CD Faramondo (2008)

L’oeuvreLe compositeur

FARAMONDO

COMPOSITEUR

Georg Friedrich HAENDEL

LIBRETTISTE

Apostolo Zeno

 

ORCHESTRE I Barocchisti
CHOEUR Choeur de la Radio Suisse italienne
DIRECTION Diego Fasolis

Clotilde Sophie Karthaüser
Faramondo Max Emanuel Cencic
Gustavo In-Sung Sim
Adolfo Philippe Jaroussky
Rosimonda Marina De Liso
Gernando Xavier Sabata
Teobaldo Fulvio Bettini
Childerico Terry Wey

DATE D’ENREGISTREMENT 2008
LIEU D’ENREGISTREMENT
ENREGISTREMENT EN CONCERT

EDITEUR Virgin
DISTRIBUTION EMI
DATE DE PRODUCTION 4 mars 2009
NOMBRE DE DISQUES 3
CATEGORIE DDD

Critique de cet enregistrement dans :

Diapason – mars 2009 – appréciation Diapason Découverte – technique 9 / 10

« Dans la monographie de Winton Dean, la liste des productions de Serse dépasse les deux cents ; celles de Faramondo sont… deux. Et voilà que l’aîné triomphe, obtenant un enregistrement supérieur en qualité à tous ceux dont Serse a bénéficié à ce jour. La recette est pourtant simple : des chanteurs exceptionnels et un chef, pas l’un ou l’autre. Du Suisse Diego Fasolis, nous connaissons les Bach, des Haendel religieux. Le voici consacré chef de théâtre, et de quelle trempe ! Écoutez le formidable air de Faramondo au troisième acte, « Voglio que sia l’indegno » : Faolis ne « joue » pas, il « parle », hurle, fulmine et se morfond avec son héros, arrachant aux cordes des accents terribles, soupirs et gémissements. La partition a été dûment srcutée, analysée, annotée, mais aussi dans la conviction qui rayonne de chaque page, récitatifs compris.

Au sein de la distribution, on émettra des réserves sur Xavier Sabata, contralto dans un rôle de superméchant destiné à la caverneuse Antonia Merighi. Avouons ne point goûter ses sons gonflés et couverts, où le malaise de l’interprète transpire dans de vilains effets « nature ». À l’opposé, Philippe Jaroussky, autre emploi de femme en travesti, donne toute la mesure de son angélisme et de sa virtuosité. Nus ne savons rien d’In-Sung Sim ‘ ce qui ne devrait pas durer, tant il y a d’autorité dans son chant, de couleurs dans sa voix de basse, et tant sa diction italienne est excellente. On peut s’interroger sur l’adéquation de Sophie Karthaüser à une partie destinée à la première Sémèlé, mais elle se sort bien des périls d’un « Combattuta da due venti », et le timbre est ravissant. En Marina De Liso, on découvre une autre mezzo italienne capable de soulever les défis de cette écriture, ce qu’elle fait avec panache (écoutez-le « Si, l’intendesti » en ouverture du III), sensibilité.., et beauté. Enfin le rôle-titre, Max Emanuel Cencic. C’est son deuxième rôle au disque (cf. Fernando, Virgin) ‘ et il y est spectaculaire, autant par la couleur, le naturel de l’émission et la virtuosité, que par l’engagement d’interprète. Il semble être le seul falsettiste actuel en mesure d’affronter les rôles de Senesino. Et si Virgin réunissait à nouveau (avec les ajustements nécessaires…) cette équipe pour lui confier.., Serse ? »

 Classiquenews

« Sous la baguette de Diego Fasolis, tous les rôles masculins sont tenus par des chanteurs (- quand Haendel pour des raisons financières ne pouvaient plus se payer outre Cafarelli, de castrat supplémentaires-): ainsi le fils de Faramondo, Adolfo est chanté par Philippe Jaroussky, autre vocaliste renommé, qui a gravé un album dédié au castrat Carestini et sortira en mars un nouveau recueil de… mélodies françaises (« Opium »). Dans la distribution originale, Haendel selon l’habitude, emploie des sopranos pour les rôles masculins aigus, et recrute les contreténors pour les tessitures d’alto. Ainsi Xavier Sabata, troisième contre-ténor de la production de ce nouveau Faramondo, chante le roi pernicieux Gernando. Le chef suisse Diego Fasolis dirige cet enregistrement attendu, qui vient opportunément dévoiler une partition peu connue de Haendel au moment de son année de célébration. »

