CD Hercules (2000)

Hercules

COMPOSITEUR
Georg Friedrich HAENDEL
LIBRETTISTE
Thomas Broughton

 

ORCHESTRE
Les Musiciens du Louvre – Grenoble
CHOEUR
DIRECTION
Marc Minkowski

 

Dejanira Anne Sofie von Otter mezzo-soprano
Hercules Gidon Saks baryton-basse
Hyllus Richard Croft
Iole Lynne Dawson
Lichas David Daniels
Prêtre de Jupiter Marcos Pujol

 

DATE D’ENREGISTREMENT avril 2000
LIEU D’ENREGISTREMENT Théâtre de Poissy
ENREGISTREMENT EN CONCERT oui

 

EDITEUR Deutsche Grammophon
COLLECTION Archiv Produktion
DATE DE PRODUCTION 5 mars 2002
NOMBRE DE DISQUES 3
CATEGORIE DDD

Prix International du Disque 2003 – catégorie Musique chorale des XVIIe et XVIIIe siècles 
  
 Critique de cet enregistrement dans :
 

  • L’Avant-Scène Opéra – n° 221 – juillet/août 2004

« La parution de l’enregistrement de Marc Minkowski a marqué un coup de tonnerre dans la discographie herculéenne. Tout d’abord, les coupures sont minimes : la partie centrale et le da capo manquent dans l’air de Lichas « The smiling hours », et dans celui d’Iole « Banish love from thy breast », tandis que l’air de Lichas « As Stars, that rise and disappear » est déplacé de l’acte I à la fin de l’acte II pour se substituer à « Constant lover’s ». Ce dernier air forme, avec un court récitatif, la seule page manquante de la partition. Les forces réunies sont les plus éblouissantes et les plus homogènes de la discographie. Les Musiciens du Louvre ne déméritent en rien face aux English Baroque Soloists. A leur tête, Marc Minkowski livre une ouverture magnifique dont le menuet, pour la première fois, adopte un tempo chorégraphiquement vraisemblable. De même, la Sinfonia de l’acte III est la plus tempétueuse qu’il nous ait été donné d’entendre. Les choeurs, sans atteindre à la perfection du Monteverdi Choir, sont particulièrement honorables. Minkowski imprime à « Jealousy » une expression grandiose, marquée par une profération inédite du mot initial, à la violence inquiétante, avant d’engager un discours complexe, aux nuances mouvantes et au contrepoint toujours intelligible.
Le théâtre impose sa loi. Les récitatifs sont animés et les enchaînements soignés. Les reprises des arie da capo sont pourvues de variations toujours inspirées. Minkowski introduit une innovation bienvenue en associant l’orgue au groupe de continuo. Il confère au premier air de Hyllus « I feel the god » une expression d’une vaillance inédite. Le chanteur s’y adonne à des vocalises impressionnantes, soulignées par une violente tempête orchestrale, quasi ramiste. Il faut dire que Richard Croft est l’un des interprètes les plus remarquables de cette version. Le timbre est suave, les graves somptueux et le phrasé élégant. Dans sa Sicilienne, il ose une reprise pianissimo du plus bel effet. Son aria finale « Let not fame » est un des temps forts du disque. Il y prend des risques incroyables, surmonte avec aisance les vocalises rendues hallucinantes par le tempo démoniaque de Minkowski, et ose même un surcroît d’ornements et un Si aigu dans la variation du da capo : un pur joyau où l’expression n’est jamais sacrifiée à la virtuosité.
Lynne Dawson est moins enthousiasmante en lole. Son timbre est quelque peu désagréable et son vibrato parfois envahissant. Mais elle fait preuve d’un grand sens théâtral dans « Ah think what ills the jealous prove », inquiétant et rageur. Cependant, Minkowski impose un tempo trop rapide à « Banish love from thy breast », dont la virtuosité devient trop démonstrative et peu gracieuse. Une vélocité exagérée est à déplorer aussi dans le duo entre Iole et Dejanira. Un des principaux mérites de cette version est de restituer toute l’importance du rôle de Lichas, confié pour la première fois à un contre-ténor. David Daniels s’impose avec aisance, tant pour la beauté de sa voix, la perfection de sa diction, l’élégance de son ornementation que pour son sens du pathétique. Gidon Saks incarne un Hercule avide de plaisirs et point trop barytonant. Son chant n’est cependant pas exempt de défauts. Les redoutables vocalises d’ »Alcide’s name » sont approximatives et l’ultime aria concitata paraît au-delà de ses moyens. Mais il interprète avec beaucoup de vérité ce personnage à l’apparence superficielle qui gagne une soudaine profondeur au moment de mourir.
Quant à Anne Sofie von Otter, c’est peu dire qu’elle incarne une Déjanire idéale. Elle est parfaite dans chacun des airs, alors qu’ils exigent des qualités vocales souvent antinomiques. Vrai contralto tragique au premier acte, elle ose un Si aigu dans l’aria de la scène de folie. Sa première intervention nous la peint emplie de doutes et d’inquiétude. Dans « Begone my fears », elle fait preuve d’une précision confondante jusque dans les vocalises les plus complexes. Pour la première fois, on peut entendre un « Resign thy club » véritablement spirituel qui ne sombre jamais dans la parodie. Enfin, la scène de la folie est toute de fougue et d’engagement dramatique. Osons le dire : cette scène ne souffre aucune comparaison dans toute la discographie. »

