Narciso (Amor d’un ombra e gelosia d’un aura)

COMPOSITEUR Domenico SCARLATTI
LIBRETTISTE Pietro Antonio Rolli, d’après les Métamorphoses d’Ovide

 

Drame musical, sur un livret de Carlo Sigismondo Capeci, dernier des opéras commandés à Scarlatti par la reine Marie Casimire de Pologne (*), veuve du roi de Pologne Jean III Sobieski, intitulé Amor d’un Ombra e Gelosia d’un aura. Il fut créé à Rome le 20 janvier 1714, dans le théâtre privé de la reine, aménagé en 1708 dans le Palazzo construit au XVIe siècle par le peintre Federigo Zuccari, situé sur la piazza della Trinita de Monti, à l’angle de la via Gregoriana et de la via Sistina.

Palazzo Zuccari

(*) Marie Casimire Louise de la Grange d’Arquien (1641 – 1716) ; elle avait épousé le roi de Pologne Jan III Sobieski en 1665 ; à la mort de ce dernier, en 1696, elle fut exilée de Pologne, et vint s’installer à Rome en avril 1699.

Marie Casimire de Pologne

Le théâtre du palais Zuccari était de toute petite taille, sans machinerie, et favorisait donc le style pastoral. La mise en scène y était assurée par le scénographe Filippo Juvarra.

décor de Filippo Juvarra
Thomas Roseingrave (*), qui avait connu Scarlatti à Venise, reprit l’oeuvre sous le titre Narciso à l’occasion des représentations au King’s Theatre de Londres, en 1720. Le livret fut modifié par Pietro Antonio Rolli (avec notamment la suppression du personnage de Nicandro), et Roseingrave ajouta quatre pièces de sa composition (deux airs et deux duos). Il y eut cinq représentations, que Roseingrave dirigea lui-même, mais l’œuvre n’eut que peu de succès, Charles Burney parlant de la sobriété et de l’aspect ennuyeux des pièces vocales de Domenico Scarlatti.

La partition subsiste sous la forme d’une copie du manuscrit dans le fonds Chrysanders de Hambourg, découverte en 1960, et d’une édition en version réduite par John Walsh.

 

(*) Thomas Roseingrave (Winchester 1690 – Dunleary 1766 ), compositeur et organiste à St George Hanover Square à Londres

Thomas Roseingrave

 

Au centre de l’intrigue, fondée sur deux fables tirées des Métamorphoses (Céphale et Procris, et Echo et Narcisse), une chasse ouverte pour capturer un sanglier qui terrorise la région d’Athènes. Le vainqueur obtiendra la main de la princesse Procris. Céphale et Aristée sont sur les rangs, de même que Narcisse.

 

Personnages : Procris, princesse d’Athènes ; Aristée, prince de Thessalie ; Céphale, d’Eolie ; Narcisse, de Béotie; Echo, nymphe.

 

Synopsis

Acte I

Sc. 1 – Procris, princesse d’Athènes, a promis sa main au chasseur qui libérera ses domaines d’un fauve qui y sème la terreur. Aristée et Céphale, tous deux amoureux de Procris, briguent cet honneur. Procris laisse croire à Aristée, dont elle n’est pas amoureuse, qu’elle respectera son engagement, mais donne à Céphale, pour apaiser sa jalousie, une arme infaillible que Diane lui a offerte.

Sc. 2 – Narcisse vient, lui aussi, offrir ses services à Procris. La princesse lui reproche son indifférence à l’égard de la nymphe Echo, désespérément amoureuse de Narcisse. Ce dernier proclame sa fierté d’être à l’abri des flèches du dieu Amour.

Sc. 3 – L’oracle de Delphes a ordonné à Echo de s’installer près du temple de Cupidon. Elle s’y cache pour observer Narcisse pris à partie par Aristée qui voit en lui un rival dans le cœur de Procris. Narcisse le détrompe.

Sc. 4 – Au cours de la cérémonie des sacrifices destinés à placer la chasse sous de bons auspices, Céphale présente Echo à Procris.

Sc. 5 – Echo, pour se cacher, prétend s’appeler Aura (Brise), nymphe dont Procris croit Céphale amoureux. Pour se venger, Procris leur fait croire qu’elle est amoureuse de Narcisse.

Acte II

Sc. 1 – Désespérée d’avoir une rivale, Echo se cache dans la forêt où arrive Narcisse qu’elle observe sans être vue.

Sc. 2 – Echo dévoile sa présence à Narcisse en faisant écho à ses paroles. Narcisse fuit, oubliant son arme dont Echo veut se servir contre elle-meme. Céphale survient et l’en empêche. Arrive aussi Procris qui, se croyant trahie par Céphale, reprend l’arme qu’elle imagine être celle qu’elle lui avait remise. Elle décide de se venger en se servant d’Aristée.

Sc. 3 – Procris confie l’arme à Aristée et l’assure de son désir de le voir gagner ; mais celui-ci s’aperçoit que l’arme est celle de Narcisse.

