Amadis de Gaule

Amadis

COMPOSITEUR Jean-Baptiste LULLY
LIBRETTISTE Philippe Quinault
ENREGISTREMENT ÉDITION DIRECTION EDITEUR NOMBRE LANGUE FICHE DÉTAILLÉE
2006 2006 Hugo Reyne Accord 3 français

 

Opéra en un prologue et cinq actes de Jean-Baptiste Lully, sur un livret de Philippe Quinault (1635-1688), inspiré de l’un des plus célèbres romans chevaleresques espagnols de Garcia Ordonez (ou Rodriguez) de Montalvo, publié en 1508, et adapté par N. Herberay des Essarts dans un roman-fleuve, Amadis de Gaule, publié à partir de 1540. Montalvo avait lui-même adapté une oeuvre du Portugais Joao de Lobeira Amadis.
C’est Louis XIV lui-même qui donna à Quinault le sujet qui, dit-on, embarrassa ce dernier, au point d’y travailler tout l’été de 1683 et de susciter de sa part un madrigal intitulé L’Opéra difficile qui se terminait par :

O Ciel ! peut-on jamais avoir
Opéra plus fâcheux à faire ?

La création devait avoir lieu à Versailles, durant le Carnaval de 1684. La mort de la reine l’empêcha, et Louis XIV accepta que la première représentation ait lieu à l’Académie royale, le 18 janvier 1684. Les décorations et costumes dessinés par Bérain furent trouvés admirables et d’un goût nouveau. Les vols, dont la nouveauté et l’exécution suprirent les spectateurs étaient du même Bérain.
Georges Touchard-Lafosse raconte dans ses Chroniques secrètes et galantes : la mort de la reine, arrivée l’année suivante, retarda l’apparition d’Amadis des Gaules. Cependant cet opéra, dont Louis XIV avait donné l’idée, parut avant que le deuil de la cour fut terminé. Le roi se croyait quasi auteur du poème ; l’incitation de l’amour propre domina quelque peu chez lui le sentiment de la bienséance : un poète par métier n’eût pas fait plus. La pièce était remplie d’allusions à la louange de Sa Majesté, et Lully fit chanter, le mieux qu’il put, ce panégyrique obligé. Mais le public commençait à se lasser de ces éloges, par dièzes, bémols et bécares : poème et musique d’Amadis parurent d’une longueur démesurée. Toutefois on eût à tenir compte au directeur de l’Opéra d’une amélioration sensible dans les décorations et les costumes. Le sieur Berrin, chargé de la mise en scène à l’Opéra, était l’auteur de ce progrès. Les personnages d’Amadis ressemblaient toujours à une mascarade, offrant un amalgame de cuirasses et de rubans, de brassards et de manchettes en point d’Angleterre ; mais le grotesque avait perdu quelque chose de ses droits. Pour la première fois, on vit dans cette composition lyrique des personnages traversant les airs, au moyen d’un mécanisme ingénieux inventé par Berrin : le public fut charmé de cette combinaison de fils d’archal, habilement agencés. On courut à l’Opéra pour l’admirer; puis on cessa d’y aller; ce qui fit dire à je ne sais quel plaisant que le succès d’Amadis ne tenait qu’à un fil.

Il y eut une version de concert « sans danse, ni ballet, sans théâtre » chez la Dauphine, à laquelle le roi n’assista pas. La représentation dans la Grande Ecurie de Versailles eut lieu le 5 mars 1685, sans décors ni machines.
Distribution : Du Mesny (Amadis), Mlle Moreau (Oriane), Mlle Desmatins (*) (Corisande), Dun (Florestan), Mlle Le Rochois (Arcabonne), Beaumavielle (Arcalaüs).
Actrice et danseuse espagnoleEnchanteur - Robert Bonnart d'après Berain
(*) Marie-Louise Desmatins (ou Desmâtins), nièce de Pierre Beauchamps, faisait ses débuts comme chanteuse à l’âge de quatorze ans, après avoir débuté comme danseuse à l’âge de douze ans.

Mlle Desmatins
L’œuvre fut reprise :

à l’Académie royale, le 8 avril 1687, avec Hardouin (Alquin) et Mlle Renaud (Urgande) dans le prologue, Chopelet (Amadis), Mlle Moreau (Oriane), Thévenard (Florestan), Mlle Clément (Corisande), Dun (Arcalaüs), Mlle Desmatins (Arcabonne), Hardouin (L’Ombre d’Ardan Canile),
à Amsterdam, en 1687, et à Bruxelles, au Quai au Foin, le 20 janvier 1695, précédé d’un nouveau prologue composé par Pietro Antonio Fiocco ;
à l’Académie royale de musique, le 31 mai 1701, avec Hardouin (Alquin) et Mlle Dupeyré (Urgande), Murayre (Amadis), Mlle Journet (Oriane), Thévenard (Florestan), Mlle Poussin (Corisande), Dun (Arcalaüs), Mlle Desmatins (Arcabonne), Hardouin (L’Ombre d’Ardan Canile),

Mlle Journet en Oriane

à l’Académie royale, le 1er mars 1707, avec Boutelou fils, Marie-Louise Desmatins (*), Dun père, Hardouin, Mlle Journet, Mlle Poussin, Thévenard ;

(*) ce fut le dernier rôle de Marie-Louise Desmatins, nièce de Pierre Beauchamps, née en 1670. Elle avait commencé comme ballerine, à l’âge de douze ans. Atteinte d’embonpoint, elle devait mourir un an plus tard, à trente-huit ans.

