Jason ou la Toison d’or

COMPOSITEUR Pascal COLASSE
LIBRETTISTE Jean-Baptiste Rousseau

 

Tragédie en musique en un prologue et cinq actes, sur un livret de Jean-Baptiste Rousseau, créée, sans succès, à l’Académie royale de musique, le 15 janvier (*) 1696.

(*) on trouve aussi mentionnée la date du 6 janvier ou celle du 17 janvier

Rousseau était alors âgé de vingt-sept ans, et on l’accusa d’avoir écrit des vers impropres à la musique, ainsi qu’à Colasse d’avoir accepté de les mettre en musique.

On critiqua aussi les costumes (voir infra lettre du 19 janvier 1696 de Louis Ladvocat).

Les représentations furent arrêtées dès le 5 février 1696, et on reprit le Ballet des Saisons, créé avec succès au mois d’octobre précédent.

Le livret s’inspire de l’Argonautique d’Appolonius de Rhodes.

 

Louis Ladvocat évoque plusieurs fois l’ouvrage dans ses lettres à l’abbé Dubos :

lettre du 20 octobre 1695 : Monsieur du Rosai m’a dit que vous travaillez sur Momus et moi, je vous prie de nous envoyer la critique des Saisons et le panégyrique de Colasse et l’oraison de Desmarets. Tout cela de votre main nous fera attendre avec patience le jugement que vous ferez de la Toison quand elle sera imprimée. lettre du 26 octobre 1695 : … je trouve ce ballet (des Saisons) si divertissant que j’ai grand peur qu’il diminue l’affluence que l’on espérait avoir à Jason, et que le tragique cothurne n’en soit plus si fort à la mode. lettre du 19 janvier 1696 : Ayant été obligé de garder la chambre depuis vendredi dernier, je n’ai pu assister ni à la répétition de Jason ni aux représentations qui s’en sont faites. Je crois que Monsieur du Rosai n’aura pas manqué de vous instruire de la mauvaise réception de ses spectateurs. Ceux qui plaignent avec le plus d’ostentation sont ceux qui se réjouissent davantage de la présomption du poète et du musicien […] l’obstination qu’ils ont témoignée l’un et l’autre pour ne rien retrancher de leurs production, aurait dû obliger le musicien à ne pas mettre en musique des vers qu’ils n’y croyaient pas disposés, soit qu’ils composassent des scènes trop longues, soit que les vers alexandrins trop fréquents soient peu propres à rendre le chant agréable etc., ne l’ayant pas vu et médité assez.[…] Le peuple est si chagrin qu’il se plaint de l’habit de Mlle Moreau, qu’on ne trouve pas bien fait, et de celui de la sibylle imaginaire (pour le temps) de la grande fille, et qu’elle a été obligée de quitter. On a même été contraint d’ôter beaucoup de vers et de chants à cause de la longueur de l’opéra. lettre du 28 janvier 1696 : Je vous ai envoyé par la voie de Mr du Rosai le Jason, que Monsieur Rousseau m’avait donné […] Jason ne se soutient que sur douze ou treize cents francs. Quelque ennui que vous ayez pour Colasse et pour moi pour Mr de Francinne, je crois que nous perdrons notre procès. Ce n’est pas qu’il n’y ait un récit du prologue en basse chantée par Mlle Desmatins, qu’on écoute avec plaisir, aussi bien que le récit des Taureaux et quelques endroits d’Hipsipile, mais le reste est, ce me semble, sans aucun agrément pour le chant et n’approche pas de la haute opinion qu’il s’était acquise par le bel endroit de Thétis et Pélée, « de restes infortunés », et la belle scène des Saisons de Thévenard et Mlle Moreau. En attendant votre avis après la lecture de Jason, je suis… lettre du 6 février 1696 : Enfin, Monsieur, Jason expira hier. Il n’a laissé en mourant que 700 livres, et le parterre et les loges en chantèrent le libera ou la délivrance pour l’ennui qu’il leur a causé pendant sa vie sans beaucoup de regret. lettre du 13 février 1696 : Je vous réponds, Monsieur, que le Sr Rousseau n’abandonnera pas le métier et qu’il ne croit pas qu’il lui soit arrivé aucun accident. Il n’est pas garant si le public ne se connaît pas aux bonnes choses.

 

Personnages : Aétès, roi de Colchos ; Médée, fille d’Aétès, enchanteresse ; Jason, chef des Argonautes ; Orphée, Argonaute, confident de Jason ; Hypsipyle, reine de Lemnos ; Vénus, ; Neptune ; l’Amour ; la Sibylle.

 

Synopsis

 Prologue

Une campagne coupée par le fleuve Seine

Pan se félicite que cesse la guerre. A son appel, le choeur des bergers célèbre la gloire du héros qui permet ce bonheur. La Paix apparaît et confirme qu’elle doit à ce dernier de pouvoir être là. Tous deux blâment les ennemis qui recherchent la guerre. Ils décident de gôuter le repos et de fêter l’amour et les plaisirs. Ballet des suivants de Pan et de la Paix. La Paix annonce l’histoire de Jason à la recherche de la Toison d’or.

