COMPOSITEUR | Jean-Baptiste LULLY |
LIBRETTISTE | Philippe Quinault |
Tragédie en musique, en cinq actes et un prologue, sur un livret de Philippe Quinault, représentée le 5 janvier 1677 à Saint-Germain en Laye, puis en août à l’Académie royale de musique.
La distribution réunissait : Mlle Verdier (La Renommée), Forestier (Neptune), Du Mesny et Nouveau (Deux Tritons), La Grille (Apollon), Mlle des Fronteaux (Callyope), Mlle Piesche (Thalie), Mlle Caillot (Melpomène), Régnier (Clio), Datys (Uranie) pour le prologue, Gaye (Hiérax, frère d’Argus), Langeais (Pirante, ami d’Hiérax), Mlle Aubry (Io, puis Isis, fille d’Inachus, Roi d’Argos), Mlle Saint-Colombe (Mycène, confident d’Io), Clédière (Mercure), Beaumavielle (Jupiter), Mlle Beaucreux (Iris), Mlle Saint-Christophe (Junon), Mlle Brigogne (Hébé), Morel (Argus), Mlle Verdier (Syrinx), Godonesche (Pan), Ribon (Erinnis), Forestier, Langeais et Mlle Bony (Les Parques).
Dit « l’opéra des musiciens », Isis ne connut pas le succès et entraîna la disgrâce de Quinault. En effet, certains avait reconnu Mme de Montespan dans le personnage de Junon, ainsi que Louis XIV et Marie-Elisabeth, dite Isabelle, de Ludres (1647 – 1726), chanoinesse de Poussay, dernière favorite en date, dans ceux Jupiter et Io. Mme de Montespan fit arrêter les représentations, chasser Mlle de Ludres de la cour, et exiler Quinault de la cour et du théâtre pendant deux ans.
Lully, pour sa part, congédia Jean-François de Lallouette, son secrétaire depuis un peu plus de quatre ans, qui s’était vanté d’avoir lui-même composé les plus beaux airs de la partition.
Des reprises eurent lieu au Théâtre du Palais Royal,
le 14 février 1704, avec Mlle Desmatins (La Renommée), Dun (Neptune), Pelin (Apollon) pour le prologue, Thévenard (Hiérax), Boutelou (Pirante), Mlle Desmatins (Io), Mlle Sallé (Mycène), Cochereau (Mercure), Hardouin (Jupiter), Mlle Armand (Iris), Mlle Maupin (Junon), Dun (Argus), Mlle Loignon (Syrinx), Hardouin (Pan), Chopelet, Thévenard et Mlle Loignon (Les Parques) ;
le 14 septembre 1717, avec Mlle Antier (La Renommée), Le Mire (Neptune), Buseau (Apollon) pour le prologue, Thévenard (Hiérax), Murayre (Pirante), Mlle Journet (Io), Cochereau (Mercure), Hardouin (Jupiter), Mlle Antier (Junon), Dun (Argus), Mlle Poussin (Iris, Syrinx), Hardouin (Pan), Murayre, Dun fils et Mlle Pasquier (Les Parques) . Selon Boinvin, cette pièce avait paru froide et dénuée d’action, mais la parfaite exécution réveilla l’attention sur les beautés dela musique, couvrant les défauts de la poésie ;
le 14 décembre 1732, avec Mlle Antier (La Renommée), Dun (Neptune), Dumast (Apollon) pour le prologue, Chassé (Hiérax), Mlle Le Maure (Io), Tribou (Mercure), Dun (Jupiter), Mlle Antier (Junon), Chassé (Pan), Mlle Pélissier (Iris, Syrinx), Dun, Dumast et Mlle Julie (Les Parques).
Marie Sallé ne figurait pas dans la distribution du ballet, car elle avait quitté l’Opéra, tout en restant à Paris. Elle dansa ainsi un pas-de-trois lors de la fête donnée le 27 décembre, au Petit-Luxembourg, sur un théâtre richement décoré par Servandoni, par Louis de Bourbon, comte de Clermont (*), en l’honneur de la duchesse de Bourbon dite la jeune (**). Marie Sallé reçut une gratification de 2 000 livres. Pour la petite histoire, le comte de Clermont
(*) alors âgé de vingt-trois ans, Louis de Bourbon eut pour maîtresse la Camargo, de 1733 à 1741.
