Ballet royal de Flore

COMPOSITEUR Jean-Baptiste LULLY
LIBRETTISTE Isaac de Bensérade
DATE DIRECTION EDITEUR NOMBRE LANGUE DISPONIBLE FICHE DETAILLEE
2001 Hugo Reyne Accord 1 français oui

 

Dernier des grands ballets de cour français (LWV 40), représenté pour célébrer le retour de la paix après la Guerre de Dévolution, sanctionnée par le Traité d’Aix-la-Chapelle, se composant d’un Prologue et de quinze Entrées, sur un texte d’Isaac de Bensérade, dont ce fut la dernière œuvre pour la cour et la dernière collaboration avec Lully, et avec des costumes d’Henry Gissey.

Il fut dansé par le roi, dont ce fut la dernière apparition dans le rôle du Soleil, le 16 février 1669, dans le grand salon des Tuileries.

L’argument est tiré du Ve Livre des Fastes d’Ovide : les Jeux en l’honneur de Flore.

Le rôle de Flore était destinée à Henriette d’Angleterre qui, enceinte et malade, dut, la mort dans l’âme, se faire remplacer par la duchesse de Sully. Dans la première entrée, Louis XIV en Soleil était accompagné par le Comte d’Armagnac (l’Air), le marquis de Villeroy (le Feu), le marquis de Rassan (la Terre), et Beauchamp (l’Eau). Les entrées suivantes furent dansées par des danseurs professionnels, excepté le Finale où les membres de la cour revinrent en scène. Mlle de La Vallière y interpréta – pour la dernière fois – un rôle de bergère.

La distribution réunit cent-trente-huit participants, dont vingt-cinq danseurs de la noblesse, vingt-neuf danseurs professionnels, trente chanteurs et cinquante instrumentistes.

Le ballet fut repris les 20, 25 février et le 2 mars de la même année.

 

Synopsis détaillé

Ouverture – Prologue (Récit de l’Hiver, Choeur des Glaçons, Récit de l’Hiver)

Première entrée : Le Soleil

Le Soleil touché de voir toute la Nature souffrir, et demeurer comme ensevelie dans les longues nuits de l’Hiver, la Terre couverte de Neiges, les arbres dépouillés de leur parure, les Fleuves troubles, les Fontaines glacées, les vents se faisant une cruelle guerre, et excitant de continuels orages, prend la résolution de mettre fin à ces désordres, de donner la paix à tout le monde, et d’y faire naître un Printemps qui dure toujours. Il sort de la mer environné des plus beaux rayons dont il ait jamais brillé, chasse l’Hiver et toute sa suite, et change la face du Théâtre en une agréable verdure. Il appelle les Elérnens, commande à la Terre de produire des fleurs, à l’Eau de se retenir dans ses bords, et d’arroser doucement les campagnes, à l’Air de dissiper les nuages et les mauvaises vapeurs dont il est chargé, et au Feu de se retirer dans sa Sphère, et pour comble de bonheur, il fait descendre Flore du Ciel.

Deuxième Entrée : Flore et ses Compagnes

Flore descend du Ciel sur un nuage aussi brillant que le Soleil, rien de pareil n’a été vu depuis la Naissance de Vénus. Cette déesse fait tout l’Honneur du Printemps, et remplit de joei toute la Terre, il est facile en la voyant de juger qu’elle a l’empire sur les fleurs tant elle est parée. Elle conduit avec elle la Beauté, la Jeunesse, l’Abondance et la Félicité. Cette divine troupe se joint à celle du Soleil, toutes deux ensemble font un spectacle de Grandeur, de Majesté, de Grâces et de Charmes.

Troisième Entrée : Les Naïades et les Dryades

La Renommée ayant déjà publié partout les faveurs du Soleil et l’arrivée de Flore, les Nymphes des Bois, des Prés et des Eaux sortent de leurs demeures où la rigueur les avait si longtemps retenues. viennent rendre leurs Hommages à la Déesse et la conjurent de s’arrêter en leur Contrée. Flore les reçoit favorablement1et leur témoigne le plaisir qu’elle aura de leur rendre les biens que l’Hiver leur avait ravis.

Quatrième Entrée : le Printemps

Le Printemps était averti de prendre possession Monde, par l’entrée que le Soleil venoit de faire, dans le premier des Signes qui lui appartiennent. Le voilà qui se montre en son plus bel appareil. Il convie deux Amours qui le suivent, d’aller fondre qui reste de glace dans les lieux les plus retirés, et les Zéphyrs qui l’accompagnent ordinairement de se répandre dans les airs, et d’ouvrir de leurs plus douces haleines le sein de la Terre pour la production des fleurs.

Cinquième Entrée : Les Jardiniers et les Galants

Les plus nobles et les plus ordinaires usages des fleurs ont toujours été de servir de présents en Amour. Quatre Galants rencontrent ici des Jardiniers chargés de la dépouille de leurs jardins, et en achètent des bouquets pour les prése,ter à leurs Maîtresses.

Sixième Entrée : Les Galants et les Dames

Pendant que les Jardiniers achèvent leur Entrée, les Galants portent leurs bouquets aux Dames, et aident à leur ajuster ; et les uns & les autres également satisfaits dansent sur un même Air. Comus se présente tout couvert de fleurs, et se joignant à cette troupe, en est reconnu pour le Dieu des Divertissements et de la Galanterie : Il a néanmoins en sa main un épieu, qui marque que quelques autres inclinations le portent ailleurs.

