Cleopatra e Cesare

COMPOSITEUR Carl Heinrich GRAUN
LIBRETTISTE Giovanni Gualberto Bottarelli
ENREGISTREMENT ÉDITION DIRECTION EDITEUR NOMBRE LANGUE FICHE DETAILLEE
1995 1996 René Jacobs Harmonia Mundi 3 italien
1995 1997 René Jacobs Harmonia Mundi 1 italien

DVD

ENREGISTREMENT ÉDITION DIRECTION ÉDITEUR FICHE DÉTAILLÉE
2004 2004 Arnold Bosman Musica Rara

 

Opéra représenté à Berlin le 7 décembre 1742, devant le roi de Prusse Frédéric II, pour l’inauguration de l’Opéra royal, sur l’avenue Unter den Linden.

Le livret en trois actes est de Giovanni Gualberto Botarelli, poète de la cour de Berlin, que le roi avait chargé de s’inspirer de La Mort de Pompée, tragédie de Pierre Corneille. En fait, Botarelli semble s’être plus inspiré du livret de Haym, Giulio Cesare, mis en musique par Haendel. Il dut modifier trois fois son tex(e, à la demande de Frédéric II.

 

« Le livret lointainement inspiré de « La Mort de Pompée », de Corneille, et du « Giulio Cesare » de Haendel, est inepte, décousu, répétitif, l’auteur s’étant montré incapable de relier à l’action principale une foule de personnages surnuméraires…Le style de Graun ne manque ni de plasticité ni d’ingéniosité et certaines arie de bravoure « décoiffent » littéralement, mais ses facultés d’invention restent limitées. » (Diapason – mars 1996)

 

« Hormis l’ouverture « à la française », qui fait entendre un orchestre fort teinté de ramismes, Cleopatra et Cesare est un magnifique opera seria. Graun y déploie une écriture musicale moins abstraite que, par exemple, celle de Haendel, mais exprime au plus près les affects propres à chaque personnage. Excepté le premier acte, quelque peu monotone en sa fin (l’action est longue à exposer), les deux derniers sont parmi les meilleurs jamais entendus dans un opera seria. Graun y prouve que, dans des mains habiles, un art composite, fait de numéros clos, peut contribuer à façonner une oeuvre unifiée. » (Opéra International – mars 1996)

 

Synopsis détaillé

L’Égypte vit dans la tourmente liée à la querelle de possession du trône entre Cléopâtre et son frère Ptolémée.

Acte I

La port d’Alexandrie, avec la ville au fond. La flotte de l’armée de César, sous le commandement du général Lentulus, accoste sur le littoral et débarque au son d’une fanfare militaire.

(1) César, qui poursuit son adversaire Pompée dans le cadre de la guerre civile, est accueilli comme un messager de paix. Ptolémée et son confident Achille, prince égyptien, s’avancent avec des soldats portant un plateau. Un soldat dévoile la tête coupée de Pompée, que Ptolémée offre à César comme présent de bienvenue. Mais César est horrifié par la barbarie de cet acte. Cornélie, la veuve de Pompée, demande à César de punir le meurtrier. Ptolémée se dit offensé et regagne son palais. (2) Cneus et Sextus, les fils de Pompée, implorent l’aide de César : l’empereur romain leur promet de faire justice. (3) Survient Cléopâtre, suivie de ses soldats. Dès le premier regard César et Cléopâtre tombent amoureux l’un de l’autre… au grand désespoir d’Arsace, prince arabe, également épris de la Reine. (4) Arsace obtient de César l’autorisation de continuer à servir Cléopâtre. (5) Lentulus, général et confident de César, met en garde ce dernier contre ce début d’idylle. (6) Resté seul, César chante son amour pour Cléopâtre.

Les appartements du palais de Ptolémée

(7) Ptolémée, Arsace et le général égyptien Achille décident de joindre leurs forces pour fomenter un complot contre César. (8) Cléopâtre et Arsace se rencontrent. Cléopâtre avoue à Arsace qu’elle ne l’aime plus et qu’il ne peut rester à son service. (9) Seul, Arsace laisse éclater sa jalousie et son désir de vengeance.

Une grande cour entourée de colonnes et de statues, dont le centre est occupé par un splendide socle sur lequel est posée l’urne cinéraire de Pompée. Un bûcher, un tripode, une vasque, quelques herbes sacrées, du feu et des parfums rituels.

