COMPOSITEUR | Anthoine BOËSSET |
LIBRETTISTE | François Le Métel de Boisrobert |
Ballet dansé au Louvre, le 5 mars 1623.
Henriette Marie de France, troisième et plus jeune fille légitime de Henri IV, soeur de Louis XIII, à ce titre dite Madame, alors âgée de quatorze ans, tenait le rôle d’Iris. Elle devait épouser le prince de Galles, futur roi Charles Ier d’Angleterre, deux ans plus tard.
On raconte que le prince de Galles et le duc de Buckingham assistèrent déguisés à l’une des répétitions.
Deux airs de Boësset, sur des textes de François Le Métel de Boisrobert (*), ont été conservés :
récit de Vénus et des Amours : O trop heureux ceux qui de nos traits Sentent les attraits, inclus dans les recueils d’Airs de différents auteurs avec la tablature de luth (Ballard, 1623), d’Airs de cour à 4 & 5 parties, (Ballard, 1624), d’Airs de cour & de différents auteurs (Ballard, 1624), d’Airs de cour à 4 & 5 parties (Ballard, 1689) ; récit de Junon, accompagnée des Déitez : Je ne suis plus cette Junon Pleine de gloire & de renom, inclus dans les recueils d’Airs de cour à 4 & 5 parties (Ballard, 1624), d’Airs de cour avec la tablature de luth d’Antoine Boesset (Ballard, 1624), d’Airs de cour & de différents auteurs, (Ballard, 1624), et d’Airs de cour à 4 & 5 parties (Ballard, 1689).
(*) François Le Métel de Boisrobert, poète et dramaturge français né à Caen le 1er août 1592 et mort à Paris le 30 mars 1662.
La même année parut chez René Giffart, la présentation et les vers du ballet :
Parce que les Anciens ont faict trois festes remarquables en l’honneur de Junon la Nopciere : celles de l’isle de Samos, les Lupercales et celles d’Élide, nous en célébrerons la mémoire par trois Musique et trois Ballets, entremeslez de diverses entrées, afin que le tout ensemble en fasse mieux recognoistre les ceremonies.
Les Deites propices a l’amour y estoient représentées. Les Matrones se rendoient les premieres au Temple, ou l’espoux venoit seul avec son espousee. L’enchanteur y faisoit couler quelques noueurs d’aiguillettes ; mais l’Hymen les faisoit bien tost disparoistre, et laissoit le bon genie à sa place. Les rivaux de l’espoux y estoient en inquiétude, et tel en venoit jusques à la rage.
En Elide on faisoit les festes comme d’une Desse qui se marioit, auxquelles Iris alloit cherchant Junon, accompagnée d’Harmonie, Deesse des instrumens, pour tesmoigner par leurs accords ceux du mariage.
Aux Lupercales, les maris battoient leurs femmes par cérémonie, afin d’en avoir lignée. Et parce que Castor et Pollux accompagnent Junon, ils y paroisseut en signe de bonheur et pour monstrer qu’elle n’est pas esloignée ; mais celle qui la représente maintenaut, et qui la surpasse en toutes choses, qui conduict plusieurs Nymphes, la pluspart aussi belles que ceste feinte Déesse.
Récit de Vénus et des Amours
O trop heureux ! ceux qui de nos traits Sentent les attraicts ; Le temps passe doucement, A celuy qui le perd en aymant. [….]
Récit d’Harmonie et de sa trouppe exhortant Iris à chercher Junon
Cherchons la plus grand immortelle Qui règne au firmament ; La voicy, je la voys, c’est elle ; Marchons assurément [….]
Autre récit
Que souvent nostre âme se trompe ! Non, ce n’est pas Junon qui vient nous délaisser La voicy qui paroist avecques plus de pompe Que celle qui vient de passer. [….]
Récit de Junon accomapgnée des Deitez
Je ne suis plus ceste Junon Pleine de gloire et de renom Pour deux grands Princesses Je perds ma royauté [….]
Vers de la Reine représentant Junon
Sonnet au Roy
Grand Roy, l’honneur du monde et l’effroy de la guerre Je suis vostre Junon qu’on adore en tous lieux, Et vous ostez le nom à ce maistre des Dieux Qui fut jadis bravé par les fils de la terre. [….] Qu’un jour votre valeur à la postérité Sera le sens moral et la vérité pure Des fables qu’inventa l’Antiquité.
Autres vers de la Reyne
A la Reyne-mère du Roy
Vous m’ostez ma gloire et mon nom Grande et favorable Junon Qui presidez au mariage ; Puisque c’est de vos mains que je tiens mon espoux. Ce bonheur asseuré portera témoignage Qu’il n’est pas icy-bas d’autre Junon que vous.
Autres vers de Madame (*) représentant Iris pour la Reyne-mère
Qu’on ne s’esmerveille pas De voir en moy tant d’appas ; Si l’on y veut prendre garde, J’ay comme Iris emprunté Mes couleurs et ma beauté Du Soleil qui me regarde.
(*) il s’agissait de Henriette Marie, soeur de Louis XIII
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