Philippe II d’ORLÉANS

Philippe II d’ORLÉANS
2 août 1674 – 2 décembre 1723

Gravure d'après un tableau d'Antoine Dieu

SUITE D’ARMIDE OU JÉRUSALEM DÉLIVRÉE
PENTHÉE
PHILOMÈLE
livret du marquis Charles-Auguste La Fare, capitaine des gardes du Régent – représenté trois fois au Palais Royal en 1694, peut-être aussi chez la princesse de Conti à Fontainebleau, le 21 octobre 1703 – en collaboration avec M. A. Charpentier – musique et livret perdus

 

Le Régent
 

Philippe, duc de Chartres puis d’Orléans, neveu de Louis XIV, régent de France (1715-1723), musicien amateur et italophile. C’est avec Charpentier qu’il apprit la musique, française mais aussi italienne, sans doute de novembre 1682 à mai 1693. Il collaborèrent à l’opéra Philomèle, représenté au Palais-Royal en 1694. Aidé par C.-H. Gervais et d’autres membres de sa maison, le duc composa Renaud et Armide (1705) et Penthée (1705, rév. l709). Il employa des musiciens aussi bien français qu’italiens (parmi lesquels Nicolas Bernier, Campra, François Duval, C-H. Gervais, Michele Mascitti, J.-B. Morin et J.-B. Stuck) et encouragea la composition et la publication de cantates et de sonates pour violon dans le style italien, frayant ainsi la voie à un style français plus cosmopolite connu sous le nom de Goûts réunis. Durant sa régence prévalut une musique plus légère et plus gaie, écho du style rococo du peintre Antoine Watteau. (Guide de la Musique baroque – Fayard)

 

« Je mettrai ici une Anecdote assez curieuse au sujet de Bernier, que M. le Duc d’Orléans honorait de ses bontés. Ce Prince s’amusoit quelquefois à composer des morceaux de Musique, et quelques-uns même assez considérables, tels que des Motets, et tels que deux Opéra, dont un est intitulé : Panthée, et un autre Philomèle, dont il a fait la plus grande partie de la Musique; ayant composé le Motet de Laudate Jerusalem Dominum àcinq parties, animé par l’Empereur Léopold, qui lui avoit envoyé le même Motet de sa composition, voulut consulter Bernier et Lalboùette, avant de l’envoyer à l’Empereur, et le remit entre les mains de Bernier. Trois jours après, ce Prince impatient de sçavoir ce que ces deux Musiciens en pensoient, et les corrections qu’ils avoient pu y faire, fut chez lui ; et étant monté d’abord avec précipitation dans son Cabinet, y trouva le jeune Abbé de La Croix, qui tenoit ce Motet devant lui, sur lequel il marquoit quelques fautes qui s’y étoient glissées : ce Prince lui demanda la raison des fautes qu’il y remarquoit, dont il lui rendit bon compte ; il lui demanda ensuite où étoit Bernier, il lui dit qu’il étoit dans une Salle basse où il descendit, et le trouva se réjouissant à table avec Lalbouétte et Gervais attaché à ce Prince, et depuis Maître de la Chapelle du Roi. Ces Musiciens très interdits se levèrent promptement, et la scène commença par un bon soufflet, dont il honora Bernier, en lui disant, « Quand je vous charge de quelque chose, vous ne vous donnez pas la peine de la faire par vous-même, et vous avez recours à un autre. » L’affaire se calma par les excuses que les Musiciens lui donnèrent : pour l’Abbé de La Croix, qui avoit suivi ce Prince sans trop le connoître, en fut récompensé par dix louis d’or qu’il en reçut, et eut le plus d’honneur et le plus de profit dans cette aventure. »

(Évrard Titon du Tillet – 1677 – 1762)

 

 

1715 – 1723 : un compositeur d’opéras gouverne la France : éditorial de septembre 2006

Bibliographie : « Mécène Musicien : Philippe d’Orléans, Régent » – Jean-Paul Montagnier – Editions A. Zurfluh