COMPOSITEUR | Georg Philip TELEMANN |
LIBRETTISTE | d’après Christoph Gottlieb Wend |
ORCHESTRE | Academia Montis Regalis |
CHOEUR | |
DIRECTION | Alessandro De Marchi |
Flavius | Maite Beaumont | |
Rodelinda | Nina Bernsteiner | |
Flavia | Ann-Beth Solvang | |
Grimoaldus | Antonio Abete | |
Cunibert | Katerina Tretyakova | |
Orontes | Jürgen Sacher | |
Onulfus | David DQ Lee | |
Regimbert, Schutzgeist | Mélissa Petit |
DATE D’ENREGISTREMENT | août 2011 |
LIEU D’ENREGISTREMENT | Innsbruck – Tiroler Landestheater |
ENREGISTREMENT EN CONCERT | oui |
EDITEUR | Sony / Deutsche Harmonia Mundi |
DISTRIBUTION | |
DATE DE PRODUCTION | 8 juin 2012 (en Allemagne) – 25 août 2012 (en France) |
NOMBRE DE DISQUES | 3 |
CATEGORIE | DDD |
Critique de cet enregistrement dans :
Classica – septembre 2012 – appréciation 3 / 4
« Flavius Bertaridus, roi des Lombards, est considéré comme l’unique opéra seria de Teleemann. À l’instar de Germanicus publié il y quelques mois par CPO, il s’agit d’une première mondiale, la production opératique de Telemann ayant très rarement les honneurs du disque. Le commpositeur prit lui-même la plume afin de réaliser une version allemande des récitatifs et de cerrtains airs (ceux où s’expriment les passions demeurent dans l’original italien). Cela nous vaut une intrigue impossible que le bilinguisme alors de rigueur dans la cosmopolite ville de Hambourg rend encore plus abscons au mélomane francophone. Fort heureusement la musique, elle, brasse avec bonheur les différents « goûts réunis» puisés par Telemann en Europe. Des lieder, pour les airs plus courts, alternent avec des coloratures importées de l’opéra italien.
Flavius Bertaridus, en dépit de quelques longueurs, nous frappe d’emblée par la somptuosité de son coloris orchestral et la hauteur de son inspiration (superbe aria de Rodelinda à l’acte III).
Alessandro de Marchi est tel qu’en lui-même. D’une tension extrême dans l’accompagneement, il met en valeur les nombreux solos instrumentaux et réalise un travail remarquable sur l’ornementation des airs italiens en prenant modèle dans les Sonate metodiche du même Telemann. Une distribution voocale plus équilibrée aurait rendu pleinement justice à l’entreprise. Maïte Beaumont marque le rôle-titre de sa belle voix de contralto, la Flavia sensible d’Ann- Beth Solvang mérite les applaudissements, mais on oubliera vite l’Orontes chevrotant de Jürgen Sacher et le Grimoaldus d’Antonio Abete, la voix en lambeaux. »
Opéra Magazine – octobre 2012
« Les opéras de Georg Philipp Telemann – dont Nikolaus Hamoncourt avait, à juste titre, souligné l’intérêt, dès 1982, dans le Discours musical (Gallimard) – renaissent au fil de la publication, chez Barenreiter, de l’immense édition critique initiée par la Telemann-Gesellschaft de Magdebourg.
La partition princeps de Flavius Bertaridus est parue en 2006, mais la production qui fait l’objet du présent enregistrement n’est pas, à proprement parler une première, l’ouvrage ayant été recréé en 1987, à Eisenach et Magdebourg. La mise en scène était alors nettement plus orthodoxe que la transposition ratée – l’action se déroule dans quelque improbable dictature sud-américaine – imaginée par Jens-Daniel Herzog pour le Festival d’Innsbruck 2012, d’ailleurs sévèrement critiquée par notre confrère François Lehel.
S’agissant ici d’un enregistrement audio – réalisé lors des représentations d’Innsbruck -, la question de la scénographie ne se pose plus. Malheureusement, sur le plan vocal, ce Flavius Bertaridus souffre de gros handicaps, qui passaient davantage inaperçus dans la salle. Plusieurs éléments de la distribution, en effet, ne sont absolument pas à la hauteur des exigences de cet ouvrage, accumulant des airs de bravoure terriblement exigeants sur le plan technique.
Quand comprendat-on que ces opéra ont été écrits pour des virtuoses de tout premier plan, et que confier leur re-création à de présumés « spécialistes » du baroque, pouvant (au mieux) faire illusion dans de la musique d’église, est une aberration ? Dans ce malheureux Flavius Bertaridus, il faut, une fois encore, se satisfaire de coloratures savonnées, de coups de glotte stridents, de graves détimbrés et de legati anémiques.
Les seuls rescapés de la bataille sont David DQ Lee, qui s’attaque bravement au rôle d’Onulfus, pourtant aux limites du chantable pour un contre-ténor, Jürgen Sacher, beau ténor de tradition allemande, ainsi que l’excellent chœur de l’Academia Montis Regalis. L’orchestre, dirigé avec une énergie toute guerrière – le sujet s’y prête et justifie ce choix – par Alessandro De Marchi, est également de très bon niveau, contribuant à sauver ce qui peut l’être.
Diapason – janvier 2013 – appréciation 3 / 5
« Telemann a commposé une quarantaine d’oeuuvres lyriques pour le fameux opéra du Marché aux Oies à Hambourg, dont ce Flavius Bertaridus, créé en 1729, monté à Innsbruck en 2011 où fut réalisé l’enregistrement.
S’inspirant d’un ouvrage vénitien, Telemann a rédigé lui-même le livret en allemand – mais l’a truffé de quelques arias en italien. La lutte entre deux princes frères, l’un tyrannique (Grimoaldus) l’autre plus généreux (Bertaridus), lui inspire une musique superbe et fort contrastée, du plus guerrier au plus languissant, colorée par une instrumentation très soignée.1I y a peu à reprocher à De Marchi, qui mène l’ensemble avec une certaine furia et beaucoup de savoir-faire, comme à ses instrumentistes, qui se surpassent souvent dans les solos des arias malgré une prise de son confuse. En revanche, le plateau est médiocre : entre la voix coupante et sans graves d’Abete, les aigreurs des sopranos, ceux et celles qui savonnent les vocalises ou phrasent avec mollesse, on a du mal à choisir! Mais sauvons de ce naufrage le contre-ténor David DO Lee, un des rares à montrer du style, et l’alto Maïte Beaumont, au timbre capiteux et qui sait nous toucher. On finit même par apprécier le chant débraillé du ténor Jürgen Sacher, tant il met de conviction dans son engagement dramatique. Le plaisir de découvrir une oeuvre flamboyante est en partie gâché. »