(10) Cornélie s’apprête à honorer par le sacrifice de sa propre vie l’image de son époux défunt. Ses fils essaient de l’en dissuader, en vain. Cornélie allume au-dessus du bûcher quelques herbes sacrées et incendie les parfums rituels. Elle verse la liqueur sacrée sur la braise, lève les yeux sur l’urne, et sa saisit du poignard. Au moment où elle va se frapper, César arrive et arrête son geste. (11) On entend un grand bruit d’armes. (12) Lentulus vient avertir César qu’Arsace et Ptolémée ont préparé une attaque. César promet à Cornélie de châtier Ptolémée. (13) Resté seul, Lentulus évoque un amour sans espoir.

Acte II

Une vaste plaine avec de nombreux campements arabes et égyptiens. On aperçoit une partie des murailles de la ville dont la porte est fermée par un pont-levis. Le long des créneaux des murs d’enceinte se tiennent des soldats romains. Des machines de guerre sont pointées vers la ville, les soldats égyptiens et arabes sont prêts à donner l’assaut. Nuit de lune.

(1) Ptolémée, Achille et Arsace décident de donner l’assaut. (2) Le pont-levis s’abaisse, laissant paraître César et Lentulus à la tête des troupes romaines. César affronte Ptolémée, Lentulus combat Arsace qui s’enfuit avec Achille et se retranche derrière les campements arabes. (3) Ptolémée est désarmé et fait prisonnier par César. Les soldats égyptiens déposent leurs armes. (4) César demande à Lentulus de conduire Ptolémée auprès de Cornélie qui décidera de son sort. (5) Lentulus fait emmener Ptolémée.

La nuit. L’appartement de Cléopâtre, où l’on voit cette dernière pensive et éplorée. Des sièges, une petite table et des candélabres.

(6) Cléopâtre s’inquiète du sort de César. (7) Celui-ci survient et lui annonce sa victoire. Il avoue son amour à Cléopâtre, lui propose de l’emmener à Rome pour se marier. Mais sur l’insistance de Cléopâtre, César décide que le mariage aura lieu le jour-même. (8) Lentulus met en garde à nouveau César, et lui conseille d’envoyer une missive au Sénat indiquant que c’est pour les intérêts de Rome qu’il offre le mariage à Cléopâtre. (9) Lentulus philosophe sur la tyrannie de l’amour.

Une vaste plaine parsemée de campements renversés et détruits, de machines de guerre et d’armes abandonnées au sol. Partout les traces de la défaite de Ptolémée. Murs écroulés. La porte du pont-levis est fermée. L’aube, le soleil se lève.

(10) Arsace, accompagné d’Achille, n’est pas disposé à renoncer à arracher Cléopâtre à César.

Une grande cour entourée de statues et de colonnades sont le centre est occupé par un socle sur lequel est posée l’urne cinéraire de Pompée.

(11) Ptolémée est amené devant Cornélie. Celle-ci décide de tuer elle-même Ptolémée, et lève le bras pour le frapper. (12) César arrive et retient son geste. Il propose d’emmener Ptolémée &agrae; Rome. (13) César et Ptolémée s’affrontent. César le fait détacher : il consentira à pardonner Ptolémée à condition qu’il ne quitte jamais son palais et n’engage aucun acte d’hostilité. (14) Cnéus s’inquiète pour sa mère.

Un temple magnifique au centre duquel se dresse, devant un autel, la statue du dieu Sérapis. Des escaliers situés latéralement, on voit descendre les gardiens, ministres et les prêtres portant des vases sacrés qui contiennent les liqueurs, les encens, le feu et tout ce qui est nécessaire à la célébration du mariage. César et Cléopâtre s’avancent, suivis d’une nombreuse escorte de Romains, d’Egyptiens et de pages.

(15) César et Cléopâtre sont tous deux satisfaits. Mais Cléopâtre demande à César de prêter serment devant l’autel de Sérapis. Celui-ci hésite puis accepte. Ils s’avancent vers l’autel, et, pendant que les ministres commencent à préparer la cérémonie, ils se jurent fidélité mutuelle. Au moment où le rite va s’accomplir, Arsace, Ptolémée et Achille, furieux et accompagnés de gens en armes, font irruption et interrompent la cérémonie. (16) César et sa suite chassent les ennemis hors du temple, dont les alentours résonnent des bruits d’une bataille. (17) Achille apostrophe la statue de Sérapis et chasse les ministres qui s’enfuient apeurés. Ses soldats renversent la statue du dieu et la réduisent en morceaux, jettent à terre les vases, renversent le brasier et l’éteignent. (18) Cornélie est choquée. (19) Arrive Cléopâtre, qui injurie Arsace. (20) César et Lentulus arrivent à leur tour. César engage Ptolémée à un nouveau combat et promet la victoire à Cléopâtre inquiète.

Acte III

Une grande place d’armes emplie de trophées militaires. Des soldats romains gardent en captivité des soldats arabes et égyptiens

(1) César, à nouveau vainqueur, fait des reproches à Ptolémée et Arsace. Celui-ci refusant sa clémence, César décide que les prisonniers soient enchaînés. (2) Achille est emmené le premier, puis Ptolémée, qui clame que sa détermination est intacte.

