La Stellidaura Vendicante

La Stellidaura Vendicante

COMPOSITEUR Francesco PROVENZALE
LIBRETTISTE Andrea Perrucci

 

ENREGISTREMENT ÉDITION DIRECTION ÉDITEUR NOMBRE LANGUE FICHE DÉTAILLÉE
2012 2013 Alessandro De Marchi DHM 2 italien

Commandé par le prince Cicinelli, l’ouvrage fut créé dans son palais de bord de mer, dite Villa Cursi Cicinelli, à Mergellina, proche de Naples, le 2 septembre 1674, sur un livret d’Andrea Perrucci (*).(*) Andrea Perrucci, né à Palerme en 1651, mort en 1704, dramaturge, poète, librettiste et auteur de traités, membre des académies littéraires et artistiques de Naples, de Palerme et de Rome. Auteur auteur fécond pour le spectacle (tragi-comédies sacrées et profanes, comédies, drames musicaux et chansons). Il est connu sous d’autres noms : Casmiro Rugiero Ocone ou Enrico Preudarca.

Le rôle de Stellidaura fut créé par par Giulia (Ciulla en dialecte napolitain) De Caro (*).(*) Giulia De Caro, née en 1646, épousa Carlo Ginelli, puis alla s’installer à Rome en 1667. Au moment où elle chanta dans Stellidaura vendicante, elle était l’amante à la fois du prince Cicinelli et du vice-roi espagnol, le marquis Astorga. Elle mourut en 1697, n’ayant jamais pu se débarrasser d’une réputation de coutisane.

Reprise au teatro San Bartolomeo de Naples en 1675 et en 1685, avec le Napolitain Nicolo Grimaldi, alors âgé de douze ans.La partition a été conservée, copiée par Gaetano Veneziano, vers 1678. On dispose de huit arias provenant d’une autre source (huit airs d’Orismondo, transposés pour soprano).

Synopsis :

Acte I

Armidoro aime Stellidaura. Mais il a un rival, le prince Orismondo, qui aime également Stellidaura. Armidoro est blessé par l’Orismondo. Stellidaura veut se venger en tuant Orismondo.

Acte II

Les deux amoureux écrivent une lettre d’amour à Stellidaura. Les lettres sont permutées par les deux domestiques de Stellidaura et d’Orismondo, Armillo et Giampetro. Stellidaura envoie en retour une lettre d’amour à Orismondo, pensant que la lettre est venue d’Armidoro. Armidoro est triste, pensant être rejeté.

Acte III

Stellidaura se déguise en homme pour tuer Orismondo. Mais Armidoro empêche le meurtre. Stellidaura finit en prison. Orismondo envoie du poison (qui est changé en un breuvage magique de sommeil par un domestique) à Stellidaura. Stellidaura boit le « poison », et Armidoro fait de mêem quand il découvre que le meurtrier est Stellidaura. Quand tous les deux se réveillent, il s’avère que Stellidaura est la soeur perdue de longue date d’Orismondo. Orismondo approuve le mariage.

Représentations :

Innsbruck, Tiroler Landestheater – 8, 10, 12 août 2012 – Academia Montis Regalis – dir. Alessandro de Marchi – mise en scène François De Carpentries – décors, costumes Karine Van Hercke – avec Jennifer Rivera (Stellidaura), Adrian Strooper (Armidoro), Carlo Vincenzo Allemano (Orismondo), Enzo Capuano (Giampetro), Hagen Matzeit (Armillo)

