CD Andromeda liberata

ANDROMEDA LIBERATA

COMPOSITEUR

Antonio VIVALDI

LIBRETTISTE

 

ORCHESTRE Venice Baroque Orchestra
CHOEUR La Stagione Armonica – dir. Sergio Balestracci
DIRECTION Andrea Marcon

Andromeda Simone Kermes
Cassiope Katerina Beranova
Meliso Anna Bonitatibus
Perseo Max Emanuel Cencic
Daliso Mark Tucker

DATE D’ENREGISTREMENT janvier 2004
LIEU D’ENREGISTREMENT Centro Culturale Grand Hotel Dobbiaco, Kulturzentrum Grand Hotel Toblach, Italie
ENREGISTREMENT EN CONCERT non

EDITEUR DG / Archiv Produktion
DISTRIBUTION Universal
DATE DE PRODUCTION 8 octobre 2004
NOMBRE DE DISQUES 2
CATEGORIE DDD

Critique de cet enregistrement dans :

Anaclase

« … Andrea Marcon, qui jusqu’alors s’exprimait chez Sony, enregistrait pour Archiv en janvier 2004 une « Andromeda liberata » attribuée rapidement à Vivaldi, puisqu’une seule aria – la sublimissime « Sovvente il sole » de Persée, 2ème partie – dans toute cette Serenata est incontestablement de sa plume. Il semble qu’en 1726, à l’occasion du retour du cardinal Ottoboni à Venise qui l’avait banni quatorze ans plus tôt, ce pasticcio ait été chanté, entre autres fastueux concerts. On y reconnaîtra plus d’une fois la parenté vivaldienne dans un judicieux montage qui laisse présumer la participation de plusieurs autres compositeurs. De fait, Archiv précise « Vivaldi and others »‘

Le plus important est de pouvoir entendre un objet plutôt bien ficelé par des trames dramatiques et musicales parfaitement cohérentes, servi ici par une distribution tout à fait remarquable. À la tête de son Venice Baroque Orchestra, Marcon offre une lecture sensible, à l’articulation exaltée, parfois un peu trop appuyée dans les passages purement instrumentaux, mais toujours attentive aux voix, ménageant la plupart du temps un sain équilibre. On appréciera également le beau travail de La Stagione Armonica dirigée par Sergio Balestracci dans les très rares interventions de choeur.

Quant aux voix, on ne sera pas déçu. On peut même dire tout de go qu’il n’est pas fréquent qu’un label réunisse un casting à ce point idéal. Mark Tucker y est un Daliso honorable, un peu gêné dans sa première intervention, mais largement libéré pour son aria « Peni chi vuol penar » plus à sa mesure. Katarina Beranova sert le rôle de Cassiope par une projection exemplaire et une grande clarté dictionelle. Perseo révèlera peu à peu les possibilités expressives de Max Emanuel Cencic dont on admirera l’émission très égale, la fiabilité sans faille et l’unité de couleur. Enfin, deux voix viennent littéralement transcender cet enregistrement : Anna Bonitatibus donnant avec évidence un Meliso au timbre chaleureux, et la charismatique Simone Kermes dans le rôle-titre, très engagée dans le drame, fabuleusement expressive, qui réalise des acrobaties vocales d’un raffinement extrême sachant toujours rester gracieux – qui d’autres ose poser si délicatement l’aigu ? -, jusqu’à l’émotion. »

Goldberg – avril 2005 – appréciation 5 / 5

‘Vivaldi and others’ : avec une prudence justifiée, Andrea Marcon et son éditeur revendiquent sur la pochette même de leur disque le caractère mystérieux de cette belle Andromeda liberata, dont la paternité demeure incertaine. Celle de Vivaldi n’est en effet acquise qu’à l’égard du Largo de Perseo avec violon obligé, « Sovvente il sole », véritable joyau de l’oeuvre. Le reste n’est que présomption. Présomption de paternité vivaldienne certes à l’égard du majestueux air d’Andromeda avec violoncelle obligé, « Un occhio amabile », ou du frétillant « Ruscelletti limpidetti » de Meliso. Mais de nombreuses autres pages renvoient à une esthétique qui évoque davantage les univers profondément différents d’Albinoni ou de Porta.

