PYGMALION (ou PIGMALION)

Pygmalion et la Statue - Carmontelle

COMPOSITEUR
Jean-Philippe RAMEAU
LIBRETTISTE
Houdar de La Motte/Ballot de Sovot

ENREGISTREMENT
ÉDITION
DIRECTION
ÉDITEUR
NOMBRE
LANGUE
1980
2005
Gustav Leonhardt
Deutsche Harmonia Mundi
1
français
1984
Nicholas McGegan
Erato
1 (33 t)
français
1991
1999
William Christie
Harmonia Mundi
1
français
1992
1999
Hervé Niquet
Virgin
1
français
1992
2008
Hervé Niquet
Virgin Classics
2
français
2010
2012
James Richman
CRC
1
français

Opéra-ballet en un acte (O.C. XVII), sur un livret de Ballot de Sovot, frère du notaire de Rameau – qui se battit en duel avec Caffarelli pour défendre la musique française – représenté à l’Académie royale, le 27 août 1748.
Ballot de Sovot avait repris le livret de la cinquième entrée du ballet Le Triomphe des arts (L’Architecture, la Poésie, la Musique, la Peinture et la Sculpture) écrit par Houdar de La Motte, mis en musique par Michel de la Barre, et représenté, sans succès, à l’Opéra, le 16 mai 1700.
Charles Collé assista à la représentation – la quatrième – du 3 septembre, et n’était pas tendre avec le librettiste : Le 3, je fus à la quatrième représentation de PygmaIion, acte d’opéra, mis en musique par Rameau, qui l’a pris dans le ballet des Arts de feu M. de la Motte ; cet acte n’était pas déjà assez merveilleux par lui-même pour que Balot achevât de le défigurer entièrement par les augmentations & les retranchements qu’il y a faits. Cependant le démon de la musique de Rameau l’a emporté aussi bien sur le défaut de chaleur de M. de la Motte & le peu de parti qu’il a tiré de son sujet, que sur tout le barbouillage du Balot ; il a réussi en dépit du poème, qui avait de quoi couler à fond dix autres musiciens ; il a aussi eu à lutter contre les ballets, qui n’en ont pas paru bien faits ; la petite Puvigné y danse pourtant à miracle ; on croit qu’elle y chante, car comme on ne l’entend pas, il n’y a que la foi qui puisse le persuader… Lany, qui est à présent chargé des ballets, fait tous les jours regretter Malter, qui les composait avant lui ; ce sont les nouveaux directeurs qui ont fait cette belle opération. (Journal des spectacles de Paris).
Rameau fit imprimer la partition, qui valait six livres.
Le 18 février 1751, des Fragments furent représentés à l’Opéra, composés de Titon et l’Aurore, de Bernard de Bury, inséré entre la pastorale héroïque Ismène, de Rebel et Francoeur, et un ballet en un acte, Aeglé, de La Garde. Le 9 mars, faute de succès, Titon et l’Aurore fut remplacé par Pygmalion, et le Mercure de France nota que le public y courut en foule.
Le Mercure de France d’avril 1751 expliqua comment : la coupe nouvelle fut entreprise & exécutée par un homme, qui ne s’est point nommé. L’éducation de la Statue, animée par l’Amour, est confiée aux Grâces ; le choix d’une Danseuse pour représenter la Statue ; les Ballets que ce choix amène, celui qui naît de l’éclat qu’un pareil prodige introduit dans tons les Ateliers de Pigmalion , & dans la Ville ; les Ariettes ; le Chœur brillant ; l’Amour triomphe, etc. sont de son invention.
On n’avait point encore vu un désir si vif, si marqué,une préférence si décidée pour les ouvrages d’un Auteur vivant, que celle que le Public a montrée dans cette circonstance pour la Musique de notre Orphée. Un moment avant que l’on commençât l’Acte de Pigmalion , la joie de toute l’assemblée s’exprima d’une manière très vive. L’ouverture ranima ces démonstrations, & chacun des morceaux de cet ouvrage saillant fut applaudi universellement avec une espèce de transport.
Lors de la représentation du mercredi 24 mai 1751, le Mercure de France raconte que : M. Rameau, qui relevoit d’une longue & dangereuse maladie parue à l’Opera dans une des loges du fond. Sa présence excita d’abord dans l’Amphitéâtre un murmure qui se répandit rapidement dans toute l’assemblée. Il partit alors tout à coup un applaudissementt universel, & ce qu’on n’avait point vu encore , l’orchestre, qui était rassemblé, mêla avec transport ses acclamations à celles du Parterre.
