Bibliographie 2008

Didon et Énée – L’Avant-Scène Opéra – n° 247 – 2008 – 112 pages – 25 €

Sommaire : Pierre Michot : Points de repère / Chantal Cazaux : Argument / Marielle Khoury : Guide d’écoute / Nahum Tate : Livret original / Josée Bégaud : Nouvelle traduction française / Pierre Michot : Des dieux et des sorcières / Virgile : Énéide, livre IV (extraits) / Jean-Jacques Groleau : On l’appelle Didon / Alain Perroux : Lexique / Olivier Rouvière : Les masques de Didon / Alain Perroux : Purcell en dates / Olivier Rouvière : Discographie / Chantal Cazaux : Vidéographie / Elisabetta Soldini : L’œuvre à l’affiche / Calendrier des premières représentations / Didon & Énée à travers le monde (1960-2008) / Bibliographie


Venise, faute de mieux – Marcel Marnat – Éditions Zurfluh – Collection Romans d’Auguste – 186 pages – 10 €

« Pour écrire une biographie de Monteverdi, Marcel Marnat a préféré à la vie romancée le roman où le « je » remplace le « il ». Il a donné la parole au musicien. L’intérêt principal de cette confession imaginaire réside dans la démarche d’un créateur quis le privilège de vivre dans une époque où la musique est remise en question et qui doit trouver une voie originale. Amoureux de Venise, Marnat met ses pas dans ceux de Monteverdi. Ses jugements sur ses oeuvres ont le caractère personnei qu’on attendait du biographe de Ravel et de Puccini. Il nous éclaire sur ce que, peut­être, nous n’avons pas su voir. Voici donc un livre hors du commun, qui rend Monteverdi plus vivant, plus actuel. » (Le Monde de la Musique – juin 2008)
« Dans « Venise, faute de mieux », Marcel Marnat parle au nom de Claudio Monteverdi. Faisant partager au lecteur, la pensée souvent contrariée d’un génie en son époque mésestimé, voire accablé par une mauvaise fortune. Longtemps en quête d’un patron digne de son art, le fondateur de l’opéra moderne s’est épuisé en maintes requêtes, et innombrables tentatives… De Crémone à Mantoue où le musicien de la Cour de Francesco Gonzaga tout en créant son divin Orfeo (1607), dans la salle des miroirs du Palais ducal, désespère d’une gloire légitime, tout au moins d’un meilleur régime, ne désarme jamais sur la scène de l’invention, de la modernité, de l’expérimentation. Le talent de l’auteur nous fait revivre cette nécessité de dépassement créateur qui pousse toujours plus loin le compositeur vers davantage de décantation, d’expressivité, de vérité.
Passionnant le chapitre consacré au contexte de composition de l’Orfeo, mais aussi de ces autres ouvrages pour la scène lyrique. A Venise, on comprend comment, le compositeur enfin estimé à sa juste mesure, aidé de ses aides, Ferrari et Cavalli entre autres, façonne le théâtre de l’avenir, avec grâce à la complicité du librettiste Badoaro (Ulisse), surtout avec le poète et avocat Busenello (Poppea). Même âgé, Monteverdi s’inscrit dans la lignée des plus novateurs: âme exigeante et audacieuse dont le souci de réalisme opère même dans son ultime opéra, Le couronnement de Poppée (1642/1643), un renouvellement stupéfiant de l’intelligence scénique, inspirée par le cynisme poétique alors partagé par les deux auteurs. Marcel Marnat indique clairement comment pour chaque opéra nouveau, les choix esthétiques du texte comme de la musique résonne par réaction avec les faits de l’actualité politique. Cette interaction entre l’oeuvre et le climat intellectuel contemporain, reste constamment captivant.
Le principe de la narration subjective, où l’auteur fait parler Monteverdi à la première personne donne parfois des résultats contestables, où la pensée de Claudio Monteverdi est ainsi restituée au style direct, mais l’écriture et la vivacité des évocations rendent prenant l’intérêt de cette contribution romanesque qui s’appuie cependant sur des faits authentiques. A défaut d’être musicien à Rome où le pape Paul V demeure sourd à ses offres de service, c’est Venise, patrie de la modernité qui accueille le plus grand génie du XVIIème musical. Le dernier chapitre restituant Monteverdi dans « sa » ville, est le plus réussi. En plus d’un portrait troublant d’un vieillard habité jusqu’à la fin par l’idée d’une oeuvre parfaite, l’écriture évoque aussi la ville et les moeurs vénitiennes à son époque. Lecture passionnante. » (Classique.news)


