CD Tito Manlio

TITO MANLIO

COMPOSITEUR

Antonio VIVALDI

LIBRETTISTE

Matteo Noris

 

ORCHESTRE Accademia Bizantina
CHOEUR
DIRECTION Ottavio Dantone

Tito Nicola Ulivieri baryton-basse
Servilia Ann Hallenberg mezzo-soprano
Lucio Debora Beronesi mezzo-soprano
Tito Manlio Karina Gauvin soprano
Vitellia Marijana Mijanovic contralto
Decio Barbara di Castri mezzo-soprano
Geminio Mark Milhofer ténor
Lindo Christian Senn baryton-basse

DATE D’ENREGISTREMENT juillet 2005
LIEU D’ENREGISTREMENT Ravenne – Réfectoire du Musée national de San Vitale
ENREGISTREMENT EN CONCERT non

EDITEUR Opus 111
DISTRIBUTION Naïve
DATE DE PRODUCTION 2 novembre 2005
NOMBRE DE DISQUES 3
CATEGORIE DDD

Édition Vivaldi – Opere teatrali – volume 6

Critique de cet enregistrement dans :

 Goldberg – avril 2006 – appréciation 4 / 5

« A la tête d’une Accademia polychrome et promte à le suivre, Dantone magnifie chaque morceau, même s’il abuse parfois des syncopes dans l’ornementation, et rend leur suc dramatique aux récits, superbement écrits…Si Ann Hallenberg est une merveilleuse Servilia, Karina Gauvin un émouvant (bien que trop féminin) Manlio, Mark Milhofer un Geminio de luxe, et Christian Senn un (trop ?) sobre Lindo, Marijana Mijanovic, laborieuse Vitellia, et Debora Beronesi et Barbara Di Castri, Lucio et Decio assez triviaux, n’effacent pas le souvenir de Finnilä, Marshall ou Lerer…Moins noble que son prédécesseur (Luccardi), Nicola Ulivieri campe cependant de façon crédible le sanguinaire Tito. Une version théâtrale du plus puissant drame en musique récélé par la désormais Bibliothèque national de Turin. »

Crescendo – janvier-février 2006 – appréciation 9 / 10

« Nouvel album vivaldien chez Naïve qui nous permet de découvrir les opéras du prêtre roux, souvent éclipsés par son immense production instrumentale. Pourtant, sa veine lyrique n’était pas moins féconde : on recense à ce jour 49 opéras. ce qui peut donner le vertige… C’est bien l’un des chiffres les plus élevés du genre dans l’histoire de la musique! Est-ce si étrange quand on apprend qu’il boucla Tito Manlio en cinq jours ? Un exploit étourdissant. stimulé par l’urgence d’une commande historique : le prince Philippe de Mantoue, son protecteur, allait épouser la princesse Eleonore di Guastalla, L’orchestre devait impressionner les foules : Vivaldi n’hésita pas à y inclure des cordes omniprésentes, deux timbales et huit instruments solistes. Loin d’économiser ses forces, et dans la fièvre des délais, il ne se permit que sept emprunts à ses oeuvres précédentes sur quarante et un numéros. Aussi, quel souffle et quelle inventivité tremblent d’un bout à l’autre de la partition, qui rendent justice à un livret muselé ! Matteo Noris refusait d’écrire une ces « puériles amourettes efféminées » de son époque : certes l’amour y agite l’intrigue et malmène le coeur des guerriers comme celui des femmes de haute position, éprises, promises ou soeurs éperdues des ennemis. Les Latins réclament aux Romains de choisir en leurs rangs un Consul au Sénat, pour services rendus Tito Manlio, Consul en place, est prêt à les affronter. Familles et amants des deux camps opposés font taire leurs sentiments : les hautes vertus héroïques auront le dessus tandis que les airs de fureur, de tempête, de langueur et de passion se déchaineront.Vivaldi s’autorise toutes les libertés formelles puisant même dans un registre alors jugé désuet : cavatines, airs bouffes, a due, arioso, aria tout à coup sans da capo, sobriété soudaine… Il multiplie les genres avec finesse et subtilité, dépeignant avec soin et variété les plus infimes émotions. Clarté et puissance sous-tendent ce drame étonnant.., qui fut pourtant décommandé quand Philippe de Mantoue annula ses noces !

