La Vita humana

Décor de Giovan Francesco Grimaldi pour la scène finale de La Vita humana

COMPOSITEUR Marco MARAZZOLI
LIBRETTISTE Giulio Rospigliosi

Opéra sacré en un prologue et trois actes, sur un livret de Giulio Rospigliosi, commandé par la reine Christine de Suède.

Giulio Rospigliosi

Représenté au Palazzo Barberini alle Quattro Fontane, à Rome, le 31 janvier 1656, en l’honneur de Christine de Suède.

Distribution : Bonaventura Argenti (Vita humana), Domenico Rodamonti (Innocenza), Domenico del Pane (Colpa), Lodovico Lenzi (Intendimento), Francesco de Rossi (Piacere), Giovanni Sorilli (Prologue) – décors de Giovanni Francesco Grimaldi (dont subsiste une gravure de Giovanni Battista Galestruzzi).

 

Personnages : l’Aurore, l’Innocence, le Péché, la Vie, la Compréhension, le Plaisir ; les Vertus : l’Honnêteté, la Charité, la Constance, la Foi, la Patience, la Repentance, l’Espoir, le Zèle ; les Vices : la Concupiscence, la Fraude, l’Infidélité, l’Envie, la Colère, l’Orgueil

 

Synopsis

L’hiver, une route qui mène entre deux châteaux se faisant face.

Prologue

Aurora salue les spectateurs et présente l’histoire. Pendant que le soleil se lève, ses suivants apparaîssent progressivement dans leurs vraies couleurs.

Acte I

Innocenza salue le matin, et réveille Colpa. Des défis sont publiés, des lignes de bataille sont tracées : Lice se piace, Est permis ce qui plaît, et inversement Piace se lice, Plaît ce qui est permis.

Vita et son compagnon Intendimento arrivent au passage entre les deux châteaux. Il essaye de l’avertir des dangers possibles sur la route, elle dit qu’elle l’a déjà entendu. Les sentinelles lui chantent. Curieuse, elle leur pose des questions, et des échos étranges lui répondent de l’intérieur des châteaux. Les échos se révèlent être Innocenza et Colpa, qui luttent pour attirer l’attention de Vita. Écoutant trop ardemment Colpa, elle découvre une marque sur sa robe. Innocenza lui indique que que ceci peut seulement être enlevé par des larmes de repentance, mais Vita n’est pas disposée à les verser à ce moment : Ne suis-je pas libre d’agir comme je le souhaite ? demande-t-elle, et Innocenza ne peut qu’être d’accord.

Seule, Innocenza regrette que Vita ait fait fi d’un bon conseil ; en attendant, Colpa et son associé Piacere projettent l’assaut sur Intendimento. Piacere séduit Intendimento avec la logique impeccable. Intendimento déclare : Je vois le mal que je fais, et je le choisis librement. L’acte finit avec une danse martiale, Vertus contre Vices – qui gagnera ?

Acte II

Piacere tente maintenant Vita: elle résiste pendant longtemps, mais sans appui d’Intendimento elle trouve l’argument difficile à soutenir. Colpa et ses Vices exultent, citant Caesar : Nous sommes venus, nous avons vu, nous avons vaincu. Intendimento, cependant, incité par des voix merveilleuses, reconsidère la question, mais sa penitence est aussi extrême que sa chute. Les voix parlent à Vita aussi, mais jusqu’à ce qu’elle choisisse librement de rejeter le mal et de suivre bon, Innocenza est impuissant pour l’aider. Elles ne sont pas hors du filet de la Culpabilité encore, et Intendimento est proche du désespoir proche.

Innocenza essaye de persuader Vita de cesser d’aspirer au plaisir, et cite des exemples célèbres des femmes qui ont abandonné les plaisirs du monde pour les joies de l’esprit : Ste Brigitte de Suède, qui est venu à Rome il y a des siècles, et son successeur actuel qui apporte du nord glacial le feu du coeur, ou Christine, qui est là dans l’assistance.

Piacere et Colpa se rendent compte qu’un effort supplémentaire est nécessaire pour assurer la chute de Vita et d’Intendimento: ils forment un nouveau plan, conçue pour confondre Vita tout à fait, et lui ôter définitivement toute capacité de distinguer l’illusion et la réalité, la vérité et la fausseté.

