CD L’Incoronazione di Poppea (direction Gabriel Garrido)

L’INCORONAZIONE DI POPPEA

 Coffret Trilogie

COMPOSITEUR

Claudio MONTEVERDI

LIBRETTISTE

Giovanni Francesco Busenello

 

ORCHESTRE Studio di musica antica Antonio Il Verso
CHOEUR Ensemble Elyma
DIRECTION Gabriel Garrido

Poppea Guillemette Laurens
Nerone Flavio Oliver
Ottavia Gloria Banditelli
Seneca Ivan Garcia
Ottone Fabian Schofrin
Drusilla, Virtu Emanuela Galli
Damigella, Amore, Coro di Amori Adriana Fernandez
Arnalta Martin Oro
Valletto, Coro di Amori Elena Cecchi Fedi
Nutrice, Pallade Alicia Borges
Liberto Furio Zanasi
Lucano Mario Cecchetti
Mercurio Philippe Jaroussky
Fortuna, Venere Beatriz Lanza
Littore Marcello Vargetto

DATE D’ENREGISTREMENT 2000
LIEU D’ENREGISTREMENT
ENREGISTREMENT EN CONCERT non

EDITEUR K 617
DISTRIBUTION Harmonia Mundi
DATE DE PRODUCTION décembre 2000
NOMBRE DE DISQUES 3
CATEGORIE DDD

Critique de cet enregistrement dans :

Classica – février 2001 – appréciation 5 / 5

« L’auditeur se laissera aller au bon vieux plaisir d’entendre des saqueboutes, cornets et flûtes »… »Garrido se distingue une fois de plus par la splendeur de son orchestre, à laquelle se joint un plateau vocal de tout premier ordre et d’une extrême sensualité. Au côté de noms de prestige tels que Guillemette Laurens et Gloria Banditelli, qui incarnent magnifiquement les rivales Poppée et Octavie, on ne sera qu’agréablement surpris par la qualité de l’interprétation de Flavio Oliver, Néron virtuose et perfide, et dans le rôle modeste de Lucain, de l’excellent Mario Cechetti ».

Opéra International – février 2001 – Timbre de Platine

« Un des grands apports de Garrido est d’intégrer à sa lecture le destin de chaque personnage avant que ne débute l’opéra »… »Jadis Nerone…Guillemette Laurens endosse ici la figure de Poppea. Surgit une femme d’une nature exaltée et qui n’est pas mue par la seule ambition. On ne sait laquelle l’emporte de l’actrice ou de la chanteuse (timbre charnu et sensuel, très vaste palette technique, ardent engagement expressif) »… »Flavio Oliver est un sopraniste doué »… »Gloria Banditelli campe une figure plus endolorie »… »Avec ses moyens vocaux amples et justement mis à profit, Ivan Garcia fait de Seneca une rigoureuse figure intellectuelle »… »Le reste de la distribution est à féliciter en bloc »… »La partie instrumentale alterne l’éclat et la suavité »… »Avec bonheur, le continuo est réalisé…tantôt avec la seule ligne de basse, tantôt en une réalisation semi-improvisée et polyphonique ».

Répertoire – février 2001 – sélection des meilleures prises de son – Le choix de l’audiophile

« Un magnifique enregistrement d’une oeuvre complexe et difficile »… »Les solistes et l’orchestre sont enregistrés avec une égale réussite »… »La position des musiciens a permis d’obtenir une vision idyllique de l’ensemble »… »l’ensemble est magique ».

Répertoire – janvier 2001 – appréciation 9

« Une magnifique réalisation hautement recommandable »… »L’interprétation strictement musicale des instruments et des chanteurs est absolument confondante de beauté comme de rigueur stylistique : les couleurs sont superbes, la pâte orchestrale souple et aérée, le continuo un modèle constant d’équilibre »… »Mention particulière, dans une distribution vocale sans faiblesse aucune, pour le Néron de Flavio Oliver »… »On peut trouver que l’ensemble de l’opéra pâtit d’un manque relatif d’investissement théâtral »

Le Monde de la Musique – janvier 2001

« Comme à l’habitude, Gabriel Garrido privilégie le lyrisme, les sonorités capiteuses, les voix charnues. Son Couronnement est un mauvais rêve baignant dans une intense sensualité »… »Cette conception se défend même si le mélange des genres, le passage du tragique au grotesque, de l’horrible au sublime…s’en trouve gommé. Garrido a choisi un contre-ténor (Flavio Oliver) pour incarner Néron, lui adjoignant en Poppée une mezzo-soprano (Guillemette Laurens). Gloria Banditelli est une Octavie plus venimeuse qu’exaltée »… »une sombre interprétation d’une chef-d’oeuvre haut en couleur »

 Chronicart – appréciation 5 / 5

 » De la musique à sa réalisation, pas un seul faux pas, pas le moindre reproche à esquisser. Rarement a-t-on ressenti une telle plénitude d’écoute »… »La direction de Garrido exalte tout autant les harmonies, les couleurs, les rythmes, la souplesse des lignes. Son instrumentation privilégie les timbres pincés (théorbes, guitares, harpe, clavecins), tandis que les voix sont toutes très nettement caractérisées »… »Guillemette Laurens trône en tête de la distribution, faisant de Poppée une amoureuse plus qu’une ambitieuse »… »La voix de Flavio Oliver contribue à nous envoûter plus que de raison. Sénèque est peut-être le véritable héros ; la basse Ivan Garcia confère tous les attributs de la noblesse et distille habilement les défauts de ses qualités ».

