CD Farnace (2001)

L’oeuvreLe compositeur

FARNACE

Farnace

COMPOSITEUR

Antonio VIVALDI

LIBRETTISTE

Antonio Maria Lucchini

 

ORCHESTRE Le Concert des Nations
CHOEUR Coro del Teatro de la Zarzuela de Madrid – dir. Antonio Fauro
DIRECTION Jordi Savall

Farnace Furio Zanasi baryton
Tamiri Sara Mingardo contralto
Bérénice Adriana Fernandez soprano
Selinda Gloria Banditelli contralto
Gilade Cinzia Forte soprano
Aquilio Fulvio Bettini baryton
Pompeo Sonia Prina contralto

DATE D’ENREGISTREMENT 26/28 octobre 2001
LIEU D’ENREGISTREMENT Teatro de la Zarzuela – Madrid
ENREGISTREMENT EN CONCERT oui

EDITEUR Alia Vox
DISTRIBUTION Abeille Musique
DATE DE PRODUCTION avril 2002
NOMBRE DE DISQUES 3 ( fragments de « Farnace » – Francesco Corselli)
CATEGORIE DDD

Prix International du Disque 2003 – catégorie Opéra des XVIIe et XVIIIe siècles

 Critique de cet enregistrement dans :

Classique.news

« Au moment de sa sortie, l’enregistrement de « Farnace » n’a pas reçu l’accueil qu’il méritait. Il est vrai que les options retenues par le chef pour l’enregistrement, pourtant légitimes sur le plan historique, ont brouillé sa juste et directe compréhension. Ce « Farnace » recueille au disque, les meilleures prises de la production de l’opéra représenté au théâtre de la Zarzuela de Madrid en octobre 2001. Plutôt que la version originale de 1727, Jordi Savall a préféré celle plus étoffée de 1731 mais inscrite dans le contexte spécifique de la Cour Madrilène de 1739, quand le compositeur italo-français, Corselli, règnait sur le goût local. Le couple des commanditaires, Isabelle Farnèse et son époux Philippe V, partagent alors une affection particulière pour l’opéra français et le chant italien. C’est en reprenant l’usage courant des « pasticcios » baroques, que Jordi Savall a choisi de restituer le « Farnace » de Vivaldi pour l’adapter à la représentation du sujet à Madrid, le 4 novembre 1739, en le complétant par des airs extraits du propre « Farnace » de Corselli. Cet éclairage particulier qui souligne la présence de l’opéra italien à la Cour de Madrid est d’autant plus légitime si l’on rappelle que Isabelle Farnèse emploiera Farinelli afin d’adoucir la maladie mentale de son royal époux.

En dépit de sa pertinence, l’assemblage savallien qui puise dans une tradition éclectique que n’aurait pas renié Vivaldi, a paru contre nature. Pourtant nous tenons là une lecture somptueuse, grâce en particulier au rôle titre tenue par le ténor Furio Zanasi, d’une ample et humaine noblesse héroïque, ainsi que la contralto Sara Mingardo, émouvante Tamiri, superbe rôle féminin qui fut porté à l’époque de Vivaldi par sa muse, la cantatrice d’origine Française Anna Giro. L’assise de l’orchestre du Concert des Nations, fruité, généreux, sanguin, apporte sa contribution et délivre avec magie, ce sens vivaldien des couleurs et des ruptures de tension. Avant Orlando Furioso ou Griselda parus au sein de l’édition Naïve, ce « Farnace » savallien est l’une des expériences récentes les plus passionnantes de la discographie lyrique vivaldienne. »

Classica – juin 2003 – appréciation 3 / 5

« Enregistré à l’occasion du spectacle donné au Teatro de la Zarzuela à Madrid en octobre 2001, le disque pâtit d’une médiocre distribution, malgré l’importance historique de cet opéra représenté au Teatro Sant’Angelo de Venise le 10 février 1727. Certes, l’orchestre de Jordi Savall est toujours aussi limpide, enjoué et décapant, mais seuls Zanasi, Mingardo et Banditelli arrivent à rendre crédible leur rôle. Une bien maigre consolation pour ce qui devait être un événement. »