Acte I

Un camp

(1) Orphée reproche à Jason de retarder le départ pour Colchos. Jason se justifie : il doit apporter son aide au roi de Lemnos contre une attaque prochaine des Scythes. Orphée rétorque qu’il souhaite plutôt rester auprès de Médée. Jason avoue qu’il aimait la belle Hypsipyle, mais qu’il est obligé de la trahir et de feindre d’aimer Médée pour briser ses enchantements. (2) Médée survient et presse Jason de partir pour servir le roi, bien qu’elle soit sensible à l’amour de Jason. Tous deux se lamentent de devoir se séparer. (3) On entend des guerriers combattre. Médée est saisie d’effroi. (4) Le Roi lui annonce que les Scythes sont vaincus. (5) Jason les rejoint et annonce qu’il a tué le roi des Scythes. Le Roi lui promet de satisfaire ses désirs, et appelle à des réjouissances. Médée et Jason se réjouissent de leur amour.

Acte II

Le port de la capitale de la Colchide

(1) Jason est torturé de trahir Hypsipyle et Médée. Il est décidé à avouer la vérité. (2) Vénus apparaît sur son char et le lui interdit. (3) Le Roi décide de célébrer l’hymen de Jason et Médée. Jason demande une faveur : donner la Toison d’or aux Grecs. Médée comprend que Jason l’a trahie. Le Roi ne peut reprendre sa parole, mais annonce que les dieux le vengeront. (4) Jason se plaint de l’attitude de Médée. Celle-ci l’avertit de ce qui le menace : des taureaux furieux, des soldats qui sortent de terre, un dragon furieux. Jason se dit prêt à les affronter. (5) Jason, seul, voit apparaître Hypsipyle. (6) Hypsipyle sort d’un char traîné par quatre dauphins sur lequel Neptune l’a fait conduire en Colchide. Elle voit avec douleur Jason l’éviter, et est prise de soupçons. (7) Neptune la rassure sur la fidélité de Jason. Il ordonne aux divinités des ondes de rendre hommage à la reine. Tritons et Néréides chantent la beauté d’Hypsipyle, mais cette dernière ne pense qu’à rejoindre Jason.

Acte III

Le palais d’Aétès

(1) Médée a appris l’arrivée d’Hypsipyle et s’inquiète. (2) Médée accueille aimablement Hypsipyle. Celle-ci se plaint de ne pas voir Jason. Médée explique son absence par les plaisirs de l’amour, et l’invite à l’oublier. Hypsipyle se dit incapable de réfréner son amour pour Jason, ni sa haine pour sa rivale. (3) Hypsipyle se lamente de l’ingratitude de son amant. (4) Jason se présente à elle. Il lui xplique qu’il a feint d’aimer Médée pour combattre son pouvoir. Hypsipyle s’effraye que celle-ci soit sa rivale, mais Jason finit par la rassurer. (5) Médée aperçoit Jason et Hypsipyle et décide de se venger. Elle sort, et le palais devient un lieueffroyable, où apparaîssent des démons et des monstres au service de Médée. Jason demande à Orphée de jouer de sa lyre pour les apaiser. Orphée chante, et la fureur des monstres s’assoupit. Jason rend grâce à la divine Harmonie, fille du ciel, qui calme les sens. (6) L’Amour apparaît dans un nuage et fait disparaître les monstres. Ceux-ci sont remplacés par une troupe de Plaisirs. Ceux-ci célébrent la puissance de l’amour. (7) Médée ne comprend plus pourquoi ses charmes sont impuissants. Elle se décide à aller consulter la Sibylle.

Acte IV

L’antre de la Sibylle, avec à l’entrée un arbre consacré à Apollon, et plus loin un temple dédié à cette divinité

(1) Les suivants de la Sibylle se réjouissent de vivre en paix, dans un monde sans amour. (2) Médée vient interroger la Sibylle sur les sentiments véritables de Jason à son égard. La Sibylle lui conseille d’aller près de l’arbre au feuillage sacré : si Jason la trahit, le feuillage sera dispersé par le vent dans les airs. Les vents se déchaînent et dispersent les feuilles de l’arbre. La Sibylle prévient Médée : elle fera elle-même son malheur et commettra un forfait épouvantable. (3) Médée est accablée, mais décide de faire périr Hypsipyle.

Acte V

Un bois, et au loin le champ de Mars

(1) Hypsipyle s’inquiète pour Jason. (2) Médée survient et lui annonce la mort de Jason. Elle fait apparaître l’image de Jason étendu mort. Désespérée, Hypsipyle se tue. (3) Médée savoure sa vengeance, et décide de faciliter la victoire de Jason. (4) Le Roi annonce à Médée que les Grecs ont vaincu les taureaux qui défendaient la Toison. Médée le rassure : des soldats vont sortir de terre. (5) Jason et les Argonautes se préparent au combat. Il sort de terre des soldats tout armés qui fondent sur eux. (6) Médée apparaît, tenant la Toison, et ordonne aux soldats de rentrer sous terre. Elle annonce à Jason la mort d’Hypsipyle. Elle donne la Toison à Jason et s’envole. (7) Jason s’emporte contre Médée, puis se trouble et croit être descendu aux Enfers. Il aperçoit l’Ombre d’Hypsipyle. Orphée le presse d’embarquer pour la Grèce. Jason revient à la raison et décide de partir.

 

Livret disponible sur livretsbaroques.fr