COMPOSITEUR | Pascal COLASSE / Louis LULLY |
LIBRETTISTE | Abbé Jean Pic |
Opéra-ballet en quatre entrées et un prologue (*), sur un livret de l’abbé Jean Pic, moraliste et librettiste, créé avec succès à l’Académie royale de musique le 18 (ou le 7 ?) octobre 1695, dans une chorégraphie de Louis Pécour.
(*) Colasse reprit dans le prologue le choeur final du « Ballet des Muses » de Jean-Baptiste Lully
Il compte quatre entrées : le Printemps (les Amours de Zéphire et Flore ou l’Amour coquet), l’Été (les Amours de Vertumne et Pomone ou l’Amour constant et fidèle), l’Automne (les Amours de Bacchus et Ariane ou l’Amour paisible ou l’Amour dans le mariage), l’Hiver (les Amours de Borée et Orithie ou l’Amour brutal).La distribution (*) réunissait : Mlle Thévenart (Melpomène), Mlle Guyard (Euterpe), Dun (Permesse, Borée, Momus), Mlle Uzé (Clio), Thévenard (Apollon, Vertumne, l’Automne), Renaud (le Printemps), Chopelet (Zéphire, Aquilon), Mlle le Rochois la nièce (Cloris), Mlle Moreau (Flore), Boutelon (l’Été), Mlle Morlan (Pomone), Mlle le Rochois (Cérès, Orithie), Mlle Marianne (Céphise), Mlle Renaud (Ariadne), Hardouin (Bacchus), Desrois (l’Hiver).Ballets (*) : L’Estang, Pisetot, Balon, Magny, Deschars ; Mlles Subligny, Deschars, Desplaces, Du Fort l’aisnée ou Babet, Du Fort la cadette, Florence, Carré, Freville, Germain. (*) orthographe originale
Louis Ladvocat, bourgeois parisien, proche de Nicolas de Francine, évoque abondamment le Ballet des Saisons dans ses lettres à l’abbé Dubos :
lettre du 5 mai 1695 : On me dit hier que le dessin des Saisons est presque achevé par un autre poète, et d’un autre dessin que celui de Madame de Xaintonge, et que l’on sera en état de choisir lequel des deux plaira le plus.
(*) Madame de Xaintonge avait écrit le livret d’un ballet des Saisons, mais l’abbé Pic s’empara du même thème. C’est son livret qui fut choisi.
lettre du 1er juin 1695 : Pecourt se prépare à bien les divertir par les ballets de Momus (*) et des Saisons, où il prétend faire danser des Pantalonnes, des Polichinelles, des Scaramouches et des Arlequines.
(*) Les Amours de Momus, de Henry Desmarest, créé sans succès à l’Académie royale le 18 juin 1695.
lettre du (jeudi) 20 octobre 1695 : On me dit mille louanges outrées du Ballet des Saisons. Une des principales actrices(1) s’en promet l’applaudissement jusques à Noël prochain et chaque officier ou campagnard qui arrive après avoir fait ses vendanges ne manque pas en lui rendant ce qu’il croit lui devoir de frapper des mains. A vous parler sincèrement, elle chante de manière à être écoutée avec plaisir, mais si j’avais à battre des mains, j’en battrais une seconde fois pour Mlle Rochois, quant elle chante « Languirai-je toujours, Amour, sous ton empire »(2). En ajoutant à votre jugement, je fus surpris de ne pouvoir à peine distinguer les airs de Baptiste dans les siens(3) qui sont si bien unis les uns avec les autres qu’il serait difficile à une personne qui n’en serait pas instruite d’assurer qu’ils ne sont pas de lui. Et sans le chagrin que j’ai eu de la blessure de Mlle Subligni(4), j’aurais été charmé, supris, étonné, extasié des ballets. Il me reste encore un mot pour Babet(5) et pour une addition qu’elle y mit de son cru, mardi dernier, et qui est le débarbouillement qu’elle a extrait d’Arlequin, qui enchanta, ravit, surprit et fit dire aux connaisseurs qu’elle était la seule capable de soutenir le caractère d’Arlequin dans toute sa perfection. Vos yeux et vos oreilles étaient si fort occupés de la beauté des airs et de la nouveauté des danses que vous avez oublié de me mander qu’on avait ôté des chœurs Mlles Grossot, Blon et Le Camus, lesquelles places ont été remplies par d’autres qui y chantent, dont l’une se nomme La Vaquerie et une héroïne marseillaise qui a tué un homme à coup de pistolet.
