CD Germanicus

GERMANICUS

COMPOSITEUR

Georg Philip TELEMANN

LIBRETTISTE

Christine Dorothea Lachs

 

ORCHESTRE

Sächsisches Barockorchester

CHOEUR
DIRECTION

Gotthold Schwarz

Claudia

Olivia Stahn

Agrippina

Elisabeth Scholl

Florus, Lucius

Matthias Rexroth

Segestes

Albrecht Sack

Germanicus

Henryk Böhm

Arminius

Tobias Berndt

Caligula

Friedrich Praetorius

DATE D’ENREGISTREMENT

16 au 19 mars 2010

LIEU D’ENREGISTREMENT

Magdebourg – Altes Theater am Jerichoer Platz

ENREGISTREMENT EN CONCERT

oui

EDITEUR

CPO

DISTRIBUTION

Codaex

DATE DE PRODUCTION

7 décembre 2011

NOMBRE DE DISQUES

3

CATEGORIE

DDD

Critique de cet enregistrement dans :

 Classica – février 2012 – appréciation 2 / 4

  « C’est au musicologue Michael Maul que l’on doit la reconstitution de Germanicus ( enregistré ici en première mondiale), un opéra de jeunesse de ‘îeleemann. Chose rarissime, le livret est de la plume d’une dame : Christine Dorothea Lachs. Le résultat a de quoi dérouter,: les 40 arias conservées mêlent l’allemand et l’italien, à la reprise de l’oeuvre qui sacrifiait au goût de l’ « opéra mixte » alors à la mode. Aucun des récitatifs n’ayant été préservés, Maul a choisi d’intercaler – « lorsque cela s’avérait nécesssaire d’un point de vue dramaturgique » – des arias tirées d’autres opéras baroques de la même époque et écrivit les textes résuumant l’action du livret à l’intention d’un narrateur (malheureusement non reportés ni traduits dans le livret). Le tout se présente comme une espèce de singspiel au contenu hétéroclite assez indigeste. Si, pour toutes ces raisons, la carrière de l’opéra semble compromise en dehors des scènes allemandes, le disque permet de sélectionner les plages les plus essentielles. Les airs, extrêmement condensés, dénotent un insigne talent dramatique de la part d’un si jeune compositeur. Gotthold Schwarz dirige son monde avec applicaation et un réel sens du théâtre, en apportant cohésion à un livret qui en a fort besoin. Plateau vocal plus qu’honnête et soudé, même si on a peine à relever un talent comparable à Nuria Rial qui nous donne, dans son récital consacré à Telemann, la primeur de la berceuse d’Agrippine au deuxième acte : « Komm, O Schlaf». Germanicus s’adresse en priorité aux germanophones, mais tout mélomane peut désormais en savourer la totalité des airs dans d’excellentes conditions. »

Diapason – mars 2012 – appréciation 4 / 5

  « Dans un récent disque « Telemann et l’opéra à Leipzig « , le ténor Jan Kobow nous dévoilait un répertoire qui rivalisa brièvement avec celui du Théâtre du Marché aux oies, à Hambourg : près de quatre-vingts opéras, créés à Leipzig avant 1720, et qu’on croyait tous disparus. Or – ô joie – voici qu’on nous révèle l’un de ces mythiques ouvrages ! Certes, la résurrection est partielle : on n’a retrouvé de ce Germanicus attribué avec une grande probabilité à Telemann qu’une quarantaine d’arias mais aucun récitatif. Le livret, adaptation d’un texte vénitien due à la poétesse Dorothea Lacks, est cependant connu, ce qui a perrmis une reconstitution dans laquelle un narrateur, et quelques dialogues parlés, se substituent aux récits manquants.

Le charme de la musique fait le reste, si grande est la variété d’une partition d’abord entièrement écrite en allemand, en 1704, puis révisée pour intégrer une quinzaine d’airs italiens vers 1710. Orchestrateur hors pair, Telemann sait capter l’attention, débutant l’oeuvre par un belliqueux duel de cors et hautbois, la ponctuant d’envoûtantes arias avec violon ou basson solo, de « sommeils » bucoliques, d’imitations d’incendie, d’explosions de rage et de contrapuntiques duos. Bien que brefs, les morceaux affichent souvent un grand raffinement, notamment rythmique, évoquant aussi bien Bach « Mein Süsser Trost ») que Handel (déchirant « Rimembranza cruudei » d’Agrippine), Ouelques pièces empruntées à d’autres auteurs (Hoffmann, Heinichen) ou opéras (merveilleuse aria de Claudia tirée de Die syrische Unruh) complètent cette belle réalisation. L’interprétation est plus pataude, particulièrement la direction placide de Gotthold Schwarz, sensible dans les passages langoureux mais peu ludique dans le rendu des multiples contretemps et syncopes, voire absente dans les pages orchestrales. Du moins, l’ancien baryton passé à la baguette sait-il choisir ses homologues, les clefs de fa campant les rivaux Arminius et Germanicus (timbres virils, chant engagé et bien conduit) s’avérant les meilleurs éléments d’une distribution un peu gâchée par une Elisabeth Sholl instable et le trop léger Albrecht Sack. A découvrir !

Muse baroque

 » le label d’Osnabrück nous offre l’intégrale de Germanicus, opéra en trois actes aussi monumental que les vers de Suétone ou de Dion Cassius. Et c’est un exploit, puisque c’est le musicologue Michael Maul qui a retrouve´ 45 airsa` Francfort, mêlant allemand et italien, pour le plus grand bonheur de cette oeuvre extraordinaire. Nous découvrons un opéra colore´, divers dans ses approches et ses affects. Telemann emploi le talent composite des styles réunis sous sa plume, que ce soit la délicatesse de la phrase française, la virtuosité´ chromatique a` l’italienne ou le contrepoint profond germanique, il réussit a` émerveiller avec des moyens simples. Toute sa musique épouse avec génie le livret puissant de Christine Dorothea Lachs, une des rares librettistes femmes, ce qui démontre encore une fois que le XVIIIe siècle était un siècle profondément féminin.

Sans nous attarder longuement sur chaque artiste dont les qualités sont le pilier de cet enregistrement, nous remarquons surtout une homogénéité extraordinaire dans les voix et les nuances, en équilibre absolu. Le Germanicus corsé et puissant de Henryk Böhm, l’Agrippina d’Elisabeth Scholl aux vocalises incroyables ont tenu tête à la redoutable partition. Si en revanche l’incarnation d’Albrecht Sack a semblé plus faible, Matthias Rexroth a fait preuve d’une implication jubilatoire et d’ornements d’une inventivité ahurissante. Toutefois, il est très décevant que les récitatifs, perdus, n’aient pas été reconstitués, la tâche n’étant pas des plus difficiles. Ils sont ici remplacés par des passages déclamés, qui confèrent à cet enregistrement une allure déplacée de Singspiel, ou de palimpseste. »