Il Paride (Pâris)

COMPOSITEUR Giovanni Andrea BONTEMPI
LIBRETTISTE Giovanni Andrea Bontempi
DATE DIRECTION EDITEUR NOMBRE LANGUE FICHE DETAILLEE
1963 Carlo Franci Voce 3 x 33 t italien

« Opera musicale », sur un livret en italien et en allemand de Bontempi, représenté à Dresde, dans le hall principal du château, le 3 novembre 1662, à l’occasion des fêtes du mariage de Erdmuthe Sophie de Saxe (1644 – 1670), sœur de Johann Georg IV, électeur de Saxe, et Christian Ernst (1644-1712), margrave de Brandebourg-Bayreuth.

Erdmuthe Sophie de Saxe

C’était le premier opéra italien représenté en Allemagne du Nord. La représentation dura cinq heures, de neuf heures du soir à deux heures du matin, et fut renouvelée le 12 novembre.

La scénographie avait été préparée par Giuseppe Torelli.

La représentation d’Il Paride fit partie d’un festival de quatre semaines, du 18 octobre au 13 novembre, ccomposés de défilés solennels (Aufzüge), de divers tournois et de concours de chasse. Quatre ballets s’ajoutèrent à la fin de chacun des actes, le dernier, le ballet des princes et princesses, reprenant la tradition des ballets de cour.

 Synopsis

Acte I

Personnages : Discordia, Giove, Apollo, Mercurio, Giunone, Pallade, Venere, Silvio (Berger), Lucano (Berger), Eurilla (Nymphe), chœur des dieux inférieurs, chœur des Amours

Le Jardin des Hespérides

Sc. 1 – La Discorde, furieuse de ne pas avoir été invitée au mariage de Pélée et Thétis par les dieux de l’Olympe, apparaît criant vengeance. Volant une pomme d’or à l’arbre des Hespérides, elle disparaît.

Au sommet du mont Pelion

Sc. 2 – Silvio, un berger, médite sur l’inconstance de l’amour, particulièrement lorqu’il concerne Eurilla. Celle-ci entre, avec un autre de ses soupirants, Lucano, et annonce que, puisqu’ils sont tous les deux amoureux d’elle, elle partagera son temps de façon égale entre eux. Lorqu’ils sont partis, la Discorde apparaît à nouveau, savourant sa vengeance.

Les dieux et déesses mineurs font leur entrée en choeur, précédant les divinités principales, Junon, Apolln, Mercure, Pallas Athénée et Vénus, les trois déesses se disputant la première place. La Discorde, discrètement, laisse la pomme d’or avec une inscription : « Ce magnifique présent pour la plus belle de toutes », et disparaît. Apollon découvre la pomme qui est immédiatement réclamée par chacune des déesses. Jupiter, père des dieux, décide qu’un observateur impartial, Pâris, prince de Troie et de sang divin, choisira parmi elles. Des danses donnent le signal des festivités du mariage.

 Acte II

Personnages : Enone, Paride, Mercurio, Giunone, Pallade, Venere, choeur des Amours

Une forêt près du mont Ida

Enone, une jeune paysanne, chante son amour pour Pâris, qui habite non loin de sa cabane. Pâris la remercie et échange des voeux de bonheur. Enone partie, Pâris se félicite de la grande consolation qu’apporte l’amour.

Soudain Mercure apparaît, s’annonçant comme le messager de Jupiter, et l’infrome du concours qu’il va devoir arbitrer. Les autres dieux apparaîssent, et chaque déesse joue la séduction. séduit par Vénus, Pâris lui donne le prix sans hésitation, immédiatement menacé par les deux autres déesses perdantes. Vénus le prend sous sa protection. Pâris se rend compte que sa destinée le conduit à quitter Enone. Des bergers apparaîssent et dansent.

Acte III

Personnages : Lippo (Berger), Enone, Paride, Cerispo, Ninfeo, Corimbo (Chasseurs)

Un paysage rocheux avec une forêt au loin

Lippo est l’amant de Ninfa. Enone et Pâris arrivent, ce dernier tentant de la rassurer sur son départ prochain. Restée seule, Enone se promet de ne plus croire un amant. Trois jeunes chasseurs viennent chanter les louanges de la chasse.

Acte IV

Personnages : Melindo (Chasseur), Paride sous le nom de Dorindo, Helena, Argenia (Demoiselle), Lupino (Laquais), Ancrocco (Balayeur), Draspo (Jardinier), Amour, choeur des Demoiselles, choeur des Troyens, choeur des Grecs

Un bois sur le rivage de Sparte

Sc. 1 – Pâris débarque d’un bateau, satisfait d’arriver sain et sauf. Il entend le bruit d’une chasse, et rencontre melindo, le forestier du roi Ménélas et de sa femme Hélène, ainsi qu’un groupe de ses gens. Pâris se présente, sous le faux nom de Dorindo, comme un courtisan du roi de Chypre, et raconte comment son bateau a été jeté par une tepête et a fait naufrage. Melindo lui promet de le conduire à la cour d’Hélène.

