Mitridate Eupatore

COMPOSITEUR Alessandro SCARLATTI
LIBRETTISTE Girolamo Roberti Frigimelica

 

DATE DIRECTION EDITEUR NOMBRE FICHE DETAILLEE
1957

 Tragedia en cinq actes, sur un livret de Girolamo Roberti Frigimelica, créé au théâtre San Giovanni Grisostomo de Venise, le 5 janvier 1707, sous la direction du compositeur.

Il fait partie des deux opéras créés par Scarlatti pour le S. Giovanni Grisostomo, sur invitation de Vincenzoo Grimani.

Quoique considérée comme le sommet de l’art du compositeur, l’oeuvre fut un échec. On considère que Scarlatti est un grand musicien, mais ce sont ses qualités mêmes qui le rendent mauvais, car ses compositions sont très difficiles. Il est possible que Haendel ait assisté à la représentation. Scarlatti avait, pourtant pris le soin de se conformer aux traditions de l’opéra vénitien, jusqu’à utiliser la tromba marina, instrument à archet typiquement vénitien, cité par Marcello dans son Teatro alla moda.

Le livret est tiré des « Choéphores » d’Eschyle, d’« Electre », de Sophocle, et d’« Electre » d’Euripide.

Reprises à Reggio, en 1713, au Teatro Ducale de Milan, le 15 février 1717. 

La partition est conservée à Bruxelles, dans un recueil incluant également celle du Trionfo della Liberta.

Personnages : Mitridate, roi du Pont, fils de Stratonica et de Mitridate Evergete, sous le nom d’Eupatore et avec la dignité d’ambassadeur de Tolomeo, roi d’Égypte auprès du roi du Pont (soprano) ; Stratonica, reine du Pont, mère de Mitridate Eupatore et de Laodice, devenue épouse de Farnace, depuis la mort de son époux Mtridate Evergete, assassiné avec l’aide de Farnace (soprano) ; Laodice, princesse du Pont, fille de Stratonica et de Mitridate Evergete, soeur de Mitridate Eupatore, mariée à Nicomède, bouvier du roi (soprano) ; Nicomede, bouvier du Pont, maarié en apparence à Laodice (soprano) ; Issicratea, épouse de Mitridate, en habit d’homme, passant pour Antigono, second ambassadeur du roi d’Égypte, compagnon d’Eupatore (contralto), Farnace, roi du Pont, cousin de Mitridate Evergete, amant puis époux de Stratonica ; (castrat alto), Pelopida, ministre et confident de Farnace (ténor)

Synopsis

L’action se déroule en 150 avant J-C., dans la ville de Sinope.

Acte I

Mithridate Évergète a été assassiné par sa femme Stratonice (mezzo-soprano) et son amant, son cousin Pharnace (baryton). Les enfants, Laodice (soprano) et Mithridate Eupator (ténor), ont été éloignés. La première est l’épouse du berger Nicomède et le second a trouvé refuge en Egypte, auprès du roi Tholomée. Bien des années plus tard, l’Egypte s’apprête à conclure une alliance avec le Pont. Laodice, qui médite de venger son père, est rappelée à la Cour. Elle subit les railleries de Pharnace et a une entrevue orageuse avec sa mère. Eupator et son épouse Issicratea (mezzo-soprano) arrivent déguisés en ambassadeurs égyptiens. Stratonice leur demande des nouvelles de son fils, tandis que Pharnace réclame sa tête. Laodice, se faisant à son tour passer pour une servante, promet aux faux ambassadeurs son aide s’ils sauvent son frère et lui rendent son trône.

Acte II

Cour devant le temple. Sur les instigations de Pharnace et de son ministre Pélopidas (ténor), le peuple réclame à grands cris la tête de Mithridate. Stratonice, envahie d’une fureur démoniaque, vient elle-même exciter la foule. Eupator affirme s’incliner devant la volonté générale et promet de ramener la tête de l’héritier légitime du trône.