Ces mouvemens qu’excitait dans le Public l’admiration qu’il a conçue pour le talent extraordinaire de M. Rameau , & qu’il se plaît à manifester dans toutes les occasïons, étaient ranimés encore par la crainte qu’il aaoit eue de perdre ce grand Musicien, & par la joye que lui causait son retour à la vie.
M. Rameau vit la représentation de son Pigmalion, & partagea avec le Public le plaisir d’une exécution excellente. Il sembloit ce jour là quel tous les Acteurs cherchaient à se surpasser. Mlle Puvigné, qui joue le rôle de la Statue animée, & qui joint à la figure de l’amour, les charmes du grand talent, & les attitudes des grâces , parut plusaimable encore que les autres jours. M. Jéliote répandit plusieurs traits nouveaux dans l’Ariete & chanta le reste du rôle de la manière la plus séduisante : les Chœurs, les ballets, furent rendus avec la plus parfaite précision ,& l’assemblée nombreuse pendant le cours de la représentation & après qu’elle fut finie, témoigna son contentement par les plus grands applaudissemens.
Costume de Pigmalion pour Jélyotte
L’oeuvre connut un grand succès et tint l’affiche de 1752 à 1754, puis de 1760 à 1762.
Le 18 février 1762, Pygmalion fut repris dans le cadre de Fragments comportant également l’acte du Bal des Fêtes Vénitiennes, et de celui de l’Amour et de Psyché. Selon Bachaumont, Muguet ne peut en rien représenter Pygmalion : c’est un acteur maigre, qui n’a pas la moindre figure ; il a l’air d’une marionnette. D’ailleurs on a fort mal à propos fait jouer Mlle Allard, qui n’est point du tout faite pour chanter, non plus que pour le genre de danse qu’exige le rôle de la statue animée.
En 1764, le Mercure de France louait l’interprétation de Marie-Madeleine Guimard, alors âgée de vingt-et-un ans : Mlle Guimard a profité avec des circonstances qui l’ont mises à portée de paraître, et qui n’en plaît que davantage au public, a chanté et joué le rôle de la statue dans Pygmalion, et qu’elle s’est acuittée de cet emploi avec grâce et qu’elle a été fort applaudie.
Mademoiselle Guimard par Fragonard
En 1772, Anne-Victoire Dervieux, âgée de vingt ans, connut le succès à l’occasion d’une reprise. Bachaumont nota : « C’est sun rôle extrêmement difficile à rendre par le double talent qu’il exige pour le chant et pour la danse. (Mlle Dervieux) a conduit avec goût, intelligence eet sensibilité son filet de voix et s’est surpassée dans la danse, où elle déploie depuis plusieurs années une exécution non moins savante qu’agréable.»
Il en parut une parodie 1753 au Théâtre Italien sous le titre de l’Origine des Marionnettes.
Trois dessus, une haute-contre.
Synopsis
Scène 1 : Dans son atelier, Pygmalion se plaint que la statue qu’il vient de terminer reste inerte : « Fatal amour… »
Scène 2 : Céphise fait une scène de jalousie à Pygmalion : « Pygmalion, est-il possible ».
Scène 3 : Pygmalion exprime ses sentiments pour son ouvrage: Que d’appas ! ». A son insu , Amour anime la statue qui s’éveille « Que vois-je ? Où suis-je… ? » Pygmalion s’étonne « O ciel ! ». La statue déclare son amour à Pygmalion : « Je vous adore ».
Scène 4 : Une symphonie annonce l’arrivée de l’Amour. L’Amour révèle à Pygmalion qu’il est l’auteur du prodige : « Du pouvoir de l’Amour ». Entrée des Grâces qui, au cours d’un ballet, instruisent la Statue et lui montrent les différents caractères de la Danse. Suite de danses : Gavotte gracieuse, Menuet, Gavotte gaie, Chaconne vive, Loure très grave, Passepied vif, Rigaudon vif, Sarabande, Tambourin. L’Amour se retire. Entrée des Peuples : « Courons tous ».
Scène 5 : Célébration du bonheur des deux amants. « L’Amour triomphe ». Pantomime niaise et un peu lente, Deuxième Pantomime, très vive. Pygmalion célèbre l’Amour : « Règne, Amour ». Air pour les Grâces. jeux et Ris. Ballet général au son du tambourin et de tous les autres instruments. Rondeau Contredanse gai.