(**) Caroline de Hesse-Rheinfels-Rotenburg, seconde épouse de Louis-Henri de Bourbon, devait mourir à vingt-six ans, en 1741.
Isis fut le premier opéra représenté aux Pays-Bas, au théâtre d’Amsterdam, l’Amsterdam Schouwburg, en novembre 1677, l’année même de sa création à Paris.
Une reprise eut lieu à Marseille en mars 1701.
Personnages : Hierax, amant de la nymphe Io, frère d’Argus ; Pirante, ami d’Hierax ; Io, Nymphe, fille du Fleuve Inachus, aimée de Jupiter, persécutée par Junon, reçue au rang des divinités célestes sous le nom d’Isis ; Mycène, Nymphe, confidente d’Io ; Mercure, Jupiter, Junon ; Iris, sa confidente ; Hébé, fille de Junon, déesse de la Jeunesse ; Argus ; Erinnie, une des Furies.
Synopsis détaillé
Prologue
Le Palais de la Renommée, où arrivent les nouvelles de tout ce qui se fait de mémorable sur la Terre et sur la Mer. La Divinité est accompagnée de sa suite, les Rumeurs et les Bruits.
(1) La Renommée célèbre la Gloire du Héros qui domine tous les autres rois. (2) Neptune sort de la Mer, accompagné des Tritons et autres divinités marines. Il annonce que c’est sur la Mer que le Héros a recueilli de nouvelles gloires. (3) Les Neuf Muses convient à cesser le bruit des armes pour les remplacer par des concerts d’instruments et des chants, de façon que la Paix puisse se joindre à eux. Apollon convie les Muses et les Arts libéraux à préparer une fête pour le Héros. La Renommée et Neptune se joignent à eux pour appeler aux Plaisirs et aux Jeux. Ballet.
Acte I
Des prairies agréables, où serpente le Fleuve Inachus
(1) Hierax voudrait se dégager de son amour pour celle qui ne l’aime plus, mais ne s’en sent pas capable. (2) Pirante tente de le rassurer sur l’amour que lui porte la fille d’Inachus, mais Hierax est persuadée qu’il n’en est rien, car elle repousse sans cesse leur hymen. Pirante lui conseille d’avoir une explication avec elle. (3) Io prétexte d’un mauvais présage pour remettre encore leur mariage, assurant Hierax qu’elle l’aime encore. Celui-ci trouve dans sa froideur la justification de ses doutes et l’accable de reproches. Chacun rend l’autre responsable de leur situation. (4) Io confie à Mycène que les craintes de Hierax sont justifiées : Jupiter lui-même a entrepris de lui plaire, ce qu’elle ne peut refuser. (5) Mercure descend sur un nuage. Il annonce la venue de Jupiter, désireux de répandre le bonheur sur la Terre. Il confie toutefois à Io que c’est pour elle que Jupiter va descendre. (6) Les Divinités de la Terre, des Eaux et des Richesses souterraines s’apprêtent à recevoir Jupiter. Celui-ci descend en annonçant qu’il détient le Tonnerre, mais pour donner la Paix.
Acte II
Des nuages épais qui obscurcissent le ciel
(1) Io, seule, voit le ciel s’obscurcir. Jupiter paraît au milieu d’illuminations. (2) Jupiter explique à Io qu’il vient en cachette de Junon, pour lui avouer son amour. Io lui répond qu’elle est déjà engagée. Jupiter tente de la convaincre, mais Io lui demande de la laisser et s’en va. (3) Mercure met Jupiter en garde contre la surveillance d’Iris et la jalousie de Junon. Jupiter lui demande de se charger d’Iris, pendant qu’il suivra Io. (4) Mercure tente d’arrêter Iris en lui proposant un amour éternel. Iris ne se laisse pas prendre. On voit Junon descendre sur terre sur un nuage. (5) Quoique Iris n’ait pas trouvé Io, Junon est certaine que Jupiter la trompe. (6) Jupiter, rencontrant Junon s’étonne qu’elle ne soit pas dans les jardins d’Hébé où elle devait se rendre. Junon lui explique qu’elle s’est choisi une Nymphe, mais qu’elle souhaite son accord. Jupiter le lui donne aussitôt. Junon lui apprend qu’il s’agit de la fille d’Inachus. Jupiter est obligé de confirmer son accord.