(1) sans doute Fanchon Moreau
(2) air d’Orithie, dans la quatrième entrée
(3) Colasse avait intégré des airs de Lully dans sa partition
(4) Marie-Thérèse de Subligny (1666 – 1738). Elle était entrée à l’Opéra en 1688 et se retira en 1707.
(5) Élisabeth Durfort (ou Dufort), dite Babet, est restée comme étant la première à avoir dansé en Arlequine. Entrée à l’Opéra vers 1690, elle mourut à la fin de 1702. Sa soeur Marie épousa le célèbre danseur Balon.
lettre du 26 octobre 1695 : Beaucoup de gens viennent voir le Ballet des Saisons, qui meurent d’impatience d’y retourner et cela fut hier à telle extrémité que l’on refusa plus de cent personnes. Les premières et secondes loges étaient doublées, on crevait dans le parterre et l’on était les uns sur les autres dans le paradis, et tout cela parce que Pecourt y dansa une sarabande espagnole après les deux Espagnols et entre Letang. Il avait un habit de satin noir véritablement espagnol, élevé sur la poitrine, fort serré du bas, les manches ouvertes au-dessus de la médiane du bras droit et du gauche au dessous du coude, et on voyait dans les ouvertures un taffetas bleu qui en remplissait le vide, une très petite fraise de dentelles et, sur les coutures et extrémités, des diamants qui servaient aussi de boutons à son pourpoint. Sa tête était ombragée d’un castor à forme plate, orné d’un plumet et d’une aigrette très espagnolisée. Les bas de soie bleus, qui paraissaient verts au parterre, et les souliers bordés d’une petite dentelle d’argent sur un maroquin noir sans rubans et attachés seulement avec une boucle. On peut dire qu’il danse en maître et en savant Espagnol, et je trouve ce ballet si divertissant que j’ai grand-peur qu’il ne diminue l’affluence qu’on espérait avoir à « Jason », et que le tragique cothurne ne soit plus si fort à la mode.
Le partition fut éditée par Christophe Ballard en 1695, avec une dédicace au roi,
Sire, Quoi qu’il m’ait paru que le public ait assez goûté la musique de ce ballet, je ne saurais être content de l’approbation qu’on lui a donnée, sans savoir auparavant si elle aura le bonheur de plaire à Votre Majesté. Je sais que dans les moindres comme dans les plus grandes choses, tout le monde doit se régler sur son goût et que l’on doit toujours se défier des applaudissements auxquels elle n’a pas consenti. C’est sur cette idée, Sire, que je me suis conduit, malgré tout le bien qu’on m’a dit de ce petit ouvrage, et que j’ai suspendu l’opinion que j’en devais former moi-même, jusqu’au jugement que Votre Majesté en portera. Quelque destinée qu’il puisse avoir, je la supplie très humblement de la recevoir comme une marque du profond respect et de l’attachement plein de zèle avec lequel je serai toute ma vie , Sire, De Votre Majesté, le très humble, très obéissant, très fidèle sujet et serviteur Collasseet un avis au lecteur. L’auteur de la musique de ce ballet n’a pas jugé à propos de de mêler la musique qui est de feu Monsieur de Lully, avec la sienne. Il reconnaît avec admiration que tout ce qui est de cet excellent homme ne doit souffrir aucun mélange, et que si le public a trouvé supportable ce qui est de sa composition dans les représentations qu’on en a faites, c’est qu’on n’a pas le temps d’en connaître la différence dans le jeu comme sur le papier. Il a su que ce mélange déplairait à la famille de Monsieur de Lully, à laquelle il est fort aise de donner (dans toutes les occasions qui se présenteront) toutes les marques d’estime et de respect qu’il a pour la mémoire de cet homme incomparable.
