Jean-Joseph MOURET (*)
16 avril 1682 (Avignon) – 22 décembre 1738 (Charenton)
divertissement, sur un texte de Roy, joué lors de la dixième Nuit de Sceaux, en octobre 1714 | |
comédie en cinq actes d’Autreau, avec des divertissements de Mouret – représentée le 27 décembre 1718, reprise le surlendemain en trois actes et un prologue | |
musique pour une comédie jouée au Théâtre italien – livret disponible sur livretsbaroques.fr | |
divertissement sur un texte de M. de Caumont et Destouches, joué lors de la neuvième Nuit de Sceaux, en septembre 1714 | |
parodie – voir Baiocco e Serpilla | |
comédie en trois actes et en prose, de Delisle, suivie d’un divertissement – représentée à la Comédie Française le 20 février 1727 – ballet réglé par Gardel – le divertissement a pour sujet la dispute entre les élèves d’Apollon et ceux de Marsyas. Il y eut sept reprises. | |
musique pour une comédie jouée au Théâtre italien – livret disponible sur livretsbaroques.fr | |
divertissement, sur un texte du marquis de Gavaudun, joué lors de la septième Nuit de Sceaux, en septembre 1714 | |
divertissement sur un texte de Nicolas de Malezieu, joué lors de la Première Nuit de Sceaux, le 31 juillet 1714 | |
musique pour une comédie jouée au Théâtre italien – livret disponible sur livretsbaroques.fr | |
divertissement du Théâtre italien – livret disponible sur livretsbaroques.fr | |
parodie de Pierre-François Biancolelli dit Dominique et Jean-Antoine Romagnesi – représentée au Théâtre Italien le 17 août 1729, avec Theveneau dans le rôle de Micco – Don Micco e Lesbina, intermède comique (compositeur non connu), avait été représenté à l’Académie royale de musique, le 14 juin 1729, avec Rose Ungarelli (Lesbina) et Antonio-Maria Ristorini (Don Micco) | |
divertissement, sur un texte de Destouches, joué lors de la douzième Nuit de Sceaux, le 22 novembre 1714 – livret disponible sur livretsbaroques.fr | |
divertissement pour la Quinzième Nuit de Sceaux – Malézieu, l’organisateur, mit à profit l’éclipse de soleil du 4 mai 1715 pour ses trois intermèdes : les planètes : Saturne, Jupiter, Mars, Vénus, Mercure, se félicitent à tour de rôle de la faveur que la duchesse accorde à la nuit sur le jour et qui fournit enfin aux astres du ciel d’autres fidèles servants que les astronomes. Ce triple divertissement, intitulé la Grande nuit de l’éclipse, « devait être aussi peu divertissant que possible et distiller un ennui mortel » | |
livret de Houdar de la Motte – représenté en décembre 1714, lors de la XIVe Grande Nuit de Sceaux – comporte une scène de danse mimée (le meurtre de Camille par Horace) | |
musique pour une comédie jouée au Théâtre italien – livret disponible sur livretsbaroques.fr | |
divertissement pour une comédie de Louis de Boissy – livret disponible sur livretsbaroques.fr | |
musique pour une comédie jouée au Théâtre italien – livret disponible sur livretsbaroques.fr | |
divertissement, sur un texte de Nicolas de Malezieu, joué lors de la cinquième Nuit de Sceaux, en août 1714 | |
divertissement, en trois parties, sur un texte de Destouches, joué lors de la douzième Nuit de Sceaux, le 22 novembre 1714 – livret disponible sur livretsbaroques.fr | |
trois divertissements pour une comédie jouée au Théâtre italien – successivement : Entrée des paysans, Marche chinoise, Marche pour les habitants de Port Langlois – livret disponible sur livretsbaroques.fr | |
divertissement, sur un texte de Roy, joué lors de la dixième Nuit de Sceaux, en octobre 1714 – livret disponible sur livretsbaroques.fr | |
pastorale qui formait le 3e acte d’une pièce intitulée Les Trois Spectacles, de J. Dumas d’Aiguebrere (1729). | |
musique pour une comédie jouée au Théâtre italien – livret disponible sur livretsbaroques.fr | |
divertissement, sur un texte de M. de Caumont, joué lors de la neuvième Nuit de Sceaux, en septembre 1714 | |
divertissement, sur un texte de Palardeu, joué lors de la sixième Nuit de Sceaux, en septembre 1714 | |
