouvrage, et celui de Tamese, dont la difficulté témoigne de la perfomance du premier dédicataire. Dans cette longue partition, Vivldi soigne particulièrement certaines arias, comme celle qui clôt pastoralement le premier acte : dans l’accompagnement instrumental, il y fait appel aux mêmes topiques que certaines pages de L’Eté, avec une puissance d’évocation magnifique. Le premier air de l’acte II bâtit sa mélodie sur un motif ascendant évoquant la « piqûre » du texte, un autre les flammes et les précipices, un autre l’inévitable rossignol : les exemples de ce type abondent. Mais le moment le plus magnifique est sans conteste la chasse de la scène 6, qui dans un mélange pastoral unit les corps, les flûtes, les choeurs et les solistes, dans une écriture aux arias courtes et très contrastée qui évoque irrésistiblement, dans sa verve et ses couleurs, celle des Saisons de Haydn. » (Classica/Répertoire – avril 2005)

 

Représentations :

34e Festival Opera Barga – Toscane – Teatro dei Differenti – 19 – 21 – 22 juillet 2002 – Coro da Camera Italiana, Roma – Orchestra Barocca Modo Antiquo – dir. Federico Maria Sardelli – mise en scène Davide Livermore – décors et costumes: Santi Centineo – avec Simonetta Cavalli (Arsilda), Lucia Sciannimanico (Lisea), Elena Cecchi Fedi (Mirinda), Nicki Kennedy (Barzane), Joseph Cornwell (Tamese), Sergio Foresti (Cisardo), Alessandra Rossi (Nicandro), N. Lithwick (figurante) 

 Arsilda regina di Ponto

 

New York – Alice Tully Hall – 17 juin 1998 – The Little Orchestra Society – Metropolitan Singers/Greek Choral Society – dir. Dino Anagnost – avec Ellen Rabiner, contralto (Arsilda), Julia Anne Wolf, mezzo-soprano (Lisea), Rockland Osgood, ténor (Tamese), Robert Crowe, sopraniste (Barzane), Theresa Cincione, soprano (Mirinda), Julie Newell, soprano (Nicandro), Stephen Bryant, basse (Cisardo) – première recréation mondiale