La relation de confiance entre Vita et l’Intendimento s’est brisée sous la tension : Intendimento se demande : Ne suis je pas libre de suivre mes propres désirs ? et la confusion deVita est totale, à voir s’effondrer celui qui était si fort et sûr. Intendimento jette tout aux vents, décidant de noyer ses douleurs dans les plaisirs – Vita reste désespérée, alors que le nuit tombe.

Acte III

Au milieu de la nuit et de l’hiver, fleurit un jardin étrange : Piacere apporte Colpa et l’Intendimento à sa tanière. Désespéré, Intendimento boit à la fontaine de Piacere, sombre dans le sommeil, et est laissé seul pour être trouvé par Vita, qui le croit mort. Ses pleurs sont entendues par Innocenza, qui ne peut intervenir que sur demande expresse. Elle rompt l’enchantement, réveillant Intendimento, et dissipant ses effets prolongés en lui présentant un anneau dépeignant un crâne : La mort est le miroir de la vie ; si vous vous rappelez toujours que vous devez mourir, alors vous pourrez résister à tous les assauts du mal.

Mais Piacere et Colpa ont une dernière arme. Ils apparaissent sous les formes identiques d’Intendimento et d’Innocenza. Vita, complètement perdu, ne sachant pas ce qui est illusion et ce qui est réalité, en appelle au ciel pour connaître la vérité. Innocenza répond avec les mots de la liturgie de Pâques au moment de la Résurrection : Christ vit, Christ règne, Christ vaincra.

Une vision du Salut confond les forces du mal, et la désolation de l’hiver est transformée par le véritable Printemps.

(d’après le site Helicon in Cocaigne)

 

 

« …Une œuvre composée dans le style de l’opéra vénitien créé par Manelli, Ferrari puis Cavalli…Marazzoli reprend ces éléments dans une oeuvre qui fait intervenir cinq solistes, un chœur et un orchestre sembleble à celui de Cavalli, c’est-à-dire un continuo foisonnant, à quoi s’ajoutent deux parties de dessus pour les ritournelles. » (Goldberg – décembre 2005)

 

Livret : Scottish Early Music Consort – Glasgow – 1990

Représentations :

Écuries du Château de Sablé – 24 août 2007 – Festival de Sablé – Le Poème Harmonique – Le Choeur de chambre de Rouen- dir. Vincent Dumestre – mise en scène Benjamin Lazar

 

Utrecht Holland Festival Oude Muziek – 2 septembre 2006 – Abbaye d’Ambronay – Festival d’Ambronay – 15 septembre 2006 – Théâtre de Vitry-sur-Seine – 11, 12 novembre 2006 – Paris – Église St Roch – 7 décembre 2006 – Théâtre de Cachan – 29 mai 2007 – Le Poème Harmonique – Choeur de Chambre de Rouen – dir. Vincent Dumestre – mise en scène Benjamin Lazar – décors Christophe Naillet – avec Claire Lefilliâtre (La Vita humana), Camille Poul (L’Innocenza, l’Aurora), Isabelle Druet (La Colpa), Jean-François Lombard (L’Intendimento), Arnaud Marzorati (Il Piacere)

