Robert CAMBERT
1628 (Paris) – février ou mars 1677 (Londres)
comédie de Guillaume de Marcoureau, sieur de Brécourt, auteur et acteur du Théâtre Français, inspirée par une nouvelle espagnole El Zeloso inganado, pour laquelle Cambert composa un Trio italien burlesque dit le Trio de Cariselli – jouée en août 1666 – le Trio eut du succès et fut repris dans la cinquième entrée des Fragments de Lully (10 septembre 1702) – ce qui conduisit à l’attribuer à ce dernier – puis dans les Fêtes de Thalie de Mouret – le Trio italien fut publié par J.B. Weckerlin en 1888, dans ses Échos du temps passé, avec accompagnement de piano | |
Elégie à trois voix en espèce de dialogue – livret anonyme – exécutée chez Cambert en 1658 – la pièce comprenait des interludes instrumentaux et des récitatifs – musique perdue – selon Cambert, …c’est après avoir entendu cette pièce qui réussissait avec succès et qui n’ennuyoit point quoiqu’elle durât tant en symphonies qu’en récits trois bons quarts d’heure, que M. Perrin prit de là l’envie de composer une petite pastorale… | |
Organiste de l’église de saint Honoré à Paris, Surintendant de la Musique de la Reine mère, Anne d’Autriche, mort à Londres en 1677.
Cambert se fit connoître d’abord par la manière sçavante dont il touchoit l’Orgue ; et son mérite étant connu à la Cour, la Reine mère, Anne d’Autriche, le choisit pour Surintendant de sa Musique. Il est le premier en France qui ait donné de grands morceaux de Musique, sous le titre d’Opéra. L’Abbé Perrin l’associa avec lui au privilège que le Roi lui avoit accordé en 1669 pour l’établissement des Opéra en France. Cambert avoit composé la Musique d’une Pastorale en cinq Actes, qui fut représentée à Issy dès l’an 1659 et peu de temps après à Vincennes devant le Roi et toute sa Cour. Il fit en 1671 la Musique de la Pastorale intitulée Pomone, de même que celle de la Pièce d’Ariane. Ces trois Pièces, dont les paroles sont de l’Abbé Perrin, et la Musique de Cambert, doivent être regardées comme celles qui ont donné naissance à nos Opéra; elles furent aussi fort goûtées du Public, et firent beaucoup d’honneur à leurs Auteurs. Cambert donna en 1672 un quatrième Opéra, intitulé les peines et les plaisirs de l’Amour, dont Gilbert avoit composé les paroles, et qui n’eut pas moins de réussite que les trois précédents. Ce Musicien a composé aussi quelques Divertissements, Chansons et autres petits morceaux de Musique, dont l’Abbé Perrin lui avoit donné les Paroles. Le chagrin que Cambert eut en 1672 de voir Lully possesseur du privilège de l’Opéra, et la grande réputation où étoit ce Musicien, l’obligea de passer en Angleterre, où le Roi Charles II lui donna la charge de Surintendant de sa Musique, qu’il exerça jusqu’en 1677 qu’il mourut à Londres. (Évrard Titon du Tillet – 1677 – 1762)
Voltaire raconte : « Cependant ils (les Français) voulaient aussi dès ce temps-là même avoir un opéra dans leur langue, quoiqu’il n’y eût pas un seul homme dans le pays qui sût faire un trio, ou jouer passablement du violon ; et dès l’année 1659, un abbé Perrin, qui croyait faire des vers, et un Cambert, intendant de douze violons de la reine-mère, qu’on appelait « La musique de France », firent chanter dans le village d’Issy une pastorale qui, en fait d’ennui, l’emportait sur les Nozze di Peleo.
« En 1669, le même abbé Perrin et le même Cambert s’associèrent avec un marquis de Sourdéac, grand machiniste, qui n’était pas absolument fou, mais dont la raison était très-particulière, et qui se ruina dans cette entreprise. Enfin Lulli, violon de Mademoiselle, devenu surintendant de la musique du roi, s’empara du jeu de paume, qui avait ruiné le marquis de Sourdéac. L’abbé Perrin, inruinable, se consola dans Paris à faire des élégies et des sonnets, et même à traduire 1’Énéide de Virgile en vers qu’il disait héroïques.
Pour Cambert, il quitta la France de dépit, et alla faire exécuter sa détestable musique chez les Anglais, qui la trouvèrent excellente. »
Fils de Robert Cambert, fourbisseur, et de Marie Moulin, de la paroisse de St Eustache. Organiste de la collégiale Saint-Honoré le 21 octobre 1652, surintendant de la musique de reine mère Anne d’Autriche. Il épousa Marie Du Moustier, fille de tailleur, en juin 1655. Associé avec Perrin, il créa avec lui l’une des toutes premières oeuvres lyriques françaises La Pastorale d’Issy (1659), et fonda l’Académie d’Opéra en 1669, d’après le privilège accordé par Louis XIV, le 28 juin, à l’abbé Perrin. Les deux hommes firent jouer Pomone (1671) avec un immense succès. Lorsque l’abbé Perrin fut emprisonné pour dettes, on le sollicita encore pour mettre en musique Les Peines et les plaisirs de l’Amour sur un livret de Gilbert (1672). Lorsque Lully reçut le privilège pour former son Académie Royale de Musique, Cambert s’exila en Angleterre (1673), où il devint surintendant de la musique du roi Charles II, et fonda la Royal Academy of Music (1674) avec son élève Grabu. Il mourut en 1677, vraisemblablement de mort violente. (Spectacles du Grand Siècle)
Cambert eut une fille, la claveciniste Marie-Anne, qui épousa à Londres le violoniste grenoblois Michel Farinel, et le suivit en 1679 à Madrid, où il devint intendant de la musique de la reine d’Espagne Marie-Louise d’Orléans.
Dans sa polémique allégorique contre Lully, Lettre de Clément Marot à M. de *** touchant ce qui s’est passé à l’arrivée de J.-B. Lulli aux Champs Élysées (1688), Bauderon de Sénecé a décrit Cambert comme une ombre furieuse qui paraissait encore toute défigurée des blessures dont il fut assassiné en Angleterre, hypothèse ne reposant sur aucune source de l’époque.