La ceinture de Vénus (Apollon et les Muses)

COMPOSITEUR Jean-Joseph MOURET
LIBRETTISTE Antoine Houdar de La Motte

    

Divertissement en trois tableaux sur un texte de Houdar de La Motte, pour la XIVe Nuit de Sceaux, le 19 avril 1715, chez le duc et la duchesse du Maine.

Anne-Louise-Bénédicte de Bourbon, duchesse du Maine

Le premier tableau était intitulé La Ceinture de Vénus, le second Apollon et les Muses.

Deux danseurs réputés y participèrent, Claude Balon et Françoise Prévost (*).

 

(*) Françoise Prévost. Elève de Blondy, elle débuta à l’Académie royale de musique dans Atys en 1699 et devint la ballerine vedette de la compagnie durant la Régence. Excellente technicienne, elle était aussi particulièrement expressive. En 1715, elle fit des Caractères de la danse de Rebel une pantomime dansée fort appréciée, alors que l’année précédente elle s’était déjà fait remarquer dans Horace (ballet pantomime) lors d’une fête chez la duchesse du Maine à Sceaux. Elle se retira en 1730, et mourut en octobre 1741.

Françoise Prévost

 

« Ce fut encore un abbé, l’abbé d’Auvergne, qui présida la quatorzième nuit sous le titre ambitieux de l’Opéra. Le succès obtenu par les Amours de Ragonde le décida à demander à Lamotte et à Mouret trois tableaux différents, réunis aussi par une action commune ; mais le fil dramatique imaginé par Lamotte était d’une ténuité extrême et absolument insignifiant. Le premier tableau, intitulé la Ceinture de Vénus, montrait la mère de l’Amour qui se désespérait d’avoir perdu la ceinture prestigieuse qui lui assurait un souverain empire sur tous les cœurs (…) Le second tableau, Apollon et les Muses, débutait par un divertissement chorégraphique, dans lequel, outre un pas tragique dont nous parlerons tout à l’heure, Melpomène présentait à la duchesse quatre des héroïnes de tragédie qu’elle avait représentées avec succès. Elle leur faisait danser à toutes quatre une sarabande (…) Après quoi l’action dramatique reprenait son cours. Apollon révélait à Vénus que sa ceinture divine avait été ravie par une princesse qui saurait la bien garder (…) Au troisième tableau, des bergers et bergères, formant la suite d’Apollon, exprimaient par des danses, « les désirs, les entretiens secrets, le tendre badinage; » puis d’autres ballerins de la suite de Momus [Scaramouche, Arlequin, Arlequine, Polichinelle – AS] se livraient à de comiques ébats. (…) /

Cette quatorzième nuit a une importance capitale dans l’histoire de la danse dramatique, car elle marque le premier essor du ballet d’action qui devait être bientôt importé à l’Académie de musique (…) Au commencement du second intermède, Apollon, à l’exemple de Melpomène, offrait à la princesse une « danse caractérisée de Camille et d’Horace, le poignard à la main; » on reconnaissait le héros au trophée de trois épées qu’on portait devant lui. La scène mise en pantomime était la dernière du quatrième acte d’Horace : l’orchestre exécutait la musique composée par Mouret sur ce fragment de tragédie, tandis que deux des meilleurs danseurs de l’Opéra, Balon et Mlle Prévost, mimaient l’action et les sentiments qui agitaient les héros de Corneille. » (A. Jullien)