CD Il Combattimento di Tancredi e Clorinda (2009)

IL COMBATTIMENTO DI TANCREDI E CLORINDA

COMPOSITEUR

Claudido MONTEVERDI

LIBRETTISTE

Torquato Tasso

 

ORCHESTRE

Les Sacqueboutiers

CHOEUR
DIRECTION

Il Testo Furio Zanasi
Tancredi Juan Sancho
Clorinda Adriana Fernandez

DATE D’ENREGISTREMENT 2009
LIEU D’ENREGISTREMENT
ENREGISTREMENT EN CONCERT

EDITEUR Flora
DISTRIBUTION
DATE DE PRODUCTION 2010
NOMBRE DE DISQUES 1 ( Alexander Goehr : Paraphrase pour clarinette – Paolo Quagliati : Char de la fidélité amoureuse)
CATEGORIE DDD

Critique de cet enregistrement dans :

Classica – avril 2010 – appréciation 3 / 4

« « La partition originale a été scrupuleusement respectée, et l’utilisation des cornets et des sacqueboutes n’a nécessité aucune modification, transposition, arrrangement ou adaptation, seul compte ici le pouvoir expressif de l’exécution » annonce Jean-Pierre Canihac, cofondateur des Sacqueboutiers. En troquant ses violons et violes originels pour des instruments à vent, Le Combat de Tancrède émousse inévitablement le tranchant des épées et le galop des chevaux. Moins descriptive, plus allusive, la narrration instrumentale ne perd pourtant rien de son intensité et elle s’accorde fort bien avec l’éloquence châtiée de Furio Zanasi. Le madrigal se fait en définitive plus vocal que jamais. En plus d’une paraphrase pour clarinette seule sur cette oeuvre de Monteverdi, composée en 1969 par Alexander Goehr, les musiciens ont complété leur programme par un opéra de poche (un quart d’heure) de Paolo Quagliati (vers 1555-1628) dans lequel s’unissent Amour, Apollon et Orphée pour célébrer la beauté et l’amour.

La rencontre des Sacqueboutiers de Toulouse avec l’expression chaleureuse d’Adriana Fernandez, la plénitude de leur sonorité, le lyrisme naturel justifient les appréciations d’époque vantant l’habilité du cornet à imiter la voix. »

Classica – février 2012 – appréciation 3 / 4

« Nous aimons bien Jean-Pierre Canihac et ses Sacqueboutiers, pionniers des sons d’époque et, comme tels, impliqués dans tant de réveils mémorables, avec Jordi Savall entre autres. Mais certains penseront qu’ils sont allés trop loin en habillant de neuf le mythique Combattimento de Monteverdi, ce chef-d’oeuvre dans le genre représentatif instrumenté au départ pour un quatuor de violes da braccio, devenu ici un opulent concert de cuivres baroques. Pour autant, les transpositions étaient fréquentes dans la musique du début du XVIIe siècle où cornetti et trombones excellaient dans la peinture des passions et l’imitation de la voix humaine, rendant vain le reproche de transgression que l’on pourrait faire à cette nouvelle version, forte d’un atout maajeur avec le testo (récitant) de Furio Zanasi, déjà remarqué dans la très convaincante gravure Garrido (K. 617), et qui derechef brûle ici les mots en ardent dramaturge, mais sans faire tout à fait oublier l’étonnnant testa expressionniste de Werner Hollweg, complice, au sommet de la discographie, de la lecture génialement atypique d’Harnoncourt (Teldec).

Tout semblerait donc assurer au présent album une place plus qu’honorable au catalogue, n’était le ratage de la plage 2, laborieux« hommage Il pour clarinette solo d’Alexander Goehr, le fils du chef d’orchestre Walter Goehr qui fut un monteverdien enthousiaste. Un faux-pas que fait heureusement oublier le Carro di Fedelta d’Amore du Vénitien Paolo Quagliati, divertissement carrnavalesque du tout-début du Seicento qui conclut l’enregisstrement dans le style allégorique requis. Et le chant y demeure inattaquable, égal à ce qu’il était dans le Combat où, outre Furio Zanasi, brillaient le soprano ductile d’Adriana Fernandez et le fervent ténor de Juan Sancho, Clorinde et Tancrède saisissants de vérité. »

Diapason – mars 2012

« La discographie pléthorique du Combattimento vient s’encombrer d’une proposition très discutable. Afin de souligner le caractère guerrier de l’oeuvre, les Sacqueboutiers confient les parties de cordes à des cornets et des trombones : une métamorphose gênante, car les effets sonores ciselés par Monteverdi (tels les pizzicatos évoquant les coups d’épées ou les trémolos bouillonnants) ne sauraient être restitués par ces vents. Et dans les derniers instants de Clorinde, la présence envahissante des timbres sombres et massifs des cuivres paraît en contradiction avec le texte du Tasse et les indications du compositeur.

Cette version avait pourtant un atout majeur : le Testo magnifique de Furio Zanasi, fin diseur au chant racé, tour à tour suave, vaillant et poignant. Adriana Fernandez se révèle une Clorinde moins convaincante. Mais peut-on lui reprocher de manquer de délicatesse dans l’apothéose finale, avec un environnement instrumental tel que celui-ci ?

On est davantage séduit par le Char de la Fidélité d’Amour de Paolo Quagliati (ca 1555-1628), créé dans les rues de Rome lors du Carnaval de 1606. Un trio de chanteurs émérites apporte un apppréciable brio à cette musique de plein air au livret allégorique, emplie de récits ornés et entrecoupée de balletti.

La Paraphrase (1969) pour clarinette seule écrite par Alexander Goehr sur le Combattimento doit retenir l’attention. Le fils du chef Walter Goehr (pionnier de la discographie montéverdienne) nous livre une pièce fascinante à l’écriture raffinée, illustrant par des modes de jeux reenouvelés (flatterzunge, multiphoniques, ruptures dynamiques, exploration de toute la tessiture jusqu’à des suraigus vertigineux). Jean François Verdier, par la richesse de sa sonorité et sa variété d’expression, offre un admirable écho à la beauté inépuisable du poème du Tasse. »