Le Temple de Gnide ou Le Prix de la Beauté – Pastorale en un acte – livret de Bellis et Roy – donnée le 7 novembre 1741, à l’occasion d’une reprise d’Alcione – elle eut peu de succès, « étant presque sans action » – reprise en 1742 – trois personnages : Témire, Hilas et Vénus – livret | |
divertissement, sur un texte de Nicolas de Malezieu, joué lors de la cinquième Nuit de Sceaux, en août 1714 |
(*) ne sont pas reprises ci-après, sauf exception, les oeuvres composées par Mouret pour l’Opéra-Comique, dont il fut le compositeur attitré de 1721 à 1738
Chanteur provençal devenu le compositeur le plus populaire de la régence, connu après sa mort comme le « musicien des grâces ». Peu après son arrivée à Paris (venant d’Avignon), Mouret se révéla non seulement compositeur doué mais aussi administrateur compétent. La duchesse du Maine le nomma surintendant de la musique à Sceaux, où il eut la responsabilité musicale des seize prestigieuses « Grandes Nuits » de 1714-1715. Dans Les Amours de Ragonde (1714, texte de Néricault Destouches), il se montra novateur dans la mesure où il s’agissait de la première véritable comédie lyrique, antérieure de plus de trente ans à Platée de Rameau. En 1714 également, il s’associa officiellement comme chef d’orchestre et compositeur à l’Académie royale de musique : ses tragédies lyriques échouèrent misérablement, son ballet Les Festes de Thalie (1714), avec ses entrées portraiturant des femmes de l’époque, scandalisa avant de ravir les auditoires de l’Académie, et ses ballets héroïques – parmi lesquels Les Amours des dieux (1727, texte de Fuzelier), où la Camargo dansa un solo très acclamé, et Le Triomphe des sens (1732, texte de Roy) – connurent le plus brillant succès.
En 1717, Mouret entama une collaboration de vingt ans avec le Nouveau Théâtre Italien du Palais-Royal, composant pour lui de très nombreux divertissements publiés en six volumes. Il fournit aussi des divertissements au Théâtre Français.Mouret s’assura une place à la cour grâce à un poste de chanteur de la Chambre en 1720 et, à l’avènement officiel de Louis XV en 1722, en fournissant la musique du divertissement raffiné – idéalisation des théâtres de la Foire – offert par le Régent en son château de Villers-Cotterêts. En 1728, Mouret fut nommé directeur artistique du Concert-Spirituel, ce qui lui procura un lieu d’exécution pour ses motets, cantates, cantatilles et suites de symphonies. Des déceptions à la fin des années 1730 le menèrent à la folie – en avril 1738, il est enfermé à Charenton – et, en décembre 01738, à la mort. (Guide de la Musique baroque – Fayard)
« Né à Avignon en 1682, Musicien de la Chambre du Roi, Intendant de la Musique de S. A. S. Madame la Duchesse du Maine, mort au Village de Cbarenton près Paris le 22 Décembre 1738 âgé de 56 ans.
Son père, Marchand de Soye à Avignon, lui donna une bonne éducation, et voyant que son inclination la plus forte étoit celle de la Musique, il ne le contraignit point, et lui donna tous les moyens qu’il put désirer pour s’y perfectionner. Le jeune Mouret qui avoit tous les talents pour réussir dans cet art, s’y appliqua avec ardeur, et dès l’âge de vingt ans composa des morceaux de Musique, qui lui acquirent de la réputation dans son pays. Comme il étoit né avec un esprit vif, l’émulation et l’envie de se faire connoître davantage, l’engagèrent à faire paroître ses talents dans le grand monde ; et pour cet effet il vint en 1707 à l’âge de vingt-cinq ans s’établir à Paris. Mouret ne tarda pas d’y faire de bonnes et d’aimables connoissances. Sa figure étoit prévenante, son visage toujours gay et riant, et sa conversation spirituelle et plaisante, animée des saillies de son pays, dont l’accent donnoit encore plus d’agrément. Sa voix assez belle pour un Compositeur (chose rare aux Compositeurs qui n’en ont que de très foibles) contribuoit aussi à le rendre plus aimable, et à le faire rechercher dans les meilleures Compagnies. Il ne laissoit pas encore de faire quelques petits Vers et des Parodies sur quelques-uns des airs de ses Opéra.
