Les Âges ou Le Ballet des Âges

COMPOSITEUR André CAMPRA
LIBRETTISTE Jean-Louis Fuzelier

 

Opéra-ballet en un prologue (dans les jardins d’Hébé) et trois entrées (La Jeunesse ou l’Amour ingénu, L’Age viril ou l’Amour coquet, La Vieillesse ou l’Amour enjoué), sur un livret de Jean-Louis Fuzelier (1672 – 1752).

Il fut représenté à l’Académie royale de musique, le 9 octobre 1718. Quoiqu’il ait été annoncé comme un « opéra d’été », les auteurs réussirent à en retarder la création à une période plus propice.

Distribution :

Mlle Poussin (Hébé), Le Mire (Le Temps), Mlle Antier (Vénus) et Dubourg (Bacchus) pour le prologue ; Mlle Toulou (Florise, très jeune personne, aimée de Léandre), Murayre (Artémise, Gouvernante de Florise), Cochereau (Léandre, amant de Florise, déguisé de même qu’Artémise), et Mantienne (Zerbin, valet de Léandre), Mlle de la Garde (Masque chantant) pour La Jeunesse ou l’Amour ingénu. Ballet : deux bandes de Masques à la Foire de Bezons (D. Dumoulin, Mlles Prévost et Guyot) ; Thévenard (Eraste, homme de plaisir, amant de Lucinde), Mlle Poussin (Lucinde, jeune veuve coquette), Murayre (Damon, Petit Maître), et Guesdon (Cléon, Financier, amoureux de Lucinde) pour L’Age viril ou l’Amour coquet. Ballet : Fêtes des vendangeurs – Le Seigneur et la Dame du Village (Ferrand et Mlle Dupré), la Fille du Seigneur (Mlle Prévost) ; Dun père (Fabio, père de Silvanire, noble Vénitien), Mlle Antier (Silvanire, fille de Fabio, déguisée en cavalier Polonais), Dun fils (Valère, seigneur Polonais, amant de Silvanire), Mantienne (Argant, vieillard amoureux de Silvanire, gentilhomme de campagne français) et Cochereau (Merlin, valet de Fabio), Guesdon (l’Ordonnateur de la fête), Murayre (un acteur de la fête) pour La Vieillesse ou l’Amour enjoué. Ballet : le Triomphe de la Folie sur les Âges (Laval et Mlle Brunel, Dangeville et Mlle Chateauvieux, Dupré et Mlle Le Roy, Ferrand et Mlle Dupré).

Selon Nicolas Boindin, l’œuvre, très attendue, fut reçue avec tant d’avidité qu’on en a été rempli et presque rassasié à la première représentation.

L’ouvrage valut à Campra, le 15 décembre suivant, un brevet de pension annuelle du Roi de 500 livres sur l’Opéra.

Le manuscrit de la partition est conservé à la Bibliothèque de Versailles.

Des extraits de la partition furent imprimés par Ribou en 1718.

Le 9 mars 1723, on reprit Persée de Lully, suivi d’une symphonie que Campra avait ajoutée au Ballet des Âges, intitulée La Musette, qui fut dansée par Mlle Prévost.

L’ouvrage fut repris au Palais Royal le 9 octobre 1724. Distribution : Mlle Le Maure (Hébé) et Mlle Lambert (Vénus) pour le prologue, Mlle Dun (Florise), Tribou (Artémise), Du Mesny (Léandre), et Mantienne (Zerbin), pour la première entrée, devenue L’Amour innocent, Dun (Eraste), Le Maure (Lucinde) et Tribou (Damon) pour la deuxième entrée, devenue L’Amour coquet, Dubourg (Fabio), Mlle Eremans (Silvanire) et Chassé (Valère), Mantienne (Argant) pour la troisième entrée, devenue L’Amour enjoué.

Ballets : Première entrée : Masques (D. Dumoulin, Mlles Prévost et Richalet) ; seconde entrée : Le Seigneur et la Dame du village (Myon et Mlle De Lisle), leur Fille (Mlle Prévost) ; troisième entrée : les Âges (Maltaire et Mlle Richalet, Myon et Mlle De Lisle, Pierret et Mlle Rey).

Le succès fut moins grand, quoique Mlle Prévost ait repris son rôle. Les représentations cessèrent le 2 novembre.

 L’oeuvre fut jouée à Lyon, en 1729, dans la salle du Jeu de Paume de la Raquette Royale.

 

Dans l’Avertissement, Fuzelier explique : On verra dans ce ballet que j’ai cru que Thalie avait des droits sur la musique aussi bien que Melpomène. Je ne ferai pas une longue dissertation pour prouver que le genre comique n’est pas incompatible avec les beautés de l’harmonie. Si le Ballet des Ages que je présente au public le divertit, mon projet est justifié, si la pièce n’a pas le bonheur de plaire, mon apologie serait pour moi un nouveau crime, et pour mes lecteurs une surcharge d’ennui. Je n’ai prétendu donner qu’un tissu de maximes enjouées, liées par une intrigue légère, qui pût occasionner des airs gracieux et des danses variées. C’est, ce me semble, ce qui doit constituer le fonds d’un ballet.