extraits vidéo

http://www.youtube.com/watch?v=0tarZ_gb5Vs

Opéra Magazine – octobre 2012

« Après en avoir donné une première restitution en 1997, à Liège (mise en scène de Philippe Sireuil), Alessandro De Marchi a repris avec raison La Stellidaura vendicante à Innsbruck dans le cadre des « Festwochen der Alten Musik ». Car cette oeuvre majeure mérite d’avoir sa place au répertoire et trouvera, avec le CD prévu, sa version de réference. Malgré quelques beaux enregistrements, notamment par Antonio Florio, Francesco Provenzale est resté largement dans l’ombre de Cavalli, avec lequel il a collaboré, au point qu’on hésite sur certaines attributions. Œuvre tardive (1674), La Stellidaura Vendicante est pourtant d’une forte originalité, marquant un tournant dans l’histoire de l’opéra napolitain et du genre en général. On est certes encore avant l’opéra à numéros, et l’on reconnait la marque de l’opéra vénitien dans la fluidité du discours, enchaînant ariosos et arias, sans récitatif sec, la brièveté des tableaux qui se succèdent rapidement, et le soin apporté au dessin des personnages. L’alliance du comique et du tragique s’inscrit également dans la ligne de Monteverdi. Mais Provenzale apporte des éléments qui lui sont propres, ceux de la commedia dell’arte et une fantaisie débridée. La musique et le parler populaires (le dialecte calabrais, confié au valet Giampetro) en sont une composante importante. Cette commande du prince Cicinelli donnée en son palais du bord de mer et reprise, l’année suivante, au San Bartolomeo – n’en est pas moins d’une très haute sophistication, pour un public d’élite. Et avec de riches connotations historiques et sociales, la créatrice du rôle-titre, Giulia (dite Ciulla) De Caro, étant à la fois maitresse du prince et du vice-roi espagnol, son gendre, présents dans la salle, et déléguée à la direction du San Bartolomeo : c’est du Mérimée ! Provenzale et son excellent librettiste, le tout jeune Andrea Perrucci, avocat et poète en titre du San Bartolomeo, s’en sont donné à coeur joie, tant dans la verve inventive que dans les références transparentes à la société napolitaine. A commencer par ce portrait de Stellidaura, femme émancipée d’une rare énergie, qui défend bec et ongles contre Orismondo, prince obstinément rivé à son amour sans espoir (il se révèlera être son frère), sa passion pour Armidoro, amant transi et poète fantasque. Pour cette intrigue à rebonds, François De Carpentries s’attache, avec une excellente direction d’acteurs, à donner de ses héros une image aussi vivante et nuancée que celle qu’en suggère la musique. Il est remarquablement servi par sa décoratrice : Karine Van Hercke, avec quelques éléments simples, mais beaux et justes de touche, crée un univers poétique qui ne cesse d’enchanter, pendant près de trois heures.La mezzo américaine Jennifer Rivera est la Stellidaura impétueuse demandée. Carlo Allemano campe un Orismondo impressionnant de noblesse comme de passion aveugle, tandis qu’en Armidoro, le jeune ténor australien Adrian Stroopel, d’une vocalité d’abord un peu crispée, reprend son assurance pour déployer une séduisante beauté de timbre. L’impeccable Armillo du contre-ténor Hagen Matzeit, à la voix ronde, chaleureuse et puissante, fait un superbe contrepoint au très savoureux Giampetro d’Enzo Capuano, Calabrais lui-même, avec, dans sa formation, un passage par le cabaret et la chanson populaire, qui lui assure un irrrésistible abattage. La restitution d’Alessandro De Marchi, à la tête de l’Academia Montis Regalis, est d’un raffinement qui fait merveille, le chef assurant lui-même le continuo, d’une élégance et d’une délicatesse rares. Une pleine réussite, à laquelle la salle fait tête, et une date marquante de plus dans la riche histoire du Festival ! »

