Demofoonte

COMPOSITEUR Johann Adolf HASSE
LIBRETTISTE Pietro Metastasio

 

Dramma per musica, sur un livret de Pietro Metastasio, représenté au Hoftheater de Dresde, du 9 au 27 février 1748 (neuf représentations), avec des décors de Giuseppe Galli-Bibiena, et une distribution où figuraient Faustina Bordoni dans le rôle de Dircea, et Caterina Regina Mingotti.

Caterina Regina Mingotti

A propos de cette dernière, Castil-Blaze raconte : C’était en 1748, Hasse écrivait alors son Demofonte. Ce maître avait remarqué le fort et le faible de la voix de Mme Mingotti. Le malicieux compositeur imagina (*) de donner à cette cantatrice un adagio qui naviguait dans les notes peu sonores de son organe, et pour montrer au grand jour ces défauts, il n’accompagna l’insidieux adagio qu’avec un pizzicato de violons. Regina fut obligée d’accepter le défi sans réclamation, mais elle avait découvert la ruse, le piège, elle travailla son adagio de telle sorte, tourna l’écueil avec une telle adresse que la victoire lui resta. L’air « Se tutti i mali miei », disposé tout exprès pour mettre la virtuose en péril et ruiner sa réputation, fut couvert d’applaudissements, et Faustina elle-même, réduite au silence, n’osa se permettre un seul mot de critique. Sir Charles William ministre d’Angleterre auprès de la cour de Dresde, que sa liaison intime avec Hasse et sa femme réunissait à la cabale, sir William qui, précédemment, disait partout que la Mingotti ne pouvait réussir dans les airs lents et pathétiques, s’empressa de faire une amende honorable et publique. Séduit, entraîné par cette dernière et brillante prouesse, il alla sur-le-champ demander pardon à la cantatrice d’avoir douté de son mérite; et, depuis lors, il est resté son partisan plein d’ardeur, son ami le plus constant.

(*) à l’instigation, dit-on, de son épouse Faustina Bordoni, qui ne supportait pas la concurrence de la Mingotti. La Bordoni lui rendit le séjour à Dresde si insupportable que Regina Mingotti accepta l’invitation de Farinelli, en 1751, d’aller chanter à Madrid. Elle avait alors vingt-trois ans, et resta trois ans en Espagne.

Repris au San Giovanni Grisostomo de Venise en 1749, puis au Teatro San Carlo de Naples, le 4 novembre 1758.