Ottavio Dantone et l’Accademia Bizantina attaquent cette monumentale partition avec une ardeur et un soin éclatants, privilégiant la netteté à l’impétuosité. Ils installent l’atmosphère exaltée et troublantc de ce drame politico-moral avec une rare exigence du dépouillement chez Vivaldi. Aucune fioriture. aucune tentation démonstrative de la part du chef et de ses instrumentistes. De même, chacun des solistes semble investi de cette belle rigueur. Les voix cherchent le ton juste, sans hâte. Karina Gauvin compose un très vibrant Manlio, lumineux et chatoyant : dans son timbre sans faille transparaissent la pureté et la fièvre touchante du personnage. Le baryton basse Nicola Ulivieri, demeure cependant un peu trop rigide et manque d’ampleur dans le rôle de Tito. comme prisonnier du rythme d’un métronome. En revanche le Lindo de Christian Senn, baryton basse également, s’épanouit avec puissance, chaleureux et résonant, bien que son rôle soit le plus inattendu car le plus bouffe de l’oeuvre. La mezzo-soprano Ann Hallenherg réussit une intense Servilia tout comme la contralto Mariana M ijanovic transmet àVitellia l’étrangeté dc son timbre profond et chaud. Debora Beronesi incarne un Lucio sensible et frémissant et le ténor Mark Milhofer un Geminio vif et conquérant ! Vivaldiens curieux ou convaincus, voici une belle occasion de vous faire plaisir! »

Classica / Répertoire – février 2006 – appréciation Recommandé – le CD du mois

« Moins extrémistes que Spinosi et ses Matheus, l’Accademia Bizantina de Dantone livrent de précieux accompagnements. les musiciens paraissent avoir été aussi ravis que nous le sommes par la redécouverte d’une partition plus que généreuse. Certes, on aurait aimé une Garanca, une Ciofi, pour remédier aux deux seules faiblesses de l’enregistrement : Marijana Mijanovic qu’on a connue moins poitrinaire, et Debora Beronesi, assez piètre vocaliste. Mais Karina Gauvin est impériale et Nicola Ulivieri campe un Romain des plus cornéliens avec son baryton rageur, vocalité particulièrement aimée de Vivaldi. »

Le Monde de la Musique – janvier 2006 – appréciation 4 / 5

« Version antique de Roméo et Juliette, cet opéra oppose Romains et Latins respectivement commandés par Tito Manlio (Titus Manlius Torquatus) et Geminio. Mais Vitellia, fille du premier, aime le second dont la soeur Servilia est promise à Manlio, fils du consul. Cette opposition classique entre la discipline des armes et les élans du coeur va entretenir une intrigue généreusement orchestrée par Vivaldi. Si le compositeur oriente davantage sa musique vers le faste (le tempétueux « Alla caccia d’un ben adorato » ou le claironnant « Combatta un gentil cor ») que vers la plainte (malgré le poignant « Non ti lusinghi la crudeltade » avec hautbois) et l’analyse pénétrante des caractères, il offre trois heures de bonheur mélodique.

Entendue au Festival de Beaune, la présente équipe avait réussi une très belle version de concert de cet opéra. L’enregistrement réalisé quelques jours auparavant en conserve les qualités. Si Debora Beronesi manque d’abattage et Barbara Di Castri de couleurs, la distribution réunit de fortes personnalités. Nicola Ulivieri campe un inflexible Tito Manlio auquel s’opposent le Manlio ardent de Karina Gauvin et la Vitellia électrisante de Marijana Mijanovic. Direction un rien prudente d’Ottavio Dantone mais douce Servilia d’Ann Hallenberg et Lindo justement comique de Christian Senn. »

