Ballet des Argonautes

COMPOSITEUR Pierre GUÉDRON et autres
LIBRETTISTE

    

Ballet des Argonautes où estoient représentés Gueslindon dans sa caisse comme venant de Provence et Robinette dans une gaine comme estant de Chatellerault.

Il fut dansé au Louvre, le 23 janvier 1614.

On a conservé un seul air, de Pierre Guédron, Françoises déités qui faites qu’on respire, mis en tablature de luth par Gabriel Bataille (Airs de différents auteurs mis en tablature de luth par Gabriel Bataille – Ballard – 1614)

Guédron réutilisa le matériau musical pour l’air Les fuiras-tu toujours de peur d’ouir mes plaintes, paru en 1615.

Le thème du ballet reprend celui du Ballet comique de la Reyne, Circé, qui tient les Argonautes sous son pouvoir, devant avouer sa défaite devant la puissance du Roi de France et faire allégeance à la Reine.

Le ballet contient des éléments burlesques, mais ceux-ci ne sont pas repris dans la description publiée chez Fleury Bourriquant.

A noter que Gueslindon serait une autre forme de « guéridon », qui était alors un nom propre de personnage de farce, et qui ne désigna que bien plus tard une petite table à pied central.

 

Argument

Circé la magicienne sortira la première de son antre, qui sera dressé au bout de la salle, tout entouré de rochers. Elle invoquera les Démons aériens qui seront les violons, et leur commandera de venir agiter et troubler par leurs discordantes voix et musiques, les esprits des Argonautes, qu’elle tient enchantés dans cet antre.

Premières invocations de Circé : Démons, esprits légers, essences vagabondes

Après qu’il seront entrés, elle invoquera derechef les esprits infernaux, qui seront les Pages, et les conjurera de tourmenter aussi ces âmes enchantées. Soudain que les violons joueront, les enchantes sortiront de l’antre, chacun dans une machine qui représentera leur fantasque imagination, et l’un d’eux, qu’ils croiront estre Médecine, essayera de les guerir, et mesme les fera sortir de leurs machines ; mais ils demeureront encore plus fols, et Circé les fera rentrer tels dans son antre.

Secondes invocations de Circé : Et vous, hostes cruels des Avernes terribles

Amphion, accompagné des Muses, entrera alors, qui chantera qu’ayant sçeu que Circé ose faire voir ses enchantements devant le pouvoir d’un si grand monarque que le Roy, et les charmes d’une si belle princesse que la Royne, il vient par sa douce voix attirer les rochers, dont est basty l’antre de Circé, non pour en construire les murs de Thèbes, comme il fit autrefois, mais bien des arcs de triomphe pour leurs Majestés.

Amphion et les Muses (*) au Roy et à la Royne : Françoises Deités, qui faites qu’on respire sous un règne si doux

(*) on pense que seul Amphion chantait, les Muses étant muettes

A sa voix, ces rochers s’esmouveront, et s’approchant du Roy et de la Royne, seront remis en forme d’hommes, comme ils vouloieut estre avant leur enchantement, et danceront aussitost leur Ballet.

Immediatement après entrera Medée, suivie de douze harpies, joüans dn luth et dansans. Elle chantera qu’ayant sçeu que Circé tient les Argonautes, elle la vient advertir qu’ils ne serout pas longtemps arrêtés par ses charmes, puisque les siens et sa beauté mesme n’en ont sçeu tenir un seulement.

Circé, voyant ses charmes deffaicts, ressortira chantant la recognoissance qu’elle fait des pouvoirs de ces grandes Majestés, à qui elle rendra hommage, et pour l’amour d’elles, rendra leur premiere forme et sagesse aux Argonautes enchantés, qui sortiront lors de l’antre, habillés en parade, et danceront leur grand Ballet ; devant eux marcheront douze Pages, encore habillés en escureuls, qui danseront, et douze autres violons representans les Sirènes.

Circé à la Royne : Pour la seconde fois, belle et grande Princesse, adorable déesse