à Lunéville, en février 1709, et cette même année au Théâtre de la Monnaie, à Bruxelles ;
à l’Académie royale de musique, les 26 avril et 13 mai 1718, avec Murayre (Alquin) et Mlle Lagarde (Urgande), Murayre (Amadis), Mlle Journet (Oriane), Dubourg (Florestan), Mlle Tulou (Corisande), Thévenard (Arcalaüs), Mlle Antier (Arcabonne) ; cette dernière fit beaucoup pour le succès de cette reprise, rétablissant Amadis dans la réputation qu’il avait perdue depuis la retraite de Mlle Le Rochois (Nicolas Boindin) ;
à l’Académie royale de musique, le 4 octobre 1731, avec Chassé (Alquin) et Mlle Eremans (Urgande), Tribou (Amadis), Mlle Le Maure (Oriane), Dun (Florestan), Mlle Petitpas (Corisande), Chassé (Arcalaüs), Mlle Antier (Arcabonne), Dubourg (L’Ombre d’Ardan Canile).

Mlle Sallé y dansait deux entrées seule, au deuxième et au quatrième actes. Voltaire à son sujet fit la fine bouche : à mon sens, sa danse d’Amadis n’était ni surprenante ni admirable. Elle laissa sa place en novembre à Mlle Camargo.

à Versailles, chez la Reine, en 1732 (7, 9 et 14 janvier, 3, 5 et 10 mars), puis à l’Académie royale (24 et 29 mars).
à l’Académie royale de musique, le 8 novembre 1740, avec Lepage (Alquin) et Mlle Eremans (Urgande), Jélyote (Amadis), Mlle Le Maure (Oriane), Albert (Florestan), Mlle Fel (Corisande), Lepage (Arcalaüs), Mlle Antier (Arcabonne), Dun (L’Ombre d’Ardan Canile). Le public apprécia particulièrement Mlle Le Maure – considérée comme une des plus belles voix qu’on ait entendues à l’Opéra – dans le rôle d’Oriane.
à l’Académie royale de musique, le 6 novembre 1759,
et le 26 novembre 1771, avec Sophie Arnould dans le rôle d’Oriane. Pierre-Montan Berton et Jean-Benjamin de La Borde avait composé une musique nouvelle pour les choeurs et les divertissements, et réduit le nombre d’actes à trois. Selon les Anecdotes dramatiques (1775) : Il (Berton) a refait , en société avec M. de la Borde , tout l’Opéra d’Amadis de Gaule , avec le Prologue, à l’exception du récitatif.

Le 28 novembre, Bachaumont note dans ses Mémoires secrets : L’opéra d’Amadis de Gaule, exécuté mardi dernier , &. qui n’avoit pas éte remis depuis 1769 , a attiré un monde prodigieux. C’est un des plus beaux de Quinault pour la composition &, le spectacle , & , de ce côté-là l’admiration ne s’est pas affaiblie ; mais les changements faits dans la musiqne par le sieur la Borde , ont paru si disparates avec celle deLully, qu’il en est résulté une dissonance générale, propre à révolter également les partifans de l’ancien goût & ceux du nouveau.

Des parodies furent jouées en mai 1684 (Amadis cuisinier) ; le 10 février 1694 au Théâtre des Italiens (La Naissance d’Amadis), sur un texte de Regnard ; le 27 novembre 1731, aux Italiens (Arlequin Amadis), sur un texte de Dominique et Romagnesi ; en mars 1732, intitulée Polichinelle Amadis, au Théâtre des marionnettes de Bienfait ; le 19 décembre 1740, aux Italiens, (Amadis), sur un texte de Romagnesi ; en 1741, une comédie allégorique (Amadis gaulé), rappelant que Jélyote (?) avait reçu des coups de bâton d’un « homme de qualité » dont il se disait le rival ; en 1759, par M. de Morambert.
Pour la différencier de l’Amadis de Grèce, donnée par Destouches en 1699, Amadis fut intitulée Amadis des Gaules.
La partition fut éditée en 1936 sous la direction d’Henry Prunières.
Le livret fut aménagé en tragédie-opéra en trois actes par Anne-Pierre-Jacques Devismes du Valgay et mis en musique par Jean-Chrétien Bach. La création eut lieu le 10 décembre 1779, dans la seconde salle du Palais Royal.

16me de nos Opéra. Les vers de cette Trag. sont de Quinault, à qui le Roi en avoit donné le sujet, & la musique de Lully. Elle devoit être représentée à Versailles pendant le Carnaval de 1684 ; mais la Reine étant morte en ce tems, le Roi qui ne voulut assister à aucun spectacle pendant l’année de son deuil, consentit que cet Opéra fût donné au Public, qui le vit pour la premiere fois le 15 Janv. 1684. Les décorations & les vols furent inventés par Berrin, & exécutés sur ses desseins, ainsi que les habits. Le Prologue est entre Alquif, Enchanteur, & Urgande son épouse, & de la même profession. Amadis, fils de Perion Roi des Gaules, aime Orïane, fille d’un Roi de la Grande-Bretagne ; Florestan frere naturel d’Amadis, aime Corisande Souveraine de Gravesande ; ces amours principales & épisodiques, traversées par des jalousies & des enchantemens, sont le sujet du Poëme. Il a été imprimé, & ensuite gravé en musique partition in-fol. On l’a déja remis sept fois au Théatre, savoir en 1687, 1701, 1707, 1718, 1731, 1740 & 1759. (de Léris – Dictionnaire des Théâtres)