Opéra Magazine – décembre 2005 – appréciation 5 / 5

« Créé à Mantoue en 1719, alors que Vivaldi était maestro da cappella di camera du gouverneur impérial Philippe de Hesse-Darmstadt, Tito Manlio avait déjà eu les honneurs du disque à la fin des années 1970, sous la baguette de Vittorio Negri. Un ton emphatique, souvent très loin de la rhétorique baroque, des tempi peu contrastés et une distribution hors de propos caractérisaient cet enregistrement que celui d’Ottavio Dantone, aujourd’hui, envoie définitivement au musée ! Bien qu’ayant été composée en cinq jours, la partition comporte très peu d’emprunts et affirme une grande richesse. Le livret de Matteo Noris (1697), où Romains et Latins s’affrontent, s’aiment et se déchirent, permet la mise en place de nombreux dilemmes entre amour, devoir et honneur, sans oublier la persistance de quelques éléments comiques. Le tout est richement illustré, notamment par un orchestre opulent dont Vivaldi joue avec adresse, variété et théâtralité. L’excellente prestation de l’Accademia Bizantina ‘ dont c’est la première participation à cette édition Vivaldi ‘ est à cet égard un régal. Les chanteurs, eux aussi, sont souvent excellents et les récitatifs, interminables chez Negri, sont passionnés et passionnants, avec une mention spéciale pour le tempérament enflammé de Karina Gauvin. Deux déceptions tout de même : le Lucio mal distribu&eacut; de Debora Beronesi, qui se bat avec un rôle trop aigu pour elle, et la Vitellia de Marijana Mijanovic, dont les airs lents laissent apparaître des problèmes de placement et de soutien qui se répercutent sur la justesse, la dynamique et le legato. Ce disque n’en reste pas moins une très belle réalisation, qui permet enfin d’apprécier une oeuvre foisonnante. »

Diapason – décembre 2005 – appréciation 5 / 5 – technique 8 / 10

« Vae victis », malheur aux vaincus ! Le probe, vertueux, mais chenu Tito Manlio par Negri, presque trentenaire, vient d’être terrassé par Dantone. Pour cette somptueuse folie mantouane (1719), apogée de sa première période créatrice, Vivaldi, le Vénitien alla moda, pas encore contaminé par l’idiome napolitain, n’a comme limites que les bornes de son imagination. A sa disposition, un livret à l’ancienne en quarante et un airs, mêlant le seria le plus tragique, le bouffe syllabique, l’air da capo ébouriffant comme l’arioso sensible, et un instrumentarium luxuriant que maîtrise à la perfection l’Accademia Bizantina, élégante et chic.

Chef délicat et un rien distancié, coréllien récompensé le mois dernier pour sa participation à l’intégrale de l’Opus 5 de Stefano Montanari, Ottavio Dantone n’a pas dans Vivaldi la flamme naturellement vaillante d’un Sardelli. Son art est précisément d’y trouver la juste harmonie. Les récitatifs ne mentent pas. Les scènes dramatiques (II, 8,9 ; III, 14,15) réunissant Manlio, Karina Gauvin au désespoir, Vitellia, Marijana Mijanovic hallucinée, et la tendre Servilia d’Ann Hallenberg, sont des moments aussi magiques que leurs airs inoubliables. L’« O silenzio del mia labbra » ou « Di verde ulivo » d’une Mijanovic habitée et poignante, par exemple, comme le « Sonna, sel pur » envoûtant ou le « Perche t orna » acidulé de Gauvin, curieusement freinée par l’élégant Ottavio. Sous son regard, la Servilia d’Hallenberg dans « Andro fida » est plus résignée que malheureuse. Mais avec « Tu dormi in tante pene » apparaît l’infinie tendresse d’une amante.

Nicola Ulivieri, lui, n’est pas un tragédien. Le noble serment solennel de la scène initiale comme la souffrance du père hésitant à prononcer contre son fils la sentence fatal (IlI 12) soulignent le décor expressif de cette voix aux couleurs belles et aux vocalises impeccables. Le Geminio empressé de Mark Milhofer, au vibrato serré, savoureux dans la sscène de défi avec Manlio, et le Lindo de Christian Senn, baryton bouffe bien timbré sont d’honorables éléments. Attribuons enfin les circonstances atténuantes au Decio de Barbara Di Castri, certes peu subtile mais sensible dans « E pur dolce », et surtout au Lucio de Debora Beronesi (remplaçante au pied levé de Daniele De Niese), triviale dans certains récits (I,5) et bien dépassée dans un air redoutable comme « Fra le procelle ». Pourtant, quand dans « Non ti lusinghi » l’urgence expressive se fait moins oppressante, perce le une humanité fragile. Les surprises distillées par cet opulent Tito semblent inépuisables. »

 

 

 

 

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