L’Avant-Scène Opéra – janvier/février 2003

« La chaleur, l’engagement, la variété des climats, le sens des contrastes et du théâtre…le Farnace de Jordi Savall en regorge à foison et les déploie de la façon la plus somptueuse. Il est vrai que la splendeur de la texture orchestrale, la virtuosité des instrumentistes du Concert des Nations suffiraient à elles seules à qualifier cet enregistrement pour prétendre au rang de référence. Mais le chef catalan y ajoute un mouvement dramatique jamais démenti et un sens du rubato proprement enchanteur qui compensent les quelques limites d’une distribution saisie sur le vif de deux représentations. Il convient d’ajouter que ce Farnace créé en 1727 au Teatro Sant’Angelo de Venise est une oeuvre autrement convaincante que la précédente tant du point de vue du livret que de l’invention musicale. Pour le sujet, il s’agit en quelque sorte de la suite de Mitridate puisque le rôle éponyme est celui du propre fils du Roi du Pont, le « vilain » de l’opéra de Mozart. Plutôt complexe, l’intrigue est typique de l’opera seria mais ne donne jamais l’impression d’artificialité. Surtout il s’en dégage quelques portraits très réussi comme celui de Tamiri et de Farnace à qui reviennent des airs introspectifs et des récitatifs accompagnés d’une très grande beauté mélodique. Ayant succédé à son père et épousé la princesse Tamiri, Farnace vient, au moment où l’opéra commence, d’être vaincu par sa propre belle-mère, la Reine Bérénice alliée au Romain Pompée. Celle-ci l’a pris en haine et veut se débarrasser de lui et de sa lignée. Les personnages secondaires sont Selinda, s’ur de Farnace, et Gilade et Aquilio, généraux respectivement de Berenice et de Pompée et tous deux amoureux de Selinda. Cette dernière se sert d’eux pour contrer les projets homicides de la Reine. Cette petite intrigue secondaire, plutôt bien inscrite dans le drame, permet à Vivaldi d’introduire quelques moments galants dans une partition au ton généralement plutôt noble. Finalement, la méchante Reine se réconciliera avec ses enfants, et Farnace qui avait douté un moment de Tamiri lui rendra justice. À y regarder d’un peu près il n’est pas sûr que le plateau de Savall bénéficie intrinsèquement de qualités vocales tellement plus exceptionnelles que l’équipe d’Alan Curtis mais d’évidence chaque performance est transcendée par l’expérience de la scène et la conviction qu’elle exige de l’interprète. La distribution des tessitures pourra surprendre : deux voix graves féminines incarnent les douces Tamiri et Selinda, tandis que le général Gilade est chanté par un soprano lyrique léger, en l’occurrence Cinzia Forte à la voix agréable mais à l’intonation parfois douteuse. Passé la première surprise, l’option séduit car Sara Mingardo et Gloria Banditelli imposent leurs personnages avec un incontestable bonheur, la première avec une voix légèrement âpre mais d’une noblesse d’expression très touchante et la seconde avec une belle rondeur de timbre. Le choix le plus contestable semble être celui de confier à un soprano décidément bien léger les fureurs de la Reine Bérénice. Si la chanteuse Adriana Fernandez est éblouissante dans les airs de virtuosité, elle manque un peu de corps et d’autorité pour cette mère abusive et assoiffée de vengeance, surtout dans les récitatifs. Le rôle-titre revient à un baryton. Sans posséder une voix de format ou de couleur exceptionnelle, Furio Zanasi en use avec beaucoup d’intelligence et ne force jamais l’autorité du personnage. Fulvio Bettini et Sonia Prina dans les rôles d’Aquilio et de Pompée complètent avec beaucoup d’efficacité cet excellent plateau. Si l’on ajoute aux qualités de la direction déjà vantées un continuo sans cesse en mouvement et très coloré, on comprendra la parfaite réussite de cet enregistrement à peine tempérée par les quelques limites d’une prise de son live. Il est vrai que, scéniquement, à en croire les photos reproduites dans le petit livre d’accompagnement, la production devait être un grand moment visuel et dramatique. Il n’est pas sûr en revanche que les quelques ajouts extraits de la version de Francesco Corselli, un Français ayant fait sa carrière à Madrid soient du premier intérêt et nous révèlent un compositeur inoubliable. Mais au moins sont-ils judicieusement placés et font-ils valoir, par leur caractère un peu générique, ce que le propre talent de Vivaldi pouvait avoir, lui, de vraiment individuel et que Savall nous donne à éprouver dans toute sa gloire. En fait plus qu’une simple référence, cet enregistrement est un moment de pur plaisir musical et dramatique auquel il ne manque que l’image pour être parfait. »