 Opéra Magazine – mars 2009 – appréciation 4 / 5

« Faramondo pourrait bien être l’opéra de Haendel le moins représenté depuis sa création, en 1738. Comme d’autres oeuvres du compositeur il a été victime de préjugés et opinions infondées alors que la partition, où le thème de l’abnégation est poussé jusqu’à l’exrême, est superbe. Cet héroïsme échevelé se traduit dans une galerie de personnages au caractère bien trempé et pourtant nuancé, ainsi que par une énergie et un élan qui ne faiblissent jamais. La carrière de Faromondo a aussi probablement souffert de l’absence d’un grand lamento et, ces dernières décennies, du succès de son « faux jumeau » Serse, de nature si différente et écrit la même saison, pour la même troupe, avec le castrat Caffarelli dans les rôles-titres.

Cette nouvelle édition discographique étant seulement la seconde de l’histoire, on ne peut que se réjouir de la voir arriver sur le marché. Le résultat déçoit malheureusement un peu, notamment du côté des contre-ténors (il y en a quatre ici). Les nombreuses qualités de Max Emanuel Cencic et Philippe Jaroussky leur permettent certes de bien chanter Faramondo et Adolfo. Mais ces parties de soprano n’en demeurent pas moins tendues pour eux, ne leur laissant aucune marge de manoeuvre. Du coup, l’expression et la déclamation, capitales dans un opéra au caractère héroïque aussi marqué, en pâtissent. Xavier Sabata, de son côté, convainc en Gernando, malgré une tendance à forcer le trait.

Sophie Karthäuser plafonne en Clotilde : une soprano plus légère aurait probablement été préférable ici. La basse coréenneIn-Sung Sim a la voix qui convient à Gustavo mais reste assez scolaire, la seule vraie satisfaction venant de Marina de Liso, qui déclame magnifiquement les phrases de Rosimonda et sait donner vie à son personnage.

L’orchestre de Diego Fasolis, souvent excellent, incisif et nerveux, est à porter au bilan positif Côté négatif on signalera un texte de présentation alignant poncifs, approximations et erreurs, ainsi que quelques inutiles coupures et le recours totalement déplacé à l’orgue dans certains récitatifs.

Une jolie parution donc, à laquelle fait malheureusement défaut la vie théâtrale que l’on trouvait dans l’intégrale Vox Classics dirigée par Rudolph Palmer il y a une dizaine d’années, pourtant affligée de nombreuses faiblesses vocales. »

 Classica – mai 2009 – appréciation 4 / 4

« Bonne surprise pour une oeuvre méconnue de Georg Friedrich Haendel, dont voilà la deuxième intégrale. La distribution rééunit d’excellents chanteurs : pas vraiment des grands formats, mais des interprètes impliqués, qui savent rendre leurs moyens expressifs et les mettre au service d’une véritable incarnation. Ainsi, Sophie Karthäuser compense une voix un peu petite par un timbre charmant et une interprétation tout à fait délicieuse, qui donnent corps à son personnage. Il en va de même pour Marina de Liso, bien chantante et investie. Les voix graves, en particulier In-Sung Sim, sont plus qu’impecccables. Réunir trois contre- ténors de premier plan tenait de la gageure – en partie relevée. Dans le rôle du méchant, Xavier Sabata possède le panache et la théâtralité nécessaires, servis par une émission peu orrthodoxe. S’il sait se montrer émouvant, il pourrait cepenndant s’épargner ici et là certains effets assez vilains. Philippe Jaroussky est égal à lui-même, d’un naturel, d’une fraîcheur et d’une musicalité confondants. Mais la véritable vedette de cet enregistrement est Max Emanuel Cencic qui, dans le rôle-titre, confirme qu’il est un artiste de tout premier ordre, à concilier à un tel niveau d’exxcellence, et dans tous les registres, les qualités strictement vocales et l’intelligence théâtrale. Diego Fasolis délivre une lecture très convaincante de l’ouvrage : finement dessinée, légère mais aussi vivante et variée – moyen terme idéal entre hédonisme et expressivité qui convient bien à une oeuvre qui, sans atteindre les sommets haendéliens, se montre néanmoins pleine de charme, et mérite d’être redécouverte. «