 Pizzicato

« Si ‘L’Incoronazione di Poppea’ (Le Couronnement de Poppea) raconte les amours adultères de Néron et de Poppée, cet opéra insiste aussi sur les intrigues dans une Rome décadente et sur le tragique sort d’Othon, qui aima Poppée avant Néron, et d’Ottavia, la femme de ce dernier, exilée par Néron qui, ainsi, libère la voie justement à ‘l’incoronazione’. Cet univers foncièrement malsain caractérise l’opéra de Monteverdi, et si Karajan, dans le temps, avait tellement bien su faire régner ce climat en utilisant l’opulente version romantique d’Erich Kraack, Gabriel Garrido, désormais un incontournable du monde monteverdien, recrée cette atmosphère d’une façon encore plus poignante dans une version historique basée principalement sur la partition manuscrite conservée à Naples. La ‘juste plainte’ que le compositeur a déclaré recherché marque de son empreinte la version Garrido. Dans un élan de théâtralité, Garrido assure à l »affetto’ son rôle dominant. Loin de la perfection musicale d’un Gardiner ou d’un Harnoncourt, Garrido privilégie l’arme de l’expression. Son orchestre chante, rayonne et forme ainsi le fond sur lequel les chanteurs ont l’occasion de donner libre cours à la passion exprimée dans les hymnes à l’amour aussi bien que dans ceux de la douleur. Guillemette Laurens est moins flamboyante que ses concurrentes, mais n’est-ce pas à travers elle-même que s’exprime la crise de cette Rome corrompue, malhonnête, où la dénonciation et la terreur ont chassé le vrai amour. Son aventure avec Néron a fortement déstabilisée la femme, malheureuse en son for intérieure. Pour Néron, Garrido, a choisi le jeune contre-ténor madrilène Flavio Oliver qui avec une passion impétueuse, enflamme le rôle. Gloria Banditelli campe une Ottavia qui consomme sa douleur d’une façon très digne. Fabian Schoffrin signe, lui, un Ottone répondant particulièrement bien au climat d’insécurité dans lequel il est contraint de vivre. Les rôles secondaires sont solidement tenus par une équipe dévouée à Garrido qui, partout, fait percer le côté charnel de cette musique dans tout ce qu’elle a de dramatique. Et il n’y pas ‘ombre d’un doute: cette interprétation est tellement saisissante qu’elle est devenue d’un coup ma version préférée. »

Goldberg

« C’est parce que la force du dernier opéra de Monteverdi réside dans sa caractérisation vivante et subtile, qu’il requiert précisément les voix justes. Dans les principaux rôles masculins, écrits pour des castrats, les falsettistes, avec leur registre tonal et expressif relativement limité, sont des substituts inadéquats. Les mezzo-sopranos qui chantent le rôle de Néron sous la direction de Gardiner comme de Harnoncourt semblent (paradoxalement) plus masculines que ne le sont ici Oliver (Néron) et Schofrin (Otton).

Les meilleurs passages chantés de ce disque sont presque tous ceux exécutés par les femmes : en particulier Laurens (Poppée, bien que le registre semble un peu haut pour cette excellente chanteuse) et Banditelli (qui est une remarquable Ottavia), mais également Galli (Drusilla) et Fedi ( le Valletto, un rôle masculin, mais qu’il est probablement préférable, comme pour le Cherubino de Mozart, de confier à une femme). Il y a plusieurs bonnes interprétations masculines dans les rôles secondaires : non seulement Garcia (Sénèque) et Cecchetti (Lucano), mais également les falsettistes Jarrousky (Mercure) et Oro (Arnalta), car le rôle est essentiellement comique. Curieusement, la plupart des interprètes principaux ont tendance à chanter un peu bas : pas seulement Oliver, qui est le pire, mais également des artistes tels que Laurens et Banditelli, qui dans d’autres enregistrements font preuve d’un sens du ton fiable et centré. Garrido aurait-il demandé délibérément à ses artistes de chanter juste sous la note ?

Bien que Garrido mène l’opéra à une allure correcte, il surcharge les ritornelli avec trop d’instruments et d’ornementation, et le continuo est souvent lourd. Etant donné qu’il existe plusieurs enregistrements meilleurs que celui-ci (en particulier celui dirigé par Gardiner), les seuls qui ne pourront pas se passer de Garrido seront les passionnés qui veulent avoir absolument toutes les versions possibles de cet opéra difficile et fascinant. « 

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