Les Peines et les Plaisirs de l’Amour

COMPOSITEUR Robert CAMBERT
LIBRETTISTE Gabriel Gilbert

 

Opéra, Pastorale héroïque en vers lyriques, en cinq actes et un prologue, sur un livret – dédié à Colbert – de Gabriel Gilbert (vers 1610 – vers 1680), secrétaire des commandements de la reine de Suède et son Résidant en France, poète et dramaturge. Elle fut représentée en février/mars 1672 (*), dans la salle du Jeu de Paume de la Bouteille, dans une chorégraphie de Pierre Beauchamps (1630 – 1705).

(*) et non pas le 8 avril

Après le succès de Pomone, le marquis de Sourdéac et son affidé Champeron, titulaires du bail de la salle de la rue des Fossés de Nesles, exploitaient de fait le privilège de Perrin, dont ils s’étaient rendus matériellement possesseurs. Ils décidèrent de mettre en chantier une nouvelle œuvre, sans avoir recours à Perrin au demeurant incarcéré. Le livret et la musique furent écrits avant la fin des représentations de Pomone.

On admira surtout le Prologue et le Tombeau de Climène.

Distribution : Marie Aubry (Philis), Marie-Madeleine Brigogne (*) (Climène), Clédière (Apollon), Beaumavielle (le Faune), Taulet (Pan).

(*) Marie-Madeleine Brigogne avait alors vingt-ans, et était la fille d’un peintre-marqueur de jeu de paume. Son succès dans le rôle de Climène la fit surnommer la « petite Climène ». Ses gages furent portés de 900 à 1200 livres dès la première représentation. Elle fut engagée ensuite par Lully, et parut dans Cadmus et Hermione (rôle d’Hermione) et dans Thésée (rôle de Cléone).

Le 19 mars, Sourdéac et Champeron, se disant propriétaires du privilège obtenu par Perrin, firent opposition au nouveau privilège obtenu par Lully le 16 mars. Sur ordre royal, les représentations furent interrompues le 1er avril par le lieutenant de police La Reynie. L’opposition de Sourdéac et Champeron fut rejetée par arrêt du Parlement, le 27 juin. Et le 12 août, une ordonnance du roi interdisait l’utilisation de la salle du jeu de Paume de la Bouteille par les troupes de comédiens françois et estrangers

L’impression de la partition fut interrompue (comme pour Pomone), et seuls le prologue et le premier acte ont été conservés.

 

L’ouvrage fut joué, ainsi que Pomone, au Jeu de paume de la rue St Léonard, à Nantes, en 1687, par le troupe du sieur d’Aumont.

 

Personnages : Apollon, amant de Climène ; Climène, nymphe de Diane ; Pan, amant d’Astérie ; Astérie, nymphe, éprise d’Apollon, rivale de Climène, ; Philis, bergère, confidente d’Astérie ; Vénus, l’Amour, la renommée, deux petits Amours, Mercure, les Trois Grâces, trois Muses, Iris, l’Aurore, les Songes, Faune et les satyres, six Sacrificateurs, six Prêtresses, Spectres, choeurs de bergers et de bergères, les Rois, les jeux, la Jeunesse.

 

Argument

La scène est en Arcadie, au fleuve, auprès du mont Cyllène

Climène, nymphe de Diane, a été tuée par Astarie (ou Astérie), une de ses compagnes, et ravie à l’amour d’Apollon. Celui-ci vient exhaler sa douleur sur la tombe de celle qu’il aimait, tandis qu’Astarie cherche vainement à séduire le dieu, fils de Jupiter.

Après bien des incidents, des traverses de toute sorte, des intrigues secondaires auxquelles sont mêlés le dieu Pan, Faune, la nymphe Astérie, la bergère Philis et d’autres, après les péripéties d’une action entrecoupée de nombreux intermèdes où l’on rencontre Vénus, Mercure, l’Amour, les Grâces, les Songes, Iris, l’Aurore, etc. Climène revient à la vie et est rendue à l’amour de son immortel amant. Climène obtient d’Apollon le pardon pour Astérie.

Parmi les scènes : scène sacrée pour les funérailles de Climène ; scène d’enchantement et de métamorphose : Mercure délivre Climène et la transforme en bergère ; scène de songe : Apollon s’endort ; scène de déguisement avec épreuve amoureuse : à son réveil Apollon retrouve Climène déguisée en bergère.

 

Dans le prologue, Vénus, la Renommée et l’Amour apparaissent en l’air, dans un char traîné par des colombes. Un récit de Vénus est introduit par une ritournelle, puis Vénus et la Renommée tiennent un dialogue pour exalter la gloire de Louis XIV. Au IIe acte, la scène du Tombeau de Climène fut particulièrement admirée, avec une déploration chantée par Apollon devant le tombeau de Climène, coupée d’interventions chorales, pendant que des spectres s’échappaient du tombeau, effrayant les bergers.

Il n’y eut pas de reprise.

 

   » (…) c’est le second opéra, c’est-à-dire celui qui fut donné après Pomone ; le Marquis de Sourdéac sous prétexte des avances qu’il avait faites, s’empara de la recette des deniers, loua un jeu de Paume vis-à-vis la rue de Guénégaud et pour se passer du sieur Perrin eut recours au sieur Gilbert qui composa les vers de cette pièce : l’auteur de la Musique, celui des danses, l’inventeur des machines et les acteurs furent les mêmes que dans Pomone, excepté que Mademoiselle Brignolle y joua un rôle de Climène… » (Maupoint)

 

Partition : Editions Minkoff – Pomone, pastorale mise en musique, partition et livret de Pierre Perrin suivi de Les peines et les plaisirs de l’amour, pastorale, partition et livret de Gabriel Gilbert. Introduction. Réimpression des éditions de Paris, Ballard, 1672. Genève, 1980. 2 volumes in-4 – en 1 volume – de 120 pages, broché.

Livret disponible sur livretsbaroques.fr