Anaclase

« Alessandro De Marchi et les excellents musiciens de son Academia Montis Regalis ressuscitent ici (après le Festival de Vadstena dès 1974 puis en 1999) La Stellidaura vendicante (1674), un drame de l’amour mâtiné de scènes bouffes comme les affectionnait le « premier baroque » encore héritier (quoique d’assez loin déjà) de Monteverdi via le Lombard Cavalli. On y retrouve en partie la manière de L’Egisto de Mazzocchi et Marazzoli, par exemple [lire notre chronique du 29 septembre 2011], le livret du talentueux Palermitan Andrea Perrucci s’articulant dans l’alternance de la langue italienne (chantée par les personnages appartenant à la noblesse qui assument les fonctions tragiques de l’ouvrage) à un salmigondis dialectal qui emprunte au calabrais (attribué au contrepoint comique qu’incarnent les valets), témoignage d’une modalité savante qui fait adroitement usage d’une veine qu’on dirait aujourd’hui « populaire ». Plus précisément, le Frioulan réitère une expérience plus ancienne, puisqu’en février 1997 il abordait déjà cette Stellidaura en Belgique. Si son complice pour la scène était alors Philippe Sireuil, un artiste au génie « opératique » ô combien soigneux du théâtre, c’est aujourd’hui à François De Carpentries qu’on a confié la réalisation. Malencontreusement, celle-ci déçoit en tout point. Le plateau est encombré, si bien que certains moments demandent aux chanteurs de redoubler d’attention afin de ne s’y dangereusement embrouiller le pas (pour ne point dire la robe), le recours à deux « elfettes » en guise de machinistes ne fait qu’appesantir l’action, la profusion d’étoiles, pour esthétique qu’elle soit, finit par étouffer le regard, et la caractérisation des protagonistes caricature violemment ses appuis, par-delà une verve que le maître d’œuvre jamais ne parvient à rendre drôle. Et c’est le plus sensible : ce qui est censé faire rire laisse invariablement de marbre – croyez bien qu’il ne s’agit pas d’une indisposition personnelle : assurément le public s’ennuie, et s’il ne baille pas copieusement c’est uniquement parce qu’on est mieux élevé au Tyrol qu’en Gaule… Bref, les bouffons ont l’humour rouillé et les tragiques ont l’air de souffrir pour passer le temps. Aussi est-ce au plateau vocal que plus sûrement l’on confiera son plaisir. La basse solide d’Enzo Capuano campe un Giampetro vocalement probant. De même le page Armillo bénéficie-t-il du chant ferme et du timbre coloré d’Hagen Matzeit dont la présence scénique d’emblée saute aux yeux. Si la première intervention de Carlo Allemano ne convainc pas immédiatement (la diction semble peiner dans une respiration difficile et les phrases descendantes sont légèrement instables), il avance en se bonifiant efficacement au fil de la représentation. L’impact se précise durant le premier acte, la musicalité s’impose à la fin du II, enfin l’art se révèle au III, avec un Tra pianti e sospiri d’une irrésistible tendresse. Avec un timbre avantageusement clair, Adrian Strooper offre une pâte idéalement amoureuse au rival Armidoro. Après des premiers pas à peine hasardeux, le ténor australien pose bientôt sa voix, livrant ensuite des mezza-voce subtilement négociés (aria en lamento du II). Enfin, le rôle-titre est fort bien tenu par Jennifer Rivera d’un mezzo précis, parfaitement impacté, que relève une composition attachante – on goûte particulièrement la richesse du timbre dans l’air de la lettre (deuxième acte). »

La libre.be

« En 1997, le Théâtre de la Place et la Monnaie (au Kaaitheater) faisaient découvrir « La Stellidaura Vendicante », de Francesco Provenzale (1624-1704), un des grands maîtres de l’école baroque napolitaine du XVIIe. Quinze ans plus tard, de Marchi, successeur de Jacobs à la tête du Festival d’Innsbruck, a choisi cette même « Vengeance de Stellidaura » pour inaugurer la célèbre manifestation tyrolienne, et c’est un couple franco-belge bien connu chez nous – François De Carpentries et Karine Van Hercke – qui assure la mise en scène. Ils ont conçu, avec des moyens limités, un bel univers onirique – riche en trappes, fenêtres, elfes et étoiles – qui n’est pas sans évoquer parfois celui de la mythique « Calisto » de la Monnaie.Faisant alterner en séquences très courtes moments comiques et moments lyriques, bien plus riche en duos, trios et ensembles que les opéras baroques plus tardifs, et mêlant, en outre, aux airs de très belles ritournelles instrumentales, « La Stellidaura vendicante » est emblématique de l’art musical très diversifié de Provenzale. Ce mélange des genres rappelle évidemment Cavalli, mais le livret de « La Stellidaura », signé d’un jeune poète de 23 ans, n’est pas du même niveau. On peine, en effet, à croire à cette histoire souvent poussive et parfois tirée par les cheveux : Stellidaura, aimée de deux princes rivaux, mais néanmoins amis, est poussée en prison puis à la mort, parce que deux valets dissipés ont interverti les deux lettres d’amour qui lui avaient été envoyées concomitamment par ses deux prétendants. Dans un final à la « Roméo et Juliette », son bien-aimé la découvre empoisonnée et s’empoisonne à son tour, avant qu’elle, puis lui ne se réveillent tour à tour, le valet – toujours aussi dissipé – s’étant trompé de fiole et ayant pris le somnifère plutôt que le poison. Tout est bien qui finit bien, d’autant que le prétendant rejeté par la belle se révélera fort opportunément être son frère perdu. Difficile, surtout quand ces péripéties abracadabrantesques en viennent à déclencher des tempêtes de rire dans la salle, de s’émouvoir encore vraiment. Dommage, car la musique est de toute beauté, et que l’Accademia Monte Regalis – formation réduite ici avec deux violons seulement, mais douze autres instruments en tous genres qui assurent toute la gamme des couleurs et des affects – joue avec beaucoup d’expressivité. Expressivité aussi dans la voix de Jennifer Riviera, soprano américaine qu’on avait entendue en Cherubino à Liège l’an passé, et qui prête ici toute sa flamme au rôle-titre, quitte à prendre quelques risques. Autour d’elle, les deux valets (Enzo Capuano et Hagen Matzeit) dament presque le pion aux deux princes (Carlo Allemano et Adrian Strooper). »