Le Ballet des Saisons fut repris le 15 janvier 1696, après l’échec de la tragédie en musique Jason ou la Toison d’or, de Pascal Colasse, dans l’attente de la tragédie en musique de Marin Marais Ariane et Bacchus.Cette même année, uné dition du livret parut chez Schelte, à Amsterdam.Louis Ladvocat revient sur le ballet dans ses lettres :
du 6 février 1696 : Enfin, Monsieur, Jason expira hier […] On jouera mardi les Saisons, et l’on répète Ariane et Bacchus (*).
du 13 février 1696 à l’abbé Dubos : On a recommencé, mardi, les Saisons qui continueront jusques au vingt-trois, que l’on donnera Ariane et Bacchus. Et l’on espère jouer tous les jours jusques au jubilé, c’est-à-dire le jeudi, le vendredi, le dimanche et mardi, et le samedi, lundi, mercredi, les Saisons, avec une scène de Porsonnac, chantés par Dumesnil, et quelque entrée comique, et après le jubilé, les quinze jours qui resteront jusques à la semaine de la Passion, les Saisons ou Ariane s’il plaît. Mais on refera aux Saisons un quatrième acte tout nouveau pour après Pâques. […] Je ne crois pas vous avoir mandé que Mlles Desmatins faisait aux Saisons le rôle de Mlle Rochois (**) et qu’elle s’est attirée l’approbation de tout le monde.
(*) Ariane et Bacchus, tragédie en musique de Marin Marais
(**) le rôle d’Orithie, dans la quatrième entrée
Le Ballet des Saisons fut par la suite repris :
en février 1700, avec une distribution réunissant : Mlle Du Lac (Melpomène), Mlle Renaud (Euterpe), Dun (Le Permesse), Mlle Heusé (Clio) et Thévenard (Apollon) dans le prologue, Pithon (Le Printemps), Chopelet (Zéphyre), Mlle Moreau (Flore), Mlle Heusé ou Du Lac (Cloris) dans la première entrée Le Printemps ou l’Amour coquet, Boutelou (L’Été), Thévenard (Vertumne), Mlle Moreau (Pomone), Mlle Maupin (Cérès) dans la deuxième entrée L’Été ou l’Amour constant et fidèle, Guyar (L’Automne), Mlle Heusé (Ariadne), Hardouin (Bacchus), Mlle Prévost (Céphise), dans la troisième entrée L’Automne ou L’Amour paisible en l’état du mariage, Desvoyes (L’Hiver), Dun (Borée), Poussin (Aquilon), Mlle Desmatins (Orithie) dans la quatrième entrée L’Hiver ou l’Amour brutal ;
Dans les ballets, au Prologue : Suite du Permesse (Blondy, Baraze et L. Dumoulin), Nayades (Mlle Dangeville, Mlles Desmatins et Le Maire), Suite des Muses (Germain, Boutteville et De Rouan, Mlles Fréville et Clément) ; Le Printemps : Suite du Printemps (Mlle Subligny, Mlles Desplaces, Dangeville, Le Maire et Desmatins, Dumirail, Bermain, Boutteville et C. Dumoulin) ; l’Été : Fête de village (Le Seigneur et sa femme : Bouteville et Mlle Subligny ; Le Bailly et sa femme : Ferrand et Mlle Dangeville ; Paysans : Lestang et Du Mirail), Bergers et Bergères (Balon, De Rouan, L. Dumoulin, Fauveau et Dumay, Mlles Dufort, Fréville, Le Maire, Desmatins, et Ruel), Un Pâtre (C. Dumoulin) ; L’Automne : Vendangeuses et Vendangeurs (Mlle Desplaces, Mlles Fréville, Le Maire, Clément, Chapelle, Desmatins et Ruel, Blondy, Barazé, De Rouan, L. Dumoulin, L. Ferrand, Dumay et Renoult), Une petite Vendangeuse (Mlle Prévost), Deux petits Vendangeurs (les petits Du Ruel et Clausse) ; L’Hiver : Bohémiens et Bohémiennes (Mlles Desmatins, Le Maire et Ruel, Lestang, Barazé, Blondy, De Rouan et L. Dumoulin), Espagnols et Espagnolettes (Espagnol chantant : David, Espagnolette chantante : Mlle Gherardi, Deux Arlequins : Bouteville et Fauveau, Allemand et Allemande : Ferrand et Mlle Chapelle, Polichinelle : C. Dumoulin, Deux petits Polichinelles : les petits Clausse et Ruel).La partition fut rééditée en 1700 par Christophe Ballard, augmentée de toute la musique de feu Monsieur de Lully qui manquait dans la première (édition), avec l’Avertissement suivant : Le succès qui suivit ce Ballet dès ses premières représentations fit que le public m’en demanda l’impression en musique avec tant d’instance, que je fus obligé, pour la hâter d’en retrancher toute la musique de feu Monsieur de Lully. La raison que je crus en avoir alors fut que les productions d’un si grand homme ne devaient souffrir aucun mélange. Les plus impatients se payèrent de ce prétexte, mais les plus délicats s’étant plaints de ces retranchements, j’ai cru devoir, en leur donnant cette pièce entière, renouveler le plaisir que leur en ont causé les denières représentations. Comme les airs italiens qui y ont été chantés ne sont point de la pièce, on les trouvera dans le second recueil des meilleurs airs italiens que je donnerai incessamment.