Goldberg – juin 2002 – appréciation 4 / 5

« Une gravure de référence qui propose une version complète de la partition de Pavie (1731), augmentée d’un fragment de celle de Ferrare (1738). Pratiquement irrépprochable sur le plan philologique, la restitution de Savall est musicalement étincelante. Elle s’impose principalement par l’exceptionnelle prestation du Concert des Nations…Savall sculpte vec attention le matériel orchestral, imposant des tempi judicieux et variés…Le baryton Furio Zanasi témoigne d’un remarquable tempérament dramatique servi paar un timbre somptueux. Tamiri inoubliable, Sara Mingardo offre sa voix de cuivre et de flamme à la fière épouse de Farnace, explorant ses déchirements successifs avec une prodigieuse sensiblité. Gloria Banditelli livre une vision inatttendue de Selinda, fière amazone plus que frêle intrigante. Fulvio Bettini campe un Aquilio tout à fait convainquant. Adriana Fernandez déçoit dans le rôle de la mâle et belliqueuse Berenice. Sa voix, fraîche et fragile, manque en effet de l’autorité et de la puissance nécessaires pour restituer le personnage dans tout sa brutalité. Les prestations de Cinzia Forte et de Sonia Prina constituent l’autre déception de cet enregistrement. »

Crescendo – été 2002 – appréciation 10/10

« Alia Vox se surpasse dans la présentation de ce drame musical, servi par des musiciens subtils, chanteurs fervents, instrumentistes enthousiastes en quête de sens et de sincérité. Les voix des solistes et du choeur, que le Concert des Nations porte avec chatoiement, savent toucher…la magie opère, évidente. »

Le Monde de la Musique – juillet/août 2002 – appréciation 3 / 5

« …cette interprétation pâtit d’une prise de son distante et brouillonne. Difficile de se plonger dans la musique, d’autant que la direction de Savall, certes souple et allante, se révèle plus propice à la rêverie qu’à une progression dramatique (tempo, couleur, atmosphère). Si la distribution est d’un niveau honorable, elle ne brille par aucun caractère marquant. Sara Mingardo domine cependant l’ensemble tant par son chant que par sa composition théâtrale, Furio Zanasi étant, lui, bien en retrait, et Adriana Fernadez n’ayant pas le timbre adapté au caractère ombrageux de Bérénice. »

Classica – juin 2002 – appréciation 3 / 5

« Un continuo magistral, la direction raffinée de Savall, son sens inné du cocloris et son réel mépris pour l’effet de manche n’y feront simplement rien : les grands chanteurs absolument maîtres de leurs moyens, dont ce répertoire a concrètement besoin, sont ici aux abonnés absents. Où sont les sensibilités, le charme, les individualités, et les timbres ? « 

Opéra International – juin 2002 – appréciation 3 / 5

« Ce nouvel enregistrement, réalisé au cours de représentations au Teatro de la Zarzuela, bénéficie d’une prise de son spectaculaire…La très forte réverbération ne suffit pourtant pas à un plateau essentiellement composé de « petites pointures »…Adriana Fernandez s’en sort bien…elle possède une jolie voix…Le Farnace de Furio Zanasi est acceptable…Cinzia Forte est ici totalement dépassée par les hardiesses du rôle de Gilade…les graves poitrinés de Sara Mingardo…Gloria Banditelli s’avère incapable d’exécuter proprement la moindre colorature…Le Pompeo de Sonia Prina est de la même eau…La direction de Jordi Savall est dynamqiue, allant parfois jusqu’à l’excès de véhémence…L’orchestre est correct, malgré des cordes pas toujours très homogènes. »