  • Classica – novembre 2002 – Sélectionné parmi les meilleurs disques de l’année par la rédaction de Classica 
  • Crescendo – avril/mai 2002 – appréciation Joker Crescendo

« Une distribution de rêve…Anne Sofie von Otter est merveilleuse et impériale dans le rôle de Déjanire…Gidon Saks donne une carrure poignante à Hercule. Avec Iole, Lynne Dawson exploite les qualités expressives bien connue de sa voix aérienne…Le seul bémol concerne le choeur auquel on aurait souhaité plus d’unanimité et de cohérence. »

  • Opéra International – mai 2002 – appréciation 5 / 5

« Nous retrouvons ici les multiples qualités (respect de la partition, dramatisme exacerbé, excellent choix des solistes) et les quelques défauts (choeurs parfois frustes, tempi trop contrastés) qui font la « Minkowski touch » lorsque le chef français aborde Haendel. Lynne Dawson est une Iole moins touchante que Jennifer Smith, mais la qualité technique est bien supérieure. Anne Sofie von Otter est une Dejanira exemplaire sur le plan dramatique, mais peut-être la voix manque-t-elle désormais du poids nécessaire dans le grave et de l’étincelle dans l’aigu. Richard Croft est un Hyllus, qui surpasse aisément tous ses prédécesseurs. L’Hecules de Gidon Saks est remarquable…Enfin, luxe suprême, l’élégante présence de David Daniels dans le rôle sacrifié de Lichas…Le Choeur des Musiciens du Louvre paraît un peu brouillon, avec trop peu d’homogénéité dans les pupitres. »

  • Classica – avril 2002 – Recommandé

« Folle énergie, capacité infaillible de relancer ses troupes, sens aigu de la continuité sont ici autant de rarissimes qualités (de Marc Minkowski)…Les solistes sont pour beaucoup dans l’éclat de cette réussite, Richard Croft croonant divinement…, David Daniels succulent de timbre, et Lynne Dawson fragile et pudique…Gidon Saks aussi vague d’intonation que factice de timbre…Anne Sofie von Otter propose la scena déjantée tant attendue. »

  • Le Monde de la musique – avril 2002 – CHOC de la musique – Prise de son du mois

« Plus complet, plus animé, plus contrasté (que celui de J.E. Gardiner) l’enregistrement de Marc Minkowski présente une large palette de caractères, depuis l’humour caustique jusqu’à la rage dévastatrice. Minkowski a offert le rôle-titre à Gidon Saks, chanteur de stature herculéenne, à la voix de stentor…Le caractère cyclothymique, instable et halluciné de Déjanire permet à Anne Sofie von Otter une composition stupéfiante d’intelligence et de musicalité. Aux côtés de ce couple peu ordinaire, Lynne Dawson et Richard Croft ne sont que sérénité et tendresse…Marc Minkowski prouve à nouveau qu’il ne connaît en terre haendélienne aucun rival…Il ne se contente pas d’accompagner ses chanteurs, mais crée, grâce à un jeu de tempos et de nuances infini, un cadre propice au développement du drame. »

  • Diapason – avril 2002 – appréciation Diapason d’or – technique 8/10

« Une équipe vocale sans faille…Richard Croft possède toutes les vertus de Rolfe-Johnston : ligne, sensibilité, suprême intelligence musicale et dramatique auxquels il ajoute une virtuosité plus étourdissante encore, ainsi que le métal d’un timbre viril…Sofie von Otter saisit toutes les facettes d’un rôle meurtrier de maniaco-dépressive…alliant la plus parfaite discipline vocale à l’abandon le plus entier. Lynne Dawson, innocence et fragilité incarnées, timbre de cristal, vélocité sans tache, est la Iole de vos rêves. On trouve au Choeur des Musiciens du Louvre une présence plus théâtrale, une générosité de la vocalise… »