 

94me Opéra. Les paroles sont de Fuzelier, & la musique de Campra ; il fut représenté pour la premiere fois le 9 Octobre 1718, & il n’y en a eu qu’un extrait imprimé en musique, & qui est même rare. L’Auteur du Poëme dit dans un avertissement, qu’il a voulu prouver par cet Opé. que le génie comique n’est pas incompatible avec les beautés de l’harmonie, & montrer aux tristes voluptueux que les muses de l’Opé. peuvent se permettre les graces du deshabillé. Le Prol. représente les jardins d’Hébé ; cette Déesse invite l’aimable jeunesse à profiter des douceurs d’un asyle agréable ; le Tems, Venus, Bacchus & leur suite sont les autres interlocuteurs de ce Prolo. Les trois entrées du Ballet sont autant de petites Com. dont la premiere est intitulée la Jeunesse ou l’Amour ingénu ; la seconde l’Age viril ou l’Amour coquet ; la troisieme la Vieillesse ou l’Amour joué ; dans cette derniere, la Dlle Antier paroissoit en Seigneur Polonois ; la derniere scene étoit le triomphe de la Folie sur tous les âges. On a remis cet Opé. en 1724. (de Léris – Dictionnaire des Théâtres)

 

Synopsis

La Jeunesse ou l’Amour ingénu

Au fond la rivière de Seine, dans les ailes la Foire de Bezons

Zerbin, déguisé, aborde Léandre lui-même déguisé en Artémise, un masque à la main. Léandre confie qu’il aime Florise qui ne le sait pas encore, et qu’il a pris l’aspect d’Artémise pour connaître son coeur. Ils se cachent lorsque Florise et Artémise surviennent. Artémise conseille à Florise de ne pas aimer, mais Florise raille Artémise de chercher encore l’amour. Léandre déguisé aborde Florise pendant que Zerbin amuse Artémise. Léandre masqué convie Florise à aimer. Florise s’étonne du changement de langage d’Artémise, mais y prend plaisir. Léandre conseille de n’aimer qu’un. Florise laisse échapper le nom de Léandre. Celui-ci se démasque et crie son bonheur. Artémise aperçoit Léandre baisant la main de Florise et s’irrite. Artémise finit par consentir, puis propose l’hymen à Zerbin qui ne répond pas. Les masques arrivent avec leurs instruments, et s’assoient autour des arbres. Ballet des Masques.  

L’Âge viril ou l’Amour coquet

Un château en Champagne environné de coteaux chargés de vignes

 Eraste en habit de campagne rencontre Damon habillé en voyageur. Il avoue partager son temps entre les amours et Bacchus. Tous deux font l’éloge de la vigne. Damon lui confie qu’il est épris d’une beauté charmante qui habite en ces lieux et qu’il vient voir avec l’espoir de l’épouser. damon aperçoit Lucinde et la désigne comme celle qu’il aime. Mais Eraste s’en offusque, car il pense qu’il est seul à être aimé de Lucinde. Lucinde se retrouve en leur présence et cache son inquiétude. Damon feint d’être venu pour Célimène, qui habite dans un hameau proche. Eraste interroge Lucinde. Celle-ci lui reproche d’abuser des plaisirs de Bacchus. Leur dispute est interrompue par un prélude. Lucinde annonce à Eraste qu’une fête se prépare en son honneur car elle est convoitée par le riche Cléon. Eraste est dépité, ce qui ne déplaît pas à Lucinde. Cléon arrive et dédie à Lucinde la fête des Vendangeurs. Divertissement.  

La Vieillesse ou l’Amour joué

Près de Padoue, dans des jardins préparés pour une fête galante

 Merlin rencontre Silvanire, déguisée en cavalier, et l’interroge. Silvanire lui apprend que son père veut la marier à Argant, alors que son coeur penche pour Valère. Elle vient chez Argant en espérant rompre le projet de mariage. Elle ne veut pas en dire plus. Argant survient. Silvanire déguisée feint d’être un amoureux de Silvanire. Argant, en l’entendant, tremble et veut s’éloigner. Silvanire l’arrête et l’interroge. Elle confie à Argant qu’il est épris de Silvanire et qu’il a appris qu’un mariage se prépare avec Argant. Celui-ci lui répond qu’Argant a préparé une fête pour séduire Silvanire. Silvanire toujours déguisée se vante d’être nuit et jour avec Silvanire. Valère survient, qui provoque Argant en duel. Argant se défend en nommant le cavalier comme son rival. Survienent Fabio et Fabio. L’Ordonnateur de la fête veut commencer, mais Argant lui annonce qu’il ne veut plus être l’époux de Silvanire. Fabio ne comprend plus et ne souhaite plus confier sa fille à Argant. Silvanire se fait reconnaître de lui. Fabio accepte de l’unir à Valère. La fête se donne en l’honneur des deux amants.

Un amphithéâtre de verdure orné de fleurs et de girandoles, occupé par les Âges et les sujets favoris de la Folie. Son trône isolé est placé au milieu. Elle y est gardée par ses Matassins et environnée par Arlequin, Polichinelle et autres personnages comiques.

Divertissement : le Triomphe de la Folie sur tous les âges. Danse des Matassins et des Âges. Air italien d’un acteur de la fête.

 

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