Les jardins d’Hébé
(7) Les Jeux et les Plaisirs dansent avec les Nymphes de Junon devant Hébé, la déesse de la Jeunesse, en attendant la nouvelle Nymphe choisie par Junon. (8) Mercure et Iris arrivent, accompagnant Io qui est reçue par Hébé et les Nymphes.
Acte III
La solitude où Argus fait sa demeure, près d’un lac et au milieu des forêts
(1) Junon a mis Io sous la garde d’Argus. Io comprend que Junon l’accuse d’avoir séduit Jupiter. Argus lui confirme que Junon a ordonné qu’il la surveille, et qu’elle ne voit personne. Il l’enferme. (2) Hierax veut suivre Io, mais Argus l’arrête, invoquant les ordres de Junon. Il lui apprend qu’elle est aimée de Jupiter. Hierax se lamente. (3) Survient la Nymphe Syrinx, accompagnée d’une troupe de Nymphes qui chantent la liberté, et dansent. (4) Mercure, déguisé en berger, annonce à Argus que Pan a décidé de donner une fête en l’honneur de Syrinx. Argus donne son accord. Mercure à Syrinx et ses Nymphes de l’occuper. (5) Syrinx chante à nouveau la liberté pendant que les autres Nymphes dansent. (6) Des Bergers et Sylvains viennent offrir des présents et des fleurs à Syrinx., et tâchent de la convaincre de céder à l’amour plutôt qu’à la chasse. Pan lui propose de l’épouser. Syrinx refuse de s’engager et convie les Nymphes à la chasse. Pan la suit, mais pas les Nymphes. Syrinx s’enfuit et se jette dans le lac. Pan ne peut que constater qu’elle a été changée en Roseaux, que le vent fait exprimer un chant plaintif. Pan donne des roseaux aux Bergers, Satyres et Sylvains, dont ils font des flûtes. Pendant ce temps, Argus commence à s’assoupir. Mercure l’endort complètement en le touchant de son caducée. (7) Mercure ouvre la prison de Io d’un coup de caducée et la fait sortir. Hierax intervient et réveille Argus ; tous deux invoquent Junon. Mercure les frappe de son caducée, tuant Argus et changeant Hierax en oiseau de proie qui s’envole. Les Sylvains, Satyres et Bergers, craignant Junon, s’enfuient. (8) Junon arrive sur son char. Elle change Argus en paon, et invite la furie Erinnis à se venger sur Io et sur la terre en changeant le climat. La Furie sort des enfers et enlève Io, pendant que Junon remonte au ciel.
Acte IV
L’endroit le plus glacé de la Scythie
(1) Le peuple de Scythie, frigorifié, se lamente. (2) Io implore la Furie qui prend plaisir à sa souffrance. Elle entraîne à nouveau Io.
Les forges de Chalybes. La Mer au loin.
(3) Des Chalybes travaillent l’acier, d’autres dansent et chantent. (4) Io apparaît au milieu des feux qui sortent de la forge. Les Chalybes passent près d’elle avec des morceaux d’armes, sans la voir. Io tente à nouveau, en vain, d’émouvoir la Furie. Les Chalybes l’environnent avec des morceaux d’acier brûlants. Io décide de se jeter dans les flots, monte sur un rocher d’où elle se précipite dans la mer, suivie de la Furie.
L’antre des Parques
(5) La suite des Parques – les Fureurs de la guerre, les Maladies violentes et languissantes, la Famine, l’Incendie, l’Inondation – présente sans cesse à la Mort de nouvelles victimes, et montre le plaisir qu’elle prend à terminer le sort des Humains. (6) Io arrive et demande que l’on mette fin à sa vie. Seule les Parques peuvent en décider. Leur antre s’ouvre, leur laissant passage. (7) Leur arrêt est que Io doit apaiser la colère de Junon. Io se demande comment.