  • Forum Opéra

« Voilà un enregistrement qui fait plaisir. Tout d’abord, parce que l’on ne peut que se réjouir de voir paraître un nouvel enregistrement d’Hercules, oeuvre superbe, mais malheureusement encore trop peu représentée en regard du succès toujours grandissant que rencontrent les opéras de son auteur. Deuxièmement, parce que la distribution en est diablement alléchante. Et enfin – et surtout – , parce qu’il nous réconcilie avec Marc Minkowski, et confirme ce que nous subodorions : que son Messie suprêmement irritant publié récemment par Archiv n’était qu’un – espérons-le- épisodique écart de conduite.
Après le succès phénoménal d’Ariodante, qui s’était immédiatement hissé parmi les sommets de la discographie händelienne (mais avait malheureusement raté son passage à la scène à Garnier), voilà donc que Minkowski revient à Haendel, et ce avec une partie de son équipe gagnante : Anne Sofie von Otter, Lynne Dawson, et Richard Croft.
Hercules, sous-titré musical drama, nous conte rien moins que… la folie jalouso-meutrière de Déjanire (et en cela il faut bien avouer que le titre arnaque sur le contenu). En trois heures d’une musique d’une intensité digne des opéras italiens les plus fous du cher Saxon, jalonnées – une fois n’est pas coutume – de nombreux choeurs, l’épouse d’Hercule va progressivement basculer de l’inquiète sollicitude qui sied à l’épouse incertaine quant au sort de son mari, à la plus hystériquement dévastatrice des haines conjugales, allant jusqu’à faire accidentellement expirer son époux dans les plus affreuses souffrances. La complexité psychologique de ce personnage (ainsi que son omniprésence musicale : pas moins de six arias, un duo, et un grand ensemble recitativo accompagnato – aria qui constitue le point culminant de tout l’ouvrage, le célèbre Where shall I fly) en font non seulement le moteur de l’action, mais tout simplement la véritable héroïne d’une oeuvre qui aurait tout aussi bien pu s’intituler Dejanira – et ce n’est pas un hasard si c’est Anne Sofie von Otter qui figure sur la couverture de cet enregistrement (remarquez, il est vrai que même s’il avait eu un personnage plus consistant, je doute que Gidon Saks aurait eu les honneurs d’y figurer à sa place)…
Pour incarner le véritable kaléïdoscope psycho(patho)logique sur pattes que s’avère être Dejanira, la distribution d’Anne Sofie von Otter s’imposait d’évidence. Et il faut dire ce qui est : après Ariodante au disque ou Nerone à la scène, la réussite est une fois de plus au rendez-vous. Dévorée par la jalousie, hargneuse, saisie d’angoisse, agitée de spasmes, voire même au bord de l’épilepsie, la chanteuse, en bonne forme vocale (on ne lui entend guère ces débordements de vibrato ou cette légère métallisation du timbre qui ont pu apparaître ci et là ces dernières années) nous délivre une de ces prestations psychotiques dont elle a le secret, faisant valoir son habituel soin maniaque de la diction et du mot (parfois même à l’infime limite du maniérisme). Sa Déjanire, assurément, est hystérique, maniaque, et fait peur. Ce qui est après tout ce que l’on attend, en partie, de Déjanire – et, à cet égard, son Where shall I fly dément(iel) est bien le climax escompté, sommet de folie paranoïo-culpabilisante agité de soubresauts proprement caravagesque (si, si, caravagesque… Je suis sûre qu’au concert von Otter devait faire une tête assez proche de celle de la Méduse dans cette scène !)… Ecoutez donc cette Déjanire-là se contorsionner, grimaçante et presqu’aussi agonisante que son époux ! On ne sait plus, à vrai dire, ce qui saisit et effraie le plus, du délire otterien ou du délirant tempo minkowskien (sous Alas ! no rest the guilty find / From the pursuing furies of the mind ! Déjanire ne croit pas si bien dire : non seulement la coupable ne trouve aucun repos, mais même le sol vacillant de sa culpabilité semble fuir ses pieds !), largement au-delà des bornes du raisonnable – mais, me direz-vous, Déjanire, justement, perd la raison… En effet, en effet, et l’aplomb que parvient à conserver la chanteuse en pareilles circonstances agogiques laisse pantois, et fera sans aucun doute dire aux esprits les mieux disposés que c’est là que réside le génie de Minkowski, à toujours donner une traduction totale de l’intention dramatique, allant jusqu’à mettre en péril sa soliste dans une musique déjà au limite du chantable… Réussi de cette manière, c’est, il est vrai, admirable, et l’on ne peut que s’incliner devant une telle cohérence, une telle connivence, entre chef et soliste, soliste et personnage, personnage et accompagement… et l’on se prend à s’incliner très bas devant une telle prestation de la part d’Anne Sofie von Otter qui décidément n’en a pas fini de nous boucher des coins à chaque nouvelle prise de rôle.