Les appartements royaux d’Hélène

Sc. 2 – En présence de sa servante Argenia, Hélène chante la douceur et le pouvoir de l’amour. Melindo survient et lui présente Pâris. Tous deux sont soudainement frappés par une passison mutuelle qu’ils masquent difficilement. Quand on entend de la musique, Pâris chante un chant d’amour.

Dans la salle du trône

Lupino chante la beauté des dames de la cour. Il est rejoint par Ancrocco, un autre courtisan, qui fait écho aux sentiments de Lupino.

Une chambre secrète dans les appartements d’Hélène

Sc. 4 – La reine s’interroge sur l’amour soudain qu’elle ressent pour l’étranger. Pâris l’a suivie et l’accompagne vers la chambre à coucher royale. Le dieu de l’amour bénit leur union, louant son propre pouvoir qui surpasse la raison.

Un jardin du palais

Sc. 5 – La servante Argenia fait part de son avis sur l’amour. Le jardinier Draspo l’espionne et tente de balayer ses réticences mais Argenia lui résiste.

La place du Temple de Vénus, sur un île dédiée à la déesse

Sc. 6 – Pâris et Hélène arrivent par bateau et vont faire bénir leur amour par la déesse. Pâris revient sur la place, triomphant. Des gardes grecs entourent le temple, mais sont rapidement défaits par des troupes troyennes commandées par Pâris.

Acte V

Personnages : Enone, Oronte (Messager de Paride), Ergauro (Valet de Medoro), Medoro (Précepteur), Hirfeno et Ermillo (Pages), Priamo, Hecuba, Paride, Helena, choeur des Demoiselles, choeur des Princes, et choeur des Princesses

Une rivière dans la plaine devant Troie

Enone est à la recherche de Pâris. Oronte, messager de Pâris, lui apprend l’arrivée du prince avec son épouse. Enone est absourdie par la nouvelle.

Une rue dans les environs de Troie

Ergauro, valet de Medoro, donne du vin à son maître. Il décide de boire à son tour et s’ennivre. Medoro chante les vertus de l’intelligence, de la modération et de la noblesse.

Un jardin à la cour de Troie

Enone se rapproche de son amant sans foi. Irseno et Ermillo, deux valets de Medoro, la voient et, frappés par sa beauté, tentent de la violer. Irseno blesse accidentellement son camarade, pendant qu’Enone s’échappe. Ermillo se croit mortellement blessé. Ergauro, toujours sous l’influence du vin, le force à boire. Aussitôt le blessé se remet.

Les appartements de Priam

Sc. 5 – Hécube et Priam chantent les louanges de Pâris et le triomphe de l’amour. Enone, déguisée en page masculin, entre dans la chambre d’Hélène. Filinda, servante de la reine, en tombe amoureux. Enone voit en elle l’occasion de se faire aider.

La cour du palais royal

Ermillo pardonne à Irseno de l’avoir battu, mais quand Irseno demande à voir la blessure, Ermillo n’en découvre aucune. Ergauro, écoeuré par la bêtise des valets, décide de célébrer tout seul le mariage de Pâris et Hélène. Enone tire un poignard pour tuer Pâris, mais constate qu’elle ne peut agir. Elle décide alors de se tuer plutôt que de continuer à vivre dans le tourment.

La salle du trône

Priam et Hécube félicitent les deux amants. Entourés de la cour, les époux royaux promettent aux jeunes mariés longue vie et prospérité.

Ballets : ballet des Dieux et Déesses, ballet des Bergers,ballet des Princes et Princesses

 

Livret (en italien)

 

Pour en savoir plus

Dictionnaire de Bontempi, par Jean-Louis Backes

 

 

Représentations

Innsbruck – Festwochen der Alten Musik – 24, 26 août 2012 – L’Arpeggiata – dir. Christina Pluhar – mise en scène Christoph von Bernuth – décors, costumes Oliver Helf – dramaturgie Micaela von Marcard – avec Mariana Flores (Discordia/Argenia), Raquel Andueza (Pallade/Elena), Hannah Morrison (Venere/Amore), Luciana Mancini (Enone), David Hansen (Paride), Fulvio Bettini (Giove/Priamo/Ermillo), Dominique Visse (Giunone/Ecuba/Lupino), Emiliano Gonzalez-Toro (Mercurio/Melindo/Ancroco/Ergauro), Fernando Guimarães (Apollo/Irseno/Draspo/Oronte)

 

Opéra Magazine – septembre 2012

« Le singulier compositeur italien, lui-même chanteur, castrat éduqué à Rome, mais formé à Venise directement sous la direction de Monteverdi, est alors Kapellmeister adjoint de Heinrich Schütz, à Dresde. La commande d’Il Paride (1662), premier de ses deux opéras conservés (pour trois au total), est exceptionnelle : une œuvre de près de cinq heures, avec balllets (perdus), pour des festivités de mariage à la cour de Saxe, et donnée, faute encore de théâtre, dans la salle monumentale du palais de l’Électeur, où toutes les « machines » pouvaient être installées. D’où le livret mythologique, tiré par le compositeur lui-même de l’histoire bien connue de Pâris et d’Hélène.