le 20 septembre 1707, Mlle Boisé (Melpomène), Mlle Du Jardin (Euterpe), Dun (Le Permesse), Mlle Aubert (Clio), Mlle Heusé (Une Bergère) et Thévenard (Apollon) dans le Prologue (ballet : Mlle Guyot et D. Dumoulin), Cochereau (Le Printemps), Chopelet (Zéphyre), Mlle Poussin (Flore), Mlle Aubert (Cloris) dans la première entrée Le Printemps, Boutelou (L’Été), Thévenard (Vertumne), Mlle Desmatins (Pomone), Mlle Du Jardin (Cérès) dans la deuxième entrée L’Été, Beaufort (L’Automne), Mlle Poussin (Ariadne), Hardouin (Bacchus), Mlle Aubert (Céphise), dans la troisième entrée L’Automne (ballet : Vendangeuse et Vendangeur : Mlle Prévost et Balon), Desvoyes (L’Hiver), Dun (Borée), Buseau (Aquilon), Mlle Desmatins (Orithie), Creté (Apollon), Daniel (Momus) dans la quatrième entrée L’Hiver (ballet : Blondy et Mlle Guyot, D. Dumoulin et Mlle Prévost);
le 12 juillet 1712, sans le prologue, avec Cochereau (Le Printemps), Beaufort (Zéphyre), Mlle Poussin (Flore), Mlle Limbourg (Cloris) dans la première entrée Le Printemps (ballet : Suite de Zéphyre : D. Dumoulin, Germain, Gaudreau, F. et P. Dumoulin ; Suite de Flore : Mlles Mangot, Isecq, Haran et Doslise), Chopelet (L’Été), Thévenard (Vertumne), Mlle Journet (Pomone), Mlle Antier (Cérès) dans la deuxième entrée L’Été (ballet : Fête du village : le Seigneur et sa femme : Marcel et Mlle Maugis, La fille : Mlle Prévost, Le Bailly et sa femme : Ferrand et Mlle Le Maire, Le Fermier et la Fermière : P. Dumoulin et Mlle Isecq, Bergers et Bergères : Favier, Pierret et Rameau, Mlle Mangot, Haran et Doslise, Un Pâtre : F. Dumoulin), Le Mire (L’Automne), Mlle Heusé (Ariadne), Hardouin (Bacchus), Mlle Limbourg (Céphise), dans la troisième entrée L’Automne (ballet : Vendangeurs et Vendangeuses : Dangeville, Javilliers, Gaudrau et Duval, Mlle Guyot, Mlles Mangot, Isecq, Haran et Doslise, Paysan et sa femme : Marcel et Mlle Chaillou), Mantienne (L’Hiver), Dun (Borée), Chopelet (Aquilon), Mlle Journet (Orithie), La Rozière (Apollon), Hardouin (Momus) dans la quatrième entrée L’Hiver (ballet : Troupe de Masques : Blondy, Germain, Ferrand, Javillier et Gaudrau, Mlles Mangot, Haran, Isecq et Doslise, Espagnols : L. Dumoulin, et Marcel, Espagnolettes : Mlles Chaillou et Maugis, Arlequin : F. Dumoulin, Une Pagode : P. Dumoulin)
le 12 mai 1722, avec Mlle Lisarde (Melpomène), Mlle Souris (Euterpe), Mlle Tettelette (Clio), Chassé (Le Permesse), Thévenard (Apollon) dans le prologue, Muraire (Le Printemps), Tribou (Zéphyre), Mlle Eremans (Flore), Mlle Minier (Cloris) dans la première entrée Le Printemps, Grenet (L’Été), Thévenard (Vertumne), Mlle Antier (Pomone), Mlle Lemaure (Cérès), Mlle Souris (Une Nymphe) dans la deuxième entrée L’Été, Le Mire (L’Automne), Mlle Tulou (Ariadne), Dun (Bacchus), Mlle Lisarde (Céphise), dans la troisième entrée L’Automne, Artaud (L’Hiver), Dubourg (Borée), Tribou (Aquilon), Mlle Antier (Orithie), Chassé (Apollon), Le Mire (Momus) dans la quatrième entrée L’Hiver. Du 16 au 23 juin, on y ajouta la mascarade de Pourceaugnac.