Synopsis

Amadis, fils naturel de Périon et d’Elisène, est abandonné sur une barque au fil de l’eau, avec pour seuls signes de reconnaissance une épée et un anneau. Il est recueilli par Gandales qui l’élève comme son fils. Plus tard, il est conduit à la cour du roi Langrines où il rencontre Oriane, fille de Lisuarte, roi de Bretagne. Les jeunes gens s’éprennent l’un de l’autre et se jurent fidélité éternelle. Grâce à Oriane, Amadis est nommé chevalier : il accomplira tous ses exploits chevaleresques pour l’amour de sa dame. Pour avoir vaincu le géant Abiès, ennemi du roi Périon, il est accueilli par celui-ci avec tous les honneurs. Grâce à l’anneau qui ne l’a pas quitté, il est reconnu par ses parents. Mais ce n’est pas la fin de ses aventures. Retenu par enchantement au château d’Arcalaüs, il sera libéré par Urgande, sa mystérieuse protectrice. Il affronte ensuite sans le savoir son propre frère Galaor, mais les deux chevaliers finissent par s’unir pour de nouveaux exploits. Ils auront notamment pour tâche de délivrer Lisuarte et sa fille Oriane, prisonniers dans un château enchanté. A nouveau placé sous un charme maléfique, Amadis sera à son tour délivré par Oriane, qui s’offre à lui. Le héros se rend au royaume de Sobranise, où l’accueille somptueusement la reine Briolanie, mais ses pensées vont à la seule Oriane. Il part à sa recherche. Au cours de son voyage, il surmonte mille obstacles pour délivrer de preux chevaliers retenus prisonniers. Mais une lettre d’Oriane lui parvient : pensant qu’il s’est épris de la reine Briolanie, elle affirme ne plus vouloir entendre parler de lui. Amadis, désespéré, se retire sur une montagne, se faisant appeler le Beau ténébreux. Toutefois, l’occasion lui est encore donnée de porter secours à Lisuarte et Oriane. Il devient, par ses exploits, le plus grand héros du monde, triomphant tour à tour en Allemagne, en Bohème, en Italie et en Grèce. Enfin, il arrache Oriane à l’empereur d’Occident qui la retenait captive et tous deux peuvent cette fois s’unir pour toujours. (Dictionnaire chronologique des Opéras – Le Livre de Poche)

