Avec Stéphanie d’Oustrac, les médias tiennent leur nouvelle coqueluche

Un article dans Le Monde en juillet dernier, un entretien dans Altamusica en novembre, un autre tout récemment, un nouvel article dans Le Monde, une belle photo dans Le Figaro. Avec Stéphanie d’Oustrac, les médias tiennent leur nouvelle coqueluche.

Normal ! les médias ont vocation à médiatiser. Et lorsqu’ils mettent la main sur une « graine de star », ils ne lésinent pas sur les moyens expressifs : « beauté classique, physique de tragédienne », »voix qui donne chaud », « physique de vestale, une voix crémeuse, aux couleurs moirées, doucement voilées »…

Et même le fait qu’elle soit de « surcroît intelligente » ne semble pas les rebuter…

Pourquoi Stéphanie d’Oustrac ? Pour tout ce qui précède, bien sûr, peut-être aussi parce qu’elle symbolise bien cette nouvelle génération de chanteurs-acteurs français qui font souffler un vent de fraîcheur sur les spectacles lyriques baroques. Est-ce un hasard si Stéphanie d’Oustrac a été actrice avant de s’intéresser au chant ? Ce qui est certain, c’est que l’opéra a besoin de ces interprètes polyvalents, qui ne s’écoutent pas chanter, aussi à l’aise en acteur qu’en chanteur. Ils ont compris que l’opéra est un genre animé, vivant, où les « statues chantantes » n’ont plus leur place.

Les Véronique Gens, Agnès Mellon, ont-elles – hélas – plus ou moins quitté ce domaine baroque auxquelles elles ont tant donné – et qui le leur a bien rendu ? Pas d’inquiétude, avec Stéphanie d’Oustrac, toute une nouvelle génération arrive, qu’on a entendue et vue l’été dernier à Beaune, à Aix en Provence, puis en janvier au Théâtre des Champs Élysées pour la trilogie monteverdienne.

La médiatisation de Stéphanie d’Oustrac – quel physique, aussi ! – ne doit en effet pas cacher tous les autres, les Sylvie Althaparro, digne Pénélope, tragique Octavie, Sandrine Rondot, radieuse Poppée, Sophie Daneman, aussi à l’aise en Belinda que dans les motets lorrains de Desmarest, Valérie Gabail, qui a déjà enregistré avec Minkowski, Gester, Rousset, Malgoire, et aussi les Marie-Louise Duthoit, Gaëlle Méchaly, Geneviève Kaemmerlen…Les garçons, Serge Goubioud, François Piolino, Renaud Delaigue, Bruno Rostand…, ne sont pas en reste.

Beau réservoir de talents qui n’ont pas fini de nous enchanter.

Alors, un peu de médiatisation, qui s’en plaindra ?

Février 2001