Les procès en contestation ou en revendication de paternité ne sont toutefois que détails au regard de l’intérêt objectif que représente cette exhumation due aux efforts conjoints du musicologue Olivier Fourès et d’Andrea Marcon.

La finesse de la direction de Marcon, qui a fait le prix de son anthologie de concertos pour violon tardifs de Vivaldi avec Carmignola, anime idéalement cet enregistrement. En authentique chef baroque, Marcon modèle avec élégance et intelligence cette gracieuse miniature dramatique, dont il fait tour à tour saillir les angles et chatoyer les couleurs. Choeurs, airs ou récitatif, aucune portion de l’oeuvre n’est oubliée dans cette exploration passionnée du champ expressif. Le chef trévisan, servi par un Venice Baroque Orchestra admirable et un plateau vocal très engagé, affirme ici une saisissante intimité avec la langue lyrique vénitienne. De quoi faire guetter avec impatience son premier opéra vivaldien! »

Opéra International – mars/avril 2005 – appréciation 3 / 5

« …L’authenticité de l’ouvrage n’a pas l’air d’avoir embarrassé le chef claveciniste du Venice Baroque Orchestra, Andrea Marcon, Avec son habituelle musicalité, il s’approprie cet ouvrage lunatique qui, de Vivaldi ou pas, ne manque pas d’attrait. L’orcbestration est ample, inventive et rutilante (deux cors, deux trompettes. deux hautbois, un basson et des timbales), les airs variés et délectables. Reste que la distribution n’est pas à proprement parler le point fart de cette résurrection. Simone Kermes incarne une Andromeda virtuose mais sans beaucoup d’âme, Max Emanuel Cencic est un Perseo noble de timbre mais hors format. Mark Tucker (Daliso) court sans cesse après ses vocalises dans  » Peni chi vuol penar », quant à Katerina Beranova, son filet de voix tendu et angélique traduit de manière bien timide les angoisses narcissiques de la pauvre Cassiope. La mezzo italienne Anna Bonitatibus, touchant Meliso, est sans doute la seule à trouver le ton juste. Le choeur de La Stagione Armonica, pour sa part, s’accorde sans broncher aux inflexions brillantes de la phalange vénitienne, seul atout véritable de ce curieux disque. »

Diapason – mars 2005 – technique 7 / 10

« En un mot : une réalisation superbe, dominée par l’Andromeda bouleversante de Simone Kermes. Ses récitatifs sont un délice. »

Classica – mars 2005 – appréciation 6 / 10

« Un nouvel opéra de Vivaldi? Olivier Fourès, qui s’intéressa le premier à ce manuscrit anonyme, ne l’affirme pas catégoriquement, mais ses arguments vont toutefois dans ce sens. Ce qui est sûr, c’est qu’un des airs peut être attribué au Prêtre roux avec certitude. Stylistiquement l’attribution est plausible. Mais l’instrumentation fastueuse, avec cors et trompettes, est plutôt rare chez Vivaldi. Toutefois la célébration du retour du Cardinal Ottoboni, en l’honneur duquel fut sans doute donnée cette serenata, peut expliquer un déploiement instrumental particulier. L’entrée en scène d’Andrea Marcon dans une oeuvre opératique suscitait beaucoup d’attentes : on le sait passionnant narrateur dans le répertoire instrumental (ses Vivaldi et Locatelli avec Carmignola l’ont prouvé) ; mais force est de constater qu’il a du chemin à parcourir pour faine un bon directeur vocal…