Synopsis détaillé


Prologue
Les lieux qu’Urgande et Alquif ont choisis pour y demeurer enchantés et assoupis avec leur suite. Un éclair et un coup de tonnerre commencent à dissiper l’assoupissement d’Urgande, d’Alquif et de leur suite
Alquin et Urgande annoncent la fin de leur enchantement. Choeur. Les génies qui veillaient à la sureté d’Alquin et d’Urgande et de leur suite, s’envolent, au bruit du tonnerre et à la lueur des éclairs. La suite d’Alquin et d’Urgande témoigne par des danses et des chants, la joie qu’elle ressent de ce que l’enchantement est fini. Urgande et Alquin indiquent leur désir d’aller rejoindre le héros Amadis pour qu’il enseigne l’art de la guerre.
Acte I
Un arc de triomphe, élevé près du palais de Lisuart, roi de Grande Bretagne, père d’Oriane
(1) Florestan, fils naturel du roi de Gaule Périon, revient de la guerre. Il rencontre Amadis qui lui confie aimer Oriane, fille de Lisuart, roi de Grande Bretagne. Amadis se lamente qu’Oriane le repousse après l’avoir aimé, mais veut lui rester fidèle. (2) Florestan retrouve Corisande, souveraine de Gravesande, qu’il aime et dont il est aimé. Corisande lui offre de régner avec elle. (3) Oriane explique à Florestan que son attitude résulte de ce qu’Amadis aime Briolanie, et que sa tristesse est feinte. (4) Un combat a lieu entre les troupes de deux différents partis, dont Oriane est l’enjeu. Oriane donne au chef du parti vainqueur une couronne de laurier et de myrte fleuri. Le chœur vante les charmes d’Oriane.
Acte II
Une forêt, dont les arbres sont chargés de trophées ; dans le fond un pont et une forteresse (ou un pavillon)
(1) Arcabonne, célèbre enchanteresse, amie d’Amadis, refuse l’amour qu’elle ressent. (2) Elle raconte à son frère Arcalaüs, chevalier enchanteur, qu’elle a été sauvée d’un monstre par un chevalier inconnu qu’elle n’a fait qu’apercevoir, et dont elle est de plus en plus éprise. Arcalaus lui rappelle leur devoir de vengeance contre Amadis, responsable de la mort de leur frère Ardan. (3) Arcalaus, resté seul, se réjouit de voir arriver Amadis, et se retire dans le fort. (4) Amadis crie son désespoir. (5) Corisande se lamente aussi. Quand ils se rencontrent, surpris, Corisande apprend à Amadis que Florestan s’est laissé séduire par une inconnue. Amadis propose d’aller le délivrer. (6) Amadis est arrêté sur le pont par Arcalaus. Corisande est emmenée rejoindre Florestan. Amadis combat Arcalaus. (7) Plusieurs démons et des monstres terribles, s’efforcent en vain d’arrêter Amadis ; d’autres démons, sous la forme de bergers & de bergères, prennent la place des monstres, et enchantent Amadis. Celui-ci croit voir Oriane en une bergère, lui remet ses armes et la suit. Le chœur chante la puissance de la beauté.
Acte III
D’un côté une solitude aride et le tombeau d’Ardan-Canile, de l’autre, un vieux palais ruiné, avec plusieurs cachots
(1) Florestan et Corisande sont enfermés chacun dans un cachot. Le choeur des captifs se lamente, et le choeur des geôliers lui répond de n’avoir aucun espoir. Florestan et Corisandre se lamentent de leur sort. (2) Arcabonne, conduite et portée en l’air par un dragon volant, descend dans le palais ruiné, et fait délivrer les captifs, mais leur annonce leur mort prochaine. Florestan et Corisande tentent de fléchir Arcabonne, puis se résignent à mourir ensemble. Arcabonne dédie sa vengeance à son frère Ardan-Canile. L’ombre de ce dernier annonce à Arcabonne qu’elle va le trahir et le rejoindre sous peu. (4) Amadis est amené pour être mis à mort. Au moment de le poignarder, Arcabonne reconnaît en lui son sauveur. Elle lui rend aussitôt la liberté, ainsi qu’aux autres captifs, à la demande d’Amadis. ceux-ci, dont notamment Florestan et Corisande se réjouissent de la force de l’amour.
Acte IV
Une île agréable
(1) Arcalaus se réjouit qu’Oriane soit en sa possession et qu’elle apprenne la mort d’Amadis. Arcabonne lui annonce qu’elle aime Amadis, et Arcalaus se retourne contre elle. Arcabonne est partagé entre l’amour et la haine à l’idée du mariage entre Amadis et Oriane. Oriane arrive, et Arcabonne se réjouit de son malheur. (2) Oriane se lamente de l’inconstance d’Amadis. (3) Arcalaus lui annonce avoir vaincu Amadis, et le lui montre étendu à terre, paraissant mort. (4) Oriane se fait des reproches et se lamente, puis s’évanouit. (5) Arcalaus et Arcabonne se réjouissent à la vue des deux amants. (6) Un rocher environné de flammes s’approche ; les flammes se retirent, et laissent voir un vaisseau sous la figure d’un serpent, dont sortent Urgande et ses suivantes. Urgande immobilise Arcalaus et Arcabonne de sa baguette. Les suivantes d’Urgande commencent à dissiper par leurs danses l’enchantement dont Amadis et Oriane sont saisis, et les emportent dans le vaisseau. Urgande, avant que d’y rentrer, touche une seconde fois de sa baguette Arcalaus et Arcabonne qui, libérés, font aussitôt appel aux démons des Enfers. Les démons de l’Air viennent combattre contre ceux des Enfers et les surmontent. Désespérés, Arcalaus et Arcabonne se tuent.
Acte V
Le Palais enchanté d’Apollidon, où l’on voit l’Arc des loyaux amants, et la Chambre défendue, qui est gardée par un monstre jetant des flammes
Frontispice du livret de Quinault - Chambre du palais d'Apollidon - Bérain - 1684
(1) Urgande annonce à Amadis qu’il va voir Oriane. Amadis craint sa colère. (2) Oriane se réveille et les amants sont émerveillés de se retrouver. Oriane reproche à Amadis d’aimer Briolanie, tout en lui maintenant son amour. (3) Urgande promet à Oriane de faire fléchir son père en faveur d’Amadis. Ceelui-ci mène Oriane dans la chambre enchantée. Celle-ci s’ouvre, et une troupe de héros et d’héroïnes, qu’Apollidon y avait autrefois enchantés pour y attendre le plus fidèle des amants et la plus parfaite des amantes. Les héros & les héroïnes, dont Florestan et Corisande, témoignent leur joie par les danses mêlées de chants.

Livret et partition disponibles sur livretsbaroques.fr

 


Représentations :

Versailles, Opéra Royal – 5 juillet 2013 – Beaune, Cour des Hospices – 13 juillet 2013 – version de concert – Les Talens Lyriques – Chœur de Chambre de Namur – dir. Christophe Rousset – chef de choeur Thibaut Lenaerts – avec Judith van Wanroij (Oriane), Hasnaa Bennani (Corisande), Ingrid Perruche (Arcabonne), Bénédicte Tauran (Urgande), Cyril Auvity (Amadis), Benoît Arnould (Florestan), Edwin Crossley-Mercer (Arcalaüs), Pierrick Boisseau (Alquif/Ardan-Canile/Un geôlier/Un berger), Reinoud Van Mechelen (Un captif/Un berger/Un héros), Caroline Weynants (Une suivante d’Urgande/Une héroïne/Une captive/Une bergère), Virginie Thomas (Une bergère/Une suivante d’Urgande)