  • Partition : Ricordi – Milan – 1996 – facsimile – collection Drammaturgia Musicale Veneta

Représentations :

  • Beaune – Cour des Hospices – 10 juillet 2010 – Toulouse – La Halle aux Grains – 14 décembre 2010 – Bruxelles – Palais des Beaux-Arts – 17 décembre 2010 – Vienne – Theater an der Wien – 19 décembre 2010 – Rotterdam – De Doelen – 2 mars 2011 – Valence – Palau de la Musica – 4 mars 2011 – Paris – Salle Pleyel – 6 mars 2011 – Budapest – Palace of Arts – 8 mars 2011 – New York – Lincoln Center – Alice Tully Hall – 11, 12 mars 2011 – version de concert – Les Arts Florissants – dir. William Christie – avec Hanna Bayodi-Hirt, dessus, Emmanuelle de Negri, dessus, Ed Lyon, haute-contre

  • Amsterdam – Concertgebouw – Festival de Hollande – 12 juin 2010 – Amsterdam – Koninklijk Theater Carré – Festival de Hollande – 13, 15, 16 juin 2010 Athènes – Megaron Mousikis’ Alexandra Trianti Hall – 26, 28 juin 2010 – Aix-en-Provence – Grand Théâtre de Provence – 16, 19, 20, 21 juillet – Teatro de Santiago de Compostella – 12 juillet 2010 – Festival de Lessay – 23 juillet 2010 – Les Arts Florissants – dir. William Christie – mise en scène, chorégraphie et scénographie Trisha Brown – costumes Elisabeth Cannon – lumières Jennifer Tipton

  • Opéra Magazine – septembre 2010

Pgmalion, acte de ballet créé en 1748, serait trop bref pour en faire un spectacle à pan entière ? En lui adjoignant dcs cxtraits d’Hippolyte et Aricie, tragédie lyrique de 1733, William Christie lui offre tout de même l’honneur du Festival d’Aix-en-Provence. Et oppose, de manière plutôt factice, l’amour destructeur de Phèdre à celui, créateur, de Pygmalion.
Sur scène, les chorégraphies de Trisha Brmnl, par l’entrelacs dcs corps, les volutes des bras ou des jambes qui se croisent et se décroisent, marquent le plateau d’une élégante sensualité. Las ! Si les danses modèlent l’intrigue avec fidélité, elles s’avèrent souvent illustratives, au risque de la platitude (ainsi du trot mimé des Chasseurs). Qui plus est, l’artiste américaine n’a pas hésité à confier quelques figures aux chanteurs, les mêlant aux professionnels de sa «Trisha Brown Dance Company». En dépit de leur évidente implication, la comparaison est cruelle, donnant un résultat médiocre et, parfois, grotesque.
Voici le ténor Ed Lyon qui pose sa main gauche sur l’épaule droite puis, soudain, tend le bras droit vers le sol passe son autre main dessus, puis la glisse sous sa jambe, pour finir à cloche-pied … N’est pas danseur qui veut : encore heureux qu’il ne doive pas alors chanter ! On pourrait multiplier les exemples. Il faut pourtant saluer les efforts méritoires de solistes à qui l’on impose une gestuelle absurde et, le plus souvent, inutile, en déplorant au passage un pas de plus vers la dictature de l’apparence physique.
Quant aux décors, des dessins agrandis de Trisha Brown, que l’on voie une forme d’abstraction lyrique ou des gribouillages affectés, peu importe : ils ne disent rien de la musique ni de l’intrigue, se bornant sans doute à esquisser des mouvements dansés. Tel est bien le fond du problème, que ce décalage permanent entre un aboutissement artistique – car Trisha Brown est une grande chorégraphe – et son incapacité à aborder humblement l’univers de Rameau pour s’y fondre. »