Madame la Duchesse du Maine, Princesse des plus spirituelles et d’un excellent goût, ayant entendu parler des talents de Mouret, voulut le connoître : il y fut présenté dans le temps que la Cour de cette Princesse brilloit par des spectacles magnifiques et des mieux ordonnés, qui attiroient les personnes de la Cour et de Paris à Sceaux ; c’étoit dans ce beau Château accompagné de grands Jardins délicieux où ces Fêtes se donnoient ordinairement pendant les belles nuits de l’Été, ce qui les fit nommer Les Nuits de Sceaux. Mouret réussit extrêmement bien dans ces divertissements, et de façon qu’on s’est hazardé d’en mettre sur le Théâtre de l’Opéra dans le temps du Carnaval, tel que le Divertissement de Ragonde, dont les Représentations ont fait beaucoup de plaisir. Mouret étoit sçavant dans son art où il plaisoit surtout par l’agrément et la gayeté de sa Musique vocale et instrumentale.
M. de Voltaire, qui cherche quelquefois à faire briller les Gens à grands talents, s’explique ainsi sur nos fameux Musiciens et sur nos premières Actrices de l’Opéra dans une Lettre à Mlle Malcrais de la Vigne, où il lui rend compte de ses amusements de Paris.
« Sur les pas du plaisir je vole à l’Opéra,
J’applaudis tout ce qui me touche,
La fertilité de Campra,
La gayeté de Mouret, les grâces de Destouche,
Pélissier par son art, Le Maure par sa voix ;
L’agile Cammargo, Sallé l’Enchanteresse,
Cette Austsère Sallé faite pour la tendresse,
Tour à tour ont mes voeux et suspendent mon choix. »
Peu de temps après que Mouret eut fixé son séjour à Paris, il épousa la Demoiselle Promt de Saint Mars, fille de l’Argentier de M. le Duc du Maine, dont il eut une fille unique. Les diverses infortunes qu’il eut environ deux ans avant sa mort, lui causèrent de grands chagrins, ne se voyant plus en état de vivre dans une certaine aisance, et d’établir sa fille comme il l’avoit projeté ; il perdit en moins d’un an quatre ou cinq mille livres que lui rapportoient par chaque année la direction du Concert Spirituel, l’Intendance de la Musique de Madame la Duchesse du Maine, et la place de Compositeur de la Musique de la Comédie Italienne: il ne put soutenir de tels assauts ; son esprit en peu de temps en fut extrêmement dérangé ; quoique M. le Prince de Carignan eut la générosité de lui accorder une pension de mille livres, pour le soulager dans sa triste situation. On fut contraint de le mettre chez les Pères de la Charité de Charenton, où les remèdes n’ayant fait aucun effet, il mourut peu de temps après y être entré le 22 Décembre i 738.
Tous les Ouvrages de Mouret ont toujours plu aux Connoisseurs, et trois de ses Opéra ont été représentés à diverses reprises, sçavoir, Les Fêtes de Thalie Pirithous; et les Amours des Dieux. Il avoit une très grande facilité à composer, et quoiqu’il soit mort a cinquante-six ans, peu de Musiciens ont donné autant d’Ouvrages que lui, et dans tous les genres de Musique. On en peut juger par le Catalogue suivant ; six Opéra, I. Les Fêtes de Tbalie, Ballet en plusieurs Actes ou Entrées, représenté pour la première fois en 1714, et depuis augmenté d’un Acte intitulé, La Provençale, Paroles de La Fonds ; II. Ariane, Tragédie en cinq Actes, Paroles de Roy et de La Grange, 1717 ; III. Pirithous, Tragédie en cinq Actes, Paroles de La Serre, 1723 ; IV. Les Amours des Dieux, Ballet Héroïque en quatre Actes, Paroles de Fusillier, 1727 ; V. Le Triomphe des Sens, Ballet Héroïque en cinq Actes, Paroles de Roy, 1732. VI. Les Grâces héroïques, Ballet en trois Actes, paroles de Roy, 1734 ; ces six Opéra ont chacun leur Prologue ; Trois Livres d’Airs sérieux et àboire; six Recueils de Divertissements du nouveau Théâtre Italien ; plusieurs Divertissements de la Comédie Françoise un Livre de Sonates à deux Fiâtes ou à deux Violons; un Livre de Fanfares pour des Trompettes et des Cors de chasse neuf Cantatilles Franfoises, Hymne à l’amour,Églé, Léda, le