Métastase – Pietro Trapassi, musicien du verbe – biographie – Olivier Rouvière – Hermann éditeurs – 380 pages – 23 mai 2008 – 28 €

« Pietro Trapassi, dit Metastasio (1698-1782), fut l’un des plus célèbres auteurs du XVIIIe siècle. Aujourd’hui, ce n’est guère que dans le milieu musical que l’on cite parfois son nom, associé à ceux des musiciens qui composèrent sur ses textes : Hasse, Haendel, Vivaldi, Jommelli, Pergolèse, Caldara, Gluck, mais aussi Mozart, Rossini, Beethoven, Schubert ou Gounod. Ami du célèbre castrat Farinelli et de la cantatrice La Romanina, Métastase amena l’art de l’opéra séria – on disait alors melodramma – à son apogée, à travers vingt-six livrets qui engendrèrent plus d’un millier d’ouvrages lyriques jusque dans les années 1830.
Mais, tout en destinant ses textes à la mise en musique, il se considérait avant tout comme un dramaturge, tentant de conférer au théâtre italien une dignité et une cohérence dignes de celles de son rival français, et à justifier cet art composite qu’est l’opéra par l’exemple antique.
Il y parvint, si l’on en croit Stendhal (l’un de ses grands admirateurs, avec Rousseau, Voltaire ou Romain Rolland), qui n’hésita pas à écrire: « il a égalé Shakespeare et Virgile, et surpassé, de bien loin, Racine et tous les autres grands poètes ! »
Issu de nombreuses années de recherches, ce livre retrace le parcours étonnant de cette figure historique, et propose, pour la première fois, une étude sur « les règles de fabrication » du livret d’opéra. Il est assorti d’un résumé des chacun des vingt-six drames étudiés. » (Présentation éditeur)
« La parution de cet ouvrage était un événement attendu, depuis de longues années, par les rares privilégiés qui avaient pu lire la thèse qu’Olivier Rouvièr avait consacrée au poète italien, ce « musicien du verbe », comme il l’indique dans le sous-titre de son livre. C’est aussi un événement pour tous les mélomanes s’intéressant à l’opéra du XVIIIe siècle, voire à l’opéra tout court, qui doivent impérativement se précipiter sur ces trois cent soixante-dix-huit pages (en particulier quand leur métier est de programmer ou de mettre en scène des opéras baroques…). Elles jettent en effet un regard d’une rare pertinence sur l’œuvre de celui qui, grâce à la finesse de son art et à son prodigieux succès, devint sans le vouloir la figure emblématique de l’opera seria, à la fois modèle et référence. Né à Rome en 1698, mort à Vienne en 1782, PietroTrapassi, dit Metastasio, écrivit en tout vingt-six livrets (dont un résumé est offert en appendice), qui inspirèrent ensuite plus d’un millier d’ouvrages lyriques jusqu’aux années 1830 !
La plume jamais absconse de notre confrère présente et explique la structure du drame, comme la nature des personnages et leurs rapports à la vertu, les procédés de versification comme les rapports au contexte sociopolitique. En aucun cas, il ne s’agit d’une démarche dithyrambique ou hagiographique, mais d’une approche véritablement analytique et pédagogique. Olivier Rouvière garde en toutes circonstances un regard critique et, surtout, offre au lecteur les moyens d’agir de même, en faisant table rase des nombreux préjugés encombrant la dramaturgie et la poétique de l’opera seria. Le dramma per musica à la portée de tous! Indispensable. » (Opéra Magazine)


Dictionnaire de musique – Jean-Jacques Rousseau – Actes Sud – collection Thesaurus – en fac simile de l’édition de 1768, augmenté des planches sur la lutherie tirées de l’Encyclopédie de Diderot – 777 pages – janvier 2008 – 25 €