Les appartements de Cléopâtre, où l’on voit cette dernière, furieuse, une lettre à la main.

(3) Cléopâtre a pris connaissance de la lettre de César destinée au Sénat, et en déduit qu’elle a été trahie par son amant. (4) Cornélie l’interroge sur les intentions de César à son égard, de même qu’Arsace enchaîné. Cléopâtre donne la lettre à lire à Cornelia, et se retire, en proie à la douleur, convaincue de la perfidie de César. (5) Cornélie se lamente sur le sort de ceux qui sont délaissés par leurs amants. (7) Cléopâtre est rejointe par César qui ne peut calmer sa furie, ni même tenter de lui expliquer les raisons d’une telle missive. Cléopâtre finit par enlever sa couronne et la jeter aux pieds de César. (8) Lentulus vient rapporter à César qu’il a perdu la lettre destinée au Sénat. César lui explique la situation et lui demande de confirmer ses dires à Cléopâtre, et lui expliquer la tactique adoptée pour empêcher toute contestation du sénat de Rome. (9) Lentulus arrive convaincre Cléopâtre. (10) Resté seul, Lentulus médite sur les méfaits de la ruse.

Une grande salle avec le trône magnifique de la reine d’Egypte. Apparats solennels pour le mariage imminent

(11) César et Cléopâtre se réconcilient. (12) César annonce le début des fêtes et le pardon général. Les soldats romains rendent leurs armes aux Arabes et aux Egyptiens. César et Cléopâtre se dirigent vers le trône. Des pages leurs apportent le couronne et le sceptre. César pose la couronne sur la tête de Cléopâtre. Tout le monde rend hommage aux nouveaux monarques.

(d’après le livret Harmonia Mundi)

 

 

Représentations :

Operhaus Wuppertal – 19 janvier 2002 – dir. Christoph Spering – mise en scène Jakob Peters-Messer – décors Markus Meyer – costumes Sven Bindseil – dramaturgie Christian Baier – avec Veronika Waldner (Cesare), Melba Ramos (Cleopatra), Judy Berry (Cornelia), Tina Hörhold (Arsace), Florian Weiß (Cneo), Raphael Plauß (Tolomeo), Hendrik Hohage (Sesto), Edgardo Zayas (Lentulo), Raimund Fischer (Achilla)

 

 

Opéra International – mars 1996 – Les univers baroques de René Jacobs

Berlin – Deutsche Staatsoper – 25, 28 février 1996 – dir. De Marchi – mise en scène Fred Berndt – avec Curtis Rayam, Janet Williams (Cleopatra), Lynne Dawson (Cornelia), Iris Vermillion (Cesare), Jeffrey Francis (Lentulo), Rolf Popken (Arsace), Klaus Häger (Achilla)

Berlin – Deutsche Staatsoper – 20, 22, 27, 29 avril, 1er mai 1995 – dir. René Jacobs – mise en scène et décors Fred Berndt – costumes Dorothee Uhrmacher – avec Janet Williams (Cleopatra), Lynne Dawson (Cornelia), Debora Beronesi, Jeffrey Francis (Lentulo), Rolf Popken (Arsace), Klaus Häger (Achilla)

Berlin – Deutsche Staatsoper – 14, 16, 18, 21 et 23 mai 1994 – dir. René Jacobs – mise en scène et décors Fred Berndt – costumes Dorothee Uhrmacher – avec Janet Williams (Cleopatra), Lynne Dawson (Cornelia), Debora Beronesi, Curtis Rayam, (Lentulo), Rolf Popken (Arsace), Roman Trekel

Berlin Deutsche Staatsoper – 4, 15, 17, 21 et 23 octobre 1992 – dir. René Jacobs – mise en scène et décors Fred Berndt – costumes Dorothee Uhrmacher – avec Janet Williams, Lynne Dawson, Debora Beronesi, Curtis Rayam, Jeffrey Francis, Rolf Popken, Roman Trekel

 « Un triomphe mérité pour René Jacobs, son prestigieux ensamble instrumental et ses solistes de haut niveau. Fred Berndt, signataire de la mise en scène, mais aussi du très beau décor, a placé le spectacle sous l’omniprésence du roi de Prusse Frédéric le Grand qui, statufié, assiste de sa loge à l’arrivée de César en Egypte. »

Festival Baroque de Versailles – Opéra Royal – 6 octobre 1992 – dir. René Jacobs – mise en scène Williams – avec Damonte, Lynne Dawson, Rayam, Jeffrey Francis, Rolf Popken, Roman Trekel