Racommodement, l’Amour vainqueur, l’Amour et l’Hymen, Thétis, Épitbalame ; plusieurs Fêtes ou Divertissements donnés à Sceaux, qui composent des morceaux d’une assez grande étendue dont on peut juger de la bonté et de l’agrément par celui de Ragonde, en trois petits Actes qui a été représenté avec applaudissement sur le Théâtre de l’Opéra, comme je l’ai marqué ci-dessus. Tous ces Ouvrages ont été imprimés ou gravés excepté ceux des Fêtes de Sceaux, dont Ragonde ou la Soirée de Village est le seul jusqu’à présent, qui a été gravé en 1742. Mouret a composé aussi quelques petits Motets qui ont été chantés au Concert spirituel. »
(Évrard Titon du Tillet – 1677 – 1762)
Hugues Maret, dans son Éloge historique de M. Rameau, raconte qu’on attribuait la folie de Mouret au succès de Castor et Pollux : Je me contenterai de rappeler l’effet que le succès de l’opéra de Castor et Pollux fit, à ce que l’on dit, sur Mouret. La jalousie de ce musicien, qui cependant avait beaucoup de mérite, parvint à son comble et lui fit perdre la tête, au point qu’on fut obligé de l’enfermer à Charenton, où, dans ses accès de folie, il chantait continuellement le beau choeur des démons du quatrième acte « Qu’au feu du tonnerre le feu des Enfers déclare la guerre ».
MOURET, ( Jean-Jofeph ) Musicien, naquit à Avignon en 1681. Son père , Marchand de soye de cette ville, ne négligea rien pour son éducation, & voyant que son inclination le portait à la Musique, loin de le contraindre, il lui fournit tous les moyens de se perfectionner dans cet Art. Le jeune Mouret qui avait des talens naturels fit en peu de temps de très- grands progrès ; & dès l’âge de vingt ans il fut en état de composer différens morceaux de Msfique, qui lui acquirent de la réputation dans son pays. L’envie de se faire connaître d’avantage, l’engagea à venir à Paris, où il s’établit en 1707. M. Mouret n’eut pas beaucoup de peine à s’y faire des amis & des protecteurs. Il avait une figure prévenante, le visage toujours gay & riant, la conversation spirituelle & plaisante, animée de saillies de son pays, dont l’accent augmentait encore l’agrément ; ajoutez une voix assezbelle, chose rare dans un Compositeur , & quelque talent pour la Poësie. Madame la Duchesslè du Maine en ayant entendu parler favorablement, le chagea de la Musique des magnifiques Spectacles qu’elle donna pendant plusieurs années dans son Château de Sceaux. M. Mouret s’en acquitta avec tant de succès, qu’il hazarda d’entreprendre de composer pour l’Académie Royale de Musique. Les applaudissements dont son premier ouvrage fut honoré, ont presque toujours accompagné ceux qu’il a donnés depuis ; on lui a rendu la justice qu’il était sçavant dans son art, & qu’il plaisait surtout par l’agrément & la gayeté de sa Musique vocale & instrumentale. Peu de temps après que M. Mouret eut fixé son séjour à Paris , il épousa la Demoiselle Promt de Saint Mars , fille de l’Argentier de M. le Duc du Maine , dont il a laissé une fille unique. Les diverses infortunes qu’il éprouva environ deux ans avant sa mort, altérèrent considérablement sa santé, & encore plus son esprit, par le désespoir de n’être plus en état de vivre dans son aisance ordinaire, & de pouvoir établir sa fille aussi avantageufement qu’il l’avait projeté. En moins d’un an il venait de perdre quatre ou cinq mille livres de revenu, que lui rapportaient la direction du Concert spirituel, l’Intendance de la Musique de Madame la Duchesse du Maine, & la place de Compositeur de la Comédie Italienne. On fut contraint de le mettre chez les Pères de la Charité à Charenton , où les remèdes n’ayant fait aucun effet, il mourut peu de mois après y être entré, le Lundi 22 Décembre 1758, âgé de 56 ans.
(Dictionnaire des théâtres de Paris – 1767)
Bibliographie : Mouret, le musicien des grâces (1682-1738) – Renée Viollier – Editions Minkoff – Réimpression de l’édition de Paris, 1950 – Genève, 1976 – 260 pages