  • Oldenburgische Staatstheater – 19, 24 juin, 1er juillet, 27, 30 août, 12, 20, 22, 26 septembre, 21, 22 novembre, 15, 27 décembre 2009, 14 janvier 2010 – dir. Thomas Bönisch – mise en scène Jan Pusch, Hans-Jörg Kapp, Sebastian Ukena – chorégraphie Jan Pusch, Hans-Jörg Kapp, Sebastian Ukena – dramaturgie Johanna Wall, Honne Dohrmann – avec Barbara Schmidt-Gaden (Cephise), Mareke Freudenberg (La Statue), Ute Biniaß (L’Amour), Barbara Schmidt-Gaden (Sapho), Henry Kichlii (Hymas), Paul Brady (Alcée), Thomas Burger (Thélème), Mareke Freudenberg (Najade), Marcia Parks (Iphise), Thomas Burger (Lycurgue), Paul Brady (Tirtée), Anne-Katrin Kupke (Une Lacédémonienne) , Barbara Schmidt-Gaden (Eglée), Toshio Matsui (Eurilas) – nouvelle production intitulée La Fête, adaptée de Pygmalion et des Fêtes d’Hébé)

  • Miskolc – Hongrie – International Opera Festival – 22 juin 2007 – House of the Arts – Orfeo Orchestra – Purcell Choir – dir. György Vashegyi – mise en scène Csaba Káel – avec Jean-François Lombard, Andrea Csereklyei, Eszter Wierdl, Ágnes Pintér, Judit Németh

  • Wortham Center, Cullen Theater – 16 février 2007 – Mercury Baroque Chamber Choir – New York Baroque Dance Company – dir. Antoine Plante – mise en scène et chorégraphie Catherine Turocy – avec Mathias Vidal, ténor (Pygmalion), Ava Pine, soprano (L’Amour), Rebecca Chaote Beasley (la Statue), Jennifer Lane (Céphise)

  • Opéra de Nancy – 18, 18, 19, 21, 22, 23 décembre 2004 – Théâtre du Châtelet – 12, 13 et 15 juin 2005 – Centre chorégraphique National – Ballet de Lorraine – Le Concert Spirituel – Choeur du Concert Spirituel – dir. Hervé Niquet – mise en scène et chorégraphie Karole Armitage – décors David Salle – costumes Peter Speliopoulos – lumières Cliff Taylor – avec Cyril Auvity (Pigmalion), Magali Léger (Amour), Valérie Gabail (Céphise), Cassandre Berthon (La Statue)