Le livret fut imprimé chez la Veuve Ribou.Le 2 décembre 1698, le danseur et chorégraphe Pierre Deschars, passé au service de l’archiduc Maximilien-Emmanuel de Bavière, gouverneur des Pays-Bas espagnols, représenta à Bruxelles, à l’Opéra du Quai au Foin, les Quatre Saisons, adaptation du Ballet des Saisons. Une reprise eut lieu au Théâtre de la Monnaie, à Bruxelles, en 1710.Louis Soumis en réalisa une réduction pour chant et piano, qui fut éditée par Breitkopf et Härtel.
La partition fut recopiée par l’atelier Philidor ; la copie, datée de 1702, est conservée à la Bibliothèque de Versailles.
36me Opéra. C’est un Ball. dont les vers sont de Pic, & la musique de Colasse & de Lully l’aîné ; il fut représenté pour la premiere fois le 18 Octobre 1695, & est imprimé partition in-4°. Melpomene, Euterpe, Clio, Apollon & le fleuve Permesse sont les personnages du Prologue. Les quatre Saisons forment autant d’entrées : le Printems est représenté par les Amours de Zéphire & Flore, l’Eté par ceux de Vertumne & Pomone, l’Automne par ceux d’Ariane & Bacchus, & l’Hiver par ceux de Borée & Orithie. Cet Opéra a déja été repris quatre fois, en 1700, 1707, 1712 & 1722. (de Léris – Dictionnaire des Théâtres) Personnages : Prologue : Melpomène, Euterpe, Clio, le Dieu du Permesse, Apollon, les Nymphes, les Nayades ;Le Printemps : le Printemps, Zéphire, Cloris, Flore ;L’Été : l’ Été, Vertumne, Pomone, Cérès, une Nymphe ;L’Automne : l’Automne, Céphise, Ariane (ou Ariadne), Bacchus, trois Vendangeurs ; L’Hiver : l’Hiver, Borée, Aquilon, Orithie (ou Orithye), Momus, Apollon.
Synopsis
Première entrée : Le Printemps ou l’Amour coquet
Une campagne riante, coupée de plusieurs ruisseaux, et bordée de côteaux couverts de fleurs et de verdure
Sc. 1 – le Printemps est décidé à obtenir la préférence sur les autres saisons, considérant qu’il amène les beaux jours et que tout languit où il n’est pas. Il en appelle aux Plaisirs et au couple formé par Zéphire et Flore.
Sc. 2 – Zéphire n’a plus de goût à rien, en l’absence de Flore, celle qu’il aime.
Sc. 3 – Survient Cloris qui l’a entendu et lui annonce le retour de Flore. A sa vue, Zephire se sent pris d’un nouvel amour pour elle. Cloris s’étonne de son inconstance. On entend un bruit de musique, et on voit la terre s’embellir, à l’approche de Flore.
Sc. 4 – Zéphire lui déclare son amour, mais Flore, déjà échaudée, refuse de le croire. Flore invite à célébrer le Printemps.
Sc. 5 – le Printemps arrive, avec sa suite, et invite Zéphire et Flore à joindre la douceur des amours à la douceur des jours. Flore cède. Tous, auxquels se joignent la troupe de Nymphes de la Suite de Flore, et la troupe de Jeux & de Plaisirs célèbrent la victoire du Printemps.
Deuxième entrée : L’Été ou l’Amour constant et fidèle
Un verger magnifique, et dans l’éloignement la terre couverte de moissons
Sc. 1 – L’Été fait valoir que sans les richesses qu’il apporte les hommes ne pourraient survivre.
Sc. 2 – Vertumne se plaint à l’Été que Pomone ne réponde pas à ses avances. L’Été l’invite à la patience.