Forum Opéra

« … la production de La Stellidaura vendicante qui ouvre le festival est parfaitement réussie. Dans un dispositif scénique minimaliste très suggestif où une porte et une fenêtre descendues des cintres suffisent à créer l’intimité, on voyage dans le passé sans quitter le présent grâce à de beaux costumes historisants et à une remarquable direction d’acteurs qui met en valeur les passions. Rien n’est tourné en ridicule : les tentatives d’assassinat du prince jaloux, les lettres d’amour interverties, les fureurs vengeresses de Stellidaura, le poison absorbé par les amants qui se croient trahis, leur mort apparente et le happy end final, tout cela est traité avec justesse, on rit, on pleure, on est conquis. Durant ces 90 scènes (!) aux actions trépidantes qui, selon François De Carpentries, se succèdent comme un zapping, le metteur en scène met l’accent sur la modernité de cet ouvrage d’où toute stabilité est exclue. La psychologie des personnages, aussi névrosés que nous le sommes aujourd’hui, est fidèlement respectée. Même excellence sur le plan musical : depuis son clavecin, De Marchi, en osmose avec la scène, dirige brillamment cette partition qu’il a réorchestrée et dont il maîtrise les multiples écueils. Il met en valeur les couleurs instrumentales de l’orchestre baroque et sait ménager le suspense jusqu’au bout. Son enthousiasme et son rayonnement maintiennent une parfaite cohésion entre les chanteurs et l’orchestre.Ce premier opéra de Provenzale, à l’écriture hardie, fine et virtuose, où l’humour et la satire côtoient la tragédie, est aussi le premier opéra napolitain. C’est à ce compositeur (qui avait vécu jusque-là dans l’ombre de son maître et ami Cavalli) et à son librettiste que l’on doit les opéras de l’Ecole de Naples dont ils ont inventé la forme avec La Stellidaura vendicante. Tout comme le théâtre anglais à l’époque de Shakespeare, le théâtre napolitain avait subi l’influence hispanique au cours du XVIIe siècle. Francesco Provenzale et Andrea Perrucci, avocat et poète officiel de la ville de Naples, qui introduisent pour la première fois la Commedia dell’arte dans un opéra, sont également les premiers à y mêler musique italienne et théâtre espagnol. A l’opposé du théâtre français, le théâtre espagnol n’observait aucune logique, aucune règle stricte. L’histoire partait dans tous les sens, le but étant de confronter les protagonistes à des situations totalement folles et de les contraindre ainsi à exprimer leurs sentiments les plus profonds. De même, l’action de La Stellidaura vendicante repose sur une série de quiproquos invraisemblables entre les cinq personnages qui aboutissent à des situations à la fois loufoques et dramatiques où les personnages vivent des situations extrêmes. Pour ne prendre qu’un seul exemple, Joseph Haydn utilisera le même modèle sur un sujet proche dans sa Fedeltà premiata, cent huit ans plus tard !La star de cette nouvelle création à laquelle assistait le vice-régent espagnol, le 2 septembre 1674, était la diva Giulia De Caro, directrice du Teatro San Bartolomeo. Elle reprit l’œuvre dans son théâtre l’année suivante. Giulia était d’extraction modeste et avait conquis sa place parmi les plus grands chanteurs à force de volonté. C’était une femme moderne, libre. Le sujet lui plaisait car il lui permettait d’incarner un personnage fort séduisant, certes, mais violent, loyal et fidèle, bien éloigné de sa vie libertine puisque elle était à la fois, selon le qu’en dira-t-on, la maîtresse du vice-régent et de nombreux nobles de la cour qui, tous, assistaient à la représentation. La Stellidaura de Jennifer Rivera est sans doute moins sensuelle que la créatrice du rôle mais tout aussi indépendante, fougueuse, prête à pourfendre ceux qui s’en prendraient à son amant. Son timbre s’est enrichi depuis sa Licida dans L’Olimpiade. Elle se joue des intervalles acrobatiques de la partition, vocalise avec vaillance, laisse son beau soprano lyrique s’épanouir dans les nombreuses situations tragiques, nous régale de pianissimi raffinés et fait face à toutes les difficultés vocales ou scéniques. Dans la mesure où le Prince Orismondo, l’amant dédaigné, représente le pouvoir en place, il est traité avec réalisme. Grâce à ses dons de comédien, la richesse et l’éclat de son timbre dans les arie héroïques, son homogénéité, sa palette de nuances, son lyrisme envoûtant dans les airs tragiques Carlo Allemano réalise une excellente performance dans ce rôle très typé. A l’élégance du grand seigneur, il ajoute la fureur homicide du puissant dédaigné, exerce son droit de vie et de mort et exhale sa souffrance de ne pas être aimé sans jamais tomber dans le ridicule. Face à lui, Adrian Strooper, au timbre mozartien, incarne avec fraîcheur et vitalité le rôle d’Armidoro, le rival aimé de Stellidaura. Son excellent jeu d’acteur, sa solide technique et sa musicalité lui attirent tous les suffrages, tout comme, du reste, le contre-ténor Hagen Matzeit, également baryton, metteur en scène et compositeur, très convaincant en Armillo, page de Stellidaura. A la fois drôle et touchant, son personnage naïf mais avisé enchante par sa chaleur vocale, la rondeur aérienne de son timbre et sa vélocité.Un personnage insolite et presque omniprésent, brillament interprêté par la basse Enzo Capuano, incarne à lui seul l’aspect bouffe de l’œuvre (et c’est lui qui tire d’affaire tous les protagonistes) : Giampietro, représentatif de la Commedia dell’arte, serviteur d’Orismondo, un musicien du peuple qui s’exprime dans son savoureux patois calabrais. Une instrumentation particulière lui est réservée : trois tambourins issus de régions différentes (dont un tambourin inventé par le remarquable percussionniste Massimo Carrano, qui permet des effets variés et dépaysants et une bassine de cuivre avec, en guise de baguettes, diverses cuillères en bois, d’un effet comique irrésistible). Magnifique thriller musical étonnamment actuel, cet opéra fondateur, oublié durant 300 ans dans les tiroirs napolitains (il a été représenté en Suède en 1974 et 1999 ainsi qu’à Liège et à Bruxelles en 1997 avec Alessandro De Marchi au pupitre) a tenu le public sous son charme durant trois heures trente et obtenu une ovation bien méritée d’une vingtaine de minutes. On est en droit d’espérer qu’il continuera de revivre sur les scènes lyriques d’aujourd’hui, pour notre plus grande joie. »

