L’oeuvre – Le compositeur
LOS ELEMENTOS |
COMPOSITEUR |
Antonio de LITERES |
LIBRETTISTE |
anonyme |
ORCHESTRE | Al Ayre Espanol |
CHOEUR | |
DIRECTION | Eduardo Lopez Banzo |
El Ayre, La Aurora | Marta Almajano | soprano |
La Tierra | Lola Casariego | mezzo-soprano |
El Agua | Anne Grimm | soprano |
El Fuego | Xenia Meijer | mezzo-soprano |
Carlos Mena | contre-ténor | |
El Tiempo | Jordi Ricart | baryton |
DATE D’ENREGISTREMENT | 22-25 juillet 1997 |
LIEU D’ENREGISTREMENT | Hospices de Beaune |
ENREGISTREMENT EN CONCERT |
EDITEUR | Deutsche Harmonia Mundi |
COLLECTION | |
DATE DE PRODUCTION | mai 1998 |
NOMBRE DE DISQUES | 1 |
CATEGORIE | DDD |
Critique de cet enregistrement dans
Goldberg – octobre 2004 – appréciation 5 / 5
« Antonio Literes (1673-1747), un des compositeurs préférés de Lopez Banzo, dispute à Sebastian Duron la prééminence dans la musique théâtrale des premières décennies du XVIIIe siècle. Le triomphe des Bourbons dans la Guerre de Succession et l’accession au trône de Philippe V transformèrent radicalement les habitudes culturelles de la Cour. Le monarque y arriva accompagné de ses musiciens, et la chapelle et le théâtre se remplirent alors d’artistes italiens, mode qui se répandit à cette époque dans toute l’Europe. Literes fut rapidement attiré par les nouvelles tendances de l’opéra, à tel point que sur la partition de Los Elementos apparaît en sous-titre « Opéra harmonique dans le style italien ». Dans l’oeuvre, les personnages sont l’Air et l’Aurore (magnifiquement incarnés par Marta Almajano), l’Eau, le Feu, la Terre et le Temps. Les différents éléments se présentent peu à peu, presque en dehors de toute action dramatique, et attendent l’arrivée de l’Aurore. L’apparition de ce dernier personnage entraîne l’union entre les deux sphères dans lesquelles se déroule toute la représentation. La richesse rythmique et une harmonie singulièrement espagnole – héritée du Siècle d’Or – accompagnée des chromatismes inattendus des mélodies, donnent à l’oeuvre un caractère suggestif qui reflète précisément la position esthétique d’Antonio Literes, fondée sur la tradition espagnole et la révolution de l’opéra ita-ien. Lopez Banzo tient compte de cette double voie et tire le meilleur parti aussi bien du lyrisme des mélodies que des structures rythmico-harmoniques du XVIIIe siècle espagnol. »
Répertoire – appréciation 10
Classica – Recommandé
Goldberg – été 1998 – appréciation 5 / 5
« Au coeur d’une période politique très difficile, celle qui accompagne le passage des Habshourg aux Bourbons, l’oeuvre théâtrale de Antonio de Literes livre la compréhension spécifique d’un auteur espagnol sur le sujet de l’opéra italien. Plus qu’une oeuvre de circonstance, en l’occurrence composée pour Philippe V, Los Elementos, sur un texte anonyme daté de 1704-1705, propose une conception particulière du théâtre musical : plasticité des voix, affection parodique pour le travestissement (héritage du théâtre de Lope de Vega) et trait personnel, choix d’un plateau vocal presque exclusivement féminin. On ne sait quel caractère précis célébrer en particulier dans l’approche fine et nuancée du chef Lopez Banzo : il éclaire l’extraordinaire variété rythmique, les chromatismes osés aux points denses du texte. Sa lecture naturelle de l’hispanité baroque, picturale et sensuelle, trouve ici une remarquable intensité. L’articulation, le sens de la tension progressive – élement premier du theâtre musical -, un évident plaisir dans la restitution foisonnante de la texture orchestrale, indiquent une lecture absolument convaincante. A un travail ciselé opéré sur couleurs et accents de l’orchestre, les chanteurs apportent des résonances poétiques à chacune des allégories vocales. Marta Almajano incarne El Ayre/La Aurora avec une grâce dramatique, sensible et expressive qui inspire l’un de ses rôles les plus captivants. Magie, parodie, plasticité fulgurante des voix et des instruments, instrumentarium foisonnant, dévoilent l’invention spécifique du théâtre espagnol baroque, au début du XVIIIe siècle. »