Acte III

Un endroit désert. Nicomède annonce à Laodice la décision de l’ambassadeur égyptien. La jeune femme lui dit de se tenir prêt à intervenir avec des hommes armés au moment opportun. Eupator revient avec l’urne censée contenir sa tête. Le frère et la soeur se reconnaissent alors avec joie. Pharnace, venu réclamer l’urne contenant la tête de son rival, tente de tuer le prétendu ambassadeur qui, plus rapide, le transperce de son épée. Issicratea arrête Stratonice qui se jetait sur Eupator, et la tue. Les usurpateurs morts, Mithridate est couronné par sa soeur, sous les acclamations de la foule. Il sacre ensuite lui-même sa femme Issicratea, qui a repris ses vêtements féminins. Mithridate Evergète est vengé et le Pont retrouve la paix.

 

Livret :

http://www.librettidopera.it/mitrieup/mitrieup.html

Il Mitridate Eupatore, certainement l’une des oeuvres maîtresses d’Alessandro Scarlatti, a été retrouvé et transcrit par Giuseppe Piccioli (1905-1961). L’original comportait cinq actes avec onze changements de décor. Piccioli a dû raccourcir la partition, à laquelle manquaient d’ailleurs certains passages. La transcription n’a rien enlevé au style de Scarlatti, présent dans tout le développement de l’action. Présenté à Venise en 1707, Il Mitridate Eupatore ne plut pas : ce fut une déception pour le compositeur qui, à près de cinquante ans, n’était pas affranchi des préoccupations matérielles, du fait de sa nombreuse famille. (Dictionnaire chronologique de l’Opéra – Le Livre de Poche)

« Le livret, en cinq actes, conte l’histoire du jeune Mitridate, nouvel Atride, reprenant le trône aux usurpateurs, Stratonica, sa mère, meurtrière du roi légitime, et Farnace, son nouvel époux. Face à un texte riche en sen-iments passionnés, en personnages démesurés, féroces ou sublimes, et en événements violents, le père de l’opera seria compose, en 1707, une partition intensément baroque et expressive.

Les différentes pièces orchestrales sont envoûtantes par leur capacité à créer les climats dramatiques les récitatifs secs ou accompagnés sont des chefs-d’oeuvre de justesse dramatique : les airs et les duos ne sont jamais gratuitement jolis », mais serrent de près les affects et les situations dramatiques, jusque dans les coloratures, au dessin complexe, souvent étrange, parfois tortueux, finement adapté à l’expression des états psychologiques les plus divers. Les rôles des « méchants », Stratonica et Farnace, sont musicalement monstrueux, mais le plus beau personnage reste sans doute celui de la fidèle Laodice, soeur du héros, qui conclue notamment le second acte par un superbe andante pathétique, encore surpassé par le lamento de l’acte IV, où elle croit son frère mort. Mitridate chante lui aussi un beau largo, plein de tristesse contenue, au début de l’acte II, mais la variété et la richesse psychologique et musicale de ses airs vont de la fureur à l’explosion de joie, en passant par l’appel aux armes, les tourments de l’ambiguïté des sentiments ou l’indécision absolue. » (Opéra International – octobre 1995)

Représentations :

Festival d’opéra baroque de Beaune – 21 juillet 2017 – dir. Thibault Noally – orchestre Les Accents, avec Anthea Pichanick (Mitridate), Thomas Dolié (Farnace), Mary Ellen Nesi (Stratonica), Lucile Richardot (Antigono), Blandine Staskiewicz (Laodice), Anna Kasyan (Nicomede), Leandro Marziotte (Pelopida). Partition rééditée en 5 actes.