  • Figaroscope – 8 juin 2005

« Créé en décembre dernier pour ouvrir les célébrations du 250e anniversaire de la place Stanislas à Nancy, Pigmalion marque le début du Festival des régions au Châtelet. L’Opéra de Nancy a conjugué ses forces pour une évocation toute en légèreté de ce qui fut un de ces petits chefs-d’oeuvre de grâce où Rameau excellait : le public des années 1750 adora cette fable inspirée des Métamorphoses d’Ovide où le créateur tombe amoureux de sa création. L’Amour veille heureusement, et donne vie à ce qui n’est que rêve. Laurent Spiellmann, directeur inventif du Théâtre de Nancy, l’a confié à l’Américaine Karole Armitage, associée à la troupe jusqu’en 2003, et plus connue pour sa violence déjantée que pour son respect des valeurs traditionnelles. L’occasion de vivre une belle surprise et de découvrir la bonne tenue du Ballet national de Nancy, passé de main en main depuis Dupond et Lacotte jusqu’à, aujourd’hui, celles de Didier Deschamps.
L’oeuvre est une petite merveille, servie par la finesse du chef Hervé Niquet avec le Concert spirituel et de délicieux chanteurs, en accord avec le caractère galant de l’oeuvre, Magali Léger et Cyril Auvity. Et parce que Karole Armitage a mis une sourdine à sa dynamique déshumanisée pour créer ici des images d’ondes sous des voiles où le mouvement naît comme d’une inspiration de sculpteur. Où comment la douceur vient à une guerrière. »

  • Forum Opéra – 22 décembre 2004

« …le plat de résistance constitué par le Pigmalion de Rameau, suivait l’entracte. Là encore, le synopsis est mince ; le sculpteur Pigmalion se désole car il est tombé amoureux de la Statue qu’il vient de modeler. Rien ne peut l’en distraire, pas même la crise de jalousie que lui fait son épouse Céphise. L’Amour, toujours prompt à seconder les sentiments des mortels, donne vie à la Statue, laquelle tombe instantanément sous le charme de son créateur. Tous chantent les louanges de l’Amour. Cet opéra-ballet alterne assez abruptement une vingtaine de minutes de chant, suivies d’une vingtaine de minutes de divertissement dansé et se conclut par un choeur. La partition est séduisante mais il faut concéder que l’on est loin du plaisir délectable trouvé aux délires parodiques de Platée ou aux trouvailles musicales, visionnaires, des Boréades…
La danseuse et chorégraphe Karole Armitage qui a déjà collaboré avec l’Opéra de Nancy et le Ballet de Lorraine pour le Château de Barbe-Bleue de Bela Bartok, s’attelle au défi bien réel qui consiste à mettre en scène une telle oeuvre. Dans un espace minimaliste et atemporel, défini simplement par trois rideaux qui entourent la scène et animé par quelques vidéos un tantinet puériles, mais littéralement sculpté par les sublimes éclairages de Clifton Taylor, elle introduit pour la partie chantée trois danseurs en contrepoint et commentaire de l’action scénique, n’hésitant pas à faire participer les chanteurs à leurs mouvements convulsifs. Pour la partie dansée, elle propose une chorégraphie somme toute assez classique, mais très aérienne, d’une fluidité et d’un onirisme prenants, ludique aussi par endroits (le pas de deux masculin), à laquelle le Ballet de Lorraine apporte ses remarquables individualités et son concours attentif, en dépit de quelques regrettables décalages.
A la baguette, Hervé Niquet fraie, pour la musique de Rameau, une voie alternative à l’apothéose du rythme et de la danse (Christie) ou à l’accentuation des contrastes (Minkowski). Sa direction souple et allante sait également s’abandonner aux langueurs initiales de Pigmalion comme s’amuser à mettre en exergue les stridences rustiques des pipeaux (parfois d’une justesse relative) ou les sinuosités agrestes des hautbois. La musique de ballet semble parfois moins l’inspirer ; il s’y montre plus convenu et moins imaginatif.
Le rôle principal et éponyme de Pigmalion est tenu par Cyril Auvity. Ce haute-contre de noble école convainc aussi bien dans la déploration de « Fatal Amour » que dans le chant orné de « Règne, Amour ! ». Cependant, un peu court de projection, il peine à se rendre intelligible, même pour la petite salle de 900 places de Nancy. On peut s’interroger sur ce qu’il en restera dans le bien plus vaste vaisseau du Châtelet (1) … La Statue de Cassandre Berthon emporte également l’adhésion. Son timbre cristallin, sa vocalité suave et pure son charme font merveille dans la scène de l’éveil de la Statue et de sa découverte de l’amour. Magali Léger (L’Amour) et Valérie Gabail (Céphise) ne font chacune qu’une courte apparition mais elles s’y montrent parfaitement convaincantes. Mais, au contraire de Valérie Gabail, la diction de Magali Léger pourrait être perfectible. »