On s’étonne de voir naître ainsi, à Dresde, une œuvre purement vénitienne d’esprit et de forme, qui passe de fait pour le premier opéra italien créé au nord des Alpes. Bontempi est directement dans la ligne de ses maîtres, avec un beau recitar cantando de la troisième génération, semé parfois d’airs de grande ampleur, avec duos et trios.

Dans une action un peu trop lâche, qui sert surtout de support à des tableaux de circonstance, le compoositeur a très systématiquement appliqué l’alternance du comique et du tragique, en le poussant jusqu’aux extrêmes. Les scènes de valets contrepointant les amours des maîtres, ou un long épisode de moine ivre, fort drôle au demeurant, s’opposent au dramaatique suicide final d’En one, abandonnée par Paride. On connaissait une version audio ancienne : un concert de la RAI de Milan, en 1963, dirigé par Carlo Franci (Voce). Une mise à jour s’imposait. Avec son remarquable ensemble L’Arpeggiata, Christina Pluhar (elle-même au théorbe) a effectué un gros travail d’adaptation et de restitution, pour un résultat tout à fait convaincant et qui sonne merveilleusement, avec une parfaite authenticité.

Pour ce spectacle donné d’abord, en juin 2011, dans le petit théâtre du Neues Palais de Potsdam, coproducteur, Christoph von Bernuth et son décorateur Oliver Helf ont déployé toutes leurs ressources inventives. Une boîte scénique unique, aux belles couleurs bleu sombre, et avec de multiples ouvertures à surprise, quelques objets poétiques et pertinents, ou encore l’invention d’un double muet d’Amore qui s’insère dans l’action ou la commente, dans une aérienne chorégraphie (très remarquable Katrin Hansmeier), composent un ensemble d’une fraîcheur, d’une délicatesse et d’une justesse de ton qui réconfortent, au lendemain du laid et vulgaire Giulio Cesare de Salzbourg !

Le plateau, bien dirigé, brille et sert au mieux. On admire l’aisance de David Hansen, contre-ténor en pleine ascension, comme l’engagement ardent de Mariana Flores, en servante lesbienne (trait d’époque, que le truculent livret aborde aussi sans complexe). Luciana Mancini est une Enone aussi vibrante qu’émouvante. Enfin, on a plaisir à retrouver, en belle voix, un Dominique Visse qui n’a rien perdu de sa verve en scène et de son aptitude exceptionnelle au travesti, pour des Giunone et Ecuba irrésistibles, et le forgeron Lupino, aussi haut en couleur. »

 

Potsdam – Neues Palais von Sanssouci – Schlosstheater – 19, 21, 22, 24, 25 juin 2011 – L’Arpeggiata – dir. Christina Pluhar – mise en scène Christoph von Bernuth – décors, costumes Oliver Helf – dramaturgie Micaela von Marcard – avec Raquel Andueza, Fulvio Bettini, Mariana Flores, Fernando Guimarães, Luciana Mancini, Hannah Morrison, Emiliano Gonzalez-Toro – nouvelle coproduction avec Innsbrucker Festwochen der Alten Musik

 

 extrait vidéo

http://www.youtube.com/watch?v=O3GmvZ6Lhgk

 

Rome – 24 novembre 1963 – Orchestre et choeur de la RAI – dir. Carlo Franci – avec Maria Minetto (La Discordia, Enone, Lupino), Ferdinando Jacopucci (Silvio, Melindo), Sally Taylor (Eurilla), Mario Binci (Lucano, Lippo, Oronte), Luisa Ribacchi (Giunone, Hecuba), Bruna Rizzoli (Pallade, Argenia), Ester Orel (Venere, Helena), Luisa Giannini (Apollo), Ugo Trama (Giove, Priamo), Agostino Lazzari (Paride), Florindo Andreolli (Mercurio, Ancrocco, Draspo), Ivano Massullo (Cerispo, Amore), Ettore Vita (Nimfeo), Franco Monini (Corimbo), Pietro Bottazzo (Ergauro), Tommaso Frascati (Irseno), Angelo Rossi (Ermillo), Lidia Nerossi (Filinda)