CD La Purpura de la Rosa (direction Gabriel Garrido)

LA PURPURA DE LA ROSA

La Purpura de la Rosa

COMPOSITEUR

Tomas de TORREJON Y VELASCO

LIBRETTISTE

Pedro Calderon de la Barca

 

ORCHESTRE Ensemble Elyma
CHOEUR Madrigal des Solistes du choeur du Théâtre de la Zarzuela de Madrid
DIRECTION Gabriel Garrido

Vénus Isabel Monar soprano
Adonis Graciela Oddone soprano
Marte Cecilia Diaz mezzo-soprano
Amor Marte Isabel Alvarez soprano
Bélone Alicia Borges mezzo-soprano
Dragon Susanna Moncayo mezzo-soprano
Celfa AdrianaFernandez soprano
Chato Marcello Lippi baryton
Libia Eliana Bayon soprano
Clori Nadia ortega soprano
Flora (Clio) Sandrah Silvio soprano
Cintia Elisabetta Riatsch mezzo-soprano
El Desengano, el Tiempo Furio Zanasi baryton
La Ira (Melpomene) Sandra Galiano soprano
La Sospecha (Terpsicore) Mariana Rewerski soprano
La Envidia Fabian Schofrin contre-ténor
El Miedo José Antonio Carril ténor

DATE D’ENREGISTREMENT 6 au 12 décembre 1999
LIEU D’ENREGISTREMENT Eglise San Miguel – Ville-haute de Cuenca – Espagne
ENREGISTREMENT EN CONCERT non

EDITEUR K 617
DISTRIBUTION Musisoft
DATE DE PRODUCTION septembre 2000
NOMBRE DE DISQUES 2
CATEGORIE DDD

Enregistrement réalisé dans le cadre du 1er Festival Internacional de Musica Renacentista y baroca americana « Misiones de Chiquitos »

 

Critique de cet enregistrement dans :

Répertoire – octobre 2000 – note 8/10

« Nous sommes ici face une recherche d’authenticité culturelle, avec cette joyeuse pagaille…où tout semble improvisé »… »les moments de grâce abondent »… »le continuo fait des miracles, ses guitares se déchaînent en des prodiges d’inventivité »… »un disque étonnant, exigeant, imparfait, mais grouillant de vie »

Opéra International – novembre 2000 – Timbre de Platine

« La présente version est directement issue de la production genevoise. Ce qui la distingue de celle d’Andrew Lawrence King consiste en une vie musicale bien plus intense, en des couleurs plus chatoyantes et, par-dessus tout, en une intégration bien plus profonde de cette partition dans les musiques populaires sud-américaines. Le permettent un riche continua (guitare, vihuela da mano, harpes, clavecins et basses d’archets) et certains instruments à vent et de percussions authentiquement péruviens. Remarquons combien Gabriel Garrido adopte des tempi respirant l’évidence, fait grouiller de vie le continuo (là où Lawrence-King, pourtant continuiste à sa harpe, était plus statique et plus sec), fait chanter ses cordes aiguës et donne à ses cuivres plus d’élan joyeux que de pompe figée. Par le choix de ses timbres vocaux, Garrido poursuit les options déjà constatées et appréciées dans ses précédents enregistrements des artistes chez lesquels la maîtrise du chant occidental n’a pas estompé le « grain populaire », avec une recherche, notamment dans le registre aigu, d’une tension éclatante et apparemment incontrôlée (comme les authentiques chanteurs du fado de Lisbonne).

La place manque ici pour vanter les mérites individuels d’un plateau vocal si idoine en qualité et en appropriation à chaque rôle. Rarement enregistrement opératique aura à ce point comporté une distribution si homogène et une palette de timbres si différenciée. Tout le mérite en revient à Gabriel Garrido : il n’est pas tombé, comme Lawrence-King, dans le piège de la coloration folklorique, et il nous fait ressentir ce qu’est la fusion intense de deux cultures, l’une essentiellement assise sur l’écrit musical, l’autre éprise de la liberté et de la continuité transgénérationnelle si consubstantielle à l’oralité musicale. »

Diapason – novembre 2000 – note 5 – technique : 7,5

« C’est peu dire que Garrido transfigure cet opéra mystérieux »… »Secondé par le musicologue argentin Bernardo Illari, il propose une réalisation à partir du livret original de Calderon que l’Espagnol Juan Hidalgo avait déjà mis en musique en 1660″… »la force de cette interprétation réside dans ce jeu de couleurs »… »Garrido fait appel à une distribution exclusivement hispanique et à un orchestre coloré »… »la distribution vocale (dix-sept solistes dont douze sopranos) se distingue par l’homogénéité de ses timbres »… »Bref une vraie redécouverte ».

 Ramifications – septembre 2000

« Ceux qui se souviennent du superbe Retour d’Ulysse dans sa Patrie de Monteverdi, l’une des créations baroques de Palerme en 1998, retrouveront avec bonheur le chef argentin Gabriel Garrido et son ensemble Elyma pour leur dernier défi : la reconstitution du premier opéra écrit en Amérique latine, Le Pourpre de la Rose, du compositeur espagnol Tomas de Torrejon y Velasco. Fils d’un officier du Roi, cet élève de Juan Hidalgo n’avait pas tardé à rejoindre le Pérou, territoire conquis, martyrisé et asservi par l’Espagne qui, dès 1535, avait fait de la nouvelle ville de Lima le foyer de son épanouissement artistique. Torrejon y devint rapidement capitaine de la salle d’armes du roi, correcteur et officier de justice, ardent défenseur de la puissance coloniale et, au terme d’habiles intrigues, directeur de la chapelle de la cathédrale ! Il salua donc le dix-huitième anniversaire du nouveau monarque, Philippe V, en écrivant Le Pourpre de la Rose, certes premier opéra né au Pérou sans pourtant s’avouer péruvien. Peut-être Torrejon fut-il inspiré par l’oeuvre du même nom de Hidalgo, qu’il avait découverte en 1660 à Madrid ; aujourd’hui introuvable, elle lui permit alors de croiser l’écriture du poète Calderon. Vénus tombe amoureuse d’Adonis, tous deux frappés par la farouche jalousie de Mars. Si la mythologie nous semble convenue, ni le traitement du texte ni sa mise en musique ne cèdent à la convention. Torrejon échappe aux codes de l’opéra italien, substitue l’arioso continuo au récitatif, remplace les arias par des tonadas brèves et strophiques, couplets populaires répétés avec de subtils changements de tempo, de phrasés et d’ornementation. Garrido respecte le choix de voix féminines pour interpréter les personnages mythologiques et divins comme le voulut la tradition jusqu’à Monteverdi, la sensualité primant sur la vraisemblance. Quant aux instruments, à la différence du phénomène italien, ils se reconnaissent davantage parmi les vents : chirimias (sortes de binious), bajon (basson), saqueboutes (trombones baroques), etc. sur un continuo de cordes pincées, harpe espagnole et variétés de guitare. Le Pourpre de la Rose, selon Torrejon, Calderon, Garrido et l’ensemble Elyma, nous emmène dans un monde étrange, expressif et coloré, aux tonalités envoûtantes. »

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