  • Opéra International – février 2005
    « Hervé Niquet est à n’en pas douter le chef de la situation. Il aime convoquer ses troupes sans brusquerie, comme pour mieux communiquer ses intentions sur les rythmes, les coloris, l’intensité. Avec une étonnante économie du geste, son contrôle sur l’orchestre est total ou presque (les flûtes lâchent parfois quelques filaments sensiblement agressifs). Les quatre solistes sont pour certains encore un peu verts, et malgré leurs timbres indéniablement charmeurs et fruités, Cyril Auvity (Pigmalion) et Cassandre Berthon (la Statue) ploient vocalement sous les effusions délicates de leurs sentiments ( » Fatal Amour » ultra-tendu, « Que vois-je ? » trop enfantin). Magali Léger (l’Amour), très à l’aise en scène, projette bien et loin sans toutefois maîtriser une prononciation qui a tendance à opacifier le sens des mots. Seule Valérie Gabail (Céphise) parvient à juguler de manière naturelle volume, rondeur et clarté du discours.
    Précisons que la mise en scène  » chorégraphique  » de Karole Armitage ne laisse de répit à personne, ce qui est fort dommageable. L’omniprésence du corps de ballet sur le plateau, parasite (comme c’est trop souvent le cas dans ce type de spectacle) les rares sections chantées. L’espace doit-il être systématiquement occupé pour avoir un sens ? Les chanteurs doivent-ils être manipulés comme des marionnettes pour avoir l’air vivant ? Dans cette pantomime froidement éclairée à grands coups de néons en forme de satellites, ce ne sont ni les décors lugubres, ni les mornes costumes, ni les vidéos (le terme de diapositives serait plus juste) d’une prétention incroyable, qui sauveront ce spectacle composite après sa reprise au théâtre du Châtelet en juin 2005. Lorsque l’on invoque l’esprit des Lumières de manière aussi officielle, mieux vaudrait s’en tenir à une bonne vieille tradition. »
    • Le Monde de la Musique – février 2005 – 22 décembre 2004

« Dès le Prologue et la qualité chorégraphique qu’il extériorise, la cause est entendue : l’écriture du Parisien Rameau transcende le style alors universel dont il dispose au bénéfice d’une sculpturalité rythmique et mélodique fort à propos (annonçant mainte tournure de Gounod ou Massenet). On est loin du flux continu d’un Monsieur Seurat de Nancy et de ses innombrables alter ego (comme Gluck avant qu’il ne devienne Chevalier de l’écriture). Le style exaltant de Rameau ne semble toutefois guère avoir inspiré une scénographie clinique et sans aspérité, ainsi qu’une création lumières très timide. La chorégraphe Karole Armitage parvient cependant à fluidifier la relation entre danseurs (la jeune et sympathique troupe du Ballet de Lorraine) et chanteurs (dont le jeune ténor Cyril Auvity, à la voix douce mais avec de sérieuses déficiences dans la projection vocale) au bénéfice d’une production intéressante qui pâtit quelque peu de la direction par trop anguleuse à notre goût d’Hervé Niquet. »