vidéo intégrale

http://culturebox.francetvinfo.fr/amadis-de-lully-a-versailles-138767

Diapason – septembre 2013 – La tragédie d’Arcabonne

« Quatrième volet du cycle Lully de l’ensemble Les Talens Lyriques à Beaune, Amadis n’aura pas tout à fait tenu les promesses des précédents. En cause, la sécheresse de l’acoustique de la cour des Hospices. Elle prive l’orchestre de l’étoffe que lui conférait la réverbération de la basilique Notre-Dame dans Bellérophon (2010) comme dans Phaëton (2012). Non seulement au Prologue, que Lully et son librettiste Quinault n’ont pas marqué du sceau de leur génie, mais aussi jusqu’à la fin du II. Il est vrai que Christophe Rousset ne rompt la mécanique étriquée de son geste qu’à partir de la scène des enchantements d’Arcalaüs – l’air Bois épais en serait presque passé inaperçu si sa reprise n’avait croulé sous les ornements. Voici donc que la phrase respire, grâce aussi à Reinoud Van Mechelen, qui prend le temps d’épanouir, en Berger puis en Captif, la poésie d’une haute-contre naturellement ductile. Cyril Auvity n’en paraît que plus tendu dans le rôle-titre, mais toujours animé par cette diction et cet élan fulgurants qui le rendent indispensable. C’est par la pointe d’exotisme qui colore les mots de Judith Van Wanroij comme par les galbes affûtés de sa voix que s’affirme le caractère d ‘Oriane, tandis que Corisande révèle la lumière d’Hasnaa Bennani, liée au Florestan distingué de Benoît Arnould. Moins soucieux de la déclamation que de l’homogénéité d’un timbre somptueux, Edwin Crossley-Mercer réduit Arcalaüs à un méchant de série B en jouant les bellâtres nonchalants. A l’inverse, Ingrid Perruche (Arcabonne) transcende la banalité parfois rugueuse de la couleur par la flamme de l’incarnation. »

Théâtre d’Avignon – 24, 26 janvier 2010 – Opéra de Massy – 6, 7 février 2010 – Orchestre des Musiques Anciennes et à Venir – Choeur des Chantres du Centre de Musique Baroque de Versailles – dir. Olivier Schneebeli – mise en scène et décors Olivier Benezech – costumes Frédéric Olivier – video Gilles Papain – lumières Philippe Grosperrin – chorégraphie Françoise Deniau – avec Cyril Auvity (Amadis), Katia Velletaz (Oriane), Isabelle Druet (Arcabonne), Hjördis Thébault (Urgande), Dagmar Saskova (Corisande), Alain Buet (Arcalaïs), Edwin Crossley-Mercer (Florestan), Arnaud Richard (Alquif / Ardan-Canile) – coproduction avec Opéra de Massy ; Centre de Musique baroque de Versailles


La Provence – 24 janvier 2010

« C’est du sport, l’art lyrique. Une épreuve contre la montre pour être exact. Ces derniers jours, à l’opéra-théâtre d’Avignon, solistes et choristes, metteur en scène et scénographe, chef d’orchestre et musiciens, décorateurs, costumières et techniciens couraient tous après le temps, parfois à perdre haleine, pour être fin prêts ce dimanche après-midi à donner la première d’Amadis. Le rideau se lèveraà l’heure, comme toujours,mais cette production-là aura aussi ressemblé à une course d’obstacle. Car cet opéra baroque en cinq actes composé par Jean-Baptiste Lully en 1683, sur un livret de Philippe Quinault, n’a plus du tout été représenté depuis 1771 !
Près de 240 ans après, remonter ce chef-d’oeuvre inconnu, adapté d’un roman de chevalerie en 24 tomes célèbre en son temps, relève donc de la gageure, d’autant qu’il ne se monte en général qu’un seul Lully par an dans la France entière. Il faut saluer l’audace de l’Opéra d’Avignon qui s’est lancé dans l’aventure en faisant bien sûr appel à des spécialistes, capables de reconstituer les partitions en restant fidèles aux intentions du compositeur, qui n’est rien moins que le père de l’opéra français. « L’orchestration est presque entièrement à reprendre, explique dans un sourire Olivier Schneebeli, qui dirigera pour l’occasion les pages et les chantres du Centre de musique baroque de Versailles et l’Orchestre des musiques anciennes et à venir. Lully indique bien de-ci de-là que les trompettes retentissent ou que le haut-bois résonne mais pour l’essentiel, il faut tout reprendre, tout recréer… Ce qui nécessite bien sûr un certain travail d’imagination, pour donner une couleur aux différents personnages ».
Ce qui nécessite de très longues heures de répétition avec les musiciens bien sûr mais surtout avec les interprètes. « Lully, c’est une technique très particulière, explique Katia Velletaz, qui joue Oriane, princesse jalouse doutant de la fidélité de son bel Amadis. On ne le chante pas comme on chante Monteverdi par exemple, il faut maîtriser parfaitement la déclamation à la française, ces récitatifs qui sont caractéristiques de ses opéras et qui demandent beaucoup de rigueur ».
À ce souci – presque maniaque – de reconstitution sur le plan musical, le metteur en scène Olivier Bénézech a opposé une conception très libre de la scénographie, des décors et des costumes. Gilles Papain évoque brillamment par des projections vidéo ce monde peuplé de géants, de monstres et de sorcières, que la jeune chevalerie à laquelle Louis XIV voulait être identifié s’apprête à terrasser. Et c’est dans un esprit très BD, inspiré par Enki Bilal ou Philippe Delabby. Hier encore, l’équipe de couturières de l’opéra-théâtre mettait la dernière main aux 70 costumes que porteront les huit solistes.
Le ballet répétait encore et encore ses mouvements baroques. Cyril « Amadis » Auvity s’habituait lui à sa perruque argentée très « glam-rock ». Et la musique de Lully allait bientôt s’élever de la fosse. Pour la première fois depuis presque deux siècles et demi. »

