COMPOSITEUR | Jean-Philippe RAMEAU |
LIBRETTISTE | Pierre Joseph Bernard dit Gentil-Bernard |
ORCHESTRE | Les Talens Lyriques |
CHOEUR | Choeur du De Nederlandse Opera |
DIRECTION | Christophe Rousset |
MISE EN SCÈNE | Pierre Audi |
DÉCORS / COSTUMES | Patrick Kinmonth |
LUMIÈRES | Jean Kalman |
Télaïre | Anna Maria Panzarella | |
Phébé | Véronique Gens | |
Castor | Finnur Bjarnason | |
Pollux | Henk Neven | |
Cléone/Une suivante d’Hébé/Une ombre heureuse | Judith van Wanroij | |
Jupiter | Nicolas Testé | |
Le Grand-Prêtre/Une autre voix | Thomas Oliemans | |
Un Spartiate/Un athlète/Mercure/Une voix | Anders J. Dahlin |
DATE D’ENREGISTREMENT | 21et 25 janvier 2008 |
LIEU D’ENREGISTREMENT | Het Musiektheater – Amsterdam |
EDITEUR | Opus Arte |
DISTRIBUTION | Codaex |
DATE DE PRODUCTION | 1er octobre 2008 |
NOMBRE DE DISQUES | 2 |
FORMAT | 16 : 9 – Son 2.0 – LPCM Stereo / 5.1 DTS Surround |
DISPONIBILITE | Toutes zones |
SOUS-TITRES EN FRANCAIS | oui |
Critique de cet enregistrement dans :
Classica – décembre 2008 – appréciation 6 / 10
« Costumes plissés façon Issey Miyake, coiffures inspirées des kouroï archaïques, décor galactique : le spectacle s’annonce aussi raide que la musique de Jean-Philippe Rameau est souple. Malgré les spectaculaires éclairages de Jean Kalman, le metteur en scène Pierre Audi stérilise la tragédie lyrique. Si on attendait Jean-Philippe Rameau, on a plutôt Christoph Willibald Gluck ou Gaspare Spontini. Le choeur n’apparaît pas et chante constamment dans la fosse. On attend de voir paraître la danse. Signée Amir Hosseinpour — qui oeuvrait déjà pour le Zoroastre de Jean-Philippe Rameau enregistré à Drottningholm — elle est nerveuse, saccadée, hiéroglyphique, et surligne le hiératique de la scénographie. Angles et pentagones Bauhaus desservent un plateau dominé par le timbre charnu d’Anna Maria PanzarelIa et la puissance de Véronique Gens, autant dire une luxueuse confrontation. Mais la prise de son dessert les voix qui résonnent désagréablement : chanterait-on dans un hall de gare ou un hangar ? Castor (Finnur Bjarnasson) est d’une vaillance brillante, bien que son « Séjour de l’éternelle paix » ignore toute subtilité. On lui préfère le timbre raffiné d’Anders Dahlin, excellent en ce rôle (la version concert de Castor, Salle Pleyel, avec John Eliot Gardiner!) Il est ici à la fois Mercure, un guerrier, et s’impose comme le ténor roi de cette production. Face à lui, on trouvera bien fade le Pollux de Heink Neven, sosie de Nicolas Cage. Quant à Nicolas Testé il campe un Jupiter splendidement humain.
Avec The English Baroque Soloists, Les Talens Lyriques dirigés par Christophe Rousset restent les meilleurs serviteurs de Jean-Philïppe Rameau : incontestablement cette musique est la leur. On retiendra donc cette captation hollandaise de Castor (version de 1754) d’abord pour ses interprètes, car la vision de Pierre Audi, écrin vide ou baroque post-moderne, rallumera tout au plus une vague « Querelle des Bouffons » dans nos salons du troisième millénaire. »
Diapason – janvier 2009 – appréciation 3 / 5
« Au merveilleux Zoroastre salué par un Diapason d’or succédait l’an dernier un Castor terne et maladroit, pourtant monté par la même équipe. C’est que Pierre Audi a dans les deux cas taillé le spectacle sur mesure pour les salles, jouant à Drottningholm sur les changements à vue et la machinerie ancienne afin de ponctuer et relancer l’action cherchant au contraire sur l’immense scène du Muziektheater d’Amsterdam un récit où tout s’enchaîne ou se tuile (y compris les deux premiers actes) dans un décor unique et épuré (de Patrick Kinmouth, qui signe également les superbes costumes).
Audi a bien compris l’ambition singulière de Castor, en quelque sorte un drame de la symétrie où les passions les plus intenses sont coulées dans l’architecture la plus harmonieuse ; il surenchérit dans un élégant “théâtre de la fusion” tout en camaïeux rose-violet nuancés de reflets oranges ou gris, avec sur toutes les têtes les mêmes perruques façon rasta antique, et pour tous les costumes les mêmes plissés sculpturaux, déployés en drapés amples sur les femmes et tendus sur les jumeaux en armures de tissus. Plusieurs danseurs agissent en doubles des protagonistes (hélas dans le style des pantomimes survoltées dont Hosseinpour a fait son fond de commerce) pour encore unifier l’art protéiforme de la tragédie lyrique.
Tout serait parfait si harmonie était synonyme de fusion. Pour Rameau (comme d’ailleurs pour l’orchestre de Rousset), c’est quasiment son contraire : l’organisation équilibrée d’éléments nettement dessinés et subtilement contrastés. Sans quoi l’action se dilue, malgré tout le savoir-faire d’Audi et l’élégance onirique de certains tableaux (les lumières de Jean Kalman n’y sont pas pour rien). La captation à la fois atténue cela (par le cadre posé sur l’acteur) et l’accentue (par l’alternance peu lisible des plans, qui ne trouvent pas leurs marques dans cet espace démesuré).
Que dire des voix ? Qu’Anna Maria Panzarella ferait sans doute une Phebé aussi inoubliable que son Erinice (Zoroastre), et que Gens… a tout d’une Télaïre. Que le délicieux Anders Dahlin n’est pas moins à contre-emploi. Que l’on est soulagé à la fin du premier acte de savoir que l’on ne retrouvera Finnur Bjamnason qu’à la fin du quatrième. S’il faut voir ce DVD, c’est uniquement pour le Pollux d’Henk Neven. Le français du jeune baryton suédois n’est pas encore parfait, mais le personnage rayonne et captive, mêlant l’autorité guerrière et la tendresse, l’abnégation et le courage, avec cet art d’entrelacer sans les affaiblir des caractères opposés qui fait défaut à tout le reste du spectacle. »