Sc. 3 – Vertumne se lamente. Pomone paraît et veut éviter Vertumne.
Sc. 4 – Pomone explique qu’elle fuit l’amour, craignant son funeste pouvoir. Vertumne plaide sa cause en vain.
Sc. 5 – Cérès paraît avec sa suite. Elle rappelle qu’elle fut délaissée par un dieu puissant, mais qu’elle finit par trouver le bonheur, et invite Pomone à céder à l’amour.
Sc. 6 – Cérès dit de consacrer au bonheur des humains. Les Nymphes de Pomone, puis Pomone elle-même cèdent à l’amour, faisant le bonheur de Vertumne. Le chœur célèbre la victoire de l’Été.
Troisième entrée : L’Automne ou l’Amour paisible, ou l’Amour dans le mariage
De riches côteaux couverts de vignes, séparés d’espace en espace d’arbres chargés de fruits, qui les joignent les uns aux autres par des festons de pampres
Sc. 1 – l’Automne rappelle qu’il est seul capable de produire le doux breuvage, sans lequel Bacchus n’aurait pu finir ses exploits.
Sc. 2 – Ariane, aimée de Bacchus, s’effraye d’un rêve où elle a vu son amant la quitter pour une rivale. Céphise tente de la rassurer.
Sc. 3 – bacchus survient, qu’Ariane accuse d’indifférence. Bacchus s’en défend, tout en expliquant qu’on ne trouve pas un amant dans un époux. Sc. 4 – l’Automne fait valoir que l’amour augmente les tracas de la vie alors que le vin les adoucit. Trois vendangeurs invitent à célébrer à la fois Bacchus et Amour.
Quatrième entrée : L’Hiver ou l’Amour brutal
Dans l’enfoncement un palais magnifique, dont la face principale donne sur une place publique, et l’autre sur un jardin à qui l’hiver n’a pas encore ôté tous les agréments
Sc. 1 – l’Hiver vante son pouvoir d’arrêter la guerre, et de vaincre toute résistance à l’amour.
Sc. 2 – Borée explique à Aquilon qu’il est subitement tombé amoureux de la belle Orithie, alors qu’il voulait se défendre de l’amour. Caché, il observe avec amour et colère Orithie qui s’approche.
Sc. 3 – Orithie se lamente qu’Amour ne soit pas favorable à ses vœux. Borée continue à l’écouter, et comprend que Zéphire est son rival. Il se montre et menace Orithie de se venger de Zéphire. Orithie se défend d’aimer Zéphire, mais repousse aussi Borée. Celui-ci l’enlève et ordonne à Aquilon de les mener dans les régions glacées.
Sc. 4 – Momus se félicite que l’Hiver ait suspendu la guerre. Apollon paraît dans un char brillant, regrette la compétition entre les Saisons, et invite à jouir des jeux et des plaisirs.
Sc. 5 – Apollon félicite les Saisons d’avoir banni la discorde. Momus invite la troupe des Jeux et des Plaisirs à former de doux amusements.
Sc. 6 – les Saisons célèbrent Apollon, dieu qui répand la lumière.
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Jean-Baptiste Rousseau écrivit un amusant Dialogue sur l’opéra des Quatre Saisons, entre Colasse, l’abbé Pic (1), Deschars (2), Babet du Faur (3), l’Ombre de Lulli, et une troupe de Cuistres (4). Colasse et l’abbé Pic s’y congratulent mutuellement du succès de l’oeuvre. Pic invite la troupe de Cuistres à chanter sa louange. Colasse fait de même avec les choristes de Saint-Paul (5). Survient Deschars qui fait valoir que le succès est en fait le sien. Babet du Faur fait de même. Tous quatre sont frappés de stupeur lorsqu’apparaît l’Ombre de Lulli. Celle-ci s’adresse à Colasse pour le traiter de plagiaire, et lui promet que son opéra passera du Palais Royal à la Samaritaine (6), et que la chaise percée en sera le digne cercueil. (1) librettiste
(2) chorégraphe
(3) personnage non identifié
(4) c’est à dire de pédants, de vaniteux qui étalent un savoir mal maîtrisé
(5) Colasse fut enfant de choeur en l’église Saint-Paul
(6) allusion à la pompe construite par l’ingénieur flamand Jean Lintlaer, pour l’alimentation en eau du Louvre et des Tuileries.