Vadstena Summer Opera Festival (Suède) – 25, 27, 28, 30, 31 juillet, 2, 3, 5, 6, 8, 9, 11, 12 août 1999 – dir. Stephen Stubbs / Paul O’Dette – mise en scène Pernilla Malmberg – avec Leif Aruhn-Solén, Katija Dragojevic, Olof Lilja, John Lundgren, Emelie Sigelius

Liège – Théâtre de la Place – 10 février 1997 – Bruxelles – Luna Theater – 19, 21, 23, 26, 28, 30 et 31 octobre, 2, 4 et 5 novembre 1997 – dir. Alessandro De Marchi – mise en scène Philippe Sireuil – scénographie Benoît Dugardyn – avec Anke Herrmann (Stellidaura), Christopher Gilette (Orismondo), Klas Hedlund (Armidoro), Enrico Fissore (Gian-Pietro Calabrese), Stella Doufexis (Armillo)

La Stellidaura Vendicante « Ce fort long ouvrage, de près de six heures…est présenté astucieusement amputé d’un tiers, avec le concours d’un comédien qui résume l’action avant le lever de rideau de chaque acte. Alessandro De Marchi a effectué une réalisation musicologique quasi idéale et une instrumentation judicieuse. Il montre de grands talents de chef de fosse, et se hisse à la hauteur de René Jacobs, son maître pendant quelques années…Sauf en un point qu’il a choisi et qui met gravement en péril tout l’édifice vocal (diapason 440 Hz)…Dans un dispositif scénique ingénieux et joliment éclairé, la mise en scène évolue selon un rythme indolent…une direction d’acteurs inexistante. » (Opéra International – avril 1997)

Vadstena – 1974 – dir. Arnold Östman – mise en scène Göran Järvefelt / Barbro Karnfält