Nouvel Obs

« Cette création fut pour nous un émerveillement visuel et un bonheur à l’état pur pour nos oreilles. La réalisation scénique imaginée par Olivier Bénézech, qui signait également la mise en scène, et Gilles Papain, auteur aussi des images vidéo, était fabuleuse. Les costumes de Frédéric Olivier, une grande griffe, étaient somptueux. L’ensemble était parfaitement éclairé par Philippe Grosperrin, un magicien de la lumière.
A réalisation remarquable, distribution exceptionnelle composée de Katia Velletaz (Oriane), Isabelle Druet (Arcabonne), Hjordis Thébault (Urgande), Dagmar Saskova (Corisande), Cyril Auvity (Amadis), Alain Buet (Arcalaüs), Edwin Cross-Mercer (Florestan), et Arnaud Richard (Alquif / Ardan-Canile). Egalement magnifique Orchestre des musiques anciennes et à venir et merveilleux ensemble des Chantres du centre de musique baroque de Versailles et belle prestation du ballet de l’opéra théâtre d’Avignon et des pays de Vaucluse dans une chorégraphie de Françoise Denieau avec Robert Le Nuz, danseur-soliste.
La scène et la fosse étaient musicalement et harmonieusement équilibrées par Olivier Schneebeli, un spécialiste de la musique baroque. Il a conduit en maître incontesté au succès cet ouvrage qui n’avait jamais été remonté depuis 1771. »

Les Chroniques de Benito Pelegrin

« La musique de Lully, l’Orchestre des musiques anciennes et à venir, les Chantres du Centre de Musique baroque de Versailles, de jeunes chanteurs solistes parfaitement pliés à la stylistique de cette musique, le tout dirigé par Olivier Schneebeli, expert en la matière, étaient une suffisante garantie « baroqueuse » qui dispensait le metteur en scène Olivier Bénézech d’alourdir la réalisation par des effets d’un baroquisme de reconstitution, archéologique. On salue donc cette scénographie inventive (Gilles Papain, Olivier Bénézech) : sur un fond d’abord abstrait, des éléments géométriques mobiles, socles, piédestaux, bases de colonnes, degrés, qui seront, tour à tour, tombeau, chaos de rochers, et sous des projections fastueuses (Gilles Papain, Marie Jumelin), des tapisseries somptueuses, des devises nobiliaires, tandis que les lumières de Philippe Grosperrin baignent les scènes dans des halos poétiques, révélant des fonds d’orage de bleus et verts tourmentés ou de basses-fosses infernales de ténèbre et de feu. Des transparences font naître une onirique ou cauchemardesque forêt et, à la fin, apparaître toute la machinerie stylisée du théâtre baroque, évoquée de la sorte, mais convoquée aujourd’hui par de stricts moyens d’une efficace économie.
Les costumes luxueux (Frédéric Olivier), ne sont pas des reconstitutions historiques, ne sont pas ces académiques modernisations qui avouent l’échec de l’invention, mais des créations originales qui connotent librement une époque ancienne, médiévale (les hommes) et baroque (les dames), à la fois de fantaisie de BD et de précision (coiffures Médicis et cols des robes), dans des moires chatoyantes, des velours, du plus bel effet, bleus, dorés, rouge. Les êtres surnaturels, elfes, lutins, ou esprits maléfiques, sont de sortes d’humoristiques larves, des chrysalides aux oreilles pointues. C’est beau et séduisant.
On regrette un peu, avec cela, avec le matériau de ces jeunes chanteurs beaux et souples, un manque de jeu, des gestes trop simples, stylisation sans doute de la gestique baroque, mais un peu répétitifs. Mais il est vrai, qu’à l’exception de la douloureuse magicienne, la matière psychologique est mince, voire inexistante.
En Oriane, amante du héros, Katia Velletaz, premier « dessus » (soprano), a une jolie voix ronde, très expressive dans l’acte IV où des sentiments plus forts se font jour après l’air convenu du dépit amoureux du début. ?Elle forme le premier couple avec Amadis: Cyril Auvity, qui l’incarne, haute-contre, ce ténor aigu de l’opéra baroque français jusqu’à Rameau, a un timbre léger et poétique mais qui sait aller à une belle et virile puissance. Le second couple, c’est Corisande, amante du frère du héros ? Dagmar Saskova, second « dessus » (soprano), voix délicieuse, pleine de charme et d’agilité ; l’amoureux Florestan, « basse taille » (baryton), Edwin Crossley-Mercer a une voix héroïque, sonore et portante et une superbe tenue scénique.
Deux autres couples se partagent la scène avec les jeunes premiers, les bons génies et les maléfiques. Hjordis Thébault , la bonne fée Urgande, a la voix proportionnée à la hiérarchie des rôles, mais en parfaite adéquation de style ; Alquif, son époux, Arnaud Richard, basse, semble vocalement sacrifié au début, mais en géant Ardan-Canile, ressuscité ou éveillé, il tonne de belle façon. Le méchant Arcalaüs d’Alain Buet a une superbe voix, impressionnante. Enfin, en Arcabonne, malfaisante enchanteresse vaincue par l’amour (comme Armide, Alcina), Isabelle Druet, sait donner à son personnage, le plus touchant de l’œuvre, la puissance émotive de sa voix de mezzo, plus attentive à l’expression déchirée d’une impossible amante qu’au simple beau chant décoratif. Tous ont une maîtrise parfaite de la déclamation lullyste et des agréments caractéristiques, ces petits gruppetti de fin de phrase, petits panaches ornementaux qui n’affectent pas la compréhension du texte, qui passe, en France, « prima la musica ».
Les instruments anciens, souplement conduits par Schneebeli, sonnent à la fois délicatement et avec puissance, les théorbes emplissant de leurs ondes frémissantes la salle, ce qui dément les préjugés un peu absurdes sur la minceur de la musique baroque. Enfin, un danseur, Robert Le Nuz, stylise aussi les entrées dansées de la tragédie lyrique selon Lully. »