Sc. 4 – Narcisse revenu chercher son arme, s’étonne qu’Aristée l’ait reçue des mains de Procris. il en conclut que, peut-être, Procris se fait passer pour Echo. Resté seul, Aristée laisse éclater sa colère contre la tromperie de Procris.

Sc. 5 – Céphale vient de tuer le fauve et, allongé sur l’herbe, invoque la brise en lui demandant de le rafraîchir. Procris surprenant ces ‘aveux’ se jette sur lui pour le tuer.

Sc.e 6 – Au comble du désespoir, Echo retarde son projet de se jeter dans la rivière pour contempler une dernière fois Narcisse, déçu de n’être pas le vainqueur.

Sc. 7 – Assoifé, Narcisse se penche sur l’eau et aperçoit un visage inconnu (celui d’Echo) dont il ne peut détacher ses regards.

Sc.e 8 – Le reflet a disparu. Narcisse, tombé amoureux, part à sa recherche.

Acte III

Sc. 1 – N’ayant pu retrouver le visage aimé, Narcisse décide d’explorer le lit de la rivière. Echo croit qu’il s’est noyé et veut le rejoindre, mais survient Céphale qui la sauve une nouvelle fois.

Sc. 2 – Céphale est rejoint par Aristée auprès duquel il se lamente de l’injustice de Procris. Aristée le rassure sur les sentiments de Procris à son égard. Alerté par le mouvement d’un buisson, Céphale lance son arme et blesse Procris qui s’y était cachée.

Sc. 3 – Echo s’est échappée et tente une nouvelle fois de se tuer, mais elle s’évanouit. Narcisse, sorti de la rivière la découvre. Echo lui révèle son identité et ils partent rendre grâce ensemble au dieu de l’Amour.

Sc. 4 – Aristée annonce à Céphale que Procris n’est plus en danger et qu’elle l’attend. Céphale exulte de bonheur et Aristée, enfin délivré des chaînes de l’Amour, chante sa liberté retrouvée.

Sc. 5 – Les deux couples, Narcisse et Echo, Procris et Céphale, entonnent un hymne au dieu de l’Amour, tandis qu’Aristée célèbre les amants.

Chœur final.

(Atelier Lyrique de Tourcoing – Cahier n°2 – novembre 1985)

 

Représentations :

Festival de musique de Besançon – Franche Comté – Kursaal – 27 septembre 2002 – Musique des Lumières – dir. Jean-Christophe Frisch – mise en scène Dominique Houdart – avec Cyrille Gerstenhaber (Narciso), Gemma Coma-Alabert (Eco), Patricia Gonzalès (Procri), Christophe Einhorn (Cefilo)

« Le chef complète son effectif – cordes, flûte et continuo – avec deux clarinettes. Cette coloration chaude et moirée est particu-lièrement bienvenue, dans une oeuvre dominée par des airs qui expriment souvent un sombre désespoir. C’est que l’histoire est celle des amours tragiques de Narcisse et d’Echo, d’une part et de Céphale et Procris, d’autre part. La scénographie est due à Dominique Houdan et à sa compagnie. L’action est représentée grâce à de grandes marionnettes évoluant dans des cadres…On pourra tout de même regretter la monotonie des couleurs et le fait que le mode de représentation semble parfois amoindrir l’ampleur pathétique du livret, de la partition et de l’interprétation. Après une première partie parsemée d’approximations et de trop de nervosité, les deux suivantes donnent lieu à de magnifiques prestations, tant de la part des instrumentistes que des chanteurs. La soprano Patricia Gonzalez, remarquée il y a quelques années, à Royaumont, parmi les étudiants de Gérard Lesne, a gagné en assurance et tient toutes ses promesses. On apprécie les qualités dramatiques de Cyrille Gerstenhaber et de son soprano plus sombre. La mezzo-soprano Gemma Coma-Alabert séduit et &eacut;meut en Eco, et l’héroique et sincère Cefilo de Christophe Einhorn bénéficie des talents rares d’un ténor à la technique adéquate. Un beau spectacle qui devrait gagner en maturité. » (Opéra International – novembre 2002)

Tourcoing – Théâtre Municipal – 15, 17 et 19 novembre 1985 – Angers – Théâtre Musical – 23, 24 novembre 1985 – Boulogne sur Mer – Théâtre Municipal – 1er décembre 1985 – Bordeaux – Grand Théâtre – 21, 22 et 23 mars 1986 – Chalon sur Saône – Espace des Arts – 16 avril 1986 – La Grande Ecurie et la Chambre du Roy – dir. Jean-Claude Malgoire – mise en scène, décors et costumes Daniel Ogier – lumières Joël Hourbeigt – avec Dominique Visse (Narciso), Sharon Cooper (Eco), Isabelle Poulenard (Procri), Philippe Cantor (Cefilo), Michel Verschaeve (Aristeo)

Festival d’Automne de Madrid – 1985 – dir. René Clemencic – mise en scène Sergio Vartolo – scénographie Toni Casalongua

Varsovie – 1979 – reprise

Varsovie – Grand Théâtre – 1978 – dir. Ewa Michnik – mise en scène Stanislas Syrewicz – scénographie Zofia Wierchowicz – chorégraphie Witold Gruca