  • Diapason – février 2005 – 19 décembre 2004

« Clou de la soirée, l’Acte de ballet bénéficie d’une mise en scène et d’une chorégraphie signées Karole Armitage. Sur un plateau dépouillé, l’Américaine peine à construire une lecture personnelle si ce n’est à la force du contresens (la statue s’anime avant que Rameau ne le manifeste), de ballets conventionnels chics et de projections vidéo aussi homéopathiques qu’insignifiantes (une lune, un colibri et une fleur ?). Sur scène, Cyril Auvity peine à se faire entendre, Magali Léger et Cassandre Berthon à se faire comprendre, et Hervé Niquet à chantourner des lignes au-delà de son allant rythmique – un peu ennuyeux pour un sculpteur de sons. »

  • Présentation

« Une statue qui devient objet du désir de son créateur et lui qui se désespère… jusqu’à ce que le souffle d’Amour vienne tout à coup l’animer. Se joue alors une comédie brillante que la danse rythme avec bonheur. La passion amoureuse ne tient plus ici du simple rituel académique, elle installe, dans un jeu d’alliance subtil entre les sonorités des voix et de l’orchestre, une véritable dramaturgie du sentiment. « Roi de Chypre et sculpteur renommé, Pigmalion façonna dans l’ivoire, dit la légende, une jeune fille si belle qu’il en tomba amoureux et obtint d’Aphrodite, déesse de l’amour, qu’elle insuffle la vie à son œuvre afin qu’il puisse l’épouser. Créé pour les soirées inaugurales et événement phare de l’année 2005 au cours de laquelle Nancy et la Lorraine vont interroger et décliner différentes thématiques caractéristiques du Siècle des Lumières, le « Pigmalion » d’Armitage renouvelle magnifiquement l’esprit du grand siècle, l’esthétique baroque et le propos philosophique de l’ouvrage. Réunissant une équipe d’artistes complices, la « Punk Ballerina » retrouve les 30 danseurs et danseuses du Ballet de Lorraine pour lesquels elle a déjà créé six œuvres depuis 2000. Avec son troisième rendez-vous avec l’opéra, Karole Armitage se propose de créer une « œuvre de lumière » où l’imaginaire prend appui autant sur la partition musicale et l’action des chanteurs, que sur le mouvement très développé des danseurs dans une scénographie brillante ». (Présentation)

  • Anaclase

« Ici, les chanteurs eux-mêmes se soumettent à une gestuelle calculée. Et lorsque trois danseurs sans vi-sages jouent à chat et souris avec Pigmalion amoureux d’un marbre, ou encore soutiennent et s’échangent l’Amour complice, une dimension antique est atteinte. Toutefois, si esthétiques que puissent être ces précieuses déambulations que viennent orner quelques projections de papillons, de fleurs ou de colibri virevoltant, elles paraissent bien maigres face à la richesse orchestrale qui les soutient. D’autant qu’ Hervé Niquet pénètre dans la partition avec une dynamique franche, tout en offrant des couleurs soignées. Le Concert Spirituel affirme une nouvelle fois de gran-des qualités dont l’équilibre n’est pas des moindres, et l’on en saluera les bois dont la prestation est fort louable. Sur scène, Magali Léger (L’Amour) se préoccupe avant tout d’un aigu flatteur qui risque un beau jour de s’effon-drer si elle persiste à négliger les atlantes sensés édifier ces hauteurs. Cassandre Berthon (la statue) révèle une fort belle ligne à son chant, servi par une voix plutôt égale ; un effort de diction serait cependant le bienvenu. Du timbre clair qu’on lui connaît bien, mâtiné d’un bas-médium plus corsé qu’on s’y serait attendu, Cyril Auvity assume le rôle-titre avec une grande souplesse vocale, bien que l’aigu ne témoigne pas, cet après-midi, d’une forme olympique. Si brève que soit son apparition, Valérie Gabail offre une Céphise irréprochable et nettement confortable à l’écoute. »

