Jean-Baptiste STUCK

Jean-Baptiste STUCK, dit Batistin
vers 1680 (Livourne ou Florence) – 1755 (Paris)

 

ARIANE
opéra-ballet – représenté à Versailles, vers 1717
IL GRAN CID
opéra seria – représenté à Livourne en 1715
MANTO LA FÉE
MÉLÉAGRE
POLYDORE

 

Musique baroque – le blog de Bertrand Porot, auteur d’une thèse de 919 pages en 3 volumes, soutenue à l’Université de Tours. Consultable à la Bibliothèque Nationale, département musique, 58 rue de Richelieu, 75002 Paris (éd. ANRT, Lille, 2002) ou à la Bibliothèque du Centre de Musique Baroque de Versailles, Hôtel des Menus Plaisirs, 22 av. de Paris, 78000 Versailles.

 

« Né le 6 mai 1680 à Livourne (Italie), mort le 8 déc. 1755 à Paris. Stuck est né de parents autrichiens : son père, Giovanni-Giacomo, est négociant à Livourne où il s’est marié le 26 octobre 1679 avec Barbera Hellerbech. Rien n’est connu de sa formation musicale et on le retrouve en 1702 à Naples, au service de la comtesse de Lemos. Violoncelliste virtuose, il participe la même année à la refonte d’un opéra seria d’Albinoni représenté sous le nom de Rodrigo in Algieri. Vers 1705, Stuck rejoint à Paris la maison du duc d’Orléans, le futur Régent, où il est nommé « musicien ordinaire » à partir de 1707. Un an auparavant, est paru son premier livre de cantates dédié à son mécène. D’autres livres suivent : en 1708, 1711 et 1714.

Il donne trois tragédies en musique à l’Opéra : Méléagre (1709), Manto la fée (1711) et Polidore (1720). Seule la dernière a connu le succès : elle est reprise en 1739. En 1715 un opéra seria de Stuck, Il Gran Cid, est joué à Livourne. Le compositeur devient ensuite ordinaire de la Chapelle du Roi – sans doute vers 1722 – et est associé aux projets italiens menés par le Régent, le financier Pierre Crozat et le prince de Carignan, tous défenseurs des « goûts réunis ».

Après la mort du Régent, Stuck s’établit définitivement en France : il épouse le 17 novembre 1727, Bonne-Françoise Bérain, fille cadette du fameux décorateur Jean Bérain et obtient la nationalité française en 1733. Cette deuxième partie de la vie de Stuck voit l’arrêt presque total de ses activités de compositeur. Il continue néanmoins à mener une carrière de violoncelliste qui impressionne les auditeurs français : il impose l’instrument à l’Opéra sans doute vers 1730. De même ses cantates, exécutées au Concert Spirituel, restent longtemps appréciées du public et des connaisseurs. Lorsque Stuck s’éteint en 1755, veuf et sans enfants, il est un musicien bien inséré socialement et jouit de trois pensions, deux accordées par le roi et une par le duc d’Orléans.

La musique de Stuck se caractérise par un souci constant d’unir les styles italien et français. Son premier livre de cantates est le plus audacieux aussi bien dans le traitement vocal que dans les formations requises (quatuor à l’italienne). Il tempère ensuite les éléments ultramontains, notamment dans l’instrumentation et la déclamation du récitatif. La cantate Héraclite et Démocrite (Livre III), la plus remarquée tout au long du XVIIIe siècle, propose un merveilleux équilibre entre expression italienne et grâce française.

Ses tragédies en musique révèlent une soumission à la « variété » que demande le genre français sans toutefois renoncer à la démarche essentielle du compositeur : la réunion des goûts. Le prologue de Méléagre présente ainsi la réconciliation par Apollon des Musiques italienne et française. Dans Manto la fée, Stuck affirme ses qualités de mélodiste et son penchant pour une instrumentation recherchée. Polidore, opéra de maturité, offre un magnifique exemple de réalisation préramiste : l’héritage lullyste y est réévalué au profit d’une écriture largement tributaire des techniques ultramontaines. »