Acte V
Les rivages du Nil et une de ses embouchures dans la mer
(1) Io est sortie de la mer par la Furie. Elle implore Jupiter et tombe, accablée de tourments. Touché, Jupiter descend du ciel. Il avoue à Io qu’il ne peut contrecarrer Junon, et doit suivre la loi du destin. Io lui demande d’intercéder auprès de Junon pour qu’elle mette fin à ses tourments. Junon descend à son tour sur terre. (2) Jupiter plaide auprès de Junon en faveur de la Nymphe. Junon exige de Jupiter qu’il renonce à Io. Jupiter fait serment qu’il ne se laissera plus troubler par la Nymphe. Junon renvoie la Furie. Io est délivrée de ses peines. Elle est élevée au rang des Immortels sous le nom d’Isis. Les peules d’Egypte lui élèvent un autel., et la reconnaissent comme une divinité qui les protègera. Jupiter et Junon remontent au ciel, y conduisant Isis.
En 1677, Lully fit imprimer les dix parties séparées, vocales et instrumentales, de Isis. Un exemplaire en est conservé à la Bibliothèque nationale de France, un autre à la Bibliothèque de l’Université de Turin. La partition ne fut publiée qu’en 1719.
Livret disponible sur livretsbaroques.fr
Représentations :
Opéra Royal de Versailles – 22 novembre 2005 – La Simphonie et le Choeur du Marais – dir. Hugo Reyne – avec Françoise Masset (Io, Isis), Isabelle Desrochers (La Renommée, Iris et Hébé), Valérie Gabail (Calliope, Mycène et Syrinx), Guillemette Laurens (Junon), Robert Getchell (Apollon, Pirante, 1er Berger et Erinnis), Howard Crook (Mercure et 2d Berger), Bertrand Chuberre (Hierax et Pan), Bernard Deletré (Jupiter), Renaud Delaigue (Neptune et Argus)
Église des Lucs sur Boulogne – IXe Festival de Musique Baroque en Vendée – version de concert – 6 juillet 2005 – La Simphonie et le Choeur du Marais – dir. Hugo Reyne – avec Françoise Masset (Io, Isis), Isabelle Desrochers (La Renommée, Iris et Hébé), Valérie Gabail (Calliope, Mycène et Syrinx), Guillemette Laurens (Junon), Robert Getchell (Apollon, Pirante, 1er Berger et Erinnis), Howard Crook (Mercure et Second Berger), Bertrand Chuberre (Hierax et Pan), Bernard Deletré (Jupiter), Renaud Delaigue (Neptune et Argus)
« Le concert d’ouverture du neuvième Festival Musique Baroque en Vendée a fait l’événement avec la recréation en version de concert de la tragédie lyrique de Lully, Isis, qui n’eut pas l’heur de plaire lors de sa création en 1677, l’allusion à Mme de Montespan – Junon – étant trop évidente. Quinault le librettiste paya son audace de deux ans de bannissement de la Cour, et l’œuvre ne connut que peu de reprises avant un oubli de presque trois siècles. La partition ne le méritait pas, prodigue en beautés de toutes sortes, notamment un acte IV fascinant et effrayant, très ramassé, au climat presque préromantique, qui montre la poursuite, dans les contrées les plus infernales du Monde, de la pauvre nymphe Io par la Furie. Le livret est simple : il conte les malheurs de la Nymphe Io, aimée de Jupiter, que Junon, jalouse, fait entrer dans sa suite pour mieux la surveiller, puis donne en prisonnière à Argus, frère de Hierax, qui lui aussi aime Io. Mercure tente de délivrer la nymphe, mais ne réussit qu’à provoquer la colère de Junon qui la fait poursuivre par la Furie. Io traquée arrive à l’embouchure du Nil, où épuisée elle implore Jupiter de la laisser mourir afin d’échapper à ses souffrances. Il s’en émeut et va demander à Junon de l’épargner, en échange de quoi il renonce à son amour pour la nymphe. Junon accepte et transforme Io en une déesse qui se nommera Isis. On comprend aisément à la lecture de l’argument que La Montespan ait été peu flattée de se voir dépeinte en Junon, Jupiter représentant bien évidemment Louis XIV.