Diaposon – janvier 2007 – Vie romaine

« Certes, en dépit de son confort, le Théâtre de Vitry n’est pas l’écrin idéal pour ce spectacle du Poème Harmonique, créé lors du dernier Festival d’Ambronay : la luminosité des panneaux « Sortie de secours » annihile l’éclairage scénique à la bougie et l’acoustique surexpose les quelques accrocs des violons et cornets (on sait combien l’écriture à deux parties est périlleuse pour les instruments mélodiques). Le succès de la soirée démontre néanmoins l’aisance avec laquelle l’art baroque conquiert tous les publics lorsqu’il est bien compris et restitué. La vita humana, opéra sacré en trois actes de Marco Marazzoli, créé au palais Barberini de Rome en 1656, pouvait passer pour hermétique. Mais le texte de Giulio Rospigliosi, futur pape Clément IX et déjà librettiste du Sant’Alessio (1631) de Stefano Landi, noue avec rouerie le message édifiant aux ficelles de l’art théâtral: combats et séductions, déguisements et tentatives de meurtre n’ont rien perdu de leur actualité, tandis que les scènes obligées du sommeil et de l’écho trouvent au­jourd’hui une interprétation nouvelle. L’écho, qui déforme les mots, n’est-ce pas déjà l’inconscient et ses lapsus et le sommeil de la Raison, n’annonce-t-il pas nos paradis artificiels? La fine scénographie de Benjamin Lazar nous permet d’y songer. Quelques parois de bois amovibles suffisent à évoquer les forteresses antagonistes du Vice et de la Vertu comme le jardin enchanté où s’égare la Vie humaine. La gestuelle « d’époque » frise parfois la tautologie mais, outre sa beauté chorégraphique, elle a pour avantage de soutenir physiquement le chant, restitué à son statut d’invocation rhétorique. Elle est habitée avec un confondant naturel par la distribution vocale, dont le seul point faible est l’incertain baryton Arnaud Marzorati (le Plai­sir). Mais le délicieux ténor contralteggiante de Jean-Français Lombard (la Raison), le soprano sensuel de Claire Lefilliâtre (la Vie) et le mezzo pugnace d’Isabelle Druet (récemment découverte dans une Cenerentola itinérante, elle campe ici la Faute) sont parfaits. On n’en dira pas autant du Choeur de chambre de Rouen, disparate et desservi par une sonorisation malhabile – mais quelle joie d’entendre vingt-quatre chanteurs dans l’extraordinaire bataille polychorale de l’acte I ! Continuo mouvant et expressif, qui s’adjoint un virginal dans le lamento de la Vie mais auquel fait défaut la harpe, direction sensible de Dumestre, mettant en valeur l’inventivité contrapuntique des nombreux ensembles (dont deux impressionnants trios) : la Contre-Réforme n’a jamais semblé si proche… »

Le Monde de la Musique – novembre 2006

« En ouverture du festival et l’écart de la thématique de l’année, Vincent Dumestre et Benjamin Lazar réservent aussi à Ambronay une autre surprise, La Vita humana (La Vie humaine). Cet opéra sacré de Marco Marazzoli, créé à Rome en 1656 sur un livret de Giulio Rospigliosi, le futur pape Clément IX, se place en droite ligne de la Rappresentatione di Anima et di Corpo d’Emilio de Cavalieri : personnages allégoriques (la Vie humaine, l’Innocence, la Raison, la Faute, le Plaisir), récitatifs développés, commentaires des choeurs, forme libre et, évidemment, débats religieux et moraux comme les aimait le XVIle siècle. Avec peu de moyens (quelques cloisons pour ériger une tribune ou délimiter les espaces, pas de costumes d’époque, une rampe de bougies) mais avec des idées, la mise en scène de BenjaminLazar magnifie les mots, tandis que la direction de Vincent Dumestre libère les notes.

De ce spectacle de poche qui voyagera en région parisienne, on retient également l’interprétation frémissante de Claire Lefilliâtre, Vie humaine à la croisée des chemins, l’inquiétante Faute d’Isabelle Druet et la tendre Innocence de Camille Poul. »

 

Glasgow’s Tramway – 9 août 1990 – Glasgow International Early Music Festival (première édition) – dir. Warwick Edwards – mise en scène Kate Brown – décors Tim Northam – choregraphie Andrea Francalanci – lumières Ace McCarron – avec Malin Görup (L’Aurora), Lorna Anderson (L’Innocenza), Eleanor Bennett (La Colpa), Jill Feldman (La Vita), Stuart Patterson (L’Intendimento), Douglas Nasrawi (Il Piacere), Graham Russe(ll Sentinella della Colpa), Camilla Johansen (Sentinella dell’Innocenza), Katarina Hansson (Candore), Viveca Axell (Carità), Mimmi Nilsdotter (Costanza), Malin Görup (Fede), Nicholas Macklon (Patienza), Camilla Johansen (Repentance), Susan Hamilton (Speranza), Geraint Hylton Roberts (Zelo), Carole Irvine (Concupiscenza), Graham Russell (Frode), Lars Hedström (Infidelità), Cesare Righetti (Invidia), Clare Bovill (Ira), Dennis Haggerty (Orgoglio)