Opéra Magazine – mars 2010 – 24 janvier 2010

« Créé en 1684, Amadis est l’une des dernières tragédies lyriques du valeureux tandem Quinault-Lully. A l’instar de Roland (1685) et d’Armide (1686), l’équilibre entre musique et dramaturrgie s’opère ici de manière quasi idéale et la partition, confondante de beauté, se hisse sans conteste au rang de chef-d’œuvre. Lully y déroule un tapis harmonique pénétrant dont les foisonnements éveillent tous les sens et, une fois n’est pas coutume, le liwet ficelé par Quinault assemble, sans trop de heurts, les profils psyychologiques les plus disparates. Contrasté, évocateur et propre à déclencher l’enchantement, l’esprit du roman chevaleresque concourt à l’édification d’une épopée gaélique à la fois captivante et sombre.
Sous l’impulsion du Centre de Musique Baroque de Versailles, Amadis retrouve les honneurs de la scène à l’Opéra-Théâtre d’Avignon pour deux représentaations, avant d’être donné à l’Opéra de Massy. Sous la conduite inspirée d’Olivier Schneebeli, le tout jeune Orchestre des Musiques Anciennes et à Venir fait montre d’une aisance et d’une cohésion exemplaires : les inflexions sont affûtées, l’inspiration réelle et le style particulièrement soutenu.
Le spectacle ne cherche pas à renouer avec un faste décoratif souvent illusoire et coûteux. L’espace scénique, habillé d’éléments géométriques modulables et rotatifs (cubes, promontoires, escaliers … ), offre le maximum d’effets pour un minimum de contraintes. Le Prologue allusif et les cinq actes sont assujettis, du reste, à un désir évident de lisibilité. Chaque personnage est parfaitement identifiable, chaque situation clairement définie. Sans verser dans la simplification abusive, Olivier Bénézech peut se targuer d’avoir éclairci une trame dramaturgique pour le moins torrtueuse.
En parfaite interdépendance, les éclairages de Philippe Grosperrin et le travail vidéographique efficient de Gilles Papain, avec Marie Jumelin et Maruani Landa, se chargent de nimber la production d’un imaginaire dénué de toute prétention occulte : la figuration presque hyperréaliste de la forêt est, en ce sens, envoûtante. En revanche, l’esthétique des costumes et perruques de Frédéric Olivier demeure, elle, très discutable. Côté chant, la tenue est de mise, malgré quelques minimes disparités. Comme l’on pouvait s’y attendre, Cyril Auvity, dans le rôle-titre, accède à de purs moments de grâce sur l’élégie – l’admirable «Bois épais, redouble ton ombre» fixe une désarmante beauté expressive -, ce qui ne l’empêche pas de «plafonner» toujours un rien dans l’effusion dès lors qu’elle se déclare plus héroïque. Le charismatique Edwin Crossley-Mercer ne cesse, pour sa part, d’affirmer de vives dispositions dans le répertoire «Grand Siècle» : sa diction zélée est assurément un avantage. Quant à Alain Buet, l’assise terrestre de son grave est formidable d’aplomb et de naturel. Avec d’autres moyens, Arnaud Richard fait lui aussi belle impression.
Les héroïnes féminines ne déméritent pas. Si l’Arcabonne d’Isabelle Druet se cabre parfois de façon singulière sur les lignes les plus tendues du registre, son tempérament, sa technique et son charme captent l’attention sans relâche, tout spécialement lors de l’incantation suicidaire de l’acte III. De sa voix ample et corsée, Hjördis Thébault impose sans mal l’impérieuse puissance de la fée Urgande. L’Oriane de Katia Velletaz s’avère tout aussi séduisante. De son timbre charnu et souple, elle traduit avec délicatesse les tourments de la jeune princesse captive. Dagmar Saskova est moins convaincante ; la prononciation française est à l’évidence encore un obstacle au plein épanouissement de son charmant dessus.
Bien sûr, il faut louer l’homogénéité des Chantres du Centre de Musique Baroque de Versailles, dont la réputation n’est aujourd’hui plus à faire. Attentifs aux moindres gestes de leur mentor, ils rivalisent de générosité et d’ardeur dans les multiples sections qui leur sont dévolues. Enfin, sous les applaudissements nourrris du public, le Ballet de l’Opéra-Théâtre d’Avignon récolte les derniers lauriers (très mérités !) pour la chorégraphie, altière et brillante, réglée avec soin par Françoise Denieau et Robert Le Nuz. »