Le choix des chanteurs laisse perplexe; quasiment tous exceptionnels techniciens, ils ne semblent concernés que de loin par l’argument et le drame. A l’exception d’Anna Bonitatibus (contralto somptueux, sincère et valeureuse), leurs qualités vocalistes semblent inversement proportionnelles à leurs capacités coloristes : il n’est pas anodin que Mark Tucker, parfois obligé de tricher pour les quelques passaggi de  » Peni chi vuol penar », y soit justement plus émouvant qu’ailleurs. Ses collègues alternent platitude vocale et engagement affecté – voyez comment Simone Kermes laisse décolorer sa voix en tentant de maitniser son vibrato serré ; de la même façon, Katenina Beranova ne donne guère de relief au texte, et la perfection de ses vocalises ( » Si rinforzi « ) ne rachète guère cette déception. Malgré une indéniable splendeur esthétique, l’attention se détache vite. Dans le détail, il y a du bon, et même du très bon. Mais on enchaîne plus ici les airs de concerts – parfois morceaux de bravoure – que l’on porte l’action dans un grand souffle épique. La faute en incombe pour beaucoup aux récitatifs mécaniques (la tension s’y relâche singulièrement), où la ponctuation triste et appliquée des continuistes (violoncelle et théorbe peu inventifs) n’aide guère à caractériser les humeurs des protagonistes – un parti pris ? C’est d’autant plus regrettable que le chef est claveciniste. On le retrouve en revanche exceptionnel préparateur d’orchestre, et la réussite de certains airs est bien souvent redevable aux musiciens de l’Orchestre Baroque de Venise plus qu’aux chanteurs – qu’il s’agisse d’airs flamboyants ou de moments plus tendres. Goûtez par exemple l’air avec violon solo  » Sovvtente il solo » (le seul authentifié), en état de grâce ; ici soliste et orchestre sont sur la même longueur d’onde, avec un Max Emanuel Cencic touchant. Une oeuvre à découvrir pour les nombreuses beautés qu’elle recèle. »

Crescendo – décembre 2004 – appréciation 9 / 10

  « Vivaldi or not Vivaldi, that’s the question… Andrea Marcon nous offre ici l’occasion de découvrir une Sérénade dont les dimensions et la distribution (vocale et instrumentale) semblnt indiquer qu’elle était destinée à une célébration très spéciale. On pense que cette occasion exceptionnelle s’est peut-être présentée le 21 juillet 1726, lors du retour du cardinal Pietro Ottoboni (le protecteur de Corelli, Scarlatti et Haendel) dans sa Venise natale. Cette Andromeda Liberata reste également énigmatique par le fait qu’elle est officiellement d’auteur inconnu. L’hypothèse d’une intervention agissante d’Antonio Vivaldi est apparue à l’étude du manuscrit, lorsque les musicologues se sont aperçus que l’air « Sovvente il sol »e qui figure dans la seconde partie de la sérénade est absolument identique à celui qui figure dans un manuscrit autographe du compositeur conservé dans les mêmes archives. Certains éléments de style, et certaines caractéristiques ayant trait à la graphie du manuscrit de la sérénade plaident pour une implication réelle de Vivaldi dans la conception de l’oeuvre (qu’elle soit totalement originale ou qu’elle se présente sous la forme d’un Pasticcio). Le débat reste toutefois ouvert, car les preuves ne sont pas formelles, et d’autres éléments stylistiques peuvent également laisser croire que plusieurs extraits de l’oeuvre sont d’une conception plus ancienne… Quoi qu’il en soit, l’oeuvre présente une distribution large et brillante, dominée par les personnages d’Androméde et de Persée. L’action est soutenue, grâce à la présence de récitatifs courts et d’airs variés et rondement menés. L’intrigue ménage tout de même quelques moments privilégiés qui expriment des sentiments profonds et bien entendu contradictoires. De ce point de vue, les deux airs avec instrument soliste (« Un occhio amabile » et « Sovvente il sole ») ainsi que l’air de bravoure « Le so, barbari fati » (avec des cors en pleine santé!) représentent incontestablement les moments forts de cette partition. Tout n’est pas du même tonneau, hélas, et bien des pages de cette Sérénade sont plus banales. Mais l’ensemble tient admirablement la route grâce au travail de l’orchestre, plein de finesse, de dynamisme et de ferveur, et grâce à la prestation sans faille (ou presque) d’une distribution vocale homogène au sein de laquelle seul Mark Tucker est un peu à la peine dès lors qu’il s’agit de vocaliser avec agilité. Qu’elle soit de Vivaldi ou non, Andromeda Liherata constitue donc une bonne surprise, et un excellent témoignage sur les brillantes moeurs musicales de la Sérénissime. »

 

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