Diapason – juin 2002 – appréciation 5 / 5 – technique 6

 » La musique originale de Farnace, donné deux fois en 1727 au Théâtre Sant’Angelo de Venise, est perdue. La production madrilène restitue la presque intégralité de la reprise de 1731 à Pavie, avec, entre autres remaniements la partie du roi du Pont descendue d’une octave, pour ténor…Bouleversante Sara Mingardo, Tamiri hallucinée et torturée dans ses sentiments…Superbe Farnace de Furio Zanasi, timbre impérial, expression juste servie par une palette subtile de nuances. Pour Bérénice, Adriana Fernandez, voix claire, légère et acérée, darde des traits trop frêles, trop pâles…Etonnante Gloria Banditelli pour Selinda, technique solide, émission ferme et bien timbrée. Le Gilade de Cinzia Forti déçoit, dans d’éblouissants airs pour castrat. Belles envolées du Pompée de Sonia Prina…La réalisation la plus passionnante depuis le Catone de Scimone, en 1984. »

Répertoire – juin 2002 – appréciation Recommandé – 10

« Un Farnace complet, conformément à la version de 1731, mais avec les ajouts de Francesco Corselli, correspondant à la reprise de l’ouvrage à Madrid en 1739…Le choix d’une basse pour le rôle-titre est la première des bonnes idées de Savall…D’autant que Furio Zanasi est doté d’un timbre magnifique et imprime à son personnage une autorité faite aussi d’émotion et de fragilité…Le reste de la distribution est irréprochable, avec deux mentions particulières pour la remarquable Tamiri de la mezzo Sara Mingardo, à la voix généreuse et corsée, la superbe Bérénice d’Adriana Fernandez, ainsi que Sonia Prina, qui campe un Pompée de haut vol…Les rares apparitions du choeur comblent toutes les attentes…Le travail de Savall est admirable et ne tombe jamais dans la monotonie…La finesse de son accompagnement est souvent sidérante. »

Ramifications – mai 2002

« Comme d’habitude, Alia Vox se surpasse dans la présentation de ce drame musical, servi par des musiciens subtils, chanteurs fervents, instrumentistes enthousiastes en quête de sens et de sincérité. Les voix des solistes et du choeur, que Le Concert des Nations porte avec chatoiement, savent toucher alors même que les sentiments évoqués nous sont si lointains. Ajoutez les photos des représentations au Teatro de la Zarzuela, et la magie opère, évidente. »

Amazon : présentation

« Pour la première fois, Jordi Savall enregistre Vivaldi. Un événement, assurément. D’autant que le chef gambiste catalan nous offre l’opéra Farnace, un modèle de l’opéra séria du XVIIIe siècle italien. L’oeuvre du Prêtre roux ‘ telle qu’elle fut représentée à Madrid en octobre 2001 et dont cet enregistrement est issu ‘ est ici enrichie de fragments de l’opéra éponyme de Corselli ‘ de son vrai nom François Courcelle, un Français qui italianisa son patronyme du fait de ses longs séjours en Italie ‘, créé à Naples en 1736. Ce subtil mélange de deux partitions mais basées sur le même livret, celui de Antonio Maria Lucchini, constitue une force dramatique étonnante, à écouter toute affaire cessante. »

 Abeille Musique – présentation de Jordi Savall – octobre 2001

« Cet enregistrement de l’opéra Farnace de Vivaldi est présenté pour la première fois de façon complète avec toutes les arias et les choeurs correspondant à la version de 1731, (et avec la récupération du recitativo accompagnatto de Tamiri de 1738). Pour des raisons historiques et conceptuelles, chacun des trois actes est précédé de différents exemples de la version de Corselli qui fut présentée à Madrid en 1739. Le tout est structuré à partir d’une sélection des meilleurs moments interprétés en public au cours des deux dernières représentations qui ont eu lieu au Teatro de la Zarzuela les 26 et 28 octobre 2001. Il faut à cette fin rappeler que les différences de son ou d’ambiance, qui semblent à certains rares moments affecter la stabilité du chant ou donner l’impression d’être excessivement lointains, sont justement dues aux nécessités particulières de la position scénique des chanteurs. Les petits inconvénients que ceci pourrait occasionner sont largement compensés par l’énorme spontanéité des Récitatifs et par la sincère émotion des Arias, où les chanteurs improvisent véritablement quelques ornementations dans les da capo, en fonction plus ou moins des possibilités et du caractère de l’aria en question. Un opéra est toujours un spectacle global, où le texte, la déclamation, la musique, le chant, la danse et le théâtre dialoguent et s’unissent en un objectif commun : celui de nous faire rêver à travers un monde utopique, mais toujours empli de magie, de beauté et d’émotion. »