Théâtre Municipal de Bienne – 13, 15, 20 février, 3, 6 mars, 19, 28 avril, 22 mai, 4, 10, 19, 20 juin 2009 – Burgdorf – Casino-Theater – 5 mars 2009 – Solothurn – Theater Biel – 21 mars, 8, 30 avril, 9, 15, 29 mai, 6 juin 2009 – dir. Harald Siegel – mise en scène Beat Wyrsch – décors, costumes Martin Warth – chef de choeur Valentin Vassilev – avec Paolo Vignoli (Amadis), Ulrich S Eggimann (Alquif), Corinne Angela Sutter (Urgande 1), Catriona Bühler (Une suivante), Rosa Elvira Sierra (Oriane), Roger Bucher (Florestan), Julie Koch (Corisande), Ulrich S Eggimann (Arcalaus), Corinne Angela Sutter (Arcabonne), Sandra Rohrbach (Urgande 2), Catriona Bühler (Une suivante, une héroïne), Valentin Vassilev (L’ombre d’Ardan), Numa Gaudy (Pantomime)



Église des Lucs sur Boulogne – Vendée – Xe Festival de Musique Baroque en Vendée – 11 juillet 2006 – Le Choeur et la Simphonie du Marais – dir. Hugo Reyne – avec Françoise Masset (Corisande), Céline Ricci (Arcabonne), Guillemette Laurens (Oriane), François-Nicolas Geslot (Amadis), Bertrand Chuberre (Florestan), Florian Westphal (Arcalaüs), Camille Poul (Urgande), Agathe Boudet (Suivante d’Urgande, une Bergère), Hélène Richer (Suivante d’Urgande, une Bergère, une Captive), Benoît Procherot (un Berger, un Captif ), Thomas Van Essen (un Berger, un Captif), Matthieu Heim (Alquif, un Geôlier, l’Ombre d’Ardan) – première recréation mondiale

ResMusica

« Le Xe Festival de Musique baroque de Vendée qui se déroule dans le ravissant domaine de La Chabotterie où fut capturé le général Charrette lors des guerres de Vendée s’est ouvert ce 11 juillet avec un bijou de musique lyrique baroque : Amadis en un prologue et cinq actes, de Jean-Baptiste Lully. Une œuvre à l’intrigue complexe mais passionnante musicalement et vocalement et surtout admirablement dirigée par Hugo Reyne à la tête des excellents Symphonie et Chœur du Marais. La distribution était éclatante d’homogénéité et de beauté vocale. L’œuvre donnée dans son intégralité sera éditée prochainement en CD par le label « Musiques à La Chabotterie ». L’Eglise de Les-Lucs-sur-Boulogne était pleine à craquer d’un public enthousiaste et conquis par le raffinement, l’élégance, la clarté et l’équilibre impulsés par Hugo Reyne, infatigable explorateur passionné de la musique baroque. Trois heures de bonheur où l’on a pu apprécier la qualité exceptionnelle des musiciens de La Simphonie du Marais et l’intense et vibrant Chœur du Marais.
Dans Lully ou le Musicien du Soleil, Philippe Beaussant écrit : « D’où vient qu’Amadis ait tant plu, et qu’aujourd’hui encore, il puisse nous plaire encore ? » C’est à cause du charme qui s’en dégage. Quinault lui a gardé la magie des vieux contes. Nous sommes entraînés par la diversité des émotions qui en cessent de se succéder de scène en scène : tendresse, cruauté, un peu d’effroi, beaucoup de langueur, et encore de l’amour tendre. Enfin, et surtout, la beauté d’Amadis lui vient de sa musique. Lully lui-même semble s’être laissé aller à cette matière foisonnante et au charme de ces aventures. Nous sommes à l’opposé de ce qui faisait le défaut de Cadmus : ici tout le monde chante, tout le temps, et d’abord l’orchestre… Presque sans récit, il n’y a place que pour des épanchements lyriques, et les airs chantants, les ariosi se succèdent sans interruption.
La seconde caractéristique vient s’ajouter à la précédente, puisqu’il s’agit de l’importance accrue de l’orchestre, non seulement dans de grandes pages symphoniques, dont la chaconne de l’acte V constitue le sommet, mais dans l’accompagnement du chant, qui donne désormais à la voix sa plénitude ».
La distribution a fait passer avec maestria tous les éléments de la passion, de l’amour et du drame qui caractérisent cette œuvre jamais jouée dans son intégralité depuis le XVIIIe siècle . Enthousiastes, humains, généreux, impliqués avec dynamisme, Françoise Masset, Céline Ricci, Guillemette Laurens, François-Nicolas Geslot, Bertrand Chuberre, Florian Westphal, Camille Poul ont fait admirablement briller le drame. Un feu d’artifice vocal et une élégance dans le jeu théâtral de toute beauté. On retiendra le sens viscéral de la tragédie de Guillemette Laurens, son don inné pour l’expression des passions, son art achevé dans la fluidité des ornements et le naturel raffiné du parler cantando baroques et par-dessus tout son timbre irradiant de chaleur et d’humanité. « 

BBC – Radio 3 – mai 1987 – London Baroque Players – dir. Nicholas McGegan – avec Howard Crook, Jennifer Smith, Sally Bradshaw (Oriane), Russel Smythe, Julianne Baird, Jill Feldman, David Thomas, Michael George, John Mark Ainsley

Londres – Théâtre du XXe siècle – 1938