Mais seulement voilà (vous l’attendiez, celui-là, avouez : cela vous paraissait louche, toutes ces louanges plus haut, et vous aviez raison – si grandes et sincères qu’elles soient, elles se doivent d’être légèrement nuancées), voilà, à trop s’appliquer à paraître effroyable, la dame, à mon avis, passe (de peu) à côté d’une partie du personnage. Lequel ? Mais… celui de l’amoureuse déchirée, ce que ne manque, par moments, en dépit (ou peut-être justement en amont ?) de sa haine (illustrant parfaitement l’adage selon lequel de l’amour à la haine, et vice-versa, il n’y a parfois qu’un pas). Car, à bien écouter cette débauche d’intentions et d’inflexions expressives voire expressionnistes (à tel point que la pure qualité musicale de la voix en vient, par moments, à être prise en défaut, secouée de légers tics parlandos comme autant de rictus incontrôlés de la folle en devenir), on se dit que, finalement, dans cette distribution-là, cela devait déjà faire pas mal de temps qu’il y avait de l’eau dans le gaz du couple alcidien, et que la bizarre Déjanire n’attendait peut-être que le prétexte d’Iole pour mettre à mort son héros de mari, paranoïaque et siphonnée comme elle semble l’être, et l’on en vient à se demander si elle n’aurait pas, finalement, subodoré quelle était la véritable nature du don du centaure, assassinant ainsi sciemment Alcide ( ! … d’accord, c’est aller un peu loin, je vous le concède). Et l’on se dit également, à l’écoute des premières scènes du I et d’une bonne partie du II, qu’elle n’avait pas attendu de devenir folle (au III) pour être déjà sacrément dérangée… Tendez l’oreille, dans le courant de l’acte II, à son Resign thy club and lion’s spoils : où est donc le feint mépris teinté d’amertume de l’épouse qui, se sentant délaissée, relève crânement la tête pour mieux masquer sa blessure affective ? Assurément, ici, c’est à une Déjanira légèrement givrée que l’on a affaire, et il semblerait que von Otter, dès le début de l’oeuvre, prendrait un malin plaisir à camper un personnage malsain au possible. Ce qui, je l’avoue, me laisse très légèrement sur ma faim… car retranche un peu de cette complexité affective conférée à Déjanire.
Face une Déjanire aussi déjantée, Gidon Saks peine à imposer un personnage déjà affadi par un livret qui ne semble s’intéresser à lui qu’épisodiquement, et sa voix peu agile (voire parfois un tantinet engorgée) semble bien à la peine dans les vocalises de ses airs.
Iole et Hyllus, en revanche, incarnés par une Lynne Dawson et un Richard Croft touchants comme ils savent l’être, apportent un îlot de fraicheur et d’inquiétude fort bienvenu. Si le timbre de Lynne Dawson n’a pas la séduction que l’on serait en droit d’attendre dans un tel rôle, on ne peut en revanche qu’être admiratif face à l’intelligence, la sensibilité, et la simplicité de la ligne de chant de la soprano britannique dont l’émouvante Ginevra appelait d’ailleurs, déjà, les mêmes louanges (et les mêmes infimes réserves), si bien qu’on lui passe très volontiers certaines aigreurs au demeurant presqu’imperceptibles ; quant à Richard Croft, qui semble avoir considérablement gagné en finesse depuis son Lurcanio, sa prestation en Hyllus n’appelle aucune réserve, si ce n’est une léger manque d’aisance inhérant à l’écriture haendelienne – en somme, rien de bien rédhibitoire lorsque l’on se trouve face à un musicien d’une telle sincérité.
Pour Lichas, Archiv et Minkowski n’ont pas hésité à se rallier la pulpeuse voix de David Daniels. Et grâces leur en soient par milliers rendues ! Le contre-ténor prend partie d’un rôle sur le papier anecdotique (mais musicalement assez bavard) pour déployer un timbre somptueusement onctueux et lumineux dans des phrasés d’une musicalité et d’une beauté qui font, l’espace de quelques airs, quitter terre et oublier carrément jusqu’au contexte herculéen pour aller frôler le char d’Apollon dans sa course solaire. Vous est-il déjà arrivé de penser très fort en écoutant un chanteur que sa voix était le plus sûr trait d’union entre Gaïa et l’Olympe ? Daniels est, pour moi, de ceux-là – et avec quelle volupté, quel terrianisme ! Comment s’étonner, dès lors, que le dieu grec de la beauté ait également été le patron de la musique ?
A la tête de Musiciens du Louvre en forme olympienne – euh, pardon, olympique – , Minkowski, à son excellente habitude, agite ses multiples têtes en véritable hydre musicale qu’il est, orchestre la folie ambiante, précipitant souvent l’action dans le drame pour, l’instant d’après, l’en retirer aussi énergiquement, et la faisant glisser in extremis dans la béatitude d’un end mi-happy mi-mitigé. Il ne résiste malheureusement pas toujours à son péché mignon – la formule 1 métronomique – , mais soyons honnêtes : comme dans Ariodante, c’est rudement bien ficelé et diablement efficace. Alors, pouquoi bouder son plaisir, surtout lorsqu’il s’agit d’Hercules ? »