Pour la résurrection de cette Isis, la Simphonie du Marais n’a pas été avare d’efforts, convoquant quelques excellents instrumentistes et la fine fleur du chant baroque français. C’est Françoise Masset qui chante le rôle d’Io, contre-emploi apparent car son tempérament volcanique la destinerait plus à l’éruptive Junon qu’à une douce Nymphe, mais glorieusement assumé, sa diction, son art de la prosodie, la passion amoureuse qu’elle fait passer dans son chant troublant emportant les réserves dues à son timbre dur et assez métallique. Elle détaille un acte II magnifique de frémissement et de grâce, et est très émouvante dans sa supplique à Jupiter.
Sa tourmenteuse est chantée par une Guillemette Laurens en pleine forme, qui «est» Junon, avec un naturel altier et un art du phrasé remarquable, dommage que le rôle soit si court. Son époux Jupiter est interprété avec assurance et son habituel timbre mœlleux par Bernard Deletré. Dans le rôle de Mercure, le messager des dieux, Howard Crook fait entendre une voix assez fatiguée, aux aigus manquant de soutien et d’éclat, mais à la ligne de chant très fluide et au médium encore très séduisant. Isabelle Desrochers, au timbre frais et argenté, est une Renommée éclatante dans le prologue, avant d’être un peu à la peine dans la tragédie proprement dite, avare de couleurs et vocalises parfois escamotées, mais la diction est superbe, et la ligne de chant élégante et souple. Belle prestation également de la troisième soprano, Valérie Gabail a un timbre corsé, au médium très riche, au chant élégant et racé, malgré quelques aigus difficiles et une émission assez nasale. Bertrand Chuberre est un Hierax touchant, à la voix longue et au beau timbre sombre, gêné par un vibrato un peu envahissant et quelques aigus serrés. Chant stylé, timbre clair et séduisant, la haute-contre Robert Gretchell fait belle impression, et son français, teinté d’américain, reste toujours très compréhensible. Dernier des rôles titres, Renaud Delaigue fait admirer la noirceur et l’étendue de sa belle voix de basse, mais il chante d’une façon assez extérieure et creuse. Tirés d’un Chœur du Marais ductile, à l’intonation précise et à la diction irréprochable, les seconds rôles sont très bien tenus, avec mention pour les belles interventions de Geneviève Kaemmerlen, Renaud Tripathi et Thomas Van Essen.
En grande formation pour l’occasion, la Simphonie du Marais manifeste une belle cohésion et des sonorités subtiles dans les cordes. Les vents sont difficiles à entendre, désavantagés dans cette acoustique d’église, mais les cuivres sont remarquables de justesse et d’éclat lors du prologue. A la basse continue, Marc Wolff- théorbe, Jean-Marie Quint- basse de violon et Emmanuelle Gigues- viole de gambe, apportent un soutien discret mais efficace et précis aux chanteurs. Maître d’œuvre de ce concert, Hugo Reyne s’investit à fond dans cette musique qu’il sert avec un enthousiasme communicatif, grandiose et pompeux dans le prologue, délicat et subtil dans les deux premiers actes, pastoral et festif dans le III, seul le climat du IV lui échappe un peu, on voudrait quelque chose de plus creusé, de plus noir, on a l’impression de rester à la surface de drame. Le dernier acte par contre, à l’atmosphère consolatrice et apaisée est magnifiquement rendu.
Le concert était diffusé en direct sur France Musique, et enregistré pour un disque qui paraîtra chez Accord/Universal dès octobre ou novembre prochain. Est-ce pour cette raison que les spectateurs se sont montrés d’une telle discrétion ? Alors que le concert a duré largement plus de trois heures, le public a été parfait, attentif et passionné jusqu’au bout, il mérite lui aussi un grand bravo. Cette Isis sera reprise par les mêmes le vingt-deux novembre à l’Opéra Royal de Versailles, dans le cadre de la saison du Centre de Musique Baroque de Versailles. «