« Il s’agit du très fameux, très vigoureux, très douteux et pour tout dire indispensable Dictionnaire de musique de Jean-Jacques Rousseau. Chacun de ses articles a fait couler plus d’encre que n’en demandent les cinq cent soixante-quatre pages du monument reproduit par Actes Sud en fac-similé d’après le deuxième tirage (1768) de l’édition princeps (fin 1767). Les premiers mots de l’article «musique » à eux seuls ont nourri plusieurs thèses en Sorbonne : «Art de combiner les Sons d’une manière agréable à l’oreille. » Agréable? Au rebours de quelle «désagréable » ? En 2008, le débat n’est pas clos. Le lecteur d’une revue comme la nôtre donnera plus de poids encore à l’article «musicien» : « […] Aussi Boëce ne veut-il pas honorer du nom de Musicien celui qui pratique seulement la Musique par le ministère servile des doigts & de la voix ; mais celui qui possède cette science par le raisonnement & la spéculation […]. » Musicien corps, musicien pensée. Interprète, compositeur. Art, science. Ainsi à chaque page dans une langue radieuse.
Le Dictionnaire de Rousseau n’est certes pas un inédit. On le trouve gratuitement sur la toile et une version parue en 1977 chez Art et Culture était, il y a peu, accessible à bas prix. Elle occupait deux tomes et possède toujours l’avantage de comprendre en appendice dix-sept textes majeurs de Rousseau sur la musique plus les livrets de ses opéras et plusieurs partitions. Le nouveau fac-similé, quant à lui, se prolonge dans plus de cent vingt pages consacrées aux planches « musicales » de l’Encyclopédie de Diderot (et Rousseau…). Le tout admirablement préfacé par Claude Dauphin et pour 25 €. Nécessaire. » (Diapason – avril 2008)


Thésée – L’Avant-Scène Opéra – mars/avril 2008 – n° 243 – 96 pages – 25 € (ou 22 € en pdf sur asopera.com)

Sommaire : Points de repère : Argument (Pascal Denécheau), Guide d’écoute (Raphaëlle Legrand), Livret intégral (Philippe Quinault) – Regards sur l’œuvre : Les interprètes des opéras de Lully (Jérôme de La Gorce), Les livrets, témoins des premières représentations (Pascal Denécheau), Thésée, entre tragi-comédie et tragédie (Jean-Noël Laurenti), Le motif de la guerre dans Thésée (Bertrand Porot), De Thésée à Teseo (Rémy-Michel Trotier), Le retour de Thésée ou le XIXe siècle dans les pas de Lully (Joël-Marie Fauquet) – Discographie (Denis Morrier) – Bibliographie – L’œuvre à l’affiche (Pascal Denécheau et Elisabetta Soldini)


Lully – Vincent Borel – Actes Sud – collection Classica – 4 janvier 2008 – 160 pages – 15 €

« … l’un des meilleurs ouvrages de la collection « Classica » édité par Actes Sud… Le style est vif et brillant. La lecture, incontournable. » (Classique.news)
« Dans l’affaire Lully contre Molière, l’auteur du Misanthrope n’est pas tout blanc, et celui d’Atys n’est pas aussi noir qu’on l’a dit. Cela, on le savait, et bien d’autres choses encore, grâce aux ouvrages fort différents mais tous deux passionnants de Philippe Beaussant (Gallimard) et de Jérôme de La Gorce (Fayard). Ce qui fait le prix du petit livre de Vincent Borel, qui avait déjà consacré à Lully un roman intitulé Baptiste (Sabine Wespieser), c’est qu’au-delà d’un portrait à la pointe sèche de ce personnage assez insaisissable, intrigant et libertin, il donne une idée nette de l’importance et du rayonnement de son oeuvre dans une Europe musicale dominée par le charme italien et la pompe française, dont il avait fait son miel. » (Le Monde de la Musique – mars 2008)
« Fabuleux destin que celui de Jean-Baptiste Lully (1632-1687). Au cœur de cette vie hors du commun, l’invention et l’organisation de l’opéra dans la France de Louis XIV, dont Lully sera l’ami et le serviteur. La rencontre entre le Roi-Soleil et ce « fils de meunier florentin », deux hommes que six années seulement séparent, est l’une des plus inattendues et passionnantes de l’histoire esthétique européenne. Leur héritage, aussi sensuel que brillant, a trop longtemps été oublié. Vincent Borel lui rend sa vraie place, essentielle, au moment où la musique de Lully à nulle autre pareille est enfin redécouverte. Comme tous les volumes de la collection « Classica », ce livre est enrichi d’une bibliographie, d’un index, de repères chronologiques et d’une discographie commentée. » (Decitre)
« L’auteur, Vincent Borel, connaît assez son sujet pour lui avoir naguère consacré un roman intitulé Baptiste (éditions Wespieser). C’est d’ailleurs sans aucun doute d’un auteur, non d’un chercheur, qu’émane cette biographie où la musique tient moins de place que l’histoire. Une histoire il est vrai profuse narrée avec esprit, gourmandise et vivacité. «1646: Lulli. 1653 Louly 1661 Lully. Rien ne marque mieux la prise du pouvoir par Baptiste que cette boucle poussée en queue de son nom. » Chaque fois qu’il le peut, sans jamais les confondre, l’auteur jette un pont entre le Grand Siècle et le nôtre, ce qui ouvrira mainte porte au candide. Quelques négligences ne nuisent guère àun ouvrage de vulgarisation amoureux sans cécité, savoureux sans complaisance, accessible sur un sujet intimidant. » (Diapason – avril 2008)