Festival de Schwetzingen – 16, 18 et 19 mai 1996 – dir. Thomas Hengelbrock – mise en scène Brian Michaels – décors et costumes Claudia Doderer – lumières Uwe Belzner avec Ricard Bordas, Ursula Fiedler, Thérèse Feighan, Lena Lootens, Cornelia Salje, Jeffery Gall, Guy de Mey

 

Innsbruck – Festival de Musique Ancienne – Landestheater – 14, 16 et 17 août 1995 – dir. Thomas Hengelbrock – mise en scène Brian Michaels – décors et costumes Claudia Doderer – lumières Uwe Belzner – avec Michael Chance (Mitridate Eupatore), Lena Lootens (Stratonica), Petra-Maria Schnitzer (Laodice), Guy de Mey (Farnace), Thérèse Feighan (Nicomede), Cornelia Miller (Antigono), Jeffrey Gall (Pelopida)

Lena Lootens et Michael Chance dans Mitridate

« La réalisation offerte par les metteur en scèe, décorateur et costumier, jouant la carte du dépouillement, peut-être par manque de moyens, ne soulève pas le même enthousiasme que la partition. Les personnages existent, mais la direction d’acteur échoue à rendre la force des scènes les plus extrêmes, qui prêtent parfois à sourire. Heureusement, malgré un orchestre (le Pythagoras Ensemble) extrêmement moyen, râpeux et maigre de sonorité, à la justesse, à la précision et à l’homogénéité fort précaires, la direction de Thomas Hengelbrock se révèle fort intéressante. Le chef semble avoir, à plusieurs reprises, « arrangé » la parti-tion, ce que l’on peut contester, mais sa conception, sous-estimant parfois la valeur rhétorique de certains airs et surtout des récitatifs, bien pauvres au seul clavecin, convainc par sa fougue et son engagement dramatique, sa sensibilité et son lyrisme…Seul Michael Chance, dans le rôle titre, et malgré le manque de couleur et de contrastes de sa voix, est une bonne surprise. Le chant est sensible, la voix sonore sur toute la tessiture, aisée et naturelle, capable de belles nuances, le personnage qui plus est crédible, dépassé dans les moments les plus héroïques, mais capable de charisme, de chic et de brio. Cornelia Müller se tire, quant à elle, avec beaucoup d’intensité dans l’expression, de sensibilité et d’intelligence, d’un rôle trop grave qui donne à son timbre de bien vilaines couleurs. Les autres interprètes sont capables du meilleur comme du pire, notamment Petra-Maria Schnitzer (Laodice), Thérèse Feighan (Nicomede, fiancé de Laodice, au timbre prenant, rappelant celui de Lorraine Hunt) ou Jeffrey Gall, beau musicien mais voix très ingrate (Pelopida, personnage secondaire doté de deux airs seulement, mais superbes). Les deux rôles de Stratonica (Lena Lootens) et de Farnace (Guy de Mey), enfin, sont tenus avec un engagement et un magnétisme scénique saisissants, qui ne peuvent faire oublier un chant expressionniste en pleine déroute. » (Opéra International – octobre 1995)

  ORTF – 17 octobre 1967 – Orchestre de Chambre de l’ORTF – dir. Pierre Capdevielle – Choeurs de l’ORTF – dir. Jean-Paul Kreder – avec Janine Micheau (Laodice), Janine Capderou (Stratonica), Colette Salvetti (Issicratea), Henri Gui (Eupatore), André Vessières (Farnace), Michel Caron (Pelopida), Bernard Demigny (Nicomède) – à l’occasion du XVe anniversaire de l’Orchestre de Chambre de l’ORTF

 NB. disponible en téléchargement : http://www.ina.fr/archivespourtous/index.php?vue=notice&id_notice=PHD99244419

Bordeaux – 11 mai 1962 – dir. Curiel – avec Laszlo, Carturan, Zanini, Bertocci, Gottlieb, Dondi, Peyron

 

Paris – Radio – 11 octobre 1961 – dir. Amaducci – avec Selig, Capderou, Peyron, Mollien,

 

Londres – Appia – 16 août 1957 – avec Sutherland, Sinclair, Boyce, Lawson, Cameron, Byles, Robertson

 

 Milan – Piccola Scala – 11 mai 1956 – reconstitution de G. Piccioli, à partir de fragments -dir. Sanzogno – avec Los Angeles, Simionato, Gardino, F. Ferrari, Roma, Zamieri

 

 

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