Rinaldo (Ottavio Dantone)

COMPOSITEUR Georg Friedrich HAENDEL
LIBRETTISTE Aaron Hill et Giacomo Rossi

 

ORCHESTRE Orchestra of the Age of Enlightenment
CHOEUR
DIRECTION Ottavio Dantone
MISE EN SCÈNE Robert Carsen
Rinaldo Sonia Prina
Goffredo Varduhi Abrahamyan
Almirena Anett Fritsch
Eustazio Tim Mead
Argante Luca Pisaroni
Armida Brenda Rae
Cristiano Mago William Towers
DATE D’ENREGISTREMENT août 2011
LIEU D’ENREGISTREMENT Glyndebourne – Opera House
EDITEUR Opus Arte
DISTRIBUTION Codaex
DATE DE PRODUCTION 1er août 2012
NOMBRE DE DISQUES 1
CATEGORIE 2.0LPCM + 5.1(5.0) DTS
SOUS-TITRES EN FRANCAIS oui

Disponible aussi en Blu-ray Critique de cet enregistrement dans : « Lors de la création de cette production à Glyndebourne, pendant l’été 201 l, Monique Barichella notait à juste titre, que Robert Carsen était un metteur en scène « iconoclaste, d’une fantaisie débridée et d’une imagination délirante » – tout en soulignant la cohérence de sa réalisation et la qualité de sa distribution.Alors que tel n’est pas toujours le cas, loin de là, le DVD confirme l’impression ressentie dans la salle, à savoir celle d’un spectacle bien fait, distrayant, fonctionnant sur une mécanique parfaitement huilée. Que devient en revanche, Rinaldo dans ce festival de bouffonneries ? Il ne s’agit certes pas de l’opéra de Haendel à la dramaturgie la plus équilibrée, mais sa création londonienne, en 1711, fut un véritable choc, à la fois par son côté spectaculaire, grâce à un déploiement de machineries, et à la beauté de ses airs. Alors que le meveilleux était un élément essentiel de nombre de pièces du XVIIIe siècle, et que les techniques modernes autoriseraient en la matière d’authentiques prouesses, on s’étonne de la frilosité des metteurs en scène actuels sur ce plan. Ces derniers préfèrent se réfugier dans un humour à base de gags, prenant éventuellement le contre-pied des situations dramatiques, avec toujours un zeste de vulgarité, quels que soient le sujet et les personnages. Robert Carsen, que l’on sait pourtant capable de tout autre chose, ne déroge pas à la règle, le véritable intérêt du spectacle se concentrant dès lors sur la musique. On saluera d’abord la prestation, une fois encore superlative, de l’Orchestra of the Age of Enlightenment sous la baguette d’Ottavio Dantone. Le DVD confirme la présence vocale et scénique de Luca Pisaroni, Argante qui sait émouvoir, de Varduhi Abrahamyan, Goffredo capable de dépasser le carcan de son costume de collégien, et de Brenda Rae, envoûtante Armida. Anett Fritsch campe une belle Almirena, manquant peut-être un peu de relief. Mais c’est Sonia Prina, dans le rôle-titre, qui appelle les plus sérieuses réserves. L’émission est inégale, le jeu monotone, les plans rapprochés ne dissimulant rien de ses nombreuses grimaces et contorsions. Malgré ses limites, nous continuons de préférer la production munichoise parue en 2003 chez Arthaus, avec Harry Bicket à la baguette et David Alden à la mise en scène. »

  • Diapason – janvier 2013 – appréciation 5 / 5

« Un collège dans le Sussex. L’élève Renaud contemple la photo d’Almirène, écolière d’une autre classe. Entre un groupe de collégiens jaloux. Bagarre. Amoché, le petit Renaud se met à rêver. On serait des chevaliers avec des plastrons de fer sur nos uniformes, et l’ennemi serait des musulmans pleins de cimeterres (pour les garçons) et de tchadors (pour les filles). Du tableau noir surgiraient héros, sirènes … et Armide, mère fouettarde en latex, double nocturne de l’instit’. Question analogie, Robert Carsen s’y entend. A l’intérieur d’un dispositif aussi simple que spectaculaire, son Rinaldo mâtiné de Harry Potter (l’école) et d’ET (le vélo dans la lune) tient d’aplomb. Moins que celui du Tasse mais plus que celui du librettiste Aaron Hill pour qui l’opéra seria transféré à Londres devait éblouir avant de conter. Comme dans les autres drames chevaleresques de Handel (Orlando. Alcina), l’équipe se tient à distance avec une certaine froideur (ne serait-ce que par les tons (gris, bleus, verts) et une ironie que le public partage en riant. Mais cette ironie doit peu à celle d’un Konwitschny rhabillant Lohengrin (dans une salle de classe … ). La dérision anglo-saxonne ne va jamais sans tendresse ; l’analyse sociale-critique ne lui dit rien. En outre, Carsen a toujours eu le chic de déjouer les pièges de la fanfreluche et de l’aria da capo : espace et temps se déploient avec élégance. Et comme, malgré un petit orchestre sans charme excessif (le hautbois de «Ah ! crudel ! », seigneur !), Ottavio Dantone partage le même souci de l’épure et de l’éclat, on peut dire que la fête est, non seulement soignée, mais harmonieuse. »

  • Classica – novembre 2012 – appréciation CHOC

« Rinaldo, premier triomphe de Haendel à Londres, et partition magnifique, souffre à la scène d’une narration peu maîtrisée – pour ne pas dire incohérente – comme de personnages à peine esquissés sur le plan psychologique. Cet écueil, Robert Carsen l’a contourné de façon brillante en renvoyant les héros du Tasse, à l’univers autrement populaire de J.K. Rawling : voilà Rinaldo en blaser d’Harry Potter, élève d’une boarding school très british, que ses rêves transforment en chevalier, avec ses condisciples en Croisés, et sa Misstress en Armida vamp dominatrice, avec cohorte de nymphettes mangas ! La magie au tableau noir, les chevauchées à bicyclette, la bataille finale en partie de football, tout est clin d’ œil à la culture britannique, et propre à nombre de gags, parfois potaches, souvent efficaces. Cela n’ajoute rien de profond au vide psychologique du livret, mais c’est fort habile, et amusant pour peu que l’on accepte avec le sourire cette « trahison », qui donne consistance et proximité aux personnages. Avantage de la captation de François Roussillon, elle offre avec son rythme tendu, une foultitude de détails invisibles de la salle. Comme le public de Glyndebourne, ravi, l’équipe s’est amusée, et donnée à fond. Sonia Prina est formidablement crédible, chanteuse parfaite, sinon confondante, et son Cara sposa est de premier plan. Délicieux Augeletti d’Anett Fritsch, parfait Gofffredo, chaleureux, de Varduhi Abrahamyan, excitante Armida (en latex!) de Brenda Rae, splendide Luca Pasaroni, charmant Tim Mead, tous sont de feu. Ottavio Dantone n’évite pas parfois certaine lourdeur, par manque de soutien plus que par épaisseur, mais tire The Age of Enlightenment vers une italiànita bien venue. Et le spectacle, qu’on avait vu à la première, un mois plus tôt, a gagné en précision de la battue, en cohésion et en aisance vocale. Et si le tout n’a pas le glamour vocal de la version signée par David Alden à Munich avec David Daniels (Arthaus), son côté ludique et cohérent l’emporte aisément. »