  • Ramifications – mars 2002

« Distribution idéale pour ce drame musical de Haendel, au succès avorté à son époque et passé depuis à la postérité ! La fougue de Marc Minkowski et des Musiciens du Louvre rajeunit, vivifie et actualise avec bonheur les chefs-d’oeuvre baroques parfois tombés en désuétude. Sous la direction du chef français, la musique de Haendel révèle sa lumière et ses contrastes, aiguisant les tensions internes qui l’écartèlent entre tragédie et légèreté. Un même courant nerveux électrise ses interprètes, tendus vers la pureté des émotions. Anne Sofie von Otter construit une sublime Déjanire qui, aveuglée par la jalousie, cause la mort de celui qu’elle aime : la voix de la mezzo, chargée de puissance tragique, allie la fragilité à la maturité. Au centre du drame, Déjanire se dresse devant la jeunesse brisée de celle qu’elle croit sa rivale, la princesse Iole prisonnière d’Hercule, le conquérant qui a tué son père et soumis son royaume. A travers la soprano britannique Lynne Dawson, au timbre pur, clair et touchant, Iole fait face avec sincérité et douceur aux accusations infondées de l’épouse d’Hercule. Un des deux seuls duos de cette œuvre les oppose l’une à l’autre dans un très beau passage de la scène 8 de l’acte II et souligne leurs états d’esprit si différents : Déjanire feint la compassion, Eole se réjouit d’une telle bonté d’âme. Von Otter et Dawson soulignent avec talent leur superbe complémentarité. Gidon Saks incarne avec profondeur et dignité un Hercule superbe et fidèle selon Broughton et Haendel, contrairement à toutes les sources mythologiques. Le XVIIIème siècle, soucieux du progrès moral mais épris de classicisme se devait de revisiter quelque peu le sujet ! Richard Croft compose un émouvant Hyllus, fils d’Hercule tout empreint d’amour filial, de jeunesse tendre, de pudeur et de modestie. Quant à David Daniels, héraut fidèle, il figure Lychas avec justesse et sobriété. Aucun effet inutile, aucune compétition ne ternissent cette représentation enregistrée en direct : chacun y tient sa place avec entièreté, passion et vérité. Les chœurs, remarquables et puissants, célèbrent la beauté des sentiments et ponctuent ce drame passionnel de lumineux instants introspectifs. Une intense et éclatante réussite musicale ! Une symbiose entre la maturité du Haendel de 1744 et l’amour, fidèle et constant, de Minkowski pour cette époque. »

  • Amazon : présentation

« Hercules, c’est l’une des injustices faites à Haendel ! On s’accorde aujourd’hui à reconnaître que cet oratorio est l’un des plus aboutis du compositeur. Et pourtant… Haendel voulait composer un opéra, mais en 1745, le public anglais attendait un oratorio. Le récit de Sophocle servit de point de départ à ce drame de la jalousie. Pendant près de trois heures, il est porté par Anne Sofie von Otter qui incarne le rôle de Dejanire. Elle impose les diverses facettes d’un personnage qui sombre dans la folie, soutenue par la magnificence de l’orchestre des Musiciens du Louvre. La tendresse et la violence, toutes les facettes de l’esprit humain qui séduisirent alors le public anglais de la création, se trouvent réunies sous l’inspiration des interprètes. Ils apportent une touche incandescente et… visuelle à cet oratorio. »