Cadmus et Hermione – Livret, études et commentaires – Textes réunis par Jean Duron – Editions Mardaga / CMBV – 260 pages – janvier 2008 – 29 €

« Premier opéra français succédant à un certain nombre d’essais plus ou moins heureux, aboutissement miraculeux d’un demi-siècle de controverses touchant la place de la musique, de la danse et des machines dans le théâtre, Cadmus & Hermione de Lully et Quinault ouvrit en avril 1673 la nouvelle Académie royale de musique. Emprunté aux Métamorphoses d’Ovide et placé sous les auspices d’Apollon vainqueur du serpent Python, le sujet développe l’errance de Cadmus, sa victoire sur l’affreux dragon et les semailles miraculeuses : sorte de « guerre et paix » mythique (destruction du mal – ensemencement – renaissance) qui trouve un écho fort dans l’Europe de ce temps.
Regards croisés d’historiens de l’art, de la littérature et de musicologues, cet ouvrage a été réalisé avec le concours de Gérard Sabatier, Céline Bonhert, Jean Duron, Buford Norman, Thomas Leconte, Laura Naudeix, Jérôme de La Gorce et Rebecca Harris-Warrick, sous la direction de Jean Duron.
Le livre contient 59 illustrations dont 12 en couleurs. Sommaire : Introduction (Jean Duron) – Les sources de Cadmus & Hermione (Jean Duron) – Le mythe – Point n’avez occis le dragon ? (Gérard Sabatier) – Cadmus, Hermione et Apollon : une synthèse fabuleuse pour la gloire du roi et des arts (Céline Bonhert) – Les hommes – Le premier des opéras français (Jean Duron) – Le rôle de Quinault dans la création de l’opéra français (Buford Norman) – L’œuvre – Cadmus & Hermione : argument (Laura Naudeix) – Livret : lecture-commentaire (Thomas Leconte) – Regards – Cadmus & Hermione : œuvre modèle ou expérience concluante ? (Laura Naudeix) – Les mises en scène de Cadmus & Hermione sous le règne de Louis XIV (Jérôme de La Gorce) – La danse dans Cadmus & Hermione (Rebecca Harris-Warrick) – Annexes – Bibliographie – Index des noms propres – Biographie des auteurs (Présentation CMBV)


La naissance du style français 1650 – 1673 – Textes réunis par Jean Duron – Mardaga / CMBV – septembre 2008 – 190 pages – 25 €

« Louis XIV naquit au moment où le père Mersenne publiait son Harmonie universelle, où Nicolas Formé faisait imprimer sa Missa duobus choris. Dès le sacre du jeune roi, en juin 1654, et surtout à partir du moment où il « règne et gouverne » en 1661, un vent nouveau souffle sur la musique française. Pour plaire à ce souverain passionnément épris de musique et de spectacle, des genres nouveaux apparaissent glorifiant la figure du nouvel Alexandre : grand et petit motets, comédies-ballets, opéras… Dans un élan qui aboutit d’abord en 1673 à la création de la tragédie lyrique et en 1683 à la refonte de la Chapelle Royale. Par contrecoup, tous les autres genres se transforment : la musique de clavecin, d’orgue ou de luth, l’air sérieux et à boire, la musique de danse. Dans tous les domaines, la figure de Lully, nommé « surintendant de la musique du roi » en 1661, est omniprésente : il participe au renouveau de la musique religieuse, séduit dans la musique profane, dessine à grand traits des architectures inouïes et son influence s’étend bien au-delà de la musique d’apparat. Dans cette grande mutation de la musique française, il n’est pas seul : à la Cour, les Du Mont, Robert, Lambert, Louis Couperin, Nivers… Participent au mouvement et, à leur suite, tous les compositeurs du royaume. » (Présentation CMBV)