Septième Entrée : Les Esclaves

Le fonds du Théâtre s’ouvre, huit jeunes débauchés y paraissent assis au tour d’une Table bien couverte. Quatre Esclaves entrent en dansant, les couronnent de fleurs, et leur présentent des Tasses couronnées de même. Les Anciens dans les Festins se servaient de fleurs pour rabattre les fumées que le vin a de coutume de faire monter à la tête.

Huitième Entrée : Les Débauchés

Les Esclaves retirés, et les Tables levées, les débauchés dansent, et comme une des suites ordinaires des Festins et des débauches de Table, était anciennement d’aller attacher aux portes des nouveaux mariés les Couronnes dont on s’était servi, ceux-ci n’en oublient pas la coutume ; ils donnent même une Sérénade, dont l’Hymen, l’Amitié, et la Fidélité font le Récit : Ritournelle, Récit de l’Hymen, Trio de l’Amitié, la Fidélité et l’Hymen, Récit de l’Amitié, Récit de la Fidélité, récit de l’Hymen et Trio.

Neuvième Entrée : Le Marié et la Mariée

Le Marié & la Mariée sortent de leur maison, et pour témoigner la satisfaction qu’ils ont eue de la Musique, joignent leur danse à celle des débauchés. Récit de l’Amitié.

Dixième Entrée : L’Aurore

Le Théâtre change de face, le jardin de Flore paraît orné de toutes sortes de fleurs, que l’Aurore arrose de ses larmes.

Onzième Entrée : Les Heures et les Grâces

Quatre des Heures vêtues de mille différentes couleurs, comme les anciens Poètes les représentent, cueillent des fleurs, et les donnent aux Grâces, qui en font des Couronnes pour les Dieux.

Douzième Entrée : Vertumne

Vertumne Intendant des jardins visite ceux de Flore, personne n’ignore les artifices que ce Dieu jeune et galant employa pour se faire aimer de Pomone : Cette Nymphe le vit souvent déguisé en Laboureur, en Faucheur, en Cueilleur de pommes, en Pêcheur, et en Vieille : Ce fut sous cette dernière forme qu’il réussit. Peut-être a-t-il aujourd’hui quelque nouveau dessein, se faisant suivre par les mêmes Figures.

Plainte de Vénus sur la Mort d’Adonis

Treizième Entrée : Proserpine et ses Compagnes, Pluton enlevant Proserpine, les Démons

Pluton à l’aide de douze Démons enlève Proserpine, pendant qu’elle s’amuse à cueillir des fleurs avec ses Compagnes, elle appelle sa mère à son secours, et laisse tomber du bas de sa robe les fleurs qu’elle avait amassées, regrettant encore la perte de ces bouquets dans cet enlèvement, tant est grande la simplicité qui accompagne sa jeunesse.

Quatorzième Entrée : Les Héros

Six Héros changés en fleurs paraîssent en cette Entrée la Tête couronnée, et leurs Escus chargés des mêmes fleurs, où ils ont été changés. Narcisse Berger changé en fleur de son nom, après avoir dédaigné la Belle Echo, et être devenu amoureux passionné de lui-même. Adonis changé en Anémone par le pouvoir de Vénus, après avoir été tué d’un Sanglier. Hyacinthe en la fleur de même nom par Apollon qui l’aimait, et l’avait tué sans y penser jouant au palet. Ajax en une autre espèce d’Hyacinthe, s’étant tué lui-même, pour n’avoir pas obtenu les armes d’Achille, qu’Ulisse lui disputait. Acanthe en fleur jaune, étant mort de langueur et de la jaunisse, après la perte de sa Maîtresse. Amaraque en fleur de Marjolaine étant mort de douleur d’avoir perdu les parfums précieux de Cynare Roi de Chypre son Maître. 

Ces six Héros disputent entr’eux à qui de toutes les fleurs la Gloire et la Primauté doit appartenir, et semblent par leurs gestes et par leurs regards appeler à leur secours les Dieux qui les ont changés, et comme la querelle s’échauffe, le Ciel s’ouvre, Jupiter qui y paraît apaise leur différend, et leur fait prononcer par la voix du Destin que la prééminence des fleurs n’est due qu’aux Lys, et pour marque publique de cet arrêt ordonne que les Jardins de Flore seront changés en un superbe Temple consacré à la Déesse Flore, et que toutes les Nations du Monde viendront lui rendre hommage et reconnaître le souverain pouvoir des Lys.

Récit de Jupiter – Récit du Destin – Duo de Jupiter et du Destin.

Quinzième Entrée

Prélude pour les Quatre Parties du Monde – Récit de l’Europe – Récit de l’Europe, l’Afrique, l’Asie et l’Amérique – Grand Musique : Choeur des Quatre parties du Monde – Marche des Nations – Air pour l’Europe – Canaries – Menuet – Second Récit des Quatre Parties du Monde – Grande Musique – Second Chœur des Quatre Parties du Monde

 

Livret et partition disponibles sur livretsbaroques.fr

 

Partition : édition de James P. Cassaro, James R. Anthony et Rebecca Harris-Warrick et Albert Cohen chez Georg Olms Verlag  Association Philippe Lescat – Notes de cours de Bertrand Porot

http://apl.apinc.org/article.php3?id_article=48

 

« Lully n’a pas encore composé sa première tragédie lyrique et a façonné son art pendant presque vingt ans dans l’atelier du ballet de cour et de la comédie-ballet. Le Ballet royal de Flore est une apothéose et une conclusion du ballet de cour. Le chant y occulte de plus en plus la danse et préfigure l’opéra à venir ». (Le Monde de la Musique – juin 2001)