Ballet des Dix Verds

COMPOSITEUR Anthoine BOËSSET et autres
LIBRETTISTE

 

Ballet dansé au Louvre, devant le Roy et la Royne, le 30 janvier 1614.

On conserve un air de Boësset, un récit aux Dames : Cachés, beaux yeux, les amoureuses flames, Dont vous blessés si fort, qui est inclus dans les recueils d’Airs de différents auteurs mis en tablature de luth par Gabriel Bataille (Ballard, 1614), d’Airs de cour & de différents auteurs (Ballard, 1615), d’Airs de cour à 4 & 5 parties dAnthoine Boesset (Ballard, 1617), et d’Airs de cour à 4 & 5 parties d’Anthoine Boesset (Ballard, 1689).

En 1614 parut chez Fleury Bourriquant les Vers divers sur le Ballet des Dix Verds avec les Chansons qui y ont ésté chantées.

Au Roy

Grand Roy, l’amour du ciel et l’honneur de la terre, L’olive et le laurier (dont les branchages verds Vous sacrent Dieu de paix, aussi bien que de guerre) Sont peints en la couleur dont nous sommes couverts. Le destin vous donnant la fortune parfaicte : Si l’olivier trop vieux commence de fanir; Vostre espoir en ces verds mille lauriers réserve, Qui par tout l’Univers se doivent espanir Pour mieux faire florir le rameau de Minerve.

Le subject du Ballet des Dix Verds

Au Roy

Pour l’amour du fils de Cypris, Ceste couleur nous avons pris Car tant il ayme la verdure, Ces arbres sont des Myrthes Pource que leur feuillage dure, Contre l’injure des hyvers. [……….] Rien n’est semblable en l’Univers Tous les cieux sont-ils pas divers, Comme diverse leur cadance ? Pourquoy donc ne ferions-nous pas Diversement en ceste dance, Et nos figures et nos pas ? [……….] Donc, qu’au levant de nos clartés Tous autres feux soient escartés ; Car le mobile qui nous vire, Et l’oeil sur nous se repandant Tous les autres flambeaux attire De nostre Aube a leur Occident.

Chanson pour l’entrée – Au Roy

Il nous faut quitter ce parterre, Puis qu’un destin plui gracieux, Sortans d’un Jardin de la terre, Nous ouvre un Paradis des cieux : Soleil, puisque nous t’approchons, C’est bien le ciel que nous touchons. [……….] Grand Roy, si nos esbats folastres Profanent un enfant des Dieux, Ce sera pour estre idolastres, Plustost que peu devotieux. Car nous donnons à tes autels Plus qu’a ceux-là des immortelx.

À la Royne

Belle Regente de nos terres, Dont les regards riches d’appas, De chasque traict que tu desserres, Donnent la vie ou le trespas Belle Aurore, dont le resveil Nous fait naistre un si beau Soleil [……….]

Aux Dames

Cachez, beaux yeux, les amoureuses flammes, Dont vous blessez si fort Nos jeunes ans, deffendant à nos âmes D’en recevoir l’effort. Amour, pour toy nous avons pris L’espoir, et non pas le mespris [……….]

Au Roy

Le Ciel, amy de la nature, Couvrit la terre de verdure, Avant son ouvrage parfait, Faisant voir sous ceste apparence, Le bien, qui n’estoit en effect, Estre du moins en esperance [……….]

À la Royne

Image vivante des Dieux, Qui d’un doux attrait de vos yeux, Ou pour l’amour ou pour l’Empire, Donnez des charmes et des loix, Si divins, que l’on ne respire Que vos appas et vostre voix [……….]

Aux Dames

Le vert que nous portons au corps, D’Amour et du printemps l’image, Est pour tesmoigner par dehors La verdeur de nostre courage [……….]

Aux Dames

Mes Dames, ceste jeune bande, Pleine d’amour et de verdeur, N’a coeur, ny veine qui ne tende A vous monstrer avec ardeur Qn’ils sont verds en tous les combats Qu’Amour et Mars font icy-bas [……….]

Au Roy

Les dix verds, ô grand Roy, voix offrent ces dix vers Et si de vostre esprit les miracles divers Se pouvoient en dix vers chanter par nostre Muse, Nous les ferons ouyr ; mais ce qui nous excuse, Sont vos perfections qu’on ne sçauroit nombrer, Et qui se peuvent mieux croire que celebrer. Ces dix verds sont divcers, seulement à la dance ; Mais de zele et de coeur, pour vous et vostre France, ils ne sont point divers : car leur plus douce loy Est de vivre et mourir pour l’amour de leur Roy.