  • Washington – 2000 – The Violins of Lafayette – dir. Ryan Brown

  • Toronto – Atelier – 27, 29, 30, 31 octobre 1999 – dir. Hervé Niquet – mise en scène Marshall Pynkoski – décors Gerard Gauci – costumes Dora Rust D’Eye

  • Versailles – Journées Rameau – 9 juin 1994 – version de concert – dir. Hervé Niquet – avec Jean-Paul Fouchécourt, Conquet, Vinson, Isabelle Desrochers

Pygmalion à Versailles

  • Toronto – Opéra Atelier – 1990 – dir. David Fallis – mise en scène Marshall Pynkoski – scénographie Gérard Gauci – chorégraphie Jeanette Zingg

  • Aix en Provence – Cathédrale Saint-Sauveur – 15 juillet 1990 – version de concert – dir. William Christie – avec Jean-Paul Fouchécourt, Claron McFadden, Sandrine Piau, Noémi Rime, Nicolas Rivenq

  • Festival de Versailles – 14, 15 et 16 juin 1988 – dir. Van Immerseel – mise en scène Philippe Lénaël – avec Sophie Boulin, Duisit, Gilles Ragon, Michel Verschaeve, Launay

  • Château de la Roche-Courbon – Festival de Saintes – 17 juillet 1983 – Théâtre de Paris – Festival Estival de Paris – 25, 26 juillet 1983 – Besançon – 14 septembre 1983 – Nancy – 30 novembre 1983 – La Chapelle Royale – dir. Philippe Herreweghe – mise en scène Philippe Lénaël – scénographie Thierry Bosquet – chorégraphie Catherine Turocy – avec Howard Crook (Pygmalion), Suzanne Gari (Amour), Sophie Boulin (Statue)

« Un Pygmalion admirable dans les décors naturels d’un délicieux château charentais sauvé de la ruine par Pierre Loti »… »Des costumes délicieux, copies conformes des gravures du XVIIIe siècle…des ballets remarquqbles de variété, de vitalité, de grâce et d’élégance »… »Pas une faute de goût, rien de trop »… »Quatre chanteurs dotés de belles voix, rompus aux exercices baroques et leurs ornements raffinés »… »Howard Crook, rôle-titre à la voix claire, pure et sans vibrato, tour à tour fine et puissante »… »Suzanne Gari, délicieuse soprano incarnant l’Amour avec fraîcheur »… »Sophie Boulin chantant une Statue vivant les émois de l’amour sans aucune afféterie »… »La gestique ramiste coulait ici de source »… »Un seul problème, mais de taille : Philippe Herreweghe est un chef de choeur esentiellement, et diriger une troupe d’opéra sans avoir pris de cours de direction d’orchestre est un peu présomptueux. » (Opéra International – septembre 1983)

  • Paris – Hôtel de Sully – Festival du Marais – 30 juin, 8 juillet 1983 – Festival de Vaison la Romaine – Théâtre du Nymphée – 29, 29 juillet 1983 – version de concert – Les Arts Florissants – dir. William Christie

  • Opéra International – juillet/août 1983 -« Pygmalion : un chef d’oeuvre hâtif » – « William Christie : chanter Rameau »

  • Lausanne – 27 juin 1983 – dir. Gustav Leonhardt – avec John Elwes (Pygmalion), Mieke van der Sluis (Céphise), Greta de Reyghere (Amour), Agnès Mellon (Statue)

  • Atelier Lyrique de Tourcoing – 1981 – dir. Jean-Claude Malgoire – mise en scène Jean-Paul Lucet – scénographie Diego Etcheverry

  • Festival d’Oxford – Château royal de Versailles – 1979 / 1980 – English Bach Festival – dir. Nicholas McGegan – mise en scène, scénographie et chorégraphie Lina Lalandi

  • Château de Grammont – semaine musicale de Touraine – 